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Expérience immersive dans laquelle l'on suit les destins de nombreux personnages embarqués dans la longue route de la retraite de Russie. Petite histoire dans la grande, la lecture est avalée d'une traite tant la fascination (souvent morbide) s'exerce.
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Après "la bataille" qui retraçait la défaite napoléonienne lors de la bataille d'Essling, "il neigeait" raconte la retraite de Russie.
C'est le capitaine d'Herbigny, officier manchot des Dragons de la Garde que nous suivons dans cette épopée mais aussi Sébastien Roque, sous-secrétaire de l'Empereur, sans oublier Henry Beyle, futur Stendhal, chargé du ravitaillement de l'armée.
Avec eux, nous avançons avec cette armée en loques, jadis victorieuse, qui maintenant agonise dans l'hiver russe.
À la progression périlleuse des hommes et des chevaux dans cet univers hostile et glacé, s'ajoute le délire qui s'empare des soldats livrés à eux-mêmes, le dévouement désespéré des pontonniers de la Bérézina et la bassesse de ceux qui s'enrichissent au détriment des autres.

L'image de Napoléon est égratignée, il n'est plus le génial tacticien et le stratège militaire qui a fait plier l'Europe, le général adulé de ses soldats. Il redevient un homme vaincu par les éléments, seulement capable d'abandonner cette armée qui faisait sa fierté, prétextant qu'il serait plus utile à Paris.

Magnifique suite de "La bataille", on s'y croit vraiment, on ressent la faim et le froid.
À lire sous un plaid 😉

Alors, ça tente quelqu'un ?

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"Il neigeait. On était vaincu par sa conquête
Pour la première fois, l'Aigle baissait la tête.
Sombres jours. L'Empereur revenait lentement
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant".
J'avais appris en CM2 les dix premiers vers de "l'Expiation" qui commencent ainsi. Au lycée, j'ai découvert assez époustouflée au point de l'apprendre en entier ce poème-fleuve des Châtiments, en sept sections - la Retraite de Russie n'étant que la première, poème épique, tragique, présentant la Chute du Titan en plusieurs étapes, chute qui est une malédiction divine, la punition du crime originel de Bonaparte, son coup d'état du Dix-Huit Brumaire.
Patrick Rambaud connaît manifestement bien ce poème, puisqu'il reprend ce cadre de la Retraite de Russie et de la Bérézina, la neige, la nuit, le gel, les glaçons dérivant. Il commence d'ailleurs par contraste par la flamme, le rouge de l'incendie de Moscou. Ensuite, face à cette chaleur qui amollit les héros, les dégradant en pillards se vautrant dans le vin et le stupre, le roman bascule dans l'ombre, le froid et la mort.
Rambaud reprend certaines des images fortes, poignantes et visuelles de Victor Hugo : les "blessés s'abritant dans le ventre des chevaux morts", "les clairons à leur poste gelés", les canons brûlés pour récupérer le bois... Et surtout, on retrouve l'image d'une "procession d'ombres". Oui, "chacun, se sentant mourir, on était seul". Les régiments se disloquent, les liens professionnels, amicaux, amoureux même, ne peuvent plus exister dans cet enfer. Loin de l'épopée, c'est une vision d'horreur, au plus près des corps - sans nous faire entrer dans le secret des coeurs, il n'y a plus de sentiment quand l'homme perd toute humanité pour se concentrer sur la survie. Ce que Hugo formulait ainsi :
"Ce n'étaient plus des coeurs vivants, des gens de guerre :
C'était un rêve errant dans la brume, un mystère,
Une lente procession d'ombre sur le ciel noir".
Dans la lignée du courant historiographique de l'histoire-bataille, l'auteur nous plonge dans la mêlée, à échelle humaine. Il ne nous épargne rien, ni nez gelé, ni doigts coupés... Mais on ne lit pas le récit d'une bataille, seulement des "fantômes" harcelés par des Cosaques sans visage.
Et par contraste, Napoléon apparaît comme un homme "debout, qui regardait". Il regarde oui, mais ne voit pas. Il ne pense qu'à lui, qu'à son destin personnel qu'il associe à celui de la France et même de l'Europe. "Chefs, soldats, tous mouraient. Chacun avait son tour". Et lui passe dans sa berline, dispose de bois lors des bivouacs, de bains chauds, ne s'occupe pas de ceux qui meurent de faim et de froid à côté de lui et pour lui.
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Il neigeait de Patrick Rambaud nous plonge dans l'épopée de la grande armée. Ces 500 000 hommes qui composent l'armée chargée de prendre Moscou. C'est chose faite, cependant, les évènements suivants ne vont pas se dérouler comme l'espérait Napoléon et la victoire se transforme rapidement en désastre, militaire mais avant tout humain. C'est la désormais célèbre retraite de Russie qui prend vie sous la plume de Patrick Rambaud et une chose est sûre : tous les protagonistes ne rentreront pas en France...

Ce livre s'inscrit dans la continuité du roman La bataille que je n'ai pas encore lu, toutefois il n'est pas nécessaire de l'avoir lu pour comprendre ce livre. Il neigeait est relativement court, seulement 270 pages pour retranscrire l'une des aventure militaire les plus incroyable.
La grande force de ce livre réside dans ses descriptions et sa réalité historique. On sent que pour l'écriture de ce roman, l'auteur a effectué de nombreuses recherches, qu'il a eu d'ailleurs la bonne idée de réunir dans une bibliographie en fin d'ouvrage. Au fil des pages on ressent très bien l'atmosphère qui règne dans la grande armée.
Cependant l'ouvrage a de nombreux défauts : les personnages mis en scène par l'auteur manquent de profondeur, on ne s'attache pas à eux peut-être du fait que l'auteur ne se focalise par sur un seul personnage ce qui aurait sans doute était mieux compte tenu de la courte taille du livre. Patrick Rambaud utilise ses différents personnages pour nous plonger à la fois dans la suite de Napoléon et à la fois au coeur des soldats.
Les scènes en présence de Napoléon manquent également du charisme qui l'a sans doute animé : à chaque fois que Napoléon parle c'est pour effectuer une erreur ou se plaindre. Certes le résultat de la campagne le prouve, mais l'on ne retrouve pas le côté leader du personnage. Enfin, la partie sur la retraite et les nombreux morts est à mon sens trop courte. En quelques dizaines de pages les soldats traversent toute l'Europe et les morts par milliers ne font pas ressentir d'émotion au lecteur car ils apparaissent comme des objets auxquels on ne consacre pas d'intérêt (ce qui est réaliste car il devait régner dans cette armée en déroute un sentiment de "sauve qui peut").

Je recommande toutefois ce livre pour les amateurs de romans historiques sur l'histoire napoléonienne, il s'agit la d'une belle approche du désastre de la campagne de Russie et permet d'en connaître les grandes lignes.
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Afin de bien comprendre l'expression "C'est la Bérézina!", je vous conseille de lire Il neigeait de Patrick Rambaud. La déroute des armées napoléoniennes pendant la campagne en Russie y est décrite d'une façon très réaliste, mettant en scène des militaires, des civils, une troupe de comédiens... tous victimes de cette horreur qui est la guerre. Ce qui rend ce roman historique intéressant, c'est cette combinaison de descriptions méticuleuses des évènements de la campagne russe avec une intrigue portée par des personnages très attachants, parmi lesquels Sébastien Roque, secrétaire de Napoléon, le capitaine d'Herbigny, Henri Beyle (Stendhal) et bien d'autres.
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La Feuille Volante n° 1301
Il neigeaitPatrick Rambaud – Grasset.

Juin 1812, la Grande Armée vient d'entrer dans Moscou. La ville est déserte et s'embrase, la répression violente suit les exactions, l'Empereur est malade et son Empire commence à montrer des signes inquiétants de délitement à cause notamment des nombreuses défections de ses alliés, des désertions dans leurs rangs. L'armée de l'Empereur est affaiblie par la dysenterie, désorientée, réduite au pillage pour survivre. Il espérait conclure la paix mais le Tsar ne se montre pas, se dérobe même. Tout cela n'était pas dans les plans de Napoléon qui, jusque là paraissait infaillible et quasiment indestructible. A l'automne, cette armée en guenilles suivie des civils quittent Moscou avec provisions, butin et surtout sa foi inébranlable en l'Empereur. Ainsi commence ce repli désordonné et désastreux sur des routes impraticables, des marais insalubres, des rivières gelées, des soldats harcelés par les paysans russes et par les attaques des Cosaques. L'Empereur est de plus en plus délirant et, coupé des réalités, refuse l'évidence, se satisfait de la désinformation véhiculée dans le « Bulletin » de l'armée, ne conçoit ni la défaite ni sa propre capture qu'il évitera grâce éventuellement au poison qu'il porte sur lui et avance vers Paris où déjà on le dit mort.

C'est le capitaine d'Herbigny, manchot et matamore, un officier des dragons de la Garde qui va nous servir de guide pendant cette épopée mais aussi Sébastien Roque, un sous-secrétaire de l'Empereur sans oublier Henry Beyle, chargé du ravitaillement de l' armée, qui ne s'appelle pas encore Stendhal. A travers leurs yeux, le lecteur va assister au chemin de croix de cette armée en loques, jadis victorieuse et qui maintenant agonise dans l'hiver russe où non seulement chacun doit sauver sa propre vie face à la peur de la mort et aux épidémies mais où la faim autorise les pires atrocités au mépris de la discipline et du respect de la vie de ses propres compagnons d'armes. A la progression surréaliste des hommes et des chevaux dans cet univers hostile et glacé il faut ajouter le délire qui s'empare des soldats livrés à eux-mêmes, le dévouement désespéré des pontonniers de la Bérézina et bien entendu, l'esprit de lucre de quelques-uns qui profitent d'une situation inédite pour s'enrichir au détriment des autres. C'est une belle évocation de cette espèce humaine dont on nous vante un peu trop souvent le côté altruiste

L'image de Napoléon en prend un coup. Il n'est plus le génial tacticien et le stratège militaire devant qui l'Europe entière a plié, le général adoré par ses soldats… Il redevient un homme vaincu par les éléments, seulement capable d'abandonner à elle-même cette belle armée qui faisait sa fierté et la terreur de ses ennemis, au point que ses soldats finissent par préférer la mort par suicide pour abréger leurs souffrances. Une telle attitude qui rappelle celle qui fut la sienne en Égypte, est évidement indigne d'un vrai chef, d'autant qu'il justifie cette lâcheté par sa présence indispensable à Paris pour défendre le peu de pouvoir qui lui reste. Abandonner ainsi ses soldats à eux-mêmes, avec pour seul mot d'ordre la survie est impensable pour des hommes qui ont accepté aveuglément de le suivre. Au-delà de l'administrateur, du conquérant, du magnifique souverain, du séducteur, il montre son vrai visage, lui qui parlait volontiers de paix mais ne cessa de faire la guerre pendant toute sa vie et de semer la mort autour de lui. Ce roman, dont le titre est emprunté à un poème épique de Victor Hugo, retrace cette désolante retraite de Russie, Napoléon, ce grand stratège militaire, vaincu par l'hiver ! Il n'est plus l'homme providentiel qui a sorti la France du chaos révolutionnaire mais celui qui au contraire l'y a à nouveau précipité. Et pourtant, la foi de ses soldats est telle qu'une seule lueur d'espoir suffit à les faire revivre et avancer. Je suis aussi toujours étonné par le destin de ces maréchaux qui, chargeant à le tête de leurs hommes, dans des engagements meurtriers sont souvent miraculeusement épargnés par les balles et les boulets.

Ce roman s'inscrit dans la tétralogie que notre auteur a consacré à Napoléon. Fidèle à son habitude, Patrick Rambaud nous offre un roman richement documenté, particulièrement réaliste dans ses vocations et descriptions, fort bien écrit et passionnant jusqu'à la fin, et qui, au-delà de l'historiographie officielle, nous donne à réfléchir sur le destin de ces hommes autoproclamés sauveurs de l'humanité mais qui en fait sont rattrapés par la réalité.

©Hervé GAUTIER – Décembre 2018.http://hervegautier.e-monsite.com
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7 septembre 1812, l'armée russe abandonne Moscou, laissant les troupes françaises victorieuses défilaient dans les rues de la cité des tsars. Mais la prise de Moscou s'avère un cadeau empoisonnée : quelques jours après l'installation des français en ville, des incendies se déclarent partout et ravagent la capitale, réduisant les neuf dixièmes des bâtiments en cendres. Il faut quitter la ville, faire retraite vers la France mais des centaines de kilomètres séparent les troupes de la Mère Patrie, une étendue sans fin de boue, de forêts et de glace. « Il neigeait. » L'armée s'étale comme un long serpent sur les terres désertiques, laissant derrière elle une trainée de cadavres et de chevaux gelés. Les hommes avancent, l'estomac dans les talons, la peur au ventre. « Il neigeait, il neigeait toujours ! » le bilan sera glaçant : 200 000 morts, 150 000 prisonniers et cela sans compter les désertions. A la tête de cette armée en déroute, l'Empereur, spectre impassible et distant, regarde son peuple se faire dévorer vivant par l'hiver russe.

Après un premier roman remarquable sur la bataille d'Essling, Patrick Rambaud s'attaque à un gros morceau, digne des plus grands tragédiens : la retraite de Russie. Et avec quelle efficacité ! A travers les parcours entrelacés d'une poignée de personnages (un officier de cavalerie violent et bourru, son domestique plus ou moins dévoué, une troupe de comédiens, un secrétaire arriviste… ) Rambaud fait revivre pour nous l'un des épisodes les plus dramatiques des guerres napoléoniennes. Je n'ose dire « l'épopée » car il n'y a assurément rien d'épique dans cette longue suite de morts cruelles et de lâchetés. La descente aux enfers y est éprouvante, d'autant plus marquante qu'elle est épicée de nombreuses touches d'humour noir. La volonté de l'auteur de désacraliser le personnage de Napoléon Bonaparte y est évidente. Un peu trop même, s'il faut être équitable. de toute évidence, Rambaud nourrit un rapport conflictuel au personnage… Il le juge fascinant mais ne le porte pas dans son coeur, loin s'en faut. Son Empereur est un bouffon vaniteux, complétement coupé du monde qui l'entoure, assez semblable à celui mis en scène par Tolstoï. A lui dénier tout génie et même toute compétence, Rambaud finit par lui ôter toute crédibilité – c'est oublié que Napoléon a toujours été un homme capable de créer sa propre chance et pas seulement de se laisser porter par elle.

Ce petit bémol a légèrement entamé le plaisir que j'ai éprouvé à la lecture de ce passionnant roman, sans le gâcher pour autant. Si tous les romans historiques pouvaient être de cette qualité, quel pied se serait !
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Deuxième volet de la trilogie impériale brillamment écrite par Patrick Rambaud, Il neigeait évoque la retraite de Russie de la Grande Armée napoléonienne en 1812. Moscou en feu et le franchissement chaotique de la Bérésina, bien sûr, mais aussi la famine, le froid, le typhus, le brigandage et la horde de civils devenus miséreux qui suivaient les soldats en campagne. Une débandade totale donc où la loi du plus fort régnait sans pardon. Je suis complètement accro à cette oeuvre de Rambaud et j'ai hâte d'y plonger à nouveau avec L'absent.
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La campagne de Russie et les atrocités liées à la retraite de la Bérésina. Livre intéressant, un peu fouillis mais bien documenté
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Une histoire de feu et de glace, le « Général Hiver » qui vainquit les troupes de Napoléon en 1812.

Au début, ce n'est pas le froid qui menace, mais plutôt le feu. Les armées impériales envahissent Moscou, une cité désertée de ses habitants, où des pièges provoquent des incendies qui ravagent la ville. Ce qui devait être une étape glorieuse, qui permettrait aux troupes de se reposer, de se restaurer et de profiter des richesses moscovites, marque plutôt le début du déclin de l'empire. Après le feu, c'est la misère, il n'y a plus rien à manger. Quand la retraite finalement est décidée, les hommes meurent déjà de faim et c'est le froid qui achève de les décimer.

Le roman historique dresse un portrait pas très flatteur de l'empereur dont les décisions douteuses ont parfois précipité le malheur. Un homme dont les soldats meurent par milliers et qui rêve encore de se rendre jusqu'aux Indes.

L'auteur ne s'attarde pas beaucoup aux émotions, sauf celles du jeune secrétaire qui aurait préféré rester bien au chaud à Paris, mais qui accompagne le baron Fain, presque un nom prédestiné pour qui n'a rien à manger…

Un roman qui ne peut que rappeler les horreurs et l'absurdité des guerres. Pourquoi ces centaines de milliers de morts ? À quoi bon vouloir étendre sans cesse un empire si c'est en y sacrifiant la vie de ses compatriotes ?

Un texte qui permet aussi de méditer sur le discernement des peuples qui portent au pouvoir ces idoles qui mènent les pays à leur perte…
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