A l'Ouest de l'Eden

La patrouille du lieutenant Abel Robinson s'enfonce dans le désert somalien en 1931 à la poursuite de la bande d'un rebelle: le Vengeur. Soudain, une tempête de sable sépare Robinson de ses hommes pour le précipiter dans un autre univers à l'Ouest de l'Eden...

Hugo Pratt renoue une fois de plus les liens qu'il entretient avec la corne de l'Afrique, ses histoires et ses mystères. Dans ce récit aux multiples facettes se mêlent aventure, mythe et surnaturel. Entre rêve et réalité, le lecteur peut se perdre. Cependant, l'auteur garde une parfaite maîtrise de l'histoire pour nous révéler un final à la hauteur.

Au carrefour des religions et des croyances, « À l'Ouest de l'Eden » est une version moderne du mythe de Caïn et Abel, de ce meurtre fratricide qui ouvre les premières pages de la Bible. Et il faut bien le dire, Pratt a du talent : sa bande dessinée est terrifiante. Dans une ambiance d'une noirceur abyssale, les morts s'égrènent un à un sous les coups de feu d'un mystérieux vengeur. le trait est somptueux, aride, sublimant un désert funeste d'où l'on ne réchappe pas vivant. Un bémol : le mélange d'influences de Pratt n'est pas encore imbuvable, mais presque. L'idée de revisiter le mythe sous les uniformes de l'armée britannique est géniale. Mais certains personnages (dont Ève) tombent dans une bouillie ésotérico-chamanesque pas forcément du meilleur aloi. Dommage. Ceci dit, il s'agit bien d'un album réalisé de main de maître... auquel on sera en droit de préférer certains Corto Maltese et d'autres aventures d'Hugo Pratt plus... chaleureuses et humaines !
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Très bel album précédé d'un texte de Jean-Claude Guilbert dont je voulais me dispenser, "Hugo Pratt ou L'Amitié mystérieuse", ce qui aurait été dommage. Il y a aussi des aquarelles faites en Afrique, autrement plus belles que la bande-dessinée qui suit, à mon goût.

Le récit de la bande-dessinée est très mystérieux, fondé sur les premières pages de la Genèse, au sujet du Jardin d'Eden, présenté comme une réalité géographique, Al-Jannah Al-Adn. Un soldat anglais, Abel Robinson, est confronté à une sorte de sniper nommé le vengeur, qui tue un certain Adams. Robinson poursuit le "vengeur" et se fait appeler "frère" par ce Kayin qui veut lui présenter leur mère Ewa... On nage en plein surnaturel, cauchemar, rêve...? C'est très troublant à lire et la conclusion n'est pas très satisfaisante pour le lecteur mais très "ronde".
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