Ce tome regroupe les épisodes 37 à 47 de la série Stormwatch, parus en 19967/1997. Tous les scénarios sont de
Warren Ellis, et la majeure partie des illustrations de
Tom Raney encré par Randy Elliott, sauf les épisodes 39 (
Tom Raney &
Pete Woods), 41 (Michael Ryan), et 47 (Jim Lee).
Stormwatch était une organisation de
superhéros intervenant sous l'autorité des Nations Unies. Au début de ce tome, ses membres assistent à l'enterrement de l'un des leurs appelé Flashpoint. Suite à ce décès et à la distanciation des Nations Unies, Weatherman (Henry Bendix), le responsable de l'équipe, a décidé de revoir le mode de fonctionnement de l'équipe. Il recrute de lui-même 3 nouveaux
superhéros : Jenny Sparks, Jack Hawksmoor et Rose Tattoo. Il réorganise l'équipe en 3 groupes : Stormwatch Prime chargée de combattre les supercriminels (composée entre autres de Winter, Hellstrike et Fuji), Stormwatch Black chargée des missions secrètes (composée entre autres de Jenny Sparks, Swift et Jack Hawksmoor) et Stormwatch Black chargée des opérations dissuasives avec démonstration de force (composée entre autres de Fahrenheit, Flint et Rose Tattoo).
Durant ces 11 épisodes, les équipes de Stormwatch vont intervenir pour combattre un supersoldat devenu fou en Allemagne, pour enquêter sur le meurt
re d'un de leurs anciens membres dans un bâtiment des Nations Unies, pour mettre fins aux agissements de policiers pourris dotés de superpouvoirs, pour contenir un gaz mutagène en Angleterre, enquêter sur un cas de manifestation de superpouvoirs (phénomène exceptionnel dans cet univers), pour endiguer la destruction de Tokyo par une secte fanatique, pour arrêter un tueur en série à New York, pour lutter contre une cellule terroriste en Alabama, et pour répondre à une demande d'intervention en Serbie.
En 1992, Jim Lee,
Todd McFarlane (Spawn),
Rob Liefeld (Youngblood),
Marc Silvestri (Cyberforce),
Whilce Portacio (Wetworks), Erik larsen (Savage Dragon) et
Jim Valentino (Shadowhawk) arrêtent de travailler pour Marvel et fondent leur propre maison d'édition : Image Comics. Après avoir débuté avec Wildcats, Jim Lee et
Brandon Choi créent d'autres séries dont Stormwatch en 1993, initialement dessinée par
Scott Clark, puis
Brett Booth et Matt Broome. La série passe par les mains de plusieurs scénaristes (dont
Ron Marz) avant d'échoir à un presque débutant :
Warren Ellis. À la lectu
re de ces épisodes, ce qui impressionne est que tout Ellis est déjà là. Il y a les missions accomplies en 1 épisode (dispositif repris dans Global Frequency et Secret Avengers), l'équipe de
superhéros s'attaquant à des problèmes aux répercussions politiques (
The Authority comprenant Jenny Sparks, Jack Hawksmoor et Swift), les hommages aux héros des pulps (Planetary) accommodés aux conspirations et à une forme d'anticipation qui puise ses racines dans les avancées scientifiques.
Attention, il vaut mieux être prévenu avant de plonger dans cette lecture.
Warren Ellis joue le jeu : il reprend la série avec sa continuité un peu embrouillée, ses relations avec les Wildcats (la guerre entre les Daemonites et les Kherubims), les différentes itérations de Team 7, et une plétho
re de
superhéros disparus depuis (Battalion, Cannon, Comanche, Nautika, Sunburst, Synergy, Undertow, Union etc.). Il y a donc des sous-entendus et des références qui semblent être clairs pour les personnages et totalement incompréhensibles pour la majorité des lecteurs. Si vous avez déjà lu les histoires d'Ellis citées dans le paragraphe d'avant, vous aurez l'impression d'en reconnaître une ou deux sous une forme moins raffinée. Parmi les thèmes développés les plus marquants, il y a la volonté de fai
re de Stormwatch une équipe agissant à l'échelle de la planète, indépendamment des États-Unis. Il y a différentes formes de terrorisme, une variation du l'attentat de la secte Aum Shinrikyō (à l'origine du gaz sarin dans le métro de Tokyo, ici des individus génétiquement modifiés détruisant Tokyo), un hommage très savoureux aux différentes époques des comics et à Watchmen en particulier (épisode 44), et un épisode tout en pleines pages dessinées par Jim Lee (épisode 47).
Tom Raney effectue un travail méritoire, même s'il reste marqué des tics des comics estampillés Image dans les années 1990. Il a un style clair et direct avec une prédilection pour les personnages aux dépends des décors. En fonction du temps dont il dispose et de son implication, le lecteur peut contempler un décor détaillé, comme il peut tourner plusieurs pages avec le strict minimum (c'est-à-dire parfois rien) en arrière plan. Les arrières plans d'immeubles et de buildings montrent également une approche un peu générique dans leur représentation. L'urbanisme de Tokyo est identique à celui de New York. Mais il arrive également que Raney soigne la décoration et l'agencement d'une pièce. Il est visible également qu'il s'inspire fortement du style de Jim Lee pour les poses de personnages, avec une tendance marquée à l'exagération de la posture, au cadrage dramatique, à l'exacerbation du mouvement. D'une manière inattendue, il réussit une bonne imitation du style de
Dave Gibbons pour l'évocation de Watchmen (tout en mettant en évidence que fai
re du Gibbons n'est pas donné à tout le monde). L'épisode de pleines pages dessinées par Jim Lee n'est pas une pépite dans la mesure où il s'exonère également de la tâche fastidieuse de dessiner des décors.
Ce tome constitue une lectu
re divertissante où les thèmes favoris de
Warren Ellis sont déjà présents, et son écriture est déjà très personnelle. le lecteur doit plonger dans une continuité confuse, mais qui n'a finalement que peu d'incidence sur les intrigues. Les personnages n'ont que peu de caractère. Les dessins sont encore marqués d'une composante un peu infantile, et d'une volonté de coller au style maison créé par Jim Lee.