Point Cardinal

C'est toute la complexité du personnage principal qui est né dans le mauvais corps, le mauvais sexe.
L'auteur passe du féminin au masculin et du masculin au féminin dans la même phrase, ce qui accentue la douleur de Laurent, sa confusion.
Dans nos sociétés cloisonnées où tout le monde est à sa place du fait de sa naissance, le désir de Laurent d'être en adéquation avec son for intérieur est incompris, pire considéré comme une maladie.
Il lui faut toute sa force, son courage, sa détermination pour changer de sexe.

J'ai été totalement happée par ce roman qui évoque la quête d'identité.

Laurent se cherche, se transforme en femme en cachette depuis des années. Il passe d'abord par la honte et se décrit comme anormal. Jusqu'au jour où il est confronté à la réalité et qu'il n'a plus le choix que de faire face. Est-il malade ? Doit-il refouler ce qui le pousse, au plus profond de lui-même, à se travestir ? Doit-il arrêter ses artifices qui lui permettent de changer de personne et ainsi se transformer de Laurent Mathilda en l'espace de quelques minutes ? Cette Mathilda est-elle si étrangère à son corps ou simplement celle qu'il rêve d'être ?

Le roman nous permet de suivre de cette quête de soi, ce ressent Laurent et comment il vit cela au quotidien jusqu'à ce qu'il décide d'assumer totalement sa nouvelle identité au point de la révéler au grand jour, d'abord à ses proches puis à son entourage professionnel.
Les réactions des uns et des autres sont souvent surprenantes.
En tant que lectrice, je n'ai pas pu m'empêcher de me mettre à la place de sa femme, Solange. Comment aurais-je réagi à sa place ?

Un très beau roman, qui enchaîne les points de vue chacun sous forme de courts chapitres. Une écriture sans fioritures, qui permet de dire l'essentiel. Décidément, la plume de Léonor de Recondo est à la fois concise et efficace mais surtout sensible.

Un livre plein d'émotions, que j'ai eu dû mal lâcher tant je souhaitais connaître la suite des événements. Une belle réussite.

Avec beaucoup de poésie, de délicatesse mais surtout avec un vrai soucis du réel, Léonor de Récondo parvient à aborder avec brio un sujet qui pourrait (pour certaines personnes) paraître tabou, et en arrive à le légitimer (si besoin est).
Outre le choix du sujet qu'est être transsexuel et donc se savoir d'un genre qui ne coïncide pas avec le sexe qu'on nous a donné à la naissance, l'autrice nous donne à voir et à découvrir différents points de vue, différents regards face à cette révélation : la vision intérieure de Laurent, les réactions des membres de sa famille, les regards provenant d'enfants/ adolescents/ adultes, les signes physiques et verbaux qui en disent longs sur leurs pensées… On est alors face, en tant que lecteur, à différents schémas : celui de l'épouse qui se sent trahie, celui du fils en pleine adolescence qui rejette cette image de son père, celui de la collègue ancienne confidente, celui du voisin et de son image « virile », celui du psychologique qui parle de « névrose obsessionnelle »… Schémas que l'on comprend, que l'on essaie d'adopter, que l'on rejette… Et, ce qui est d'autant plus intéressant est que l'autrice ne prend aucunement part à cela. Elle ne met pas sur un piédestal telle réaction et n'en condamne pas une autre, mais les dépeint chacune, simplement, en utilisant son art (sa plume) et en laissant les personnages faire leur part du travail.
Un parti prix important qui se retrouve dans sa plume minimaliste et détaillée, comme le prouve son attention et ses choix face à l'utilisation des prénoms (images de ce souhait d'identité et de ses acceptations intérieures mais aussi extérieures) pour désigner Laurent et sa vie conditionnée, ou encore Mathilda lorsque celui-ci se travesti en cachette, puis Lauren après ce « comming out »…
Je t'enterre Mathilda, je suis Lauren.

Un roman sensible qui me semble d'actualité et qui fait réfléchir ! A découvrir, sans hésitation !
Lien : https://lecturesgourmandeswe..

Sur le parking d'un supermarché, dans une petite ville de province, une femme se démaquille. Enlever sa perruque, sa robe de soie, rouler ses bas sur ses chevilles : ses gestes ressemblent à un arrachement. Bientôt, celle qui, à peine une heure auparavant, dansait à corps perdu sera devenue méconnaissable.
Laurent, en tenue de sport, a remis de l'ordre dans sa voiture. Il s'apprête à rejoindre femme et enfants pour le dîner. Avec Solange, rencontrée au lycée, la complicité a été immédiate. Laurent s'est longtemps abandonné à leur bonheur calme. Sa vie bascule quand, à la faveur de trois jours solitaires, il se travestit pour la première fois dans le foyer qu'ils ont bâti ensemble. À son retour, Solange trouve un cheveu blond…

Ce livre parle de la souffrance d'un homme, Laurent, de vouloir être une femme et de toutes les conséquences qui en découlent.

Sa décision a un impact considérable sur sa famille.
Les réactions de sa femme, désorientée, celle de ses enfants.
Claire plus compréhensive tandis que Thomas rejette totalement son père.
Laurent veut être une femme mais veut continuer à être le père de ses enfants.

Il y a aussi les amis, les collègues de travail et les gens à l'extérieur.
Certains sont plutôt tolérants et acceptent son changement mais d'autres le rejettent, disent du mal de lui et le considèrent comme une sorte de monstre.

Le chemin sera long à parcourir pour Laurent. Pas facile du tout. Mais son bonheur intime, sa joie de vivre en dépend. Alors il se lance et ne mentira jamais plus sur ce qu'il est.
Il préfèrera dire la vérité, sa vérité, même si elle peut choquer.


"Il y a, chez Léonor de Récondo, par ailleurs violoniste baroque, une vraie science du legato, de la phrase qui coule toute seule, limpide et profonde. Et la conviction que chacun a le droit de faire entendre sa voix tout en restant attentif à l'autre, comme dans un ensemble de musique de chambre".

Un texte d'une poignante justesse, tout en pudeur avec beaucoup de sensibilité qui se lit d'une seule traite, sans trébucher. L'écriture est fluide, les mots sont simples.

Par-delà le sujet singulier du changement de sexe, Léonor de Récondo écrit un grand roman sur le courage d'être soi et être soi-même, c'est avant tout mettre en avant ce que l'on est au fond au détriment de ce que les autres veulent voir.
Ce livre confirme le talent d'une romancière sensible aux corps, dans ce qu'ils expriment de plus inavoué, de plus essentiel.
Un vrai coup de coeur de cette rentrée littéraire!
Lien : http://leslecturesdeba.eklab..

Décidément mes lectures sont dans le cru de l'année 2017..
J'ai beaucoup aimé ce roman et la lecture a été assez rapide, difficile de le lâcher..
C'est l'histoire de Laurent qui va devenir Lauren . Laurent est un père de famille et un mari qui a l'air des plus conventionnel mais son désir toujours enfoui d'être une et non un va le submerger.
L'écriture est concise mais entre au coeur des personnages, de Laurent à sa femme et ses enfants. Elle est composée de courts chapitres qui défilent et rendent la lecture addictive.

Voilà un roman de la rentrée littéraire qui me tentait bien. Ce n'est même pas le sujet qui m'a attirée mais plutôt d'avoir vu Léonor de Récondo à La Grande Librairie ; j'ai aimé la sensibilité qui se dégageait d'elle, sa douceur et j'ai pensé que son texte ne pouvait être que beau.

Après lecture, je ne me suis pas trompée. C'est un beau roman, émouvant et très bien écrit sur un sujet qui reste difficile à aborder avec délicatesse. Comment vivre avec le fait de se sentir en désaccord avec son corps ? Comment arriver à affirmer son désir, son besoin de changement ? Comment concilier ce besoin qui peut paraître égoïste, avec le bonheur d'une famille unie et « exemplaire » ?

Léonor de Récondo décrit ces étapes difficiles avec beaucoup de subtilité et de douceur. On se prend à se projeter dans la peau des personnages, à se demander comment l'on aurait pu réagir. Je comprends la douleur de Laurent, mais suis également solidaire face à la colère de son fils, au désarroi de sa fille et je reste admirative du courage de sa femme.

J'ai voulu lire ce livre parce que j'avais lu « amours » du même auteur, que j'avais apprécié.
Leonor de Recondo aborde ici, de nouveau, un sujet sensible : la transsexualité.
Nous suivons l'évolution de Laurent, mari et père, vers sa nouvelle vie. Ses réactions sont accompagnées de celles de ses proches et l'on s'immisce dans la vie, bouleversée, de cette famille.
Sur un tempo rythmé et sans temps mort (peut-être même un peu trop rapide dans la deuxième partie du livre) l'auteur, avec des mots simples, nous fait découvrir l'immense difficulté d'être soit. Il n'y a pas que Laurent qui subit une transformation. Sa femme, ses enfants, ses collègues de travail personne ne sort intact de cette histoire.
Un livre agréable, qui se lit rapidement (sur une journée) mais qui interpelle.

La quarantaine, Laurent est marié à Solange, enseignante en primaire. Ils ont deux adolescents, Thomas, 16 ans et Claire, 13 ans.
Depuis des années, Laurent est en proie à ses démons intérieurs. En fin d'après-midi, chaque samedi, il va au Zanzi Bar et devient « Mathilda » dans une revue de Cabaret où il se transforme en femme : perruque, maquillage, vêtements et dessous féminins.
Laurent est à un carrefour de sa vie : soit il continue ce double jeu/je, ce dédoublement de personnalité, soit il assume et va au bout de sa démarche : devenir femme.
Laurent va assumer.

C'est une histoire assez troublante, très bien racontée par Léonor de Récondo. Des chapitres très courts, une histoire qui se lit en quelques heures et, au bout du compte, une belle maîtrise du récit.

L'idée, c'est de nous mettre dans la peau de chacun des protagonistes de cette histoire. Car, si Laurent est perturbé, il va de soi que les dommages collatéraux vont être nombreux à partir du moment ou il va informer les principaux intéressés (sa femme et ses deux enfants) de sa décision.

En un récit aussi court, être capable de nous montrer toutes les répercussions qu'un tel choix entraîne est une vraie prouesse. Tout est abordé : la famille, les amis, les relations de travail, ce qui rend tout à fait crédible cette histoire peu ordinaire.

Sur le plan du style, je retiendrai cette originalité qui consiste à entretenir, à partir d'un certain moment du récit, la confusion des pronoms personnels. Il y a non seulement le « il » qui devient « elle » dans la même phrase, mais également le « elle » ou le « il » qui devient « je » ! Et ça fonctionne bien:

"Laurent sait pertinemment que ça change tout. Mais elle est prise d'une impatience terrible. Trop d'attente, de décennies gâchées à errer. J'ai été lâche, je suis lâche. Et maintenant son enfant qui la fuit. Est-ce que je dois choisir ? La vraie question est là. Doit-on être ce que voient les autres, être tel qu'on vous a aimé ?"
"Elle (Solange) s'est enfermée, elle le comprend, en balisant la route, des flèches et des panneaux partout, et maintenant elle est coincée et forcée d'en sortir. Elle se sent trahie. Je me sens conne surtout."
"Maintenant, Laurent est prêt. Il a assez parlé. Il a l'impression que ses mots ne servent qu'à justifier une décision prise depuis longtemps. Je n'ai plus rien à ajouter".

Quant à moi, je rajouterai que je vous conseille ce livre déstabilisant !

Un livre que j'ai choisi un peu au hasard mais que j'ai lu en quelques heures à peine.
J'ai trouvé les mots de Leonor de Recondo très justes. On y perçoit toute la violence des émotions que ressent Lauren(t), sa solitude et sa souffrance puis cette libération de pouvoir enfin s'accepter tel qu'il/elle est à l'intérieur.
J'ai aussi beaucoup apprécié que soient également traités les points de vue des membres de sa famille qui sont nécessairement impactés par ce qu'il/elle traverse.

Laurent est un père de famille heureux, toujours amoureux de sa femme, Solange, malgré les années, mais quelque chose ne va pas dans sa vie. Quand le lecteur le découvre au début du roman, il est au volant de sa voiture grimé en femme. Cette femme a même un nom : Mathilda. Elle vient de passer la soirée dans un bar discothèque, le Zanzibar, et s'apprête à disparaître pour laisser Laurent rentrer chez lui et redevenir un honorable époux et père de famille. Une étape supplémentaire est franchie lors d'un week-end : Solange est partie avec les enfants chez les grands-parents et, pour la première fois, Laurent laisse Mathilda arpenter sa maison. Une épingle à cheveux oubliée déclenche le cataclysme : sommé de s'expliquer sur une supposée infidélité, Laurent parle à sa famille. Les répercussions sur tous les personnages sont ravageuses. Léonor de Récondo nous fait vivre avec beaucoup de justesse le tumulte intérieur de Laurent mais aussi de tout son entourage. C'est intéressant de voir que le rejet ne provient pas forcément de là où on l'attendrait mais aussi de constater l'évolution des réactions de Laurent lui-même et des autres. Laurent va-t-il renoncer et « rentrer dans le rang » ou au contraire poursuivre son cheminement ? Que va devenir son couple dans un tel contexte ? Comment réagit la société face à un tel événement ? A vous de le découvrir.
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