J'ose l'écrire... ce livre est un régal. Beaucoup d'humanité dans un monde que l'on qualifie souvent de "brutes", une fin (parce qu'il faut bien finir) bouleversante. Bravo.
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Si j'ai aimé A la ligne de Joseph Ponthus ?J'ai même fait pire : je me suis identifiée à l'auteur.
Ce livre m'a rappelé une période de mon existence où je me suis sentie en exil dans ma propre vie. J'étais à l'étranger, je faisais un travail pour lequel je n'étais pas faite, j'avais rompu avec mon mec d'alors et j'étais triste. Je me suis alors plongée dans la lecture de la Recherche du temps perdu, m'y suis accrochée comme à un radeau. J'ai ri, pleuré, ce livre illuminait mes journées, me soutenait dans les moments terribles : j'étais sauvée.
A la Ligne, c'est un éloge de ces camarades fidèles, de ces auteurs passés ou vivants avec lesquels on entretient une communauté d'esprit. Leurs livres nous accompagnent dans notre vie, nous éclairent, et créent un véritable cortège d'amis qui colorent nos joies et allègent nos peines.
De la peine, Joseph Ponthus en a eu beaucoup. Après des études littéraire, et poussé par les vicissitudes de l'existence, Joseph Ponthus est allé travailler à l'usine. Il découvre la vie précaire des ouvriers intérimaires embauchés dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Dans son livre, il documente la répétition infinie du travail à la ligne, l'absurdité infernale des tâches, la souffrance du corps qui en résulte.
Ce qui le sauve, c'est la littérature. Au fil des jours, il se remémore ses souvenirs de lecture, comme un rempart à la cruauté de l'usine. Il convoque Apollinaire, La Bruyère, Dumas, mais aussi les chansons de Trenet et Barbara. Ces auteurs, ces compositeurs sont autant d'anges gardiens qui le protègent de l'aliénation des machines, de la mort obscène des animaux et du pouvoir infâme des petits chefs.
De Joseph Ponthus, on peut louer la force documentaire de son récit, la beauté de son écriture. Je retiens ces souvenirs de lectures, ces airs de chansons ou bribes de vers éparpillés dans son texte, me faisant signe de la main comme de vieux amis.
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Intense, à vif, brut.
Fascinant et repoussant, parfois violent mais surtout magistral.
Ce livre nous transforme et nous transperce.
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Un livre dans lequel on est invité comme dans une conversation a sens unique, une confession de phrases inachevées, de petits bouts de pensées à voix haute. Une lecture que l'on ne prend pas tout de suite au sérieux mais qui, par le talent de son auteur, s'applique à des sujets sérieux et traité du grave tout étant léger. Les pages défilent comme des suites de mots alignés, on ne pose pas ce livre on en suit le texte à la trace, à la ligne, jusqu'au point final.
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On m'a offert ce livre il y a déjà quelques temps, et c'est récemment que j'ai fini par le lire : j'ai tout d'abord été frappée par sa forme, poétique et en quatrains, puis par son contenu, sorte d'hommage et de lutte envers la vie d'un ouvrier à l'usine.
Comme l'ouvrier à la chaîne, l'auteur égrène ses vers, peuplés de crevettes, de bulots, de crabes, puis de carcasses. le travail est répétitif, harassant, aliénant. Aux heures de labeur s'ajoutent les rares pauses clopes, la difficulté à trouver un mode de transport pour rejoindre l'usine, et enfin, le retour à la maison, où le narrateur est trop épuisé pour faire autre chose qu'aller se coucher.
Un récit touchant, poétique, recelant de nombreuses références littéraires et musicales, et surtout sentimental au vu des nombreuses déclarations d'amour du narrateur à son épouse.
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