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Citations sur Arbres d'hiver. La Traversée (56)

JE SUIS VERTICALE

Mais je voudrais être horizontale.
Je ne suis pas un arbre dont les racines en terre
Absorbent les minéraux et l'amour maternel
Pour qu'à chaque mois de mars je brille de toutes mes feuilles,
Je ne suis pas non plus la beauté d'un massif
Suscitant des Oh et des Ah et grimée de couleurs vives,
Ignorant que bientôt je perdrai mes pétales,
Comparés à moi, un arbre est immortel
Et une fleur assez petite, pas plus saisissante,
Et il me manque la longévité de l'un, l'audace de l'autre.

Ce soir, dans la lumière infinitésimale des étoiles,
Les arbres et les fleurs ont répandu leur fraîche odeur.
Je marche parmi eux, mais aucun d'eux n'y prête attention.
Parfois je pense que lorsque je suis endormie
Je dois leur ressembler à la perfection -
Pensées devenues vagues.
Ce sera plus naturel pour moi, de reposer.
Alors le ciel et moi converserons à coeur ouvert,
Et je serai utile quand je reposerai définitivement :
Alors peut-être les arbres pourront-ils me toucher, et les fleurs m'accorder du temps.
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Les roses dans le jéroboam
Ont rendu l'âme la nuit dernière. Pas trop tôt.
Leurs corsets jaunes étaient près de se déchirer.
Vous avez ronflé, et j'ai entendu les pétales se détacher,
Tapotant, tictaquant comme des doigts nerveux.
Vous auriez dû les balancer avant qu'elles meurent.
L'aube a trouvé la tablette du secrétaire
Jonchée de mains chinoises. Maintenant des chrysanthèmes gros
Comme la tête d'Holopherne
Me dévisagent, trempés dans le même
Magenta que ce sofa vieillot.
Dans le miroir leurs doubles les soutiennent.
Écoutez : vos locataires les souris
Remuent les paquets de crackers. Une fine farine
Enveloppe leurs pattes d'oiseaux : elles poussent des cris de joie.
Et vous roupillez toujours, le nez contre le mur.
Cette bruine me va comme une veste triste.
Comment avons-nous pu atteindre votre grenier ?
Vous m'avez donné du gin dans un vase pareil à un bouton de verre.
Nous avons dormi comme des souches. Madame, qu'est-ce que je fabrique
Avec un poumon plein de poussière et une langue en bois,
Dans le froid jusqu'aux genoux, dans un marécage de fleurs?
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PARTIR DE BONNE HEURE

Madame, votre chambre est grouillante de fleurs.
C’est ce dont je me souviendrai, quand vous me flanquerez dehors,
Moi, qui reste là à m’ennuyer comme un léopard
Dans votre jungle de bouteilles à vin-chandeliers,
D’oreillers en velours couleur de boudin
Et de poissons volants d’Italie en porcelaine blanche.
Je vous oublie, à entendre les fleurs coupées
Siroter leurs liquides dans des pots assortis,
Cruches et coupes du Couronnement
Comme des ivrognes du lundi. Les baies laiteuses
S’inclinent, constellation locale,
Vers leurs admirateurs sur le dessus de table :
Des foules d‘yeux ronds levés.
Est-ce là les pétales ou les feuilles auxquels vous les avez appareillées-
Ces ovales à rayures vertes en papier argenté ?
Les géraniums rouges, je connais.
Amis, amis. Ils puent la sueur sous les bras
Et les maladies compliquées de l’automne,
Aussi musqués qu’un lit le matin après l’amour.
Les narines me picotent de nostalgie.
Démons fauves : instruments de votre culte.
Leurs pieds effleurent une eau usée aussi épaisse que du brouillard.

Les roses dans le jéroboam
Ont rendu l’âme la nuit dernière. Pas trop tôt.
Leurs corsets jaunes étaient près de se déchirer.
Vous avez ronflé, et j’ai entendu les pétales se détacher,
Tapotant, tictaquant comme des doigts nerveux.
Vous auriez dû les balancer avant qu’elles meurent.
L’aube a trouvé la tablette du secrétaire
Jonchée de mains chinoises. Maintenant des chrysanthèmes gros
Comme la tête d’Holopherne
Me dévisagent, trempés dans le même magenta que ce sofa vieillot.
Dans le miroir leurs doubles les soutiennent.
Écoutez : vos locataires les souris
Remuent les paquets de crackers. Une fine farine
Enveloppe leurs pattes d’oiseaux : elles poussent des cris de joie.
Et vous roupillez toujours, le nez contre le mur.
Cette bruine me va comme une veste triste.
Comment avons-nous pu atteindre votre grenier ?
Vous m’avez donné du gin dans un vase pareil à un bouton de verre.
Nous avons dormi comme des souches. Madame, qu’est-ce que je fabrique
Avec un poumon plein dépoussière et une langue en bois,
Dans le froid jusqu’aux genoux, dans un marécage de fleurs ?
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Les horizons m’encerclent comme des fagots
Qui penchent, disparates, et pour toujours instables.
Il suffirait d’une allumette pour qu’ils me réchauffent
Et que leur lignes fines
Rougissent l’air
Lestant le ciel pâle d’une couleur plus sûre,
Avant que les lointains qu’elles fixent ne s’évaporent.
Mais ils ne font que se dissoudre et se dissoudre
Comme une succession de promesses, à mesure que j’avance. […]

(Wuthering heights)
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Les mouettes effrontées plongeaient comme chez elles.
Nous avons ramassé des branchages et les avons chassées,
Puis nous avons descendu la rive escarpée jusque dans l'eau.
Nous gigotions, nous bavardions. Le sel dense nous portait.
Je nous vois encore flottant là, inséparables - deux poupées de liège.
Par quel trou de serrure avons-nous bien pu passer, quelle porte s'est refermée ?
Les ombres des herbes ont tourné doucement comme des aiguilles d'horloge,
Et depuis nos continents opposés, nous saluons de la main, appelons.
Tout est arrivé.
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FINISTÈRE

C'était la fin des terres : les derniers doigts, noueux et rhumatismaux,
Crispés sur rien. Des falaises
Noires et menaçantes, et la mer qui explose
Sans fond, sans fin, sans rien face à elle,
Blanchie par les visages des noyés.
C'est tout simplement lugubre maintenant, un tas de rocs -
Soldats rescapés de sales guerres d'autrefois.
La mer canonne dans leurs oreilles, mais ils ne bronchent pas.
D'autres rocs dissimulent sous l'eau leurs rancunes.

Les falaises sont bordées de trèfles, étoiles et clochettes
Telles que les doigts peuvent en broder, à l'approche de la mort,
Presque trop petits pour que les brumes s'en soucient.
Les brumes font partie de l'antique attirail -
Âmes roules dans le grondement funeste de la mer.
Elles meurtrissent les rocs, les font disparaître, les ressuscitent.
Elles se lèvent sans espoir, comme des soupirs.
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The obsolete house, the sea, flattened to a picture
She has one as too many dimensions to enter.
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L’agneau de Marie


L’agneau pascal frit dans sa graisse.
La graisse
Sacrifie son opacité…

La vitre est d’or sacré.
Le feu la rend précieuse,
Le même feu toujours

Fondant le suif des hérétiques
Et débusquant les juifs.
Leurs draps de fumée noire ondoient

Sur les stigmates de la Pologne
Et l’Allemagne incendiée.
Ils ne meurent pas.

Des oiseaux gris hantent mon cœur,
Bouche en cendre, œil cendreux,
Ils se posent. Sur l’immense

Précipice
Qui a vidé un homme dans l’espace
Les fours flambaient en cieux, incandescents.

Et c’est un cœur,
L’holocauste où j’entre,
O bel enfant d’or que le monde tue et mange.
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FINISTERE (extrait)

C'était la fin des terres : les derniers doigts, noueux et rhumatismaux.
Crispés sur rien. Des falaises
Noires et menaçantes, et la mer qui explose
Sans fond, sans fin, sans rien face à elle,
Blanchie par les visages des noyés.
C'est tout simplement lugubre maintenant, un tas de rocs.
Soldats rescapés de sales guerres d'autrefois.
La mer canonne dans leurs oreilles, mais ils ne bronchent pas.
D'autres rocs dissimulent sous l'eau leurs rancunes.

Les falaises sont bordées de trèfles, étoiles et clochettes
Telles que les doigts peuvent en broder, à l'approche de la mort,
Presque trop petits pour que les brumes s'en soucient.
Les brumes font partie de l'antique attirail
Ames roulées dans le grondement funeste de la mer.
Elles meurtrissent les rocs, les font disparaître, les ressuscitent.
Elles se lèvent sans espoir, comme des soupirs.
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LA CUEILLETTE DES MÛRES


Personne sur le chemin …
Extrait 3

Il ne manque plus que la mer maintenant.
D’entre deux collines un vent soudain s’abat sur moi
Et me gifle le visage de son linge fantôme.
Ces collines sont trop vertes et douces pour avoir
  goûté le sel.
J’emprunte le sentier aux moutons qui les sépare. Un
  ultime crochet me mène
À la face nord des collines, et cette face est de roc
  orange
Et ne donne sur rien, rien sinon un grand espace
De lumières, blanches et d’étain, et un vacarme comme
  d’orfèvres
Frappant, frappant encore un métal intraitable.


//traduction de Françoise Morvan et Valérie Rouzeau
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