Cadet de trois garçons d'une famille Brestoise, Nicolas est un petit garçon comme tant d'autres. Mais ses parents ont un jour la mauvaise idée d'héberger sous le toit familial un de ses cousins, qui s'avère être un prédateur sexuel. Durant plusieurs années, Nicolas sera abusé sexuellement par l'intrus, expérience traumatisante dont il restera mutique, pris dans l'engrenage du silence et de ses éternels rouages : bloquage, dégoût, culpabilité, honte, incompréhension de ses proches, tabous sociaux, sentiment d'impuissance… Il se réfugiera dans la musique, trouvant un réconfort particulier dans la chanson «
Mon p'tit loup » de
Pierre Perret, qu'il écoutera en boucle pour survivre.
Devenu adulte, Nicolas va donner le change par sa réussite sociale exemplaire, son positivisme à toute épreuve et sa générosité ostentatoire et sans limite. Aux yeux de ses amis, c'est un « gagnant » qui invite, paye l'addition et organise les fêtes et les réjouissances. C'est aussi un patron modèle qui entretient avec ses collaborateurs et ses employés un rapport fraternel. Cependant, sous le tapis, la poussière s'accumule. Les nuits blanches alcoolisées et cocaïnées s'enchaînent, ainsi qu'une dépression et des idées noires qui l'amèneront à une tentative de suicide. Jusqu'au jour où il décide de parler. Il constate alors la difficulté de sa démarche, et les écueils qui l'accompagnent, particulièrement l'incapacité de ses proches à recevoir son récit. C'est par l'écriture de ce livre et l'engagement pour sa cause par la création d'une association incitant les victimes d'inceste à se libérer par l'écriture sous toutes ses formes qu'il sortira enfin de son marasme, plus vivant que jamais.
Première des cinq nouvelles contenues dans l'ouvrage de
Nicolas Puluhen, «
Mon p'tit loup », qui donne son titre à l'ouvrage, est l'acte fondateur d'une vocation d'écrivain. Cette vocation entretient avec le traumatisme subi un rapport de sororité. Aurait-il écrit sans cette blessure profonde ? Se serait-il contenté de la vie agréable et divertissante d'un chef d'entreprise audacieux ? C'est une des questions que pose la nouvelle, bien au delà du détail technique. le récit autobiographique de
Nicolas Puluhen n'est jamais scabreux ni complaisant. C'est surtout dans l'analyse de son chemin intérieur et du processus quasi schizophrénique qui s'installe qu'il est brillamment mené.
Mon p'tit loup est la chronique d'une guérison par l'émancipation et la prise de parole, mais aussi de la découverte en soi d'un continent nouveau.
À travers les mots et les personnages de l'histoire, le lecteur découvre et ressent l'humanité hors normes d'un homme profondément guidé par le goût des autres. Malgré l'aspect forcément intime de l'expérience vécue et subie, Nicolas Pulhuen n'est jamais égocentré, et son introspection littéraire est toujours un relai, une main tendue vers celles et ceux qui ont, au cours de leurs vie, eu la malchance de croiser le chemin d'un prédateur sexuel et restent enfermés dans ses geôles. Qu'on soit une de ces victimes ou simplement un de ces « autres » qui avons tant de mal à entendre leurs mots qui perturbent notre équilibre fragile sur le fil de l'horreur du monde, la lecture de
Mon p'tit loup est salutaire et réconfortante au plus haut point.
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