AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 53 notes
5
5 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
Magnifique kaléidoscope biographique !

En 1855, Regine Olsen, épouse du gouverneur des Antilles danoises, apprend le décès à quarante-deux ans de Søren Kierkegaard auquel elle fut brièvement fiancée avant qu'il ne rompe brutalement, sans raison objective, si ce n'est probablement l'impérieuse nécessité de se vouer totalement à son oeuvre, persuadé qu'il était de mourir jeune, et sans imposer de surcroit à une compagne son incurable et désormais légendaire mélancolie.

Touchée par ce décès, quinze ans après leur rupture, Regine, épouse heureuse de son ancien précepteur, s'interroge toujours sur les causes de ce qui fut un drame à l'époque mais qui a, avec le recul, incontestablement influencé l'oeuvre de Kierkegaard.
De retour à Copenhague, avec l'aide de membres de la famille du philosophe, elle poursuit sa quête, puisant dans ses souvenirs, leurs échanges, s'appuyant sur les oeuvres majeures, afin d'essayer de comprendre la pensée, l'homme et au-delà de trouver des éléments de réponse à son inexplicable renoncement amoureux.

Ce récit est tout simplement passionnant, réussissant ce tour de force d'être à la fois très documenté sans être aucunement barbant, sensible sans être mièvre, et remarquablement écrit.
Je crois que ce qui m'a particulièrement plu dans ce portrait d'un illustre penseur esquissé originalement par la femme qui a sans aucun doute le plus compté pour lui, c'est le va et vient permanent entre la trame biographique, les nombreuses références aux oeuvres et correspondances de Kierkegaard et les interrogations sentimentales et existentielles dont Claude Pujade-Renaud émaille son récit. Bribes essentielles de vie et d'oeuvre pour tenter de lever le voile sur l'énigme Kierkegaard !
J'ajoute que les chapitres courts, rédigés à la première personne alternent essentiellement les points de vue personnels de Regine et Frederik son mari, et contribuent à maintenir rythme et intérêt jusqu'à la dernière page, du décès du philosophe en 1855 à celui de Regine en 1904.

Pour conclure, ces phrases de Kierkegaard, extraites d'un courrier adressé au mari de Regine en 1849, année du décès de son père, qu'elle a découvert cinquante ans plus tard, ayant refusé à l'époque de les lire :
« Dans cette vie, elle vous appartient ; dans l'Histoire, elle sera à mes côtés.» « Vous la rendez heureuse en cette vie - je veillerai à son immortalité. »

Car, Tout dort paisiblement, sauf l'amour.
Commenter  J’apprécie          511
Peut-on se guérir complètement d'un premier chagrin d'amour?
En 1855, Régine Olsen, heureuse dans son mariage d'épouse de gouverneur des Antilles danoises apprend le décès d'un homme qu'elle a beaucoup aimé et qui l'a abandonnée en rompant leurs fiançailles. Une rupture qui fut une vraie douleur pour une jeune fille de 18 ans et qu'elle n'a jamais pu expliquer. Désamour, incapacité à se lier à une femme, malédiction d'une famille aux nombreux décès, comme une fatalité à laquelle l'homme ne peut se dérober?

Pour qui ne connaît pas ou peu ( ce qui était mon cas) le philosophe et écrivain danois, Søren Kierkegaard, cette biographie romancée est une première approche, à la fois mélancolique et empreinte de légèreté car construite sur la narration d'amours contrariés. L'homme érudit et son oeuvre se dévoilent peu à peu au travers des souvenirs de ses proches, avec le contrechamp de la société danoise puritaine, où une blessure sentimentale et d'amour propre est sans doute fort difficile à gérer.

Alternant les personnages dans des chapitres courts, le livre est agréable, empreint de langueur tropicale. Claude Pujade-Renaud décortique les sentiments avec finesse et une capacité à se glisser dans les mentalités du 19ème siècle. Mais, pour moi, l'ennui n'était jamais loin, sans doute du à une narration un peu répétitive.
Commenter  J’apprécie          282
Biographie de Kierkegaard sous forme de roman.
Deux voix principales pour raconter : celle de Régine, la fiancée que le philosophe a éconduit après quelques années, et celle de son mari, gouverneur aux Antilles danoises, puis maire de Copenhague.
Puis aussi celles d'Henrik, un neveu, et d'Henriette, une nièce.
Personnage tourmenté que Kierkegaard, marqué par une sorte de malédiction qui semble frapper sa famille. Personnage omniprésent dans la vie de ses proches, bien au-delà de sa mort.
C'est bien écrit, c'est intéressant, mais j'ai été tentée à plusieurs reprises d'abandonner. Beaucoup de répétitions, un rythme très régulier, très lent, qui m'a fait m'ennuyer souvent.
Pourtant je ne regrette pas cette lecture très bien documentée qui m'a appris bien des choses.
Commenter  J’apprécie          200
Ce roman à plusieurs voix nous raconte la vie de Soren Kierkegaard, le célèbre écrivain et philosophe danois. Parmi les "voix" de ceux qui l'ont côtoyé, se trouve Régine, qui fut jadis sa fiancée. Pour moi, c'est elle le personnage principal, devant Kierkegaard. Quelques temps après sa mort, le grand écrivain se rappelle à elle par l'intermédiaire de son testament. Régine ne lui a jamais pardonné cette rupture inexplicable, mais elle coule maintenant des jours heureux avec son mari Frédérik. Ce testament va l'obliger à revenir sur ces évènements et sur sa jeunesse.
Je n'ai jamais rien lu de Kierkegaard, ne suis pas sûre de le lire un jour, et ne connaissait pas grand chose de cet auteur. Malgré cela j'ai beaucoup aimé ce livre. La très belle plume de Claude Pujade-Renaud m'a une nouvelle fois ravie, tout comme ses talents de conteuse. Roman instructif, mais aussi intimiste et tendre.
Commenter  J’apprécie          92
Quel merveilleux livre ! D'une écriture toujours juste et limpide, Claude Pujade-Renaud nous conte l'histoire romancé du grand écrivain danois Kierkegaard, par la voix de la femme qu'il a aimée mais à laquelle il a renoncée pour se consacrer à son destin. A lire absolument !
Commenter  J’apprécie          80
Un roman à plusieurs voix : celle de Régine, la fiancée abandonnée par Kierkegaard, celle de Frédérik, le mari et celles des cousins Henriette et Henrik. Des voix qui racontent la vie de Soren Kierkegaard, philosophe danois et et l'un des grands noms de la philosophie européenne. Des voix qui s'interrogent . Pourquoi cette rupture brutale des fiançailles ? Pourquoi cette malédiction sur la famille : la mort de plusieurs de ses membres à 33 ans ? Y a-t-il une ombre douloureuse ? Qui est Kierkegaard : un penseur mélancolique, un angoissé devant la vie, un jeune homme gai et insouciant ? Différentes palettes d'un personnage insaisissable.
Dans son précédent roman A l'ombre de la lumière, C Pujade Renaud décrivait un amour passionné et fidèle, celui de la concubine d'Augustin dans des paysages écrasés de soleil et de chaleur. Ici, le ton est plus calme, plus apaisé. Les brumes du Nord ont atténué les passions. L'atmosphère de récit rappelle les tableaux de Friedrich. Mais, ce sont deux femmes qui ont aimé, qui ont été abandonnées et qui essaient de comprendre pourquoi.
Les lecteurs fidèles de C Pujade Renaud retrouveront toutes les qualités de ses romans : l'art de tresser éléments historiques, études psychologiques servis par une très belle écriture . Des qualités qui , je l'espère, inciteront de nouveaux lecteurs à découvrir une oeuvre originale et un écrivain de talent
Commenter  J’apprécie          60
De Soren Kierkegaard, je connaissais le nom. L'auteure m'a fait découvrir l'homme.

Au travers du personnage de Régine, on découvre un homme tourmenté, un penseur qui réfléchissait en marchant, un homme-enfant poursuivit par la malédiction familiale.

J'ai aimé le personnage de Régine, encore amoureuse du philosophe malgré ses années de mariage.

J'ai aimé le personnage du mari, conscient de cet amour de sa femme pour un autre, pas moins amoureux lui-même de cette même femme.

Un triangle amoureux avec un absent pourtant omniprésent.

L'image que je retiendrai :

Celle des rosiers que Régine a plantés à Saint-Croix aux Antilles, qu'elle a dû abandonner, se posant toujours la question de savoir si ils fleurissent.
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2013
Commenter  J’apprécie          50

Un beau titre qui commence par intriguer.
Il est en effet question d'amour dans ce livre, mais pas celui dont on a l'habitude dans les romances sentimentales. L'auteure met en scène des personnages réels et leur donne la parole tour à tour pour tenter de comprendre leur proche mais néanmoins étranger qu'est Soren Kierkegaard, grand et inclassable écrivain Danois du 19ème siècle.
C'est Régine qui prend la parole le plus souvent. Elle a été sa fiancée, fiançailles rompues par Kierkegaard sans explication satisfaisante : pas de désamour, mais peut-être une peur, ou alors un masochisme étrange qui puise ses racines dans une culpabilité transgénérationnelle.

Régine, mariée deux ans après cette rupture, à son ancien précepteur, heureuse en ménage, est bouleversée lorsqu'elle apprend la mort de son ancien fiancé qui n'a que 47 ans. Il est évident qu'elle n'a pas oublié ce premier amour et qu'elle reste fascinée par l'intelligence de cet homme dont elle consulte régulièrement les écrits. Son admiration pour le penseur et écrivain est partagée par son mari. Régine, tout au long de son existence, cherchera à comprendre les motifs de la rupture, elle enquêtera à sa manière (auprès d'une nièce de Kierkegaard, surtout) pour comprendre pourquoi cet homme se pensait voué au malheur. le livre ouvre des pistes, fait des hypothèses, mais laisse cette question en suspens. Il n'est pas indispensable d'être un familier de Kierkegaard pour apprécier cette histoire (c'est mon cas)

Claude Pujade-Renaud n'a pas son pareil pour nous transporter dans la vie et l'intimité de ces illustres personnes (cf l'ombre de la lumière avec la vie de Saint Augustin vue par sa compagne répudiée) Elle adopte le point de vue de l'entourage, se glisse dans la peau de ces femmes au service de leur grand homme, livre des éléments biographiques qui éveillent l'intérêt du lecteur et va se tapir dans les coins d'ombre pour les éclairer.
C'est bien écrit, original et captivant.


Commenter  J’apprécie          40
Régine, la fiancée éconduite de Kierkegaard passe sa vie, quoique mariée, à se souvenir de son premier amour et à découvrir après la mort de l'écrivain déjà célèbre de son vivant mille petits détails rapportés par ceux qui l'ont connu et quelques traces laissées ici ou là dans ses écrits.
le lecteur ne peut être qu'impressionné par la véritable enquête historique qu'a dû mener Claude Pujade-Renaud avant, et sans doute pendant, la rédaction de ce roman. Cependant, mon intérêt pour ce livre ne vient pas de là, mais de l'aptitude qu'a l'auteure à --non pas revêtir-- mais littéralement entrer dans la peau de son personnage. Inutile d'aller vérifier sur une encyclopédie en ligne que Claude est ici un prénom féminin : toute la finesse de l'analyse des sentiments et toute la maturité des jugements ne peuvent avoir été décrites que par une femme, sans doute déjà mûre elle-même.
Tout au long de sa vie, dans un curieux ménage triangulaire, Régine, la tout à la fois fiancée éconduite et femme mariée, partage avec son mari attentionné une quête de son génial fiancé. Sa recherche tente de découvrir ce qui a pu conduire Kierkegaard à brutalement demander la main de Régine lorsqu'elle n'avait que dix-huit ans et, tout aussi brutalement, rompre peu de temps après.
Ce beau roman est servi par une construction savante où le récit passe souvent du journal intime à une conversation avec un vivant, puis à une interpellation adressée directement au disparu : "Ce matin, en triant mes partitions, je retrouve la sonate de Mozart (...) Et je rumine à nouveau : lorsque, après avoir rompu, tu as pensé à une reprise (...)".

La clé de tout cela ? "La réalité n'existerait que par le travail souterrain de la mémoire..."
Commenter  J’apprécie          20
C'est parce que j'apprécie beaucoup l'oeuvre de Kierkegaard que je me suis accrochée à ce roman, qui explore la vie du philosophe à travers notamment le regard de la femme à laquelle il s'est fiancé et qu'il a ensuite brutalement rejetée.
Tout au long du roman, en relisant des passages d'ouvrages de celui qui fut son aimé, et qui continue à habiter sa vie, en croisant aussi les souvenirs des membres de la famille de Soren, Régine cherche à comprendre ce qui a pu se passer et c'est cette intrigue, dont j'ai attendu le dénouement, qui m'a aidée à poursuivre la lecture.
L'écriture en elle-même m'a semblé pesante, peut-être en écho au chagrin et à l'incompréhension de la jeune fille ?
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (116) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
440 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}