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4,3

sur 2062 notes
pour moi qui a été intérimaire , ce livre a reflété ce que ce statue ai . pour moi qui connais l'usine , ce livre reflète encore plus la réalité . ce livre est génial . facile a lire , très facile a imaginer le quotidien du personnage et de plus depuis ma lecture de ce livre , quand j'arrive le matin a l'usine que moi j'appelle " la boutique " j'aperçois dans mes pensés le personnage qui est cette cet ouvrier que beaucoup d'entre nous sont ou connaisse de prés . surtout n'oublier pas mes amis bonne lecture .
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Au vu des avis qui ont tout dit je vais pas ajouter grand chose, sauf que j'ai apprécié la forme du récit, les vérités bien salées.
Autant c'est beau par le style et le courage de ce monsieur qui ne baisse pas les bras, malgré son statut, autant c'est moche de voir que tant de personnes sont contraintes de subir ce calvaire tout le long de leur vie professionnelle, pour gagner quatre sous.

J'ai beaucoup aimé le passage avec sa mère, en lui faisant comprendre que les études n'ont pas servi à rien, car sans elles, il n'aurait pas pu supporter.
Et à contrario, il dit aussi que sans l'usine, il n'aurait peut être pas survécu non plus à la dépression. Un mal pour un bien en sorte.
Malheureusement beaucoup de gens diplômés se retrouvent sur le carreau notamment les jeunes car sans expérience et ils doivent se résigner à prendre le premier boulot venu pour survivre.
Le boulot ne se trouve pas forcément là où on se trouve, c'est bien le cas de l'auteur qui a suit sa femme, au détriment de sa carrière.

Je dis bravo pour cette belle leçon d'humilité, de courage. Puisse l'avenir vous réserver de belles opportunités autre que l'intérim.

Pour ceux qui ne connaissent pas le monde du travail tel que décrit ici, vous feriez bien d'y jeter un oeil pour comprendre pourquoi, certaine population crie leur ras bol.



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Comment bien écrire sur cette lecture tellement particulière. Joseph Ponthus, par amour, se retrouve à accepter tous les boulots qu'on lui propose comme intérimaire, lui l'éducateur spécialisé se retrouve sur une ligne (on ne dit plus chaîne) de production, il devient un opérateur en ligne dans deux usines. Dans la première partie une usine de conditionnement de produits de la mer et dans la deuxième dans un abattoir. Il faut vraiment être amoureux, vraiment être prêt à tout pour travailler dans ces univers et lui il accepte, pas le choix, les factures sont là et puis parce que l'on a sa dignité.

C'est un témoignage d'une réalité bouleversante. J'ai été dans une vie passée amenée à connaître ces lignes de production (non alimentaires dans mon cas) et l'on retrouve totalement l'ambiance, les personnages, les attitudes, les cadences, le rythme infernal, où l'humain devient machine, corvéable et sans droit, sans parole que celle de se taire car sinon il y a du monde à la porte qui attend pour prendre ta place (même si ce n'est pas toujours vrai car ces postes ont vite mauvaise réputation).

Mais on ne vous demande pas d'aimer, on vous demande de travailler…..

Avec un style très particulier, sans ponctuation, à la façon d'un slam, chaque pensée est consignée après avoir été mûrement préparée au long de la journée. Faire court, direct et juste, n'hésitant pas à y glisser parfois une pointe d'humour ou de désespoir. Cela transpire la fatigue, l'usure et la révolte mais une révolte sourde, silencieuse car il en a besoin de ce travail.

C'est fantastique tout ce qu'on peut supporter.

Guillaume Appolinaire (Lettre à Madeleine Pagès, 30 Novembre 1915)

Oui c'est inouï tout ce que l'homme peut accepter, peut supporter et Joseph Ponthus n'en dit que l'essentiel dans ce court premier roman : les douleurs, les humeurs des petits cheffaillons, de la cheffitude, l'abnégation dont il faut faire preuve pour ramener des sous mais aussi la solidarité de certains, l'entr'aide bien que généralement c'est chacun pour soi, pour se protéger, pour garder son poste, pour avoir moins mal.

Mais il faudrait déjà que l'on se parle

Malgré les bouchons d'oreille les machines qui

martèlent nos silences à la pause pourquoi se dire

et quoi se dire d'ailleurs

et quoi se dire d'ailleurs

Que l'on en chie

Que l'on peine à trouver le sommeil le weekend

Mais que l'on fait

Comme si

Tout allait bien

On a du boulot

Même si de merde

Même si l'on ne se repose pas

On gage des sous

Et l'usine nous bouffera

Et nous bouffe déjà (p54)

L'auteur interpelle avec les absurdités de ce travail : être obligé de payer un taxi pour prendre le poste parce que le co-voiturage n'est plus possible, changements d'horaires, l'usure du corps, du mental….

Tout ce qu'il dit est tellement vrai. J'ai souri (jaune) à l'évocation des audits en usine….

Heureusement Joseph Ponthus est un passionné de littérature, il se réfugie dans ses lectures pour survivre, il fredonne Trenet, Vanessa Paradis, Bach, il se fait ses séances de films pour ne plus voir le quotidien, ne plus l'entendre, pour être ailleurs.

C'est du brut, c'est du fort, mais c'est aussi des émotions, des sentiments. L'humain garde sa place, il reste digne et debout, même si le dos n'est plus que douleurs, même si la tête n'arrive plus à aligner des idées. La force de l'auteur c'est d'avoir trouvé exactement l'écriture qu'il fallait à cette narration.

On en ressort bouleversé même si on sait que cet univers existe, on oublie par commodité parfois, on est écoeuré (je suis végétarienne en autre par respect de la cause animale) des pratiques mais aussi de ce que doivent endurer ceux qui y travaillent, qui n'ont pas d'autre choix, parce qu'il en faut pour nourrir les gens……

On ne regarde plus les crevettes et les bulots de la même manière ensuite, on ne regarde plus son voisin qui rentre à 5 heures du matin, vouté, exténué parce que lui rentre de l'usine, qu'il doit gérer le quotidien mais aussi les complications avec Pôle Emploi, les justificatifs, les rendez-vous etc….

Il n'y a pas que les bêtes que l'on abat, que l'on débite, que l'on tronçonne, il y a aussi les humains qui ne deviennent que corps sans tête….. On s'active, on ne pense pas car si on pense cela fait mal…..

C'est le genre de récit que l'on ne peut oublier, qui reste imprégner en vous par son style mais aussi par son contenu, à la manière d'une odeur de marée ou de sang.

A voir sur un prochain roman si Joseph Ponthus gardera le même style ou saura-t-il l'adapté à son récit, mais pour celui-ci il mêle mots et réflexions, poésie et réalité avec courage (et il lui en a fallu pour mener de front travail et écriture) c'est une réussite, pas un coup de coeur pour moi mais plus un coup de poing littéraire.


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En hommage à Joseph Ponthus mort le 24 février dernier à cause d'un putain de cancer (42 ans, j'ai pas de mots pour traduire l'injustice d'un tel truc) j'ai ressorti ce livre de dingue qu'on m'avait offert. Il est passé par toutes les mains dans la famille. Parce que, comme tous les bons livres, il faut le faire beaucoup tourner.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas Joseph Ponthus, c'est ce type brillant, un peu poète, qui a écrit un livre devenu culte sur le travail et ses conditions abrutissantes. le travail que beaucoup ne connaîtront pas (par chance ou par choix) mais qu'une majorité subira jusqu'au bout. le boulot pour lequel on se lève à 5h, qui vous brise les os et broie les âmes au fil du temps.

Joseph Ponthus a écrit sur son expérience dans une conserverie bretonne, un témoignage choquant, qui taille dans le vif, sans ponctuation, parfois acide, parfois poétique, blindé de références aux auteurs qui l'ont façonné, toujours douloureusement humain. À ses côtés, on s'escrime dans l'univers industriel, on côtoie les collègues, on apprend l'usine, le métier dit "alimentaire", celui qui illustre sans conteste toutes les dérives du monde du travail et du secteur agro-alimentaire en particulier.

À la ligne, c'est la fatigue, l'intérim, les gestes qui tuent, les changements d'horaires qui dévorent votre liberté, les contraintes de vie, les nuits sur la ligne de montage, le co-voiturage pour ne pas perdre son boulot, la colère, les petites maladies qui vous pourissent l'existence. Mais c'est aussi la littérature, la magie des vers, les paysages bretons et les grands auteurs vers lesquels on se tourne quand il ne reste plus que ça pour ne pas perdre la tête.

À la ligne, c'est un grand bouquin par un grand homme. Une vraie réflexion sur le monde du travail et les existences abîmées que l'on s'impose. Son intérêt va au-delà du simple témoignage.
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J'avais quelques réticences avant de commencer ce roman. Pas de ponctuation, des phrases qui n'en sont pas toutes et des lignes qui se limitent parfois à un mot. Trop de style tue parfois le style….Et bien non ! Pas cette fois, ce roman est une vraie réussite et pour un premier essai, un coup de maitre.

L'auteur qui a emménagé en Bretagne suite à son mariage ne trouve pas de travail dans son secteur d'activité (social). Alors il va s'inscrire en intérim et partir à l'usine. Plus précisément l'agroalimentaire entre conserveries et abattoir. Voilà ce qu'il nous raconte : sa vie à l'usine comme un long slam sur la chaîne de production, la fatigue, l'attente de la pause et de la quille, les longues heures dans le froid, la fraternité ou l'énervement entre collègues, le réveil au petit matin, etc…

C'est tout à la fois un témoignage passionnant sur les conditions de vie à l'usine et un beau texte, une parfaite adéquation entre le fond et la forme.
J'ai beaucoup aimé et il est clair que je ne regarderai plus jamais de la même manière les bulots et les crevettes dans les rayons !
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Avant tout, merci à Judith (Brooklyn_by_the_sea) et Éric (CasusBelli) pour avoir chroniqué ce livre, je ne l'aurais peut-être pas mis dans ma PAL sans eux.
Ce livre m'a ramené en arrière. Mon père a travaillé en usine. Pas à la chaîne, il était P3 (pour ceux qui connaissent), mais avec une pointeuse, qui retenait un quart d'heure de salaire pour 2mn de retard. Avec des chefs distants qui oubliaient le "Monsieur" quand ils s'adressaient à lui. Avec la fatigue du soir, quand il rentrait à la maison. Il a fini avec une carte d'invalidité partielle quand une machine a failli lui dévorer la main. J'ai retrouvé tout ça avec une grande émotion...
J'ai aussi pensé à ma mère qui me disait que plus tard, si par malheur j'avais un boulot débilitant, il fallait que je pense à de belles choses pour tenir le coup, le livre que je venais de finir, ou le dernier film que j'avais vu. D'instinct, elle raisonnait comme Joseph Ponthus, même sans jamais avoir étudié.
Ce livre est magnifique, l'auteur nous prend aux tripes mais étonne par sa retenue, sa volonté de tenir le coup. Son écriture est originale et donne un peu de légèreté à ce sujet si lourd, les conditions de travail de tous ces gens qu'on maltraite au nom du rendement. Je sors de cette lecture un peu sonnée, révoltée, mais touchée par la personnalité de l'auteur. Quel cadeau que ce livre, merci Mr Ponthus.
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Je remercie Joseph Ponthus pour avoir écrit ce témoignage.
Il est d'une grande justesse.Il essaie de mettre de la poésie dans une situation qui est à des année lumières de cela.
Quand j'ai terminé la lecture de livre une question met venu "Dans chaque choses que j'ai(alimentaire ou non) dans quelle condition cela été fait, quelles femmes, quelles hommes, comment étaient leurs conditions de travail?
Ce livre interroge sur les conditions inchangé des personnes qui travaillent à l'usine, des intérimaires.
A l'heure ou le chômage de masse va faire les titres des unes, quelles sont les conditions que le peux encore accepter et surtout à quel prix?
Dans ce livre, il y a une question que se pose l'auteur quel prix pour un week end?
Il y a aussi des jolies portraits de personnes que l'ouvrier va croiser.
Il nous montres que l'usine n'est pas réservé aux personnes qui n'ont pas travaillé à l'école.Quel sentiments les familles qui ont fait des sacrifices pour payer des études à leurs enfants on quand elles voient aller travailler à l 'usine.
Il y a une jolie comparaison entre les usines de Lorraine et Bretonne.
L'aspect psychologique est largement évoqué et le manque d'humanité dans certaines situations.
Un magnifique hommage au personnes du mondes entier qui travaillent dans ces conditions et qui font carrière.
Le finale est magistrale.

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J'ai lu ce livre d'une traite et j'en suis sortie sous le choc.
C'est un témoignage bouleversant sur la vie à l'usine, de la part d'un ouvrier un peu atypique cependant puisqu'ayant fait des études littéraires.
Mon père, mes oncles, mon grand-père n'avaient évidemment pas les mêmes mots que lui pour décrire leur usine, et puis c'était il y a des années puisque les usines ont fermé en Lorraine, mais le texte de Joseph Ponthus ne m'en a pas moins touché au coeur.
J'ai également adoré son écriture en vers libres, sans ponctuation, mais tellement évocatrice. Certains vers m'ont fait pensé à des haïkus, je me suis laissée emporter par d'autres, les références littéraires ou musicales m'ont beaucoup parlé.
Ces feuillets d'usine sont autant de petites pépites indispensables à lire, et je remercie l'auteur d'avoir partagé ces moments avec nous, surtout quand on sait dans quelles conditions ils ont été écrits, c'est pourquoi j'ai envie de terminer ma critique par une citation:
"J'ai écrit et volé deux heures à mon quotidien et à mon ménage
Des heures à l'usine
Des textes et des heures
Comme autant de baisers volés
Comme autant de bonheur"
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J'ai rencontré Joseph Ponthus à la présentation des cinq auteurs sélectionnés pour le prix du premier roman 2019 des bibliothèques de la ville de Paris.
Lorsqu'il a parlé de son livre, de la raison pour laquelle il écrivait j'ai retrouvé, tout à fait, la voix entendu à la lecture du bouquin. C'est avec la même simplicité, la même émotion mais aussi la même détermination que J. Ponthus présente son oeuvre. On ne tourne pas autour du pot, on y va franco de port et de bon coeur, un chat c'est un chat.
Il y a une infinie tendresse lorsqu'il aborde sa relation avec son épouse et combien elle était un refuge dans la pénibilité de son travail, de même pour ces petits mongolitos qui lui ont permis de belles vacances ou ce chien Pok Pok qu'il sort après son travail, éreinté, vidé qu'il est et qui, dans le livre, nous apporte quelques lignes d'une rare beauté, d'une poésie touchante.
La forme d'écriture, sans ponctuation, apporte une connotation poétique au livre sans pour autant que l'on puisse arguer qu'il s'agisse d'un long poème. Ces feuillets d'usine, comme le précise le sous-titre, sont d'une réalité méconnue, notamment par moi, du travail et de sa pénibilité ainsi que de la précarité de l'emploi, tout autant, ici, en intérim. Trouver un intérêt par le biais de la littérature, des chansons, de la poésie comme d'une bouée de secours dans un monde déshumanisé, où la cadence importe plus que l'ouvrier, nous oblige à nous poser la question de comment ce travail est accepté par ceux qui n'ont pas ces moyens de décompression ou d'accepter un travail tel que ceux décrits.
L'auteur, après parution du livre, a vu sa mission stoppée net par la direction de l'usine. Ce qu'il considère comme une chance puisque cela lui aura permis d'accomplir son nouveau métier d'écrivain en se consacrant à ses lecteurs à travers la France des libraires.
Un livre formidable et déstabilisant.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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A la ligne est une mélopée, le chant triste et obsédant d'un intérimaire qui, d'usine de poisson surgelés en abattoir, conte la dure condition des opérateurs de production. Une vie hachée par les tranches de 8 heures de labeur dont on revient exténué et où l'on retourne sans d'autre espoir que d'effectuer les quotas pour être rembauché.
Dans ces usines réfrigérées aux murs aveugles où l'alternance du jour et de la nuit et des saisons sont abolies, les seules sources de chaleur sont les bonbons qu'on suce le plus lentement possible pour les faire durer dans la bouche (car à raison d'un par heure, on peut voir se dissoudre la journée en avec huit d'entre eux), les chansons de Trenet, les poèmes qui embellissent la vie, l'évocation de la femme que l'on va retrouver et du chiot qu'on va promener en rentrant.
On évoque avec nostalgie le temps des grèves et des manifs dont on pouvait encore s'offrir le luxe quand on avait un CDI ! Car dans ce Lumpenproletariat, arpenter le pavé et arborer des banderoles en réunion est interdit.
Ce récit s'inscrit dans la lignée des grands témoignages sur le monde du travail. Dans ce monde-là, le capitalisme a abattu les derniers bastions ouvriers qui pouvaient espérer encore un monde solidaire ; ne restent que des individus livrés à eux-mêmes, éparpillés, dispersés, seuls comme les bêtes au moment de l'abattage.
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