AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 1684 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
De quoi ça parle ? le théâtre de cette pièce est la Rome des Césars, l'Empire en somme. Nous sommes justement sous le règne de Néron, bien connu pour les nombreuses atrocités qu'il a commises. A cet instant cependant, il n'est pas empereur depuis très longtemps et n'a pas encore accompli ses plus grands méfaits. Sa mère, Agrippine, est inquiète parce qu'il se détourne d'elle, ce qui lui fait perdre les faveurs de la cour, qu'elle aimerait bien conserver. Elle va donc s'opposer à lui quand ses caprices le poussent à aimer Junie, une belle jeune femme qui aime et est aimée de Britannicus, l'héritier de l'Empire écarté de la succession par Néron et sa mère.

Comme je ne connaissais pas cette histoire, je suis allée voir après ma lecture de la pièce ce qu'en dit Wikipédia : « Tiberius Claudius Caesar Germanicus, appelé ultérieurement Britannicus (12 février 41 - v. le 11 février 551), est le fils de l'empereur Claude et de sa troisième femme Messaline. Selon Tacite, il est assassiné à l'âge de quatorze ans par son frère par adoption, l'empereur Néron, lors d'un banquet. La vie de Britannicus illustre les problèmes de succession au début de l'Empire romain et les implacables luttes pour le pouvoir au sein de la dynastie julio-claudienne. » J'ai parcouru un peu tout l'article, et ça me fait dire que même si Racine a romancé, dans l'ensemble c'est conforme à l'idée qu'on a généralement de cette histoire, surtout que les historiens s'écharpent à ce sujet.

Racine a simplement changé le catalyseur. En vrai, il semble que ça ait été la rivalité de deux « frères » concernant le contrôle de l'Empire, et Racine y a substitué une rivalité amoureuse, autour du personnage de Junie. L'un comme l'autre, cette pièce illustre les « méthodes » des politiciens romains pour se débarrasser des gêneurs, et marque le caractère de Néron, qui commençait déjà à virer fou à ce moment-là. Néanmoins, c'est ici l'affranchi Narcisse qui le pousse, Néron lui-même semble se laisser porter par les évènements, et je n'ai pas vraiment reconnu le personnage affreux qui est resté dans les mémoires et que je connais grâce à l'étude fragmentaire de Suétone et de Tacite faite en cours de latin (ça a d'ailleurs été reproché à Racine par ses contemporains, mais en même temps, difficile de savoir exactement qui était Néron et ce qui se passait à cette époque !). Cette tragédie est plus « douce » que les autres que j'ai pu lire. le personnage à la fin ne meurt pas sur scène, il y a finalement assez peu de tensions, et la pièce est vraiment très courte. J'y ai retrouvé un Racine pas au meilleur de sa forme, sa langue est toujours belle, mais j'ai remarqué moins d'envolées littéraires qui me retournent le coeur. Il y avait deux ou trois très belles tirades mais qui concernaient le pouvoir et les luttes qu'il entraîne plutôt que l'amour.

Mon édition de Folio plus classiques comprenait entre autres choses une courte biographie de Racine, que j'ai évidemment trouvé très intéressante. J'adorerai lire toute une biographie de cet auteure mais je ne crois pas qu'il en existe à des prix raisonnables... Dramaturge à la Cour de Louis XIV et historiographe du roi, il a dû en voir des choses !

Britannicus m'a moins plu que Phèdre, Andromaque et Bérénice, c'est une pièce que je mets au niveau d'Iphigénie, qui n'avait pas su non plus emporter totalement mon adhésion. Par contre, cette lecture m'a rappelé que j'ai deux livres dans ma bibliothèque sur les douze Césars, celui de Suétone et un ouvrage récent de Régis F. Martin paru chez Tempus. J'ai bien envie d'enfin me lancer dans la lecture intégrale de ces livres ! J'ai également rajouté à ma liste d'envies les Annales de Tacite, que je n'avais jamais songé à y mettre alors qu'elles y ont toute leur place.
Lien : http://sans-grand-interet.co..
Commenter  J’apprécie          10
Comme pour chaque livre, la seule question qui subsite une fois la lecture achevée est de savoir s'il m'a suffisamment plu, interpellé, questionné ou émerveillé pour que je souhaite me replonger un jour dedans et parcourir une nouvelle fois ses pages. La réponse est oui
Commenter  J’apprécie          00
Le Bon, La Brute et la Truande

D'abord, une remarque générale. Cette pièce se retrouve la plupart du temps entre les mains d'un jeune public, par obligation scolaire. Or, il ne s'agit pas de l'oeuvre de Racine la plus simple. La langue classique est ardue et chaque phrase compte. le collégien/lycéen devra donc prendre son temps et ne lire qu'au compte-gouttes s'il ne veut pas décrocher ou être ennuyé.
Pour le reste...lecteur pressé, taper 1. Lecteur flâneur, taper 2.

1. Pour le lecteur pressé.

Il s'agit d'une des pièces de Racine les plus jouées, bien qu'elle ait connu un démarrage difficile.
Pour ma part, je lui trouve certains défauts (rimes étranges, personnages -Britannicus notamment- falots...) qui me gâchent un peu le plaisir..
Je trouve également que le sujet manque de flamboyance, d'excès qui le situeraient plus haut. Là, le drame paraît tellement crédible que paradoxalement, il perd de sa force.
Mais cette pièce reste malgré tout un modèle en ce qu'il décrit formidablement la naissance d'un monstre ou la chute des illusions. La profondeur psychologique va de pair avec une rigueur formelle et une belle maîtrise de la règle des trois unités.
Une pièce ultra classique et paradoxalement, très moderne.

2. Pour le lecteur flâneur

Si on veut bien comprendre cette pièce, il importe de faire un petit retour historique.
Dans la famille Julio-Claudienne, je demande :
- Germanicus (un consul ainsi nommé parce que son père Drusus, était allé casser du Germain pour le compte de Rome) et sa femme, Agrippine la Vieille. Ils ont, entre autres, un fils (Caligula) et une fille (Agrippine la Jeune).
- l'Empereur Claude et sa femme, Messaline.
Ils ont, entre autres, un fils (Britannicus, ainsi nommé parce que son père Claude était allé casser du Breton. Je me demande du coup, si le père de Vespasien avait défoncé des chiottes) et une fille (Octavie qui épousera Néron).
Messaline, nymphomane présumée finit par exaspérer Claude et meurt sous les coups des soldats menés par l'ex-esclave Narcisse. Veuf, Claude se remarie avec Agrippine la jeune (opportunément veuve de Domitius avec qui elle a eu un garçon : Néron).
Après avoir convaincu Claude d'adopter Néron et de le désigner comme empereur, à la place de Britannicus, Agrippine fait boire à son mari, le bouillon de 11h.

Britannicus est écarté. Néron est Empereur, sous la coupe d'Agrippine. Tout roule.
Mais au moment où démarre la pièce, il y a de l'eau dans le gaz.

Au premier acte, on voit Néron tenir Agrippine à distance de ses appartements. Cette dernière s'inquiète (" Je le craindrais bientôt s'il ne me craignait plus ") d'autant plus de cette situation, que Néron vient d'enlever Junie, la fiancée de Britannicus. le monstre s'éveille (" Las de se faire aimer, il veut se faire craindre").
Du coup, Agrippine vexée d'être mise à l'écart, propose son aide à Britannicus.
Commence alors le jeu des liaisons dangereuses.
Britannicus se méfie d'Agrippine et il a bien raison (elle l'a quand même dépossédé de son trône au profit de son fils).
Britannicus confie ses craintes à son gouverneur, Narcisse...et il a tort.

Au deuxième acte, la machine s'emballe.
Néron commence à lorgner sur Junie et lui propose même de prendre la place d'Octavie, son épouse.
Junie le repousse. Jaloux, Néron la menace de tuer Britannicus si elle ne l'éloigne pas, ce qu'elle fait la mort dans l'âme, sans renier pourtant, son amour.
Là, Néron, frustré, commence à monter dans les tours (" Elle aime mon rival, je ne puis l'ignorer./ Mais je mettrai ma joie à le désespérer"), encouragé par Narcisse qui entame un travail de sape destiné à écarter Britannicus et Agrippine (" Suivons jusqu'au bout ses ordres favorables ;/ Et pour nous rendre heureux perdons les misérables ").
Ça promet !

Le 3ème acte
Mais t'es-où, Pallas, t'es-où Pallas ?
Néron a écarté cet autre esclave affranchi, proche d'Agrippine provoquant sa colère (" j'avouerai les rumeurs les plus injurieuses. / Je confesserai tout, exils, assassinats, / Poison même "). Elle sent que son influence sur son fils a presque disparue et elle envisage de le faire renverser.
De son côté, Britannicus s'agite aussi en coulisses (" Nos malheurs trouvent des coeurs sensibles ").
Enfin, Junie se croyant seule avec Britannicus, lui avoue pourquoi elle a fait semblant de le rejeter.
Problème : Néron, averti par l'infâme Narcisse, entend tout et il pique sa crise. L'échange Néron-Britannicus est un ping-pong verbal hallucinant qui se termine par un coup droit gagnant de l'Empereur qui fait arrêter son rival : " Je vous entends. Eh bien, Gardes ! ".
Pour faire bonne mesure, il fait enfermer dans la foulée, Junie et Agrippine en dépit des conseils de sagesse dispensés par Burrhus, son gouverneur.

Le quatrième acte démarre avec l'échange entre Agrippine et son fils. Elle se montre hautaine et reproche à Néron son ingratitude par rapport à tout ce qu'elle a fait pour lui (" voilà tous mes forfaits. En voici le salaire ").
Néron lui joue alors " Embrassons-nous Folleville" et semble sincèrement désolé. Il déclare vouloir tout réparer.
Mais le coup de théâtre arrive au vers 1314.
Néron a joué le repentir : " J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer".
La suite est une querelle d'influence entre Burrhus et Narcisse. Néron tangue, puis penche définitivement vers l'irrémédiable : il ordonne la mort de Britannicus. (" Viens Narcisse. Allons voir ce que nous devons faire")

Cinquième acte.
Abusé et naïf, en dépit des alertes de Junie ("Je crains Néron. Je crains le malheur qui me suit "), Britannicus se rend au repas de réconciliation proposé par Néron ("Dans son appartement, m'attend pour m'embrasser ").
Il est d'autant plus confiant qu'Agrippine, elle-même abusée par Néron, est persuadée d'avoir retrouvé son influence (" Il suffit, j'ai parlé, tout a changé de face. ")
Mais un tumulte annonce le drame : Britannicus vient de mourir.

La fin se précipite : Albine, la confidente d'Agrippine raconte la scène.
Junie désespérée a couru se réfugier au Temple, pour devenir vestale. Narcisse qui tentait de l'en empêcher a été lynché par la foule (bien fait, immonde traître !).
Néron, encore sous le choc de son crime et la perte de son amour, reste hagard et on se demande s'il ne va pas mettre fin à ses jours. Burrhus a alors le dernier mot : " Plût aux dieux que ce fût le dernier de ses crimes ! "

Trahisons, manoeuvres, illusions...Racine écrit pour sa 1ère incursion dans la tragédie romaine (jusque-là domaine réservé du grand rival Corneille), une pièce admirable, dévoilant la transformation de Néron, sa libération de toutes les influences et le début d'une aventure sanglante, à la recherche du pouvoir absolu (" Ma gloire, mon amour, ma sûreté, ma vie ").
Les vers qui font brusquement basculer la pièce et montrent la duplicité de Néron et de Narcisse, sont dignes des meilleurs rebondissements policiers.
J'ai déjà indiqué pourquoi la pièce ne me transportait pas totalement. J'ajoute que certains passages piquent également un peu les yeux : " Jamais sans ses avis " rimant avec " n'eût adopté mon fils ' par exemple.

Mais malgré tout, un monument du répertoire.
Commenter  J’apprécie          00
Je me suis laissé tenter par ce livre, ayant de bons souvenirs du Cid de Corneille.
L'histoire est bien ficelée, le style épuré. Parfois c'est assez complexe à suivre mais ce n'est pas le plus important, tant la musicalité des vers est forte.
Un classique à lire, au moins pour le style.
Commenter  J’apprécie          00
Première pièce romaine de Racine, où l'on assiste avec horreur à la fin d'un monstre, Agrippine et à l'élévation d'un nouveau, Néron. Et au milieu, un héros pathétique, Britannicus, victime des appétits de pouvoir et de la jalousie.
Commenter  J’apprécie          00
Je n'ai pas vraiment compris pourquoi "Britannicus" car le personnage est surtout la victime d'un jeu de pouvoir entre les deux caractères principaux : Agrippine et son fils Néron.

J'ai été fasciné par ses deux personnages, cette espèce d'amour-haine, chacun avide de pouvoir, prêt à tout écraser pour l'avoir.
Lien : http://valentinef.canalblog...
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (7987) Voir plus



Quiz Voir plus

Racine - Britannicus

En quelle année la pièce a-t-elle été représentée pour la première fois ?

1666
1667
1668
1669

10 questions
308 lecteurs ont répondu
Thème : Britannicus de Jean RacineCréer un quiz sur ce livre

{* *}