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4,3

sur 451 notes
Alors c'était ça Les Saisons de Maurice Pons ? Tu vois petit, à l'époque j'étais encore plus petit mais Mélanie, Marianne, Charlotte et certainement beaucoup d'autres liseur.euses en qui je perçois toujours cette espèce de classe à lire des livres avec la sensibilité qui me fait défaut, bref ielles m'avaient pourtant dit qu'il fallait absolument lire ce livre sans être foutu.es de me dire de quoi ça parlait.

Alors j'ai laissé le livre de côté pendant un million d'années au moins, en me disant que quand ch'rai grand il serait temps. Je sais pas s'il était temps mais en tout cas je suis quand même devenu plus vieux je crois.

J'avais jamais imaginé ce que l'impact de deux saisons et seulement deux feraient sur une population qui vit recluse sur une montagne où tout espoir a foutu le camp. En plus tu vois les saisons c'est pas de bol, c'est un automne qui dure longtemps et un hiver qui dure quarante mois. Quarante mois d'hiver, ça fait un sacré paquet d'oiseaux qui meurent gelés, et les filles ont beau planquer des grenouilles dans leurs nénettes pour prévenir de la sexualité ou je sais pas quoi, de s'emmitoufler le bas du ventre avec des petits animaux de compagnie, tout ça mon vieux ça m'empêche pas les morts et ça redonne de l'espoir dans rien.

Alors c'est Siméon qui en fait les frais, car lui il débarque dans le village en la qualité d'étranger, ce qui est un statut à part tu me diras, on le vit tous au moins une fois, ce qui n'empêche pas de se méfier des étrangers une fois qu'on ne l'est plus. Mais Siméon il avait besoin de fuir très très loin pour oublier les horreurs et les écrire. Parce que Siméon il est certainement étranger pour le reste du monde mais pour lui, c'est un écrivain.

On baigne dans une atmosphère brumeuse, neigeuse, venteuse, avec un ton proche de Gripari je trouve mais c'est juste mon avis ; ça dit beaucoup de gros mots, ça flirte avec le fantastique, mais ça prend pas le dessus. On dirait presque que Caro et Jeunet se sont inspirés de Maurice Pons pour réaliser Delicatessen si tu veux tout savoir. C'est écrit dans une plume de conteur hors pair mais qui veut pas que son public s'emmerde alors c'est très dynamique et haut en couleurs et tout même si à mon avis il doit pas beaucoup y avoir de couleurs dans la vie de ces gens là en vrai. On pense pas mal à Brel d'ailleurs quand il chante Ces gens-là, mais c'est encore une passerelle que j'ai senti quand j'ai lu quoi.

Le village est dur et moqueur et on assiste à la dégradation physique et mentale du pauvre Siméon (qui peut être un vrai trouduc par moments en sa qualité d'humain, comme tout un chacun je dirais). Après on se dit que c'est son lot parce que le village et les villageois ils se dégradent aussi même si tu sens les vestiges de certains dès le départ de l'histoire.

Les Saisons donc, c'est ce que j'ai lu de mieux depuis longtemps. C'était donc ça qui m'attendait ?

Bin mon vieux fais pas la même erreur que moi et si t'as jamais lu les Saisons, c'est indescriptible tellement c'est particulier et beau et réconfortant alors que c'est bourré de manque d'espoir.

Pfiou, mais c'était TELLEMENT trop bien ! je voudrais pas l'avoir lu pour le relire encore et encore et encore et encore et encore !

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"Ne vous méprenez pas sur mes desseins qui sont périlleux. Ce que je dois écrire n'est pas beau en soi. Je puis bien vous l'avouer, ce sont des horreurs que je dois décrire, des horreurs et des souffrances surhumaines - comme par exemple la mort de ma soeur Enina - et c'est à travers cette horreur que je dois atteindre la beauté, une beauté qui purifiera le monde, qui en fera sortir tout le pus, mot à mot, goutte à goutte, comme d'une burette à huile. Après quoi le monde sera meilleur, et vous-mêmes vous serez meilleurs dans un monde plus heureux. Voilà quelle est ma science." p.87

Maurice Pons nous a quitté, je me décide à ouvrir ce chef d'oeuvre qui dormait dans ma PAL depuis un certain temps déjà. J'en entendais parler et sa présence me revenait en mémoire.

Mais voilà, je n'ouvre pas facilement un livre dit "culte".

Des sensations m'habitent alors : peur d'être déçue, de ne pas adhérer, de ne pas partager les critiques dithyrambiques laissées par une foule de lecteurs sur la blogosphère, peur du rendez-vous manqué...inversement, c'est grisant d'avoir un livre culte dans sa PAL, savoir qu'une lecture hors du commun très certainement nous attend; qu'il est bon d'en retarder sa lecture, de garder ce soupçon de chance que l'on a par rapport à ceux qui l'on déjà lu, de faire durer cette attente encore un peu ...

Pourquoi j'ai décidé qu'il était tant cette semaine d'avoir rendez-vous avec "Les saisons" et de partager mon temps avec Simeon, je n'en sais rien, tout ce que je sais c'est que j'ai refermé cet opus hier en tout début de matinée et que j'en ai eu le souffle coupé !

"On vous a dit, je crois, que je suis écrivain et, à ce titre, j'ai droit à vos égards, car comme vous tous, je travaille à mains nues. Je façonne mes mots, avec des voyelles et des consonnes que j'accroche les unes aux autres, un peu à la façon du vannier. Mais avec mes petits paniers, mes corbeilles, j'essaye d'attraper la beauté." p.85

Oh Simeon, que je regrette pour toi que les paniers ne t'aient pas apporté la beauté, le réconfort. Aucune beauté (excepté Clara peut-être) présente dans cette vallée, aucun répit pour toi, toi, qui envisageais de coucher sur papier les horreurs dont tu as été témoin, de te lancer dans une écriture thérapeutique si nécessaire à tes yeux. Tu nourrissais tous les espoirs, en arrivant dans cette contrée, de pouvoir enfin trouver le répit, mais c'est dans un enfer que tu as posé les pieds, dépourvu d'humanité, où règnent en Maîtres la Pourriture, la violence, la déchéance et la bêtise.

J'ai partagé ton espoir, et puis les pages sont devenues plus lourdes, l'humour (âpre bien entendu) s'est détaché petit à petit, abandonnant la partie, t'abandonnant sur ce territoire hostile qui s'enfonce dans les ténèbres, plongeant le lecteur dans une atmosphère apocalyptique.

Ce livre m'a percutée, ébranlée, révulsée, déroutée, impressionnée, remuée, bousculée ...

Une lecture fascinante, effrayante et douloureuse à la fois, voilà ce qui vous attend. N'hésitez pas une seconde !!

Lien : http://seriallectrice.blogsp..
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Effroyable! d'un pessimisme absolu. Et pourtant quel plaisir inouï à lire et relire ce chef d'oeuvre oublié.
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Lu sur les conseils d'un collègue, qui depuis plusieurs mois me pressait de découvrir ce livre culte, Les saisons m'a emballé dès les premières lignes. Un homme, chargé d'un lourd passé qui le hante, arrive dans une vallée inhospitalière, dont les habitants aux moeurs archaïques et difficilement compréhensibles sont tous plus laids, méchants, bêtes et bornés les uns que les autres. La pluie incessante, puis le froid terrible, et la pourriture qui gangrène les corps et les esprits... Et au milieu de tout ça, quelques fugaces instants de beauté (Clara dans son bain), quelques regards de complicité (le vieux Croll) ou d'espièglerie (Louana). Comment définir ce surprenant mais envoutant objet littéraire, qui oscille entre le roman et le conte ? Il s'agit bien entendu d'un récit allégorique : Siméon est la figure de l'étranger, de l'autre, de la différence. Ses rêves sont simples : trouver un endroit où il pourra écrire pour peut-être exorciser son passé. Mais lorsque ses aspirations se briseront sur la réalité de ce village en cours de putréfaction, alors il n'aura plus qu'une seule issue : essayer de trouver mieux ailleurs. Mais le mieux se niche-t-il vraiment de l'autre côté de la montagne ? Cinquante ans après sa parution, ce roman n'a pas pris une ride. Il garde toute sa force d'évocation, et ses thématiques restent brûlantes d'actualité. Un livre à lire absolument.
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Un petit village dans la montagne, on sait pas bien où, mais qu'importe. Il fait froid, c'est paumé et pas très accueillant, la bonne ambiance, quoi. Et ce n'est rien de le dire. le début de ce livre m'a vaguement fait songer à Derborence de Charles-Ferdinand Ramuz, peut-être à cause de cet espace-temps distendu et de la chape montagnarde. Cette montagne où tous les espoirs - et les drames - sont permis.
Et puis Maurice Pons m'a emmené dans une histoire à laquelle je n'étais pas vraiment préparé. J'y ai parfois trouvé des effluves de Dogville, le film de Lars von Trier. J'ai bien essayé une fois ou deux de récupérer ma main pour aller lire ailleurs, mais rien à faire, ce diable d'homme a bien su s'y prendre pour m'emmener jusqu'au bout de son bout de livre. Je l'ai refermé avec un grand sourire, un peu crispé par certains excès, certes, mais tout de même enchanté de cette aventure sans risque, car seulement livresque, ouf. Enchanté ? Vaudrait-il mieux dire ensorcelé ? Envoûté ? C'est un sorcier, cet écrivain, je vous le dis. Je vais attendre un peu, histoire de souffler avant de lire le prochain…
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Quel étrange roman. Difficile à définir. Difficile à cerner aussi car sous l'étrangeté de l'univers que décrit Maurice Pons, on y cherche le sens caché. Les Saisons me fait l'effet d'une oeuvre à clefs. le narrateur, écrivant cherchant la solitude pour écrire l'oeuvre témoignage de sa vie, ne peut pas ne pas être Maurice Pons par certains côtés au moins.

Mais c'est d'abord cette histoire qui nous entraine dans une folie insensée et décalée. le style nous accompagne entre un grotesque hilarant et un malaise indéfinissable. Tout semble pouvoir arriver dans ce village oublié du monde où Les Saisons sont probablement métaphoriques. Que pensez de 16 mois de pluie que suivent 40 mois de gel finissant par quelques mois de neige. Et ces rappels au triste passé du narrateur évoqué par la sécheresse?

J'ai essayé de trouver les parallèles en lisant quelques avis et chroniques et le plus probant, pour moi, sans être certain qu'il y a réellement un lien, c'est que le temps d'avant (sécheresse traumatique) fait référence à la Guerre d'Algérie (Guerre terminée peu avant la sortie du roman). Par ailleurs, Maurice Pons a écrit le Passager de la nuit sur cette Guerre. de plus (calcul perso), le temps de Les Saisons (16+40) donne à peu près la durée de la Guerre d'Algérie. Je vous laisse en penser ce que vous voulez. 😉
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/les-sai..
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Etrange, étonnant, remarquable, scotchant. Une ambiance à couper au couteau dans une époque indéfinie, où les repères sont déformés, dévoyés. Il ne reste que l'épaisseur de l'humain dans la clôture de ce village de nulle part, et les règles d'une étrange sociabilité rugueuse. Une vie de misère, un climat effroyable, la brutalité de la nature et des hommes. On assiste à la lente intégration-assimilation-désintégration du héros, bizarre ovni travaillé par la passion de l'écriture. le héros, la pourriture, l'écriture. Tout est bizarre, dans ce roman, décalé, troublant, au coeur de la nature humaine. C'est sombre, lumineux, rare.
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Un des livres de mon Panthéon littéraire. Prodigieux, inoubliable. Une fable, et combien réaliste, sur notre condition humaine.
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Déroutant roman que ces Saisons qui nous laissent touché d'images à l'inverse de la grâce, embourbé dans une obscure vallée, d'une obscurité de décomposition et de subconscient, que l'on voudrait aussi loin de nous que possible, en laquelle on pressent cependant le terrain d'une parabole humaine autour de la noirceur des âmes et du salut par l'art, du rapport à l'autre aussi, qu'il soit l'étranger ou l'artiste. Déroutant, disais-je, et si prenant, aussi touchant que dégoûtant.

[Impression de lecture développée sur Psycheinhell :]
Lien : http://psycheinhell.wordpres..
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Conte fantasmagorique, fable monstrueuse ?

Ce titre va rester gravé dans ma mémoire.

Le grotesque côtoie le merveilleux, le burlesque le vulgaire, l'imaginaire à la sombre "réalité"

Vos émotions passeront par de multiples états. de la joie, la peur, l'horreur, le dégoût, le désespoir et bien sûr l'espoir

Pensez-vous qu'un âne puisse vous grignoter les doigts de pieds infectés par la gangrène ?
Et bien, dans ce fin fond du monde, c'est la méthode médicale du rebouteux local.

Et quel est le passé de Siméon ce voyageur solitaire venu s'isoler pour écrire ?
Dont la seule fortune sont des pages de papier ?

Lecture troublante mais surtout marquante.
Dois-je préciser que je vous en conseille la lecture ?
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