Il est difficile de résumer
True story, car les points de vue et les formes narratives se mêlent, brouillant fortement les pistes.
Essayons tout de même : lors d'une soirée entre lycéens plaçant le curseur de l'amusement au nombre de verres ingurgités et de conquêtes féminines, une jeune fille reconduite inconsciente chez elle se retrouve au centre d'une terrible rumeur. Les deux gars qui l'ont raccompagnée se vantent de l'avoir violée alors qu'elle dormait à l'arrière de leur voiture. La vie d'Alice est bouleversée par cette rumeur. Les deux garçons sont des champions populaires de l'équipe de crosse du lycée : c'est donc Alice et son amie Haley, prenant sa défense, qui deviennent victimes de harcèlement...
La rumeur et ses conséquences extrêmes sont au coeur du roman ; son essence même est illustrée par le doute que ressent le lecteur jusqu'à la fin, espérant apprendre si la rumeur est fondée ou non.
D'autres sujets forts sont récurrents dans le roman : l'amitié, entre hommes et entre femmes, celle-ci se confondant parfois avec l'amour entre soeurs. L'amitié va de pair avec la confiance et la loyauté.
On peut également ressentir que l'autrice déplore la misogynie dans cette communauté, car la parole des garçons a plus de poids que celle des filles ! La scène où le coach distribue des préservatifs aux garçons, pour qu'ils puissent enchainer les conquêtes impunément est assez glaçante. On voit bien l'importance des performances sportives pendant le lycée, qui permettront aux jeunes d'obtenir une bourse pour l'université, à condition qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes, niant parfois qui ils sont vraiment.
Le narrateur principal du roman est Nick, un des gars de l'équipe de cross, simple témoin des événements mais toujours solidaire avec ses copains. Nick enchaine les ennuis ; la vie semble l'avoir choisi pour être celui qui expie pour les autres le thème du châtiment revient souvent dans le roman.
La tension va crescendo dans cet excellent thriller, très original par sa forme. La psychologie d'Alice est finement amenée dans ses lettres de candidature pour l'université ou dans les scenarii qu'elle a écrits avec Haley. L'autrice profite de la passion d'Alice pour les films d'horreur pour rendre hommage à
Stephen King ; le harcèlement dont Alice est victime fait inévitablement penser à
Carrie.
L'autrice joue avec les nerfs du lecteur, qui a du mal à faire la part des choses entre la réalité et la fiction. On ressort de cette lecture comme en descendant des montagnes russes à la fête foraine,
après avoir été ballotté et secoué dans tous les sens, mais regrettant que cela soit déjà fini.
Un premier roman très abouti à tous les points de vue, et chapeau bas à
Jacques Mailhos pour la traduction remarquable !