Un livre conscience, appel à l'éveil, rappel de nos devoirs, signal d'alarme, livre mise en garde, désillusion, doute devant une « civilisation qui a fait de la cravate le noeud coulant symbolique de la strangulation quotidienne », en quelques mots un grand message d'amour.
Pierre Rabhi ne fait pas l'éloge de notre modernité, mais une « critique radicale. »p.35
C'est notre histoire, sans les embellis publicitaires, ni les notes trop sonores des clairons de la victoire, c'est un froncement de sourcils, un regard attentif, une expression sans masque et très inquiète de notre réalité et de nos agissements. La Terre crie au secours, depuis longtemps maintenant, et « quelle qu'elle soit la manière dont on aborde la modération en tant que nécessité incontournable, une certitude demeure : les limites qu'impose – par sa constitution même – la planète Terre rendent irréaliste et absurde le principe de croissance économique infinie. »p.9
Le ressenti c'est la chair de poule avec un tout petit grain d'espoir, la colère aussi grande qu'impuissante de mon statut de colibri.
Vers la sobriété heureuse est un livre à citer « pour une indignation constructive »p.129
« Il est difficile de ne pas être indigné par la marche et l'état du monde. On a le sentiment d'un immense gâchis, qui aurait pu être évité si l'on avait adopté un modèle de société alliant intelligence et générosité. »p.129
Et
Pierre Rabhi de continuer pour dire que « L'humanité est versatile, imprévisible, mue par des mécanismes subjectifs incontrôlables... »p.129
« Le temps est venu de savoir où nous voulons aller et quelle vie nous voulons vivre pour que notre passage sur terre ait un sens ; car il faut bien reconnaître que pour l'instant, au vu de ce que notre présence au monde a provoqué sur la sphère vivante, cette présence évoquerait plutôt un regrettable accident. »p.131
L'homme est angoissé, la société est anxiogène, on interroge la science, on appelle un dieu, on donne la paroles aux philosophes pour finalement mélanger un optimisme d'un « imbécile heureux » avec un pessimisme d'un « imbécile triste »p.131
« Tout cela ne nous éclairera jamais tant que nous ne comprendrons pas que toute crise humaine est issue de l'humain et que, mis à part les facteurs que nous ne pouvons maîtriser, l'avenir sera ce que les humains feront. Rien d'autre. »p.132
S'indigner, comme une force qui nous garde en vie et nous tient debout, qui fait travailler notre conscience et l'attise vers l'insurrection contre la pensée qui a « livré la beauté, la majesté de la vie et l'être humain lui-même à la vulgarité de la finance »p.39
L'homme, en s'autoproclamant roi « la subordination de la nature fut déclarée »p.37, la terre est devenue des ressources à exploiter, sans modération. La nature, n'aurait-elle pas « fait advenir l'humain à seule fin d'en être meurtrie » ?, et cela par des civilisations « dites élaborées »p.38
Le triste paradoxe de notre époque est la claustration qui touche la psyché humaine. L'écrit cède la place à l'écran, les espaces ouverts aux petits espaces, les ouvertures au cloisonnement, la confiance à l'insécurité et la suspicion, la personne est devenue dépendante des outils qui ont été créés pour la libérer !
La sobriété, le chemin à parcourir pour éviter les excès tentants et dangereux des images et discours qui cachent la vérité, le nouveau pouvoir de « l'indiscrétion légalisée » p.44, l'argent roi tout puissant.
« Le temps ne serait-il pas venu d'instaurer graduellement une existence où les rythmes et le cadences, les outils et les moyens seraient maîtrisés par une conscience individuelle et collective enfin libérée des illusions ? A cela aussi, la sobriété peut contribuer. »p.45
Un livre à lire, relire et faire connaître aux jeunes générations en train de se former, un livre qui redit avec force « qu'il est absolument évident que c'est par le changement positif des individus que le monde changera positivement. Il n'y a pas d'autre voie. »p.61 La Terre nous le demande pour notre avenir.