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"Ba moin en ti bo, deux ti bo, trois ti bo doudou"...

Le bal nègre, 33 rue Blomet à Paris,"S'il vous plaît, chef d'orchestre. Encore une petite biguine: Madiana, Sépent maigre!"
Adrienne Fidelin y rencontrera Man Ray.
La plupart des femmes blanches ne savaient se trémousser comme les Antillaises.

"L'important c'était d'être ensemble. Et de s'aimer, de rigoler..."
Adrienne a 20 ans et apporte à Man Ray, 44 ans, toute la chaleur de la Guadeloupe, sa bouche en feu et son amour. "Et puis on dansait une rumba ou une biguine, tout nus, serrés l'un contre l'autre, collé serré!"

A 15 ans, Adrienne a abandonné les "faubourgs insalubres de Pointe-à-Pitre, là où les chiens jappent par la queue, là où la sorcellerie court nue, dans les savanes."...
Man Ray va présenter Adrienne à ses amis (Picasso, Dora Maar, Paul Eluard...) et Ady deviendra la 1ère mannequin noire.

C'est un beau portrait de femme, dans les années 1930. Ady fut immortalisée par son amant dans "Rire de rêve", en 1937 et peinte plus de 400 fois. Et puis, Man Ray oublia Ady, son "soleil noir"...

Ady fut la "Femme assise sur fond jaune et rose" dans le tableau de Picasso.
"Biguine avec toi
Envie d'une biguine avec toi."
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Adrienne – Ady – Fidelin est une vieille femme qui remonte le fil de ses souvenirs pour raconter son histoire. Un cyclone lui a ôté ses parents alors qu'elle n'a pas 15 ans. Orpheline débarquée à Paris avant ses 20 ans, elle danse et fait de la figuration au cinéma. Tous les samedis, elle s'étourdit au 33, rue Blomet, dans la musique et la chaleur du Tout-Paris antillais, mais aussi artistique. C'est là qu'elle rencontre Man Ray. « Man et moi, on s'est mis ensemble en 1936. Chez nous, rue Denfert-Rochereau, y avait toutes sortes de musiques. On écoutait du jazz et du blues : Duke Ellington, Cole Porter, Big Bill Broonzy et bien d'autres... Il aimait aussi Bach, mon Manichou. Et puis on dansait une rumba ou une biguine, tout nus, serrés l'un contre l'autre. L'important, c'était d'être ensemble. de s'aimer, de rigoler... » (p. 56)

Pendant 5 ans, leur amour se nourrit d'art et de légèreté. Vivre, il faut vivre et ne pas se laisser engloutir par les nuages brun-noir qui s'amoncellent. Avec Paul Éluard et Nusch, Pablo Picasso, Lee Miller, Dora Maar et tant d'autres, le couple vit entre Paris et Antibes. Mais le conflit éclate et Man Ray rentre en Amérique. Non, la guerre ne fait pas que des morts, des veuves et des orphelins. La guerre sépare les gens qui s'aiment. (p. 200) Ady reste en France et, les années passant, elle devient la muse oubliée du grand artiste.

En donnant la parole à cette femme, l'autrice déploie une langue souple, dynamique et colorée, une langue qui sait raconter et qui a compris la puissance de l'oralité, fondamentale dans la tradition créole. Je me suis laissé porter par ce récit enivrant de la France des années 30, de l'amour libre et de la création sans limites.
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Gisèle Pineau fait revivre merveilleusement la vie artistique de l'entre-deux-guerres tout en y mêlant une très tendre évocation de la vie guadeloupéenne mais le livre est surtout un magnifique cri d'amour, celui d'Ady jeune fille pour Man Ray homme mûr déjà . Histoire que la guerre viendra briser. Gisèle Pineau nous dépeint la vie de ces Français des îles souvent tolérés mais pas réellement acceptés dans la France du front populaire mais aussi de l'action française e t puis quelle richesse culturelle pour cette France qui a vu s'épanouir Picasso, Eluard, Ray, Desnos et tant d'autres.
Écrit dans une langue vivante avec parfois des tics d'aujourd'hui c'est une plongée dans une époque révolue, un voyage initiatique dans le Paname des années 30 que nous offre Gisèle Pineau . Un excellent moment de lecture.


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Je suis déçu car je me suis ennuyé tout au long de ce livre. Difficile de dire pourquoi ; le style est agréable, c'est une page d'histoire qu'on nous raconte, on y apprend beaucoup de choses sur cette période des années 30. Mais je trouve la narration très ennuyante. Il manque ce que nous promet la quatrième de couverture en nous parlant de liberté, de partager l'âge d'or de ces géants de l'histoire. Tout est trop plat, trop mou, sans énergie, presque sans surprise malgré tous les drames et bonheurs que traversent les protagonistes. Rendez-vous raté pour moi, j'ai vraiment eu de la peine à finir cet ouvrage. Comme le dit Man Ray page 139 en disant que l'on peut survivre au chaos du monde en restant un peu à l'écart. Moi je suis resté à l'écart de ce livre, juste à côté de celui-ci.
Mais je comprends qu'il puisse plaire à beaucoup d'autres lectrices/lecteurs.
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Novembre 1934, la narratrice, Adrienne Fidelin, a dix-neuf ans (à ce point du récit, elle en a soixante-quinze et tente de rassembler ses souvenirs) Au 33 de la rue Blomet, dans le quinzième arrondissement de Paris, se trouve le Bal Colonial. Ady, originaire de la Guadeloupe, y passe toutes ses soirées du samedi. Elle a débarqué à Paris à l'âge de quinze ans, avec ses trois soeurs et son petit frère. Rêvant d'un succès à la hauteur de celui de Joséphine Baker, elle est la première mannequin noire « reconnue » par le milieu de la mode parisien.

En 1936, Man Ray (Emmanuel Radnitsky) originaire de Brooklyn, va transformer la vie d'Ady en une fête perpétuelle. C'est un peintre, photographe de mode et grand noceur. Il a plus du double de l'âge de la jolie antillaise, fréquente assidument le quartier Montparnasse et ses célébrités intellectuelles et artistiques, friandes de soirées libertines très arrosées …

Gisèle Pineau nous embarque dans le Paris des années trente puis plus sombre, celui de l'avant-guerre : liberté des moeurs naissante, désir de jouir de chaque moment de l'existence (des jeunes femmes en recherche d'émancipation) besoin d'assouvissement des fantasmes de la gent masculine (de plus en plus blasée …)

Une écriture journalistique bien documentée mais un style littéraire qui – à mon goût – mériterait un petit « supplément d'âme » … Instructif – bien que trop factuel – ce texte, toujours à mon humble avis, manque un peu de romanesque … de même, un rapport à la « négritude » un tantinet dérangeante, probablement dû à une période encore empreinte de ségrégation raciale, à la recherche d'un « érotisme » dans l'air du temps, (qui frise une forme de paternalisme, de bienveillance convenue, limite méprisante …)

J'ai donc pu découvrir des détails que j'ignorais sur des personnages que je ne connaissais pratiquement pas, c'est déjà ça ! Pas suffisant toutefois pour un réel coup de coeur … Dommage … Toutefois, je ne doute pas un seul instant que ce roman enchantera nombre de lecteurs !
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Quel bonheur que cet ouvrage. Sous forme romancée, Gisèle Pineau nous livre les souvenirs de Ady Fidelin. Elle y est authentique, attachante, spontanée, tellement vivante que l'on a l'impression de marché à ses côtés. Ady compagne de Man Ray à l'entre deux guerres. On y croise Marcel Duchamp, Desnos, Paul Eluard et Nusch, Penrose et Lee Miller. Et les saveurs de la Guadeloupe, la biguine, l'administration de Joséphine, La Baker comme elle dit. Ce récit rend hommage à tous les combattants noirs mais surtout avec l'air de ne pas y toucher sur la racine du combat anticolonial. Paris occupé, Paris martyrisé.... Quel effet cela fait de se retrouver à la place des nations africaines réduites en esclavage lors de l'occupation nazie. de voir des tirailleurs sénégalais au côté des vainqueurs occuper l'Allemagne vaincue. Et de vouloir réoccuper le trône du colon comme si aucune guerre n'avait nécessité l'engagement dans le sang noir qui abreuve nos sillons. Ce livre a une puissance insoupçonnée. Nous aurions voulu rester plus longtemps avec Ady à Albi à écouter ses souvenirs du Montparnasse, Mougins, etc... J'ai dévoré cet ouvrage dont je ne connaissais pas l'auteure.
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Le Paris de l'entre deux guerres : celui d'Hemingway, de Fitzgerald, de Picasso, des dada, du surréalisme (Marcel Duchamp), une période foisonnante pour la création comme un feu d'artifice avant la catastrophe de la seconde guerre mondiale et l'arrivée de "l'art propre" d'Adolf Hitler (le contraire de l'art dégénéré), lui même peintre refoulé de l'académie des beaux arts de Vienne.
Et dans ce Paris, palpitant, une rencontre celle d'Ady Fidelin et du peintre/photographe et que sais-je d'autre, Man Ray. de Man Ray, je connaissais un certain nombre de choses, sa biographie et notamment ses relations avec Kiki de Montparnasse, pétillante chanteuse réaliste (je recommande le livre de Katel/Bocquet chez Casterman), Lee Miller, muse, devenue photographe ... J'avais eu l'occasion de repérer aussi sur les photographies, deux jeunes femmes dont Nusch Eluard, compagne du poète, Paul Eluard et une autre sur laquelle je ne m'étais pas attardée. Toutes les deux semblaient heureuses, libres (oser être seins nus dans les années 20/30, il fallait oser). Ce livre vient donc à point nommé éclairer ma lanterne sur l'autre jeune femme : Adrienne dite Ady Fidelin. J'y ai découvert une jeune femme métisse (les photos sont en noir en blanc) et sincèrement, il a fallu que je le lise dans ce livre pour en prendre conscience, même si ce fait ne change rien pour moi, mais tout pour Adrienne.
C'est la femme âgée qui se souvient de sa rencontre avec Man Ray, elle approche les 70 ans. Man Ray, l'américain, elle l'a rencontré en novembre 34 dans un bal. Ady est arrivée en métropole vers 15 ans, après le décès de sa mère Mathilde, dans le passage du cyclone qui ravagea la Guadeloupe le 12 septembre 1928 et celui de son père, Maxime, le 9 novembre 1930, qui travaillait dans une banque, de désespoir. Ady vit donc chez sa soeur Raymonde et son mari, Narcisse, elle est dans un premier temps proche de ses autres soeurs (Aimée, Rose) également et son petit frère (né d'une liaison de son père avec une autre femme que son épouse). La famille Fidelin était aisée en Guadeloupe : la jeune femme a reçu une éducation très honorable et a vécu dans un milieu cultivé.
Adrienne se souvient de son lien avec Nusch, des étés à Mougins avec Dora Maar et Picasso, Lee Miller et son futur mari, Roland Penrose, Léonora Carrington, de cette liberté et de cette sensation d'être au milieu des artistes juste elle même, pas une femme métisse, une femme noire.
Il me semble important de dire que ce roman est une plongée dans le contexte d'être noir à l'époque et de la lutte pour une égalité entre tous : colonisation, esclavage, apartheid, négritude, ségrégation, décolonisation, indépendance, Harlem Renaissance sont abordés de façon frontale et les mots employés peuvent désarçonner, mais sont nécessaires pour mieux appréhender l'histoire des noirs et l'histoire d'Adrienne, qui le dit fort joliment "je suis moi". Adrienne trouve dans l'art, la danse et son amour pour Man Ray, une forme de combat, de résistance. Man Ray quitte l'Europe le 6 août 1940, avant que ne soient instauré les lois nazies et la collaboration du régime de Vichy. Adrienne va rester en France, elle n'a pas souhaité accompagner Man : elle veut rester près de sa famille.
La vie sera très dure : Ady verra partir bien des gens qu'elle aime. Elle survivra, se mariera avec André en 1958 à Paris et sera soutenue par la famille de son époux qui vit près d'Albi, car sa propre famille lui reprochera de ne pas être assez engagée dans le combat pour les droits civiques. Man Ray reviendra en France dès la fin de la guerre et remerciera de bien des façons Ady d'avoir gardé ses oeuvres à l'abri.
J'ai beaucoup aimé ce livre et Adrienne, qui veut juste être elle même : une fille qui danse, a aimé et fut aimée de Man Ray. Sa grâce comme celle des muses de l'artiste, vit encore dans les photos, bien après sa mort. Adrienne Fidely n'était pas Joséphine Baker qui s'engagea dans la Résistance et fut une femme comme on en voit peu, dans un monde en guerre, dans une France qui fut "colonisée" par les nazis, comme un étrange choc en retour d'autres colonisations qu'elle avait enclenché mais Ady fut une des lumières qu'il convient de regarder et dont il convient demesurer la foi qu'elle avait en elle-même, pour conserver son souvenir et le diffuser.
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Un chronologie décousue puisque le choix de l'auteur est de restituer les souvenirs d'une vieille dame qui les racontent comme ils viennent, donc désordonnés. Alternance entre l'enfance d'Ady en Guadeloupe et la période métropolitaine.  Ce style m'a déconcertée.
Mais Ady a fréquenté le cercle des surréalistes et croisé de nombreux artistes après sa rencontre et son idylle avec Man Ray. 1937 : Vacances à la Garoupe en compagnie de Nush et Paul Eluard, Dora Maar et Picasso, Lee Miller et Roland Penrose. J'ai choisi de lire ce livre après avoir vu le très joli film "Un été à la Garoupe".
Le récit est très intéressant puisqu'il  témoigne d'une époque dans le monde artistique des années 30 passionnant et révolutionnaire et par des personnages exaltés, célébrités de cette période faste et joyeuse, qui sera brutalement interrompue par la 2de GM.
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Ce roman biographique raconte l'histoire d'amour entre une jeune guadeloupéenne, Adrienne FIDELIN, et un artiste américain, Man Ray. Ils se rencontrent à Paris dans les années folles. Elle a dix-neuf ans, il en a quarante-quatre. Elle est Noire, il est Juif. Elle est anonyme, il est célèbre. Deux exilés s'apprivoisent et s'aiment dans la ville Lumière où la fête bat son plein. Vite, vite, il faut jouir de la vie avant la guerre...
Gisèle Pineau donne voix à Ady, un oiseau exotique emporté loin de son île par un vilain ouragan. Elle va découvrir Paname, aller aux bals, tomber amoureuse, cotoyer des artistes de génie tels Pablo Picasso ou Paul Eluard, devenir une muse...
Si la partie historique du roman (bien documentée au demeurant) est un peu maladroitement menée et resemble un peu trop à un cours d'histoire abrégé, la partie intimiste est bien plus réussie. On est sous le charme de la rayonnante Ady et on se sent honorés de l'avoir rencontrée. On est touchés par sa grâce et amusés par son langage de titi parisien mélangé à des bribes de créole ...
Bravo Mme Pineau, vous signez là sans doute votre roman le plus ambitieux et le plus abouti.
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