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Citations sur Arbres d'hiver. La Traversée (56)

Le soleil se dissout sur ce mur, il saigne ses lumières.

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FEMMES GRAVIDES


Irréfutables, aussi merveilleusement suffisantes
Que Vénus avec une demi-coquille pour piédestal,
Pour châle une blonde chevelure et la gaze
Salée d'une brise marine, les femmes
S'installent dans leurs robes bouffantes.
Au-dessus de chaque ventre lourd un visage
Flotte aussi calme qu'une lune ou un nuage.

Souriant en elles-mêmes, elles méditent
Aussi dévotement que le bulbe de Hollande
Lorsqu'il prépare ses vingt pétales.
La nuit berce encore son secret.
Sur la verte colline, sous les arbres épineux,
Elles attendent, à l'affût du millénium,
Que cogne le petit, le nouveau cœur.

De jeunes enfants aux fesses roses leur tiennent com-
pagnie.
Occupés à boucler de la laine, ou sans rien faire en
particulier,
Ils évoluent parmi ces archétypes.

Le crépuscule les coiffe du bleu de Marie
Tandis qu'au loin, l'essieu de l'hiver
En tournant grince comme il approche avec la paille,
L'étoile, les mages aux cheveux gris.

p.95-97

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"Mains qui se joignent, et le néant au milieu.
Une âme sans corps pourrait croiser une autre âme
Dans cet air limpide et ne jamais la remarquer -
L'une traverse l'autre, aussi frêle que fumée,
Ignorant tout du chemin qu'elle a pris."
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INSOMNIAQUE


Le ciel de nuit n'est qu'une sorte de papier carbone,
Bleu-noir, aux périodes très marquées d'étoiles
Qui laissent passer la lumière, judas après judas —
Lumière d'une blancheur d'os, comme la mort, der-
 rière toutes choses.
Sous les yeux des étoiles et le rictus de la lune
Il endure son oreiller désert, l'insomnie
Étalant son sable fin, irritant, dans toutes les directions.

Encore et encore, ce film ancien, granuleux,
Revient révéler les soucis — ces jours bruineux
De l'enfance et de l'adolescence, tout poisseux de
 rêves,
Les visages des parents sur de hautes tiges, tour à tour
 sévères et larmoyants,
Un jardin de roses infestées de bestioles qui le fai-
 saient pleurer.
Son front est aussi bosselé qu'un sac de cailloux.
Les souvenirs se bousculent pour être sur la photo
 comme des stars de cinéma démodées….

p.55
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Il y a maintenant dix ans que nous avons ramé jusqu'à l'île des Enfants.
Le soleil venait darder droit sur l'eau ce midi au large de Marblehead.
Cet été-là nous portions des lunettes noires pour cacher nos yeux.
Nous pleurions tout le temps, dans nos chambres d'ami, petites sœurs trop gentilles,
Dans ces deux maisons à Swampscott, belles, blanches. Immenses.
Quand la tendre chérie d'Angleterre a fait son apparition, avec sa peau laiteuse et ses produits Yardley,
J'ai dû dormir dans la même chambre que le bébé sur un lit de camp trop petit,
Et le môme de sept ans refusait de sortir si les rayures de son pull
N'étaient pas assorties aux rayures de ses chaussettes.

Oh c'était l'abondance ! onze pièces et un yacht
Avec un escalier d'acajou ciré pour accéder à la mer
Et un garçon de cabine capable de décorer les gâteaux avec un glaçage à six couleurs.
Mais je ne savais pas cuisiner, et les bébés me donnaient le cafard.
La nuit, j'écrivais par depit dans mon journal, les doigts rougis
De brûlures triangulaires, d'avoir repassé des ruchés minuscules et des manches bouffantes.
Quand l'élégante femme et son docteur de mari sont partis pour l'une de leurs croisières
Ils m'ont laissé une bonne empruntée nommée Ellen, «pour veiller sur nous »,
Et un petit dalmatien.

Dans ta maison, la grande maison, tu étais mieux nantie. Tu avais une roseraie, un cottage d'hôte, une boutique d'apothicaire miniature,
Une cuisinière, une bonne, et tu savais où trouver la clé pour le bourbon.
Je me souviens de toi jouant « Ja Da» dans une robe de piqué rose
Au piano de la salle de jeu, quand les « grandes personnes » étaient sorties,
Et la bonne fumait et faisait un billard sous une lampe à abat-jour vert.
La cuisinière biglait d'un oeil et n'arrivait pas à dormir tellement elle était nerveuse.
Venue d' Irlande à l'essai, elle a calciné fournée de Cookies sur fournée de cookies
Avant d'être virée.

Oh qu' est-ce qui nous a pris, ma sœur!
Ce jour de congé qu'il a fallu tant pleurer pour avoir
Nous avons barboté un jambon au sucre et un ananas dans le frigidaire des adultes
Et loué une vieille barque verte.
Moi je ramais. Toi tu lisais.
Tout haut, assise en tailleur à l'arrière, des passages de Génération de Vipères.
Puis nous avons abordé sur I'ile. Elle était déserte
Une galerie de porches grinçants et t d'intérieurs silencieux.
Figés, horribles comme une photographie de quelqu'un en train de rire,
Mais mort depuis dix ans.

Les mouettes effrontées plongeaient comme chez elles.
Nous avons ramassé des branchages et les avons chassées,
Puis nous avons descendu la rive escarpée jusque dans l'eau.
Nous gigotions, nous bavardions.
Le sel dense nous portait.
Je nous vois encore flottant là, inséparables deux poupées de liège.
Par quel trou de serrure avons-nous bien pu passer, quelle porte s'est refermée?
Les ombres des herbes ont tourné doucement comme des aiguilles d'horloge,
Et depuis nos continents opposés, nous saluons de la main, nous appelons.
Tout est arrivé.

LES BABY-SITTERS
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ARBRES D'HIVER


Les lavis bleus de l'aube se diluent doucement.
Posé sur son buvard de brume
Chaque arbre est un dessin d'herbier —
Mémoire accroissant cercle à cercle
Une série d'alliances.

Purs de clabaudage et d'avortements,
Plus vrais que des femmes,
Ils sont de semaison si simple !
Frôlant les souffles déliés
Mais plongeant profond dans l'histoire —

Et longés d'ailes, ouverts à l'au-delà.
En cela pareils à Léda.
Ô mère des feuillages, mère de la douceur
Qui sont ces vierges de pitié ?
Des ombres de ramiers usant leur berceuse inutile.

p.175
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My mirror is clouding over --
A few more breaths, and it will reflect nothing at all.
The flowers and the faces whiten to a sheet.
//
Mon miroir s’embrume —
Encore quelques souffles, et il ne reflétera plus rien du tout.
Les fleurs et les visages blanchissent comme des draps.
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Wuthering Heights


Extrait 5

Le ciel s’appuie sur moi, moi, la seule à être debout
Parmi toutes les horizontales.
Les herbes affolées battent et se cognent.
Elles sont trop délicates
Pour vivre en telle compagnie ;
L’obscurité les terrifie.
Maintenant, dans des vallées aussi étroites
Et sombres que des poches, les lumières des maisons
Luisent comme de la petite monnaie.
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PREMIÈRES HEURES


Vide, je renvoie l’écho du moindre bruit de pas,
Musée sans statues, grandiose avec ses piliers,
portiques, rotondes.
Dans ma cour jaillit et puis retombe une fontaine
Au cœur de nonne, aveugle au monde. Des lys de
marbre
Exhalent leur pâleur comme du parfum .

Je m’imagine avec un vaste public,
Mère d’une blanche Nikê et de plusieurs Apollon
aux yeux nus.
À la place, les morts me blessent de leurs attentions,
et il ne peut rien arriver.
Comme une infirmière muette et sans expression, la
lune
Pose une main sur mon front.

p.119
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She is in love with the beautifu formlessness of the sea / Elle est amoureuse de la beauté informe de la mer
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