Ce roman a le mérite d’aborder un sujet fort, peut-être encore trop méconnu, bien qu’il ait été récemment mis à l’honneur au cinéma (notamment par The Danish Girl de Tom Hooper, et Laurence Anyways de Xavier Dolan), à savoir le transsexualisme.
Il s’agit d’un homme, Laurent, qui décide de changer de sexe pour devenir celle qu’il a toujours été en cœur et en esprit : Lauren. C’est un homme marié, heureux en ménage, père de deux enfants. Elle le cachait jusqu’alors car elle craignait les réactions familiales. Puis, finalement, comme elle le fait si bien remarquer « si je ne me définis pas, suis-je vraiment ? ». Au début du roman, cette violence interne est assez bien décrite, elle tiraille les boyaux du lecteur qu’il soit novice ou averti en la matière quand on l’entend dire « La vraie question est là : doit-on être ce que voient les autres, être tel qu’on nous a aimé ? ».
Néanmoins, après sa prise de décision, l’action est très rapide. Tout se passe de manière assez schématique, et de manière très laconique. Elle prend sa décision, l’annonce à sa famille, prend rendez-vous pour une opération. Ces prises de décision sont peut-être trop précipitées pour paraître vraisemblables.
Les réactions des protagonistes à cette nouvelle, sont soit trop figées (le fils se réfugie dans un mutisme, et fuit en pension) ; soit trop exagérées (la fille qui accepte tant la nouvelle qu’elle écrit un article pour le lycée à ce sujet). Quant à sa femme, d’abord niant le désir de Lauren d’être une femme, puis l’acceptant jusqu’à en discuter autour d’un verre de vin avec elle. Ces émotions paraissent assez stéréotypées. Pour autant, bien sûr, si ce n’est pas un corps dont on tombe amoureux, et bien un cœur, sa réaction est plus que louable. Il reste que (et cela est malheureux) la nouvelle ne soit, en réalité, pas toujours aussi bien perçue. Cela semble trop « facile », trop « beau » pour être vrai.
Le but de ce roman est louable en ce qu’il fait apparaître une large tolérance à ce sujet (heureusement) mais c’est au détriment d’une recherche plus approfondie sur la conscience même des personnages qui gravitent autour de Lauren. Il manque ce fond psychologique. Le roman est centré sur Lauren, et cela est bien sûr compréhensible, mais s’attarder sur les autres membres de la famille qui doivent, eux aussi, apprendre à vivre avec ce choix, aurait été intéressant.
Le récit a tendance à paraître peu vraisemblable dans la mesure où ce parcours de changement de sexe/ de réattribution sexuelle ne subit aucune embuche, aucun obstacle. Et bien que cela soit malheureux, ce parcours semble en réalité, plus difficile que ce que l’auteur nous décrit. Le ras de marée que cela provoque au sein de la famille, et dans l’univers professionnel, paraît plus dévastateur.
En tout état de cause, le roman se lit facilement, est prenant, et se révèle être un véritable petit plaidoyer à la tolérance et à la libération.
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