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sur 1684 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore une fois, un grand merci à France Culture pour la qualité de ses podcasts… Ainsi, je redécouvre Britannicus de Jean Racine, pièce étudiée dans mes jeunes années, écoutée et relue avec un immense plaisir.

1669. La rivalité entre Racine et Corneille est à son comble ; Racine réplique à ses nombreux détracteurs et jaloux divers en faisant jouer Britannicus, une tragédie romaine à l'arrière-plan politique, inspirée de Tacite. La pièce remporte un immense succès à la cour.
Britannicus raconte les intrigues entre des hommes et des femmes de pouvoir, dans lesquelles la politique se mêle à l'intime par le biais des liens filiaux, des haines ou des amours que se vouent les protagonistes ; c'est aussi le récit de la prise de pouvoir de l'empereur romain Néron, véritable héros de l'oeuvre dont le titre est, paradoxalement, le nom de sa victime.
En outre, cette pièce évoque autant la disgrâce d'Agrippine que la mort de Britannicus ; l'unité profonde de l'intrigue se dédouble encore. Mais tout est étroitement orchestré : Néron assoit son pouvoir et le meurtre de Britannicus signe la fin de l'influence d'Agrippine.

Je m'intéresse aux héros négatifs de l'imaginaire antique et, donc, l'interprétation racinienne de cet épisode particulier de l'histoire romaine, ce moment où émerge un monstre, me rappellent des sujets d'études passés. Néron est dépeint ici dans les premières années de son règne ; il n'a pas encore brulé Rome, ni tué sa mère, sa femme, ses gouverneurs mais il a en lui les semences de tous ses crimes futurs, autant de bas instincts qu'il dissimule. Il nous apparaît sous des dehors cruels, pervers et hypocrites, remettant en cause l'autorité de sa mère et de son gouverneur.
Agrippine est un personnage très ambivalent, à la fois ambitieuse et sans scrupules pour parvenir à ses fins et, cependant, profondément maternelle. Mais le jeune prince qu'elle a mis sur le trône pour pouvoir gouverner dans l'ombre en son nom se révèle moins malléable que prévu. Si elle semble favorable aux amours de Junie et de Britannicus, c'est surtout pour se concilier l'affection de ce jeune prince et s'en servir au besoin contre Néron.
Britannicus, rôle-titre, n'est là que pour catalyser la pitié des spectateurs. Racine en parle dans sa préface comme d'« un jeune prince de dix-sept ans qui a beaucoup de coeur, beaucoup d'amour, beaucoup de franchise et beaucoup de crédulité, qualités ordinaires d'un jeune homme, […] très capable d'exciter la compassion ». Il est franc, généreux, sans malice, un peu trop candide et ingénu même.
Les personnages secondaires brouillent les pistes et symbolisent la lutte entre le bien et le mal… Ainsi, Burrhus, le gouverneur de Néron, est un homme bon, un soldat plein de rudesse et de franchise tandis que Narcisse, le gouverneur de Britannicus s'adapte aux fluctuations du pouvoir et devient en quelques sortes, le confident, le favori et le mauvais génie de Néron. Tandis que Burrhus résiste à la fois, de son mieux, aux vues ambitieuses d'Agrippine comme aux vices de Néron, Narcisse est le portrait fidèle du courtisan flatteur et habile à se ménager les faveurs de celui qu'il sert au détriment de celui qu'il trahit sans états d'âme.
Racine a inventé de toute pièces la péripétie de l'enlèvement de Junie et la rivalité amoureuse entre Britannicus et Néron.

De nombreux détracteurs ont affirmé que la pièce aurait dû se terminer dès la mort de Britannicus, que ce qui suit est superflu. Personnellement, j'aime cette fin subtile qui laisse entrevoir, à travers les derniers mots d'Agrippine, des possibles remords et des tourments dans l'esprit d'un Néron qui n'a pas encore peut-être totalement basculé du côté obscur.

Une écoute et une relecture particulièrement intéressantes.
Relisons nos classiques !

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Ce n'est pas ma pièce préférée de Racine, mais elle est formidablement écrite (comme toutes les autres) et on ne peut passer sous silence le génie de l'écrivain ni sa maîtrise exceptionnelle de la langue française.

Il raconte ici l'histoire de l'empereur despotique qu'était Néron dans la Rome antique.
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Challenge MULTI-DEFIS 2016
Item : Une oeuvre écrite en vers

Au coeur de la Rome antique, le règne de Néron commence sous le regard scrutateur de l'Histoire. Intronisé grâce à sa mère Agrippine, véritable veuve noire, il se laisse emporter par la passion. La passion du pouvoir, pour commencer, avec ce désir ardent d'évincer son rival Britannicus, héritier légitime des lauriers De César, mais aussi d'écarter cette mère tentaculaire qui ne veut plus relâcher son emprise. La passion du coeur, ensuite, qui le contraint au rapt de Junie, éprise de Britannicus, et aux manipulations les plus fourbes. Britannicus menace donc les deux plus grands désirs de Néron : avoir la main mise sur le peuple de Rome et sur les sentiments de Junie. Deux passions qui vont le transformer en l'un des plus grands tyrans de l'Antiquité et faire de Britannicus un autre destin tragique.

Une fois de plus, c'est un bonheur que de lire Racine. Déjà ma troisième tragédie piochée dans son oeuvre et j'ai bien envie de poursuivre ma découverte de ses textes. La versification semble si naturelle que parfois on ne la remarque presque plus. Un vrai plaisir de lecture !
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Je n'étais pas familier du théâtre racinien, ni de la tragédie classique par ailleurs, mais cela ne m'a pas empêché de tomber amoureux de cette pièce de théâtre. Évidemment, qui n'a jamais rêvé d'être une petite souris qui écouterait entre les portes les affaires, les complots, les trahisons de haute-voltige, les secrets de l'État ? Cette pièce est tout à la fois d'une incroyable poésie (pleine de vers qu'on prend plaisir à apprendre par coeur) et d'une tension romanesque prodigieuse. Devant nos yeux de spectateur se joue la naissance du monstre le plus incendiaire de l'empire romain. En bref, elle est un petit bijou de la littérature. Heureux de la découverte, elle figure d'ores et déjà parmi mes pièces de théâtre préférées.
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J'ai toujours apprécié les oeuvres de Racine surtout pour la beauté de la langue qu'il sait manier à la perfection. Je n'ai pas été déçue par Britannicus qui est une sombre histoire de pouvoir, d'amour et de trahison. Racine peint admirablement bien les différents caractères de ses personnages, bien que j'aie parfois eu du mal avec l'exagération de certains sentiments. Néanmoins nous sommes dans une pièce de théâtre (et qui plus est tragique) donc je comprends que certains sentiments soient exagérés. J'ai été un peu gênée de ne pas « assister » au dénouement si important , mais suis certaine qu'une pièce de théâtre se savoure mieux sur les planches que vautré dans son canapé. C'est une très belle pièce !
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Racine met ici en vers le début du véritable règne de Néron, qui s'abjure du joug de son ambitieuse mère Agrippine.
Sa cruauté se réveille, et en pâtissent Britannicus et son amante.
Menée par des vers envoûtants, la tragédie, romaine cette fois, de Racine est un véritable plaisir de lecture.
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Tragédie versifiée en cinq actes de Racine (dramaturge, poète et académicien français du XVII° siècle), Britannicus , dont l'action se déroule à Rome dans un contexte historique et politique réel, se base sur le thème des frères ennemis.
Tels Abel et Caïn, incarnant le bien et le mal en conflit, le candide Britannicus et son frère adoptif le tyrannique et sadique Néron (poussé sur le trône par l'ambition de leur mère, la possessive, Agrippine qui a éliminé l'empereur Claude en l'empoisonnant) s'affrontent ici pour obtenir l'amour de la vertueuse Junie (fiancée de Britannicus).
Enlèvement, chantage, surveillance,manipulation,élimination, tous les moyens sont bons pour Néron qui, jaloux et intransigeant, ne supporte pas d'être repoussé.
Le tragique de cette rivalité est très bien rendu par la psychologie des personnages et le registre émotionnel fort (amour,haine,détresse,jalousie,ambition). Un classique incontournable!
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Une bonne pièce


Résumé:L'empereur Claude a eu un fils, Britannicus, avant d'épouser Agrippine et d'adopter Néron, fils qu' Agrippine a eu d'un précédent mariage.

Agrippine, après avoir empoisonné l'empereur Claude, son troisième mari , qui lui-même l'avait épousée en secondes noces, a écarté du pouvoir Britannicus au profit de son propre fils, Néron.

Britannicus et Néron sont amoureux l'un et l'autre de la princesse Junie. Face à l'empereur en proie à ses mauvais instincts, Junie doit faire un choix déchirant : ou bien rester fidèle à Britannicus et provoquer sa mort, ou bien sauvegarder la vie de celui qu'elle aime et sacrifier son amour en cédant à Néron.
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J'ai lu Britannicus au cégep. C'est une lecture forcée que j'ai bien aimée, mais j'ai beaucoup de points à soulever. D'abord, je dois dire que Racine est un écrivain compétent, il est capable de faire de la belle poésie. Cependant, et ceci est un immense cependant, prenant en contexte son âge et l'époque, je trouve quand même boiteux le format de cette pièce. Je sais que c'était courant à l'époque, et que des vers se rapprochent du lyrisme et du théâtre grec.

Mais ça ne marche pas à moitié, selon moi. J'apprécie l'effort et la beauté, j'aime l'idée de grands dialogues éloquents et fluides, mais là on a des pages entières, brique après brique après brique de vers sans fin qu'une personne débite d'une traite, et ce sans indication de ton ou de vitesse et avec très peu de jeu physique sur la scène. C'est beaucoup, ça m'apparaît rudimentaire et peu naturel. Ce n'est pas comme ça que les gens parlent. Mais il est possible de garder un aspect naturel tout en étant dans cette veine de lyrisme; un va-et-vient énergétique entre les personnages qui se partagent des rimes et assonances ferait l'affaire et coulerait mille fois mieux. Ici, ça n'apparaît qu'être monologue après monologue, les échanges courts et directs sont trop rares.

L'aspect hautain resterait, par contre. J'aime le style et les poèmes, mais juste hors contexte, à eux seuls. Mis avec cette histoire et dans le contexte d'un théâtre, je les trouve ridiculement pompeux et exagérés, peu crédibles et peu accrocheurs. Je me souviens avoir demandé à ma professeure si les gens, à cette époque, comprenaient vraiment la pièce de théâtre et appréciaient toutes ses nuances. Elle m'a répondu que des riches autant que des pauvres assistaient à ces pièces, et que pour eux, c'était une rare forme de divertissement; juste voir une scène, un décor et des gens se parler ainsi était divertissant en soi.

Elle a un peu sauté la question de compréhension, et j'avoue moi-même qu'il m'a fallu un certain temps et plusieurs lectures pour comprendre tout ce qui se passait et était sous-entendu dans cette pièce. J'ai beaucoup de misère à m'imaginer même un noble qui regarde cette pièce et qui comprend du premier coup tout ce que chaque ligne livrée sans direction implique. Certes, le théâtre à l'époque fonctionnait avec des mises en scène minimales dans les livrets, mais ça n'excuse pas cet aspect rudimentaire que je trouve a mal vieilli, tout comme je ne considérerais pas une tablette d'argile d'être du même mérite et calibre qu'un roman.

Mais pour ce que c'est, Britannicus m'a plu. Ne prenant en compte que l'intrigue, c'est excellent, j'ai rarement vu un drame aussi juteux et nuancé que celui-là. Les manigances sont bonnes, j'adore les dynamiques des personnages qui ont chacun leur motivation et qui se distinguent. C'est une trame très bien réalisée, écrite et organisée, purement dans le contexte d'un texte à lire. Et ça me frustre, parce que je m'imagine que des dialogues retapés, le lyrisme préservé et une mise en scène claire et naturelle aideraient immensément et rendraient dix fois meilleure cette excellente histoire.

Je prie pour que cette pièce soit actualisée par un vaillant écrivain qui garde son charme et la rende digestible. Parce que telle quelle, c'est périmé. Une version jouée que j'ai vue en ligne était ennuyante à en mourir, et ça se voyait que les acteurs avaient du talent et s'efforçaient et avaient appris les milliers de vers, mais à eux seuls ils ne pouvaient pas sauver Britannicus : mon problème avec cette pièce est son squelette, ses bases fondamentales qui sont moisies.

Le mérite littéraire du texte est indiscutable, c'est une plume de qualité qui se lit et c'est un délice de se rouler la langue en lisant ces vers élégants. Jouée, cette pièce ne fonctionne pas. À quoi donc j'attribue une certaine prétention à Racine. Il a su capturer et enregistrer un excellent drame qui a énormément de potentiel pour des scènes mémorables qui, malheureusement, sont souvent résumées après les faits (je sais, on ne montrait pas de scènes osées à l'époque, mais il y a quand même moyen de rendre les choses plus intéressantes).

Ceci est donc mon verdict : une histoire bien écrite mais mal racontée, nui par son âge et les contraintes que cela engendre. Sa qualité littéraire me fait recommander sa lecture, le drame est exquis, il y a beaucoup d'excellentes répliques et les personnages sont complexes et bien réalisés.
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Une grande tragédie du plus pur classicisme...on se déchire, on hésite, on s'aime, on se trahit et on meurt...mais le tout reste vraisemblable...et c'est ce qui en fait une oeuvre magnifique.
On y mêle vérité historique et vérité humaine, intrigue de Palais et intrigue du coeur.
Cette pièce aurait tout aussi bien pu s'appeler "la naissance de Néron" ou "La disgrâce d'Agrippine" car Britannicus n'est pas forcément le plus déchiré et le plus grandiose des personnages que Racine nous propose dans cette pièce.

Mais ne boudons pas notre plaisir....à nous l'éloquence de Racine... voici un drame en V actes à ne pas manquer.
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