Marele singuratic

Sorte de définition de l'écrivain par autodérision qui s'applique probablement à toute l'oeuvre de Preda :"Car, contrairement à ce que certains pensent, il n'est pas si facile d'être un grand écrivain pour vingt-deux millions d'habitants. Certains pensent vraiment avoir mis ces vingt-deux millions dans leur poche ; tandis que d'autres ne s'y intéressent même pas, comme s'ils écrivaient pour les murs… Jeux de mots qu'on devrait admirer pour le labeur du « ne rien dire », s'ils n'étaient pas signe d'une grave confusion de l'esprit… Certains se sont enfuis, poussés par le démon de l'affirmation de soi, comme si on pouvait s'affirmer soi-même… Je ne m'intéresse ni à moi-même ni à personne… Je m'intéresse à mère, à père, à mon propre jardin, à celui où je suis né, à celui de ceux sur lesquels j'écris ainsi qu'au vôtre, vous que je méprise… Autrement, comment pourrions-nous vivre un sublime instant sur cette terre, au-dessus de sa croûte inondée de soleil et de vent, avant de déposer, pour dormir, son crâne à l'intérieur, là où il n'y a ni lumière ni verdure, si nous ne faisions offrande au monde que du seul spectre de notre solitude ?"