AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791026228134
319 pages
Librinova (31/01/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
Moby-Dick est un monument de la littérature, pareil à une île fameuse mais à l’abord difficile, aux rives inhospitalières, et à l’intérieur montagneux et couronné par un volcan toujours perdu dans les nuages… L’invitation du livre est de naviguer autour de cette île, sans parti-pris, mais en multipliant au contraire les angles d’observation.
Non académique, mais instruit de nombreuses lectures critiques, ce livre se réfère fréquemment au texte d’origine (touj... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Moby-Dick, un oratorio des temps modernesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voilà encore un livre auto-édité chez Librinova, qui montre qu'on fait décidément toutes sortes de découvertes inattendues dans l'auto-édition, et que ce ne sont pas uniquement des romans ! En l'occurrence, ce livre fait le point sur les très nombreuses interprétations auxquelles a donné lieu Moby Dick (Herman Melville, 1852). Il est érudit, mais va aussi bien au-delà de l'érudition : il y ajoute l'interprétation de l'auteur, ainsi que sa lecture de chapitres moins commentés mais révélateurs. Il est émaillé de nombreuses citations, dans le texte et traduites. Il ravira donc les lecteurs de ce roman, peu connu pendant le siècle qui a suivi son écriture, et depuis, considéré comme un chef d'oeuvre de la littérature américaine classique ; il ravira également les autres, car il est écrit dans une langue très claire et accessible à tous.

Mais rares sont celles et ceux qui n'ont pas lu Moby Dick, ne serait-ce que pendant leur scolarité. Chacun s'en fait une idée ; pour moi, c'est un roman sur ce après quoi on court, ce qui nous met en mouvement et anime notre vie ; autant dire que c'est un livre sur "l'objet" au sens de la psychanalyse. Si les théories psychanalytiques évoquées par l'auteur ne parlent pas explicitement de relation d'objet, elles sont bien présentes et ce sont sans doute celles dont je me suis sentie la plus proche.

Mais pour convaincantes qu'elles me paraissent, elles ne sont pas les seules, et toutes les autres théories invoquées sont également convaincantes. Il me semble que c'est peut-être à cela qu'on peut reconnaître un grand livre : de très nombreuses interprétations peuvent en exister, sans s'exclure les unes les autres, et sans qu'aucune n'épuise le sujet. Et c'est une chose de reconnaître cette vérité générale (qu'il y a toujours autant de lectures d'un texte qu'il y a de lecteurs) ; c'en est une autre de pouvoir classer ces lectures en grandes rubriques qui couvrent à la fois les lectures psychologiques (et psychanalytiques), biologiques (environnementalistes), sociales ou politiques (voire religieuses), ainsi que les lectures qui situent Moby Dick dans l'histoire de la littérature en soulignant notamment ses accents shakespeariens, ou encore dans l'histoire des moeurs en montrant comment il détourne la censure de son époque en trouvant le moyen de parler d'homosexualité. C'est un peu comme s'il existait un Moby Dick pour tous les goûts, avec même la possibilité, presque 200 ans plus tard, de faire de nouvelles lectures qui entrent en résonance avec les questions les plus actuelles (le sens de l'avènement de Trump, ou la protection de la nature).

Dans ce contexte, je me demande quel sens donner au fait que j'ai eu le sentiment qu'il restait encore une lecture pourtant très banale, qui n'est pas abordée dans l'essai : serait-ce la preuve ultime du fait que c'est un grand livre, puisqu'on ne peut jamais en épuiser le sortilège ? François-Patrick Postal évoque la quasi absence de personnages féminins dans le roman. le seul personnage féminin possible serait la baleine, mais son genre est sujet à débat. Par ailleurs, le Pequod croise un bateau qui revient victorieux de la chasse et parmi les attributs de la victoire, il y a des femmes. C'est donc évident : le roman n'est ni féministe, ni intéressé par les rapports entre hommes et femmes. Pour autant, je crois bien me rappeler (et quelques citations du livre le confirment) qu'en anglais, "bateau" est un des rares noms propres qui a un genre, et ce genre est féminin. On dit bien "she", "elle", en parlant d'un bateau, donc du Pequod. Alors résumons : un équipage d'hommes réfugié au sein d'un objet féminin, voguant sur un océan dont le caractère viril et menaçant est justement exposé par Melville dans un chapitre que commente l'auteur de l'essai... Il y a bel et bien un personnage féminin dans le roman, omniprésent mais muet, qui devrait être protecteur mais ne résiste finalement pas à la folie du capitaine qui le possède. Pas besoin d'être psychanalyste pour se dire qu'il y a là matière à compléter la lecture d'un Melville auquel manque, pour que son roman soit vraiment universel, la possibilité de le rattacher aux thématiques féministes de notre époque - ou alors, qu'on pourrait citer comme jalon dans une histoire de la misogynie...

L'essai ne tranche pas la question "faut-il lire Moby Dick aujourd'hui", au motif que le choix des lectures de chacun est éminemment personnel. En revanche, je vous recommande la lecture de cet essai, qui offre une navigation vraiment intéressante dans l'océan des lectures possibles de cette oeuvre, mais aussi de toutes les grilles d'analyse que nous pouvons appliquer aux textes universels. Il se lit comme un roman !
Commenter  J’apprécie          300


Lire un extrait
autres livres classés : censureVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature LGBT Young Adult

Comment s'appelle le premier roman de Benjamin Alire Saenz !?

Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers
L'insaisissable logique de ma vie
Autoboyographie
Sous le même ciel

10 questions
40 lecteurs ont répondu
Thèmes : jeune adulte , lgbt , lgbtq+Créer un quiz sur ce livre

{* *}