Grace au ciel

Nous étions tout mômes quand mon père nous a amenés de Melbourne, c’était la ruée vers le cuivre. C’est fou ce qu’il y a comme richesses minières, là-haut, il suffit d’une pelle et on trouve tout ce qu’on veut. Du fer, de l’uranium, de l’or… Demandez, et vous serez servie !

Que pouvait-on bien faire dans un lit, avec un homme ? A vingt ans, Grâce n’en avait qu’une idée très vague… A l’école, elle avait saisi quelques bribes d’information grâce aux chuchotements de ses camarades, elle avait également glissé quelques regards furtifs aux ouvrages interdits. Et pourtant, lorsqu’elle se tournait et se retournait dans son étroit châlit, sur le matelas plein de bosses qui lui écrasait les seins, le désir venait la tarauder et des rêves bien troublants l’arrachaient au sommeil.

Il me faudra donc me contenter de psalmodier votre nom toute la nuit pour le conquérir. Il paraît que ces incantations font fureur. La puissance de la pensée positive, dit-on… Vous répétez indéfiniment les mêmes mots et votre souhait finit par se réaliser. Vous verrez, demain matin, au réveil, vous vous rendrez compte que vous êtes follement éprise de moi !

Ce que c’est dur de se passer d’hommes ! Surtout quand on y a pris goût ! Je ne suis vraiment pas faite pour rester vierge. J’aurais fait une bonne sœur épouvantable… Je me serais retrouvée dans un lit avec le premier prêtre venu !

Vous êtes très appétissante, et très rares sont les femmes désirables dans ce coin de la planète. On ne trouve que de vieux cuirs tout parcheminés, mais vous, vous êtes aussi douce qu’une pêche bien mûre.