Publié en 1928, ce roman fait partie de l'expérimentation de Ramuz vers une redéfinition du roman. Ramuz a alors 50 ans.
Le personnage principal du roman reste, d'un bout à l'autre du roman, sans contours précis. C'est Juliette, l'enfant du frère d'Amérique de Milliquet, envoyée à Milliquet à la mort de ce frère. Milliquet dont le commerce au bord du lac va si mal et dont la femme irascible fait de la vie un échec, en fait.
La beauté sur la terre, c'est Juliette. Sa venue sur la terre vaudoise fait merveille. Tout à coup, le public est nombreux au commerce de Milliquet (c'est une café avec une grande terrasse). Mais
la beauté sur la terre suscite envies, convoitises et déceptions. La plupart des hommes paraissent incapables de contemplation. Tel est le ressort du roman.
Tout y est écrit au moyen de traits vifs et épais, qui ne craignent pas d'être incomplets et approximatifs. Leur but n'est pas la précision de la description, mais la naissance d'impressions et de sentiments. La redéfinition du roman imaginée par Ramuz ne va pas du tout dans le sens des expérimentations structuralistes du "nouveau roman", qui enlèvent la chair pour pénétrer au scalpel l'être de l'homme. Non, la redéfinition pensée par Ramuz consiste tout au contraire à approcher le coeur de l'être de l'homme, infiniment fragile et indécis, indéfinissable et passionnant, c'est-à-dire source de souffrance. Souffrance, oui, mais dans une direction dont le salut n'est jamais totalement absent. le roman de Ramuz est un roman dans lequel une conviction s'exprime, dans l'imparfait du présent.