AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,34

sur 115 notes
D'une voix qu'on imagine monocorde, avec la précision répétitive et obstinée d'un autiste du type de Rain Man, Octave raconte sa vie. Enfin, si on peut appeler cela une vie : depuis vingt ans, il partage la superbe maison héritée des parents et baptisée « Notre château » avec sa soeur Véra, selon un rythme immuable : tous les jeudis, il se rend à la librairie pour acheter la liste que sa soeur désire « ardemment » lire. Car les livres occupent – au sens physique et intellectuel du terme – une place énorme dans leur vie. « Notre bibliothèque » est le lieu vital de la maison. Train-train, silence, la vie s'écoule comme un fleuve d'ennui.
Et pourtant... Octave est sûr, absolument sûr, qu'il a vu sa soeur dans l'autobus n°39, ce jeudi matin, elle qui ne sort jamais. Elle soutient le contraire. Qui ment ? Qui se trompe ? Et si la réalité pouvait être discutable, discutée ? Si les événements pouvaient se tordre jusqu'à l'absurde, jusqu'au vertige de la raison ? D'autant que des phénomènes étranges commencent à se produire dans la maison trop bien réglée de ce couple frère-soeur.
Le style de l'auteur reproduit le schéma mental des personnages, entre sursauts indignés et litanie murmurée des phrases, à l'infini, en un vertige hypnotique auquel on ne résiste plus malgré l'effort pour s'y soustraire. L'angoisse sourd progressivement des pages (la référence à « Shining » est bien vue) et on s'attend au pire. La «maison est le troisième personnage qui, actif et muet, prend part à la vie du couple pour le protéger. le pire s'est produit, le pire peut encore se produire. Un livre dérangeant, glaçant, dont on se souvient.

Moi, je regarde avec méfiance mes fenêtres à guillotine...en écoutant le trio pour piano et cordes de Schubert, le portrait de la « Jeune fille en buste » d'Hippolyte Flandrin sur mon écran...
Commenter  J’apprécie          30
Un premier roman qui joue avec les codes du roman gothique, qui les revendique mais qui s'en détourne tout à la fois.
Un couple avec deux enfants hérite d'une belle et grande maison. Seulement une clause du testament leur intime l'ordre de ne jamais y vivre. Après un accident de voiture qui coûte la vie aux deux parents, les enfants vont faire de cette demeure « [leur] château », se créant un monde où seule leur existence dans cette maison compte.
Ils ne sortent quasiment pas, transformant le château en refuge (ou en prison?) : Véra ne franchit jamais le seuil de la maison et Octave seulement une fois par semaine, le jeudi, pour acheter des livres.
Un jour, un jeudi, leur monde va s'écrouler : Octave aperçoit Véra dans un bus au centre-ville alors qu'elle ne sort jamais et qu'elle exècre les transports en commun. Un fois rentré à la maison, il confrontera sa soeur qui niera les faits. Au doute installé, se succédera la méfiance et l'effritement de leur relation.
Ce roman atypique trouble le lecteur. Entre fascination et étrangeté, entre réalisme et folie, les faux-semblants se succèdent et l'auteur se joue de nous.
Lecteurs curieux et aventureux, laissez-vous tenter par ce roman hors normes !
Lien : http://www.babelio.com/livre..
Commenter  J’apprécie          90
Ouaaaouhhhh !!!!! Page 141… Je viens de terminer le premier roman d'Emmanuel Régniez "Notre Château" et j'en reste coite, bouche bée, interdite, éberluée, déglinguée.
Et pour la première fois, je ne sais pas… je ne sais pas si je dois crier à l'imposture, si je dois hurler au génie, si je dois tout relire avant d'écrire. Et bien, j'ai relu et… je ne sais toujours pas.
Cette histoire d'Octave et Véra, frère et soeur, qui vivent dans une demeure héritée à la mort de leurs parents dans un accident de voiture il y a 20 ans, semble banale. Oui, mais, ils vivent comme deux amants et dorment ensemble. Oui, mais la demeure est un château, enfin, c'est comme ça qu'il l'appelle. Oui, mais, ils vivent reclus, sans visites, sans sorties, si ce n'est celle hebdomadaire d'Octave pour se rendre à la librairie. Oui, mais, un jour il voit sa soeur dans un bus. Oui, mais, sa soeur ne prend jamais le bus, sa soeur ne sort jamais du château… Banale, cette histoire ?
Et puis il y a l'écriture. Des mots répétés à l'envi, triturés, emmêlés, des mots qui reviennent, s'agglutinent, des mots tels un mantra qui m'ont entraînée dans une course effrénée, un désir d'en sortir, une crainte, une peur indicibles. le texte de ce récit est tout à la fois, envoûtant, dérangeant, troublant. Fantômes, fantasmes, rêve ou réalité, sagesse, folie ? Je l'ai lu deux fois et je ne sais toujours pas. N'oserais-je avouer que j'ai pu aimer une histoire qui fait mal ? Je ne sais pas.
Je sais juste une chose. Je rêve de rencontrer un jour l'auteur pour lui dire, lui demander, l'interroger…
Commenter  J’apprécie          40
Octave et Véra vivent reclus dans leur maison familiale depuis le décès de leurs parents. Depuis 20 ans, ils mènent cette vie à l'écart du monde « nous ne fréquentons personne, ne parlons à personne et vivons tous les deux, rien que tous les deux dans Notre Château ». Ils dorment ensemble, Octave le narrateur parle d'eux comme un couple. Et puis il y a les souvenirs des parents aimants, des souvenirs heureux.
Tous les jeudis, Octave se rend chez le libraire car le frère et la soeur sont des lecteurs insatiables. Mais ce jeudi à 31 mars à 14h32, il voit Véra « dans le bus n°39 qui va de la Gare à la Cité des 3 Fontaines, en passant par l'Hôtel de ville ». Or Vera ne prend jamais le bus et ne va jamais en ville. Elle lui dit que non, elle n'était pas dans ce bus et lui répond qu'il se trompe. D'ailleurs ce n'est pas ce bus qui dessert la Cité des 3 Fontaines là où ils habitaient avant. Il y a bien longtemps avec leurs parents et avant l'accident mortel.
Et à partir de ce jeudi 31 mars tout se dérègle avec d'autres incidents comme une cigarette trouvée allumée dans un cendrier alors qu'aucun des deux ne fume.

L'auteur crée une atmosphère dérangeante et magnétique. Mais très, très vite les répétitions qui servent à créer cette ambiance m'ont lassée tout comme l'histoire (même si j'ai deviné le fin mot de l'histoire, des questions restent sans réponse). de plus, je n'ai pas spécialement adhéré à l'écriture de l'auteur malgré un beau passage concernant le rapport aux livres.

Après avoir lu un avis élogieux sur ce livre puis un autre, je suis d'autant plus frustrée d'être passée à côté de cette lecture qui visiblement n'était pour moi. Dommage.
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
Commenter  J’apprécie          00
Un château, comme hors du temps, où vivent en autarcie un frère et une soeur, jusqu'à ce que ...
Un très étrange roman dont la répétition de certaines phrases en début de lecture m'a laissé présager le pire, répétition qui s'amenuise par la suite et prend tout son sens.
Une histoire de famille mêlée à du fantastique, une grande dose d'étrangeté, une écriture riche et précise : je recommande ce livre pour ceux qui ont envie d'être désarçonné.
La fin est matière à interprétation et ouvre des portes cachées dans le roman.
A découvrir !
Commenter  J’apprécie          10
C'est quoi ce bouquin ? Impression de malaise après avoir refermé ce livre, non pas due à l'ambiance gothique mais plutôt à cause de la déception, on tombe de haut, on s'attend à beaucoup mieux après avoir lu les critiques de libraires (certes ils le vendent !). L'ouvrage est court, dans un sens tant mieux, bourré de répétitions, tous les clichés du genre gothique y passent, c'est trop, pas subtil, genre gros sabots, 15 euros regrettés. Et ce bus que l'on retrouve une page sur deux, il arrive quand ?
Commenter  J’apprécie          440
Un texte envoûtant, oui, c'est ça, envoûtant… Déjà la couverture n'est pas spécialement rassurante. Ou alors, j'y projette ma lecture, oui, c'est fort possible…
Un frère et une soeur vivent coupés du monde, depuis vingt ans, dans une ancienne demeure dont ils ont hérité à la mort de leurs parents et qu'ils ont baptisée « Notre château ». Ils y ont toujours vécu, en sortent très rarement et n'ont jamais de visites : seul Octave, tous les jeudis, se rend en ville pour acheter des livres. Véra lui prépare la veille une liste d'oeuvres qu'elle désire « ardemment lire ». Véra ne peut pas ou ne sait pas attendre. Octave les trouve toujours et les lui rapporte sans faute. Il faut dire qu'ils ont l'un et l'autre un goût prononcé pour la lecture : « Ma soeur et moi sommes hantés par les livres. Si nous avons décidé de nous retirer du monde, c'est pour lire, uniquement lire. Nous passons nos journées à cela, à lire et encore lire. » Cela explique peut-être pourquoi Véra ne sort pas…
Or, ce jeudi 31 mars à 14h32, Octave voit sa soeur dans le bus n°39. Or, il le sait, c'est impossible : Véra ne sort jamais et même si elle sortait, elle ne prendrait jamais le bus. Absolument impossible. Il lui en parle le soir et cela la fâche. Evidemment que ce n'était pas elle, comment a-t-il pu imaginer cela ? Et pourtant, il n'a pas pu se tromper. Aurait-elle menti ? Quelque chose est-il en train de se fissurer entre eux ? Pour Octave, c'est inconcevable. Alors ? Devient-il fou ? A-t-il rêvé ?
Je n'en dirai pas plus… mais vous allez être plongé dans une atmosphère pesante, angoissante, vous ne pourrez quitter la maison à votre tour, prisonnier de cette écriture répétitive et obsédante, attendant, dans le silence de chacune des pièces de cette vaste demeure, que quelque chose survienne, parce que l'on sent que c'est imminent… Et l'on n'est pas déçu !
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman d'Emmanuel Régnier qui a pu me faire penser à l'atmosphère étouffante de certains textes de Henry James. Les superbes photos du peintre anglais Thomas Eakins que l'on découvre à la fin du roman finissent de nous plonger dans l'ambiance étrange du roman. Vous ne serez pas près de l'oublier…

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          60
Octave et Véra sont les occupants de « Notre château ». Leur père a hérité de cette vaste demeure dans laquelle il n'avait pas le droit d'y habiter. Octave et Véra y habitent depuis vingt-ans, depuis la mort des parents dans un terrible accident de voiture. Là, sans jamais sortir, ils passent leur journées à lire, ont un relation frère-soeur plutôt singulière, et personne, jamais personne ne vient sonner à leur porte.
Il y a du délire dans ces lignes, mais un doux délire, de ceux que l'on a lorsque l'on laisse vagabonder nos pensées, et qu'elles nous entrainent au loin, dans les souvenirs, dans la folie de nos rêves d'enfant. Il y a de l'obsession, celle de savoir ce qu'il a bien pu se passer pour que Véra, qui ne prend jamais le bus, soit ce jeudi 31 mars dans le bus 39. Et en même temps, ce livre m'a fait instantanément penser au film « les autres » avec Nicole Kidman, par son côté irréel et mystérieux. Impression fortement appuyée par les photos insérées en fin du roman, et dans lesquelles on projette les personnages.
Quel livre étrange. Au premier abord, je n'ai pas du tout accroché, exaspérée par les multiples répétitions. Puis j'ai décidé d'abandonner mes repères, ma logique et je suis rentrée peu à peu dans l'apparente folie douce d'Octave, le narrateur, dans sa relation avec sa soeur Véra, et surtout, surtout, avec les livres dans leur belle, très belle maison, dans leur château. Car bien évidement, c'est un rêve ce roman, puisque dans « Notre château » la vie tourne autour des livres. Et un lecteur compulsif s'y retrouve forcément un peu, dans ces fauteuils moelleux à souhait pour y passer des heures à lire, dans ces bibliothèques, avec ce libraire qui possède toujours les livres que l'on souhaite ardemment lire.
Comme j'ai lu « Notre château » dans le cadre des 68 premiers romans, je me suis refusée à lire la quatrième de couverture avant de l'avoir fini, pour avoir une surprise complète, sinon je n'aurai pas tenté l'aventure. Et cela aurait été dommage, même si je pense qu'il peut surprendre et ne pas séduire tous ses lecteurs.

Lien : https://domiclire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          80
"De quoi a-t-on le plus peur ? de ses fantômes ou de ses fantasmes ?"

Le gothique n'a aucun secret pour Emmanuel Régniez. Après L'ABC du gothique, mystérieux recueil de fiches paru aux éditions le Quartanier, Emmanuel Régniez nous offre son premier roman, Notre château. Avec ce court texte agrémenté de photographies anciennes, l'auteur sublime un genre qu'il connaît sur le bout des doigts et nous entraîne dans une rêverie étrange et sanglante...



L'angoisse du personnage devient celle du lecteur.

Octave et Véra sont frère et soeur. Depuis la mort de leurs parents, il y a vingt ans, ils vivent reclus dans une magnifique maison, qu'ils appellent leur « château ». La seule sortie a lieu le jeudi, jour où notre héros va dévaliser le libraire pour apporter à sa soeur tout ce qu'elle souhaite « ardemment » - le mot est important – lire. le 31 mars à 14 h 32, le monde d'Octave bascule. Il aperçoit Véra dans un bus. Elle ne sort pourtant jamais et elle abhorre les transports en commun. La tranquillité du « couple » est brisée et Octave commence à avoir des visions. le cauchemar, aussi bien pour le lecteur que pour les personnages, ne fait que commencer.

Comme dans tout bon roman gothique, le lieu est un personnage à part entière de l'histoire. le château est un véritable cocon où nos héros passent leurs journées à lire et à rêver. La bibliothèque, immense, regorge de trésors de lectures. Octave y flâne et se souvient avec bonheur de ses jeux d'enfance. On se perd avec lui dans ses rêveries et l'on croit être dans un conte... Mais un conte cruel alors, car la noirceur n'est jamais loin. Leurs parents sont morts dans un dramatique accident de voiture. Octave sait que Véra et lui ne sont pas « normaux » et que les gens parlent dans leur dos. Puis, d'étranges événements surviennent au château. Chaque objet ou geste du quotidien devient un motif d'angoisse. Dans la magnifique bibliothèque, un cendrier apparaît. Une cigarette se consume, et pourtant, Octave a cessé de fumer depuis des années. Pire encore, pourquoi se met-il à faire du café alors que personne n'en boit ? Et surtout, Véra ment-elle lorsqu'elle nie avoir pris le bus ? La bulle d'Octave et Véra se fissure, leur relation devient trouble... Bientôt, Octave compare sa maison chérie à un « cercueil ». Comme Octave, nous voyons un drame se profiler, sans arriver à savoir quand et comment il va survenir. Enfin, est-ce que notre héros devient fou ? Ou est-ce cette maison qui le possède ?



Une langue ciselée et poétique

En plus de maîtriser parfaitement les codes du genre, l'écriture d'Emmanuel Régniez est précise et poétique. Utilisant de petites phrases courtes qu'il aime à répéter, l'auteur crée une petite musique, un refrain, qui ajoute de l'étrangeté à son récit. Souvent, sa langue révèle, comme lorsqu'Octave scande « Il y a un autre monde où nos parents ne sont pas morts. Il y a un autre monde où je suis mort. Il y a un autre monde où je fume encore... » L'insistance montre que tout ça devient trop lourd à porter pour notre héros, qui pourtant, ne l'avoue jamais.

Il y a des passages sanglants dans Notre château. Encore une fois, tout est dans la maîtrise : la violence est crue, mais jamais écoeurante. L'image des rideaux qui saignent est belle, et dérangeante.

Chaque terme est extrêmement bien choisi et l'effet n'en est que plus saisissant. Lorsque le retournement final survient, on se laisse complètement avoir. L'horreur s'abat comme un couperet, et même si elle était annoncée, nous n'avons rien deviné... Preuve que le roman est réussi ! le lecteur frissonne jusqu'au bout : les trois petites phrases de la dernière page sont glaçantes.

Histoire de prolonger le cauchemar, le roman est accompagné d'un « générique de fin » composé de reproductions de photographies de Thomas Eakins, un peintre anglais du XIXe. Des mots, des images, il ne manquait que la musique pour que l'immersion soit totale. Ça tombe bien, une lecture musicale est organisée à la Maison de la Poésie, à Paris, le 31 mars 2016. Si vous avez le malheur de la louper, l'ouvrage, au début et à la fin, comporte deux extraits de partitions. Bravo à ceux et celles qui auront le courage de jouer ces quelques notes !
Lien : http://www.actusf.com/spip/N..
Commenter  J’apprécie          10
Je n'ai pas aimé ce livre, trop de répétitions, écriture lourde et ampoulée, puzzle constitué de pièces empruntées à de célèbres ouvrages du genre gothique, clins d'oeil pour qui voudrait être gentil. Je me suis ennuyé.
Commenter  J’apprécie          470




Lecteurs (191) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3686 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}