J'ai beaucoup aimé les relations familiales qui sont très approfondies dans ce roman. On part avec l'idée qu'Esmée et ses filles sont cruelles envers la pauvre
Cendrillon qui doit trimer du matin au soir, mais mes sentiments envers tous ces personnages ont énormément évolué au fil du récit.
Cendrillon est au coeur du récit plus que ne l'était Blanche-Neige, on connait davantage ses pensées et son caractère. D'ailleurs, elle m'a assez rapidement agacée (même si ça a encore changé plus tard) par sa jalousie envers ses soeurs (« Je pourrais tuer pour une robe pareille. Ou même pour un simple tour dans ce bel équipage, songea
Cendrillon. Oui, sans doute pourrait-elle tuer pour cela. En revanche, elle n'était pas certaine qu'elle aurait été jusqu'à donner un seul baiser au vicomte pour l'un ou l'autre de ces trophées. ») et par la manière dont elle traite son ami Bouton qui prend mille risques pour elle (« Certes, Bouton était plein de qualités, mais elle attendait plus de la vie. Elle voulait ce qu'Ivy avait, avec un homme grand et beau pour époux en plus. Elle le souhaitait si fort que cela en devenait douloureux. »). Malgré tout, elle change, éprouve de la compassion et de la compréhension pour sa belle-famille et ouvre les yeux sur la vie de palais qu'elle idéalisait tant.
De la même maniè
re, belle-mère et belles-soeurs perdent leur image de méchantes personnes. Rose se révèle notamment très fine et intelligente (loin des bécasses de
Walt Disney) tandis que l'on comprend de mieux en mieux le caractère changeant d'Esmée.
Bref, je m'arrête là avant de vraiment trop en dire.
Certains des personnages principaux de Poison jouent à nouveau un rôle très important : Lilith, qui était la belle-mère de Blanche-Neige, le prince et le chasseur. C'est très plaisant de les retrouver car cela permet de leur donner encore un peu plus d'épaisseur.
Pour ce qui est des croisements avec d'autres contes, Hansel et Gretel est à nouveau présent à travers des disparitions d'enfants dans la forêt et l'étrange récit d'une fillette à propos d'une maison en pain d'épices (j'espère d'ailleurs qu'on en saura plus dans le troisième tome, Beauté, puisque la sorcière était déjà présente dans Poison). On rencontre également
Robin des Bois. Il s'agit ici d'un ami très proche de
Cendrillon, surnommé Bouton, qui travaille au palais mais au service des pauvres : « Je vole les riches pour donner aux pauvres, lui avait-il dit un jour. C'est la seule façon d'être un voleur heureux. »
Le côté érotique de ce conte revisité ne m'a pas laissée aussi perplexe que lors de ma lecture de Poison. Peut-être parce que j'ai dû m'y habituer, peut-être aussi parce qu'elles sont mieux amenées (je repense à l'étreinte entre Blanche-Neige et le chasseur, pourquoi ? quelle nécessité ? quel intérêt ?). Et ça change des princesses naïves et éloignées de tout ce qui se rapporte au sexe, elles sont plus humaines avec leurs fantasmes et leurs désirs.
Pour ce qui est de la fin, elle est, dans ce second tome, beaucoup plus heureuse que dans le premier. Heureusement, elle diffère tout de même grandement de la fin connue de
Cendrillon, mais je n'ai pas ressenti la même surprise que pour Poison.
Ce second volume ne m'a pas déçue, bien qu'il soit moins sombre que Poison. Il y a des belles descriptions pleines de féérie, les personnages sont toujours aussi profonds et humains et des questions restent en suspens, questions dont j'espère trouver la réponse dans Beauté. Ma curiosité est ouverte en ce qui concerne la fin du troisième et dernier volume
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