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sur 1022 notes
Je n'ai pas lu le Goncourt, je n'ai pas lu le Renaudot, pas plus le Fémina mais j'ai lu le prix de Flore (sans doute mon côté bobo paysanne 😆) et j'ai bien fait.
Ce livre est intelligent, drôle, d'une lucidité mordante, un peu provoc mais sans sombrer dans la méchanceté ou dans le nombrilisme désenchanté façon Houellebecq.

Jean Roscoff est ce que l'on pourrait appeler un boomer. Homme blanc, 65 ans, universitaire. Sa jeunesse c'était les années 80, l'arrivée de Mitterrand, SOS racisme. Il a été de tous les combats de la gauche et de sa génération. le voici aujourd'hui retraité, séparé de sa femme et fortement porté sur la bouteille.
Il n'a rien vu venir. Lui qui était un modèle d'engagement, qui manifestait aux côtés d'Harlem Désir, se pensait à l'abri d'être un jour catalogué dans les réactionnaires, les racistes. Pourtant il va subir les foudres de la société et faire face à une tempête médiatique quand parait sa biographie de Robert Willow, poète américain des années 50.

Abel Quentin a écrit une satire remarquable de la société actuelle à l'heure de la cancel culture, des postures woke, des lynchages sur les réseaux sociaux, des dérives identitaires.
Un portrait caustique et cynique (et j'insiste incroyablement intelligent) de notre époque mais aussi des années 80.
Tout a changé. Roscoff est paumé. Et parfois moi aussi.
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Jean Roscoff, ancien professeur d'Université, retraité, soixante cinq ans, alcoolique, a une fille Léonie qui est en couple avec Jeanne.
A l'orée de cette retraite, il décide d'écrire un livre sur Robert Willow, poète afro-américain, décédé sur la route d'Étampes, après avoir louvoyé parmi les existentionalistes parisiens.
Ce livre paraîtra à la toute petite maison d'édition Dialogue, tenue par Paulin Michel. Pour couvrir l'événement, celui-ci organise une soirée avec quelques invités. Parmi eux se trouve un homme qui tient un blog très suivi. Delà vont commencer les déboires de Jean Roscoff. L'écrivain sera pris dans une spirale où l'on se demande comment cela va se terminer ?
A notre époque, les réseaux sociaux créent beaucoup de ravages et peuvent annihiler toute une vie.
J'ai dévoré ce livre, même si au début, j'ai eu du mal à rentrer dans cette histoire. Dans ce livre, on en apprend beaucoup sur les nouveaux termes utilisés sur les réseaux sociaux tels le woke, l'appropriation culturelle ou bien l'effet Barbra Streisand.
L'auteur nous livre un roman original avec une écriture fluide, malgré quelques redondances .
Merci aux 68 Premières fois et aux Éditions de L'Observatoire de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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Apparemment, Jean Roscoff n'a pas un très bon karma. Son bouquin qui devait démontrer l'innocence des époux Rosenberg est paru trois jours avant la déclassification des documents confirmant leur culpabilité, ce qui lui a fait rater une carrière de professeur des universités. Il s'est marié à une femme qu'il aime toujours aujourd'hui mais qui n'a pu supporter de vivre avec lui et dont il est divorcé. Il peine à avoir une relation courtoise avec la compagne de sa fille, une féministe assez radicale. Alors quand il décide de ressortir de ses tiroirs les poèmes de Willow, un ancien communiste qui a fui l'Amérique des années 50 pour finir écrasé contre un arbre dans l'Essonne… il aurait dû se méfier.

Tout commence par une prise de connaissance du personnage principal, Jean Roscoff, 65 ans, à la retraite depuis peu, a toujours voté à gauche, ancien membre de SOS Racisme, nostalgique des années 80 et de leur « touche pas à mon pote », alcoolique, divorcé, père aimant, écrivain à ses heures et fan de Motörhead. On sent l'homme en bout de course, essoufflé par une vie qui ne lui a pas apporté de grandes choses excepté sa fille, nostalgique à outrance d'une époque qui n'existe plus, et qui sombre petit à petit dans la solitude et l'alcool. Finalement, l'homme n'est pas hyper sympathique.
Et puis, la bombe explose. Sans le vouloir, notre écrivain a mis le doigt dans l'engrenage de « l'appropriation culturelle », un concept dont il ne sait rien et se fait attaquer de toutes parts.
C'est violent, c'est incompréhensible, pour notre héros comme pour moi d'ailleurs qui n'avait qu'une vague idée des applications concrètes du wokisme. Et là, on ne peut que s'attacher à ce Jean Roscoff, qui prend le temps de se remettre en question, qui voulait bien faire, qui veut toujours bien faire, qui voudrait se défendre, expliquer, se justifier peut-être… ce qu'il ne peut faire, la machine s'étant emballée, la toile ayant pris possession de son histoire qui ne lui appartient plus désormais.

Abel Quentin est vraiment parvenu à nous proposer un personnage très crédible. Ça pourrait être vous, ça pourrait être moi. Et là où l'auteur a été hyper malin, c'est qu'il nous a livré un exemple très concret de dérives d'un courant de pensée qui s'étend actuellement à travers le monde, qui peut faire beaucoup de dégâts et auquel la plupart des adultes n'accordent pas trop d'attention s'ils ne sont pas concernés d'une manière ou d'une autre. le sujet est finalement assez complexe et va chercher ses racines loin dans le temps ; pourtant l'auteur est parvenu à l'expliquer et à l'illustrer de manière assez magistrale et équilibrée. En effet, son propos n'est pas jugeant et effectivement tout n'est pas à jeter dans ce mouvement. Les dérives viennent d'une radicalisation d'une frange des partisans soutenue par la médiocrité des médias du 21e siècle dans la course aux clics au mépris de l'information neutre.

Ce roman est vraiment très intelligent. Il peut certainement être la source de nombreux de débats de société et pourtant, ça reste un roman, agréable à lire, avec une vraie intrigue, de l'humour,… sans jamais se transformer en un essai sociologique. Et c'est tout cela qui fait sa force.
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« J'allais conjurer le sort, le mauvais oeil qui me collait le train depuis près de trente ans. le Voyant d'Étampes serait ma renaissance, le premier jour de ma nouvelle vie. »
Jean Roscoff, 65 ans, retraité de l'enseignement, planche sur son deuxième essai dont il espère beaucoup, celui sur les Rosenberg ayant constitué un retentissant échec autour des années 1990. Son sujet : le poète américain Robert Willow né en 1927 et mort d'un accident de la route en 1960 dans l'Essonne. Mais à partir du moment où le livre paraît dans une modeste maison d'édition, une virulente polémique s'installe autour de l'impasse qu'aurait faite l'auteur sur l'identité raciale de Willow, un Noir américain ayant subi la ségrégation raciale dans son pays d'origine. Roscoff s'ingénie alors à relativiser de toutes les manières possibles ce supposé manquement à la nouvelle orthodoxie en vogue qui le cloue impitoyablement au pilori de l'appropriation culturelle. Taxé de « mâle blanc autosatisfait », de soixante-huitard à la masculinité toxique, de « paternaliste de gauche », Roscoff s'engouffre irrémédiablement dans un maelström de justifications qui ont vite fait de se retourner contre lui.
Le roman est percutant, incisif, clairvoyant et complètement jouissif. Abel Quentin réussit à créer un personnage principal fort, pour lequel notre empathie se déploie page après page et pour qui l'on souhaite le meilleur après la tourmente. le Voyant d'Étampes, c'est aussi une dénonciation de la dictature de la pensée, de l'autocensure et d'une forme sournoise de bien-pensance qui essaime depuis les campus universitaires américains. Et comme Jean Roscoff, on se demande de quelle manière aujourd'hui on peut apprendre à penser contre soi-même dans un tel monde de désinformation.
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Cela fait un moment que je vois passer des avis très enthousiastes sur ce roman. Un livre sur lequel Ileauxtresors, Christophe_bj et ODP31 sont unanimes remonte irrésistiblement dans la PAL. Merci à eux, je me suis régalée !

Ce roman est bien pensé et écrit. C'est déjà pas mal, mais là où Abel Quentin aurait pu se contenter de dénoncer, il livre une réflexion très pertinente sur le fonctionnement de notre société. En entraînant le lecteur dans la spirale infernale du bashing aux côtés de Jean, l'auteur ne nie pas la légitimité du débat mais en dénonce les méthodes.
Jean est loser magnifique car ultra lucide. le fait qu'il soit universitaire, lui permet de s'appuyer sur des pensées et des phrases de grands auteurs pour alimenter le débat, à défaut de prendre du recul. Comme quoi, le débat sur les idéologies et la polémique n'est pas si récent.

J'ai aussi beaucoup apprécié l'entourage de Jean (sa fille, son ex-femme, Marc...), pour la plupart de passage mais bien croqués. Et le petit tacle en passant au monde de l'édition m'a bien amusée.
Bref, un grand plaisir de lecture !
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Je rejoins le concert d'éloges qui entoure ce livre qui a bénéficié dernièrement d'une émission sur France Culture.
Abel Quentin a en effet la hauteur de vue pour démêler les évolutions de notre société en proie à un rejet des valeurs jusque -là en cours, celles de l'universalisme pour avancer en imitant les intellectuels américains vers une idéologie identitaire qui récuse toute parole sensée aux non racisés.
C'est tout le sujet du roman qui sait nous amuser avec son anti-héros alcoolique, qui se retrouve mis au pilori pour avoir osé écrire une biographie sur un poète noir américain communiste et inconnu en littérature. Ca nous rappelle des faits rééls et des débats en cours actuellement. La fin est une grosse surprise bien amenée. Bravo pour ce moment de jubilation exceptionnel.
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Ce livre est paru le 18 août et il est passé un peu inaperçu. C'est dommage. Beigbeder a eu la bonne idée de lui consacrer un article qui a attiré mon attention. Merci à lui. Comme il le dit, c'est le roman du Woke. J'allais dire que ce n'est pas triste. En fait c'est très triste. Car il s'agit d'une des pires défaites de la pensée, qu'Alan Bloom dénonçait déjà en 1987 dans son livre"L'âme désarmée" (magnifique et indispensable) alors qu'elle n'en était qu'a ses débuts et n'avait pas encore traversé l'Atlantique ( hélas TOUT traverse l'Atlantique, de McDonald's à QAnon).
Revenons à notre Voyant. Qui est-ce d'ailleurs ? L'auteur, le narrateur, le poète ?
Jean Roscoff, universitaire depuis peu en retraite, la vit mal. Il n'est pas remis de son divorce et se débat avec son alcoolisme. Et puis il a une idée pour sortir de son marasme: écrire la biographie d'un poète noir communiste américain, exilé en France dans les années 50, introduit dans les milieux existentialistes, mort dans un accident au début des années 60, Il a laissé une oeuvre confidentielle. Hélas il va s'attirer les foudres des Woke. Il se voit de manière insensée accusé de racisme, parce qu'il a présenté Robert Willow comme étant essentiellement un militant communiste, occultant ainsi selon ses détracteurs, la question de race : Willow était "racise" et Roscoff, en le présentant d'abord comme un communiste, nie le primat de la question raciale. C'est absurde ? Bien sûr, mais pas pour ce que l'auteur appelle les"Nouvelles Puissances" du politiquement correct. On notera d'ailleurs que ce faisant, Roscoff est pris dans un double bind : en n'insistant pas sur la notion de race, en la considérant comme secondaire, voire insignifiante, dans la tradition de l'universalisme des Lumières (idéologie de mâles blancs cisgenres morts...), il marque un racisme implicite, mais s'il avait privilégié cet aspect, il aurait pu être accusé d' "appropriation culturelle" de la souffrance des Noirs qu'il n'est pas légitime pour traiter, voire de néocolonialisme. Bref, d'un côté tu as tort, et de l'autre aussi. La meilleure chose à faire serait peut-être de se taire. Mais n'est-ce pas la marque d'une indifférence coupable ? Alors ? Se faire sepuku? Appropriation culturelle ! Remarquez, avec les Asiatiques, c'est moins grave.
Coupable, forcément coupable comme disait Marguerite, il ne s'en sortira pas et connaît une véritable descente aux enfers. (Elle m'a un peu fait penser au sort du trader, protagoniste de"le bûcher des vanités" de Tom Wolfe). le point d'orgue de sa persécution sera une interview radiophonique (sur laquelle il comptait naïvement pour pouvoir présenter sa version des choses )par un journaliste qui répond au nom de Vichinski (on apprécie le clin d'oeil, et in ne s'étonne pas que les choses tournent au procès de Moscou). Dans la bonne tradition inquisitoriale, Roscoff fera-t-il l'autocritique à laquelle le poussent ses proches ? Pourrait-elle le sauver d'ailleurs ? La Sainte Inquisition poursuivait les actes, non les personnes pour ce qu'elles étaient. Les choses ont changé.
A noter que le pauvre Roscoff souffre d'autant plus que ses convictions personnelles et son passé militant lui rendent les reproches qu'on lui fait plus pénibles et qu'elles l'empêchent de se défendre de manière efficace. Un homme de droite aurait certes souffert de la persécution mais elle ne l'aurait pas étonné, venant de gens qu'il méprise et déteste de toute façon. Et il aurait pu se défendre en s'appuyant sur les médias et les partis de droite. Par exemple il aurait pu donner son interview à CNews où il aurait été bien accueilli.
Arrêtons-nous là, je ne raconterai pas la fin, j'en ai peut-être déjà trop dit. Disons seulement que le dernier chapitre réserve une sacrée surprise
On apprend beaucoup de choses, hélas exactes, sur la nouvelle idéologie. On aimerait en rire, mais les choses ne restent jamais drôles longtemps face au front de taureau de la bêtise triomphante.

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J'ai beaucoup aimé ce voyant d'Etampes.
Le personnage principal, Jean Roscoff, est un anti-héros : universitaire depuis peu à la retraite, il se passionne pour un poète américain, il rédige et fait publier un essai sur son oeuvre (le poète en question est mort dans les années 60 dans un accident de voiture près d'Etampes).
Pourquoi ce livre m'a t-il plu ? Parce que le ton est ironique et parfois même cynique :
le narrateur est bien souvent tourné en ridicule (mais tout en restant aussi attachant).
Du côté de l'entourage proche, il y a l'ex-femme de Jean (qui m'a paru très sensée), sa fille (homosexuelle et « woke »), son amie féministe très virulente.
Car le wokisme est bien au centre du roman. C'est la deuxième raison qui m'a fait aimer ce roman : le wokisme y est abordé sans parti pris, montrant ce qu'il peut apporter à la société mais aussi ses (nombreux) travers (parmi lesquels le cyber harcèlement)
Bref je suis conquise par l'auteur et vais me pencher vers ses autres romans.
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Un boomer au pays du wokisme des réseaux sociaux, au milieu des haters, fachos, ultras, blessés et des trolls anonymes !

Une crucifixion (ne pas parler de lynchage) du bien maladroit Jean Roscoff – historien à la retraite, divorcé et alcoolique tentant de renaître tel un Phénix grâce à une biographie d'un poète noir américain (africain-américain, donc). Une histoire qui pourrait faire penser à la tâche de Philip Roth s'il l'avait écrite à l'époque de Twitter.

La dégringolade d'un ancien militant gauchiste ex-touche-pas-à-mon-pote un peu radoteur enchaînant les bourdes dans un univers dont il ne maîtrise plus les codes.

Une cabale très instructive et bien foutue permettant de mieux saisir les nouveaux ressorts des polémiques et la non communicabilité des différents points de vue. Qui crie le plus fort ?
Lien : https://www.noid.ch/le-voyan..
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"Le voyant d'Etampes", cité sur les listes de plusieurs grands prix littéraires dont le Goncourt jusqu'à la deuxième sélection, a finalement peu de critiques sur Babelio.
En ce qui me concerne, ce petit bijou de littérature n'est pas facile à critiquer.

Je vais donc faire court. Jean Roscoff, historien et professeur retraité décide d'écrire un livre sur Robert Willow, poète noir américain. Ce dernier a fui les États-Unis où ses idées politiques n'étaient pas bien vues au moment de la guerre froide.
Mais Jean Roscoff commet une erreur : il néglige la question de la couleur de peau de Willow...et c'est un déchaînement médiatique !
Lui, l'ancien membre de SOS racisme, homme de gauche convaincu, est voué aux gémonies et accusé de racisme !

Un livre extrêmement bien construit et passionnant qui dénonce le grand danger des réseaux sociaux.

Sur fond de politique, racisme, guerre froide, un livre riche et très actuel sur les conflits de générations et l'évolution de la société.

Un livre dont la lecture est vraiment enrichissante tant d'un point de vue du fond que de la forme (il est très bien écrit) et qui ne néglige pas un certain suspens.

Dommage qu'il ne soit pas dans les finalistes du précieux Goncourt...
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