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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Addictif !!! Depuis l'Empathie, Antoine Renand fait partie des auteurs qu'il me tarde à lire quand un nouveau roman est de sortie.
Ici, il réitère avec brio pour nous offrir une histoire génialement construite !
Ambre Deloyve a 17 ans lorsqu'elle fugue de chez elle avec son petit ami pour aller passer quelques jours chez Baptiste, un homme charmant qu'elle a rencontré sur internet. Arrivée chez lui, le sentiment de liberté fait place au malaise puis se mue en angoisse...
Parallèlement, on suit l'histoire d'Arthur Penel, 40 ans, réalisateur de cinéma dans le creux de la vague, son couple bat de l'aile et les finances sont en chute libre. Pour palier, il n'a d'autre choix d'accepter un boulot de modérateur d'images violentes pour une société sous traitante d'un célèbre réseau social.
Descente aux enfers pour Ambre comme pour Arthur qui trouvera son apogée dans leur point de rencontre. La violence sous toutes ses formes, suggérée habilement avec des images choisies donne à ce roman un huis clos étouffant, haletant, addictif à souhait. le tout servit par une écriture fluide qui fait tourner les pages les une après les autres !
Si je ne travaillais pas je pense que je l'aurais en 1 journée, il m'en a fallu 2 c'est dire à quel point ce nouveau roman de Renand est génial !
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Un thriller dingue et qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout. Les personnages semblent tellement réels et justes que plusieurs fois j'ai eu très peur pour Ambre ! J'ai beaucoup aimé le style et l'écriture. Loin de mes lectures habituelles…J'ai trouvé la fin un tout petit peu longue en comparaison aux nombreux rebondissements des chapitres. Mais c'est évident que je vais lire ses autres livres !
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D'Ambre, une jeune fille qui fugue avec son copain chez son confident rencontré sur les réseaux sociaux, à Arthur qui devient modérateur pour un grand réseau social, en passant par Baptiste, l'auteur nous transporte d'une problématique à l'autre.

La toile de l'histoire se tisse entre ces 3 personnages principaux, qui se révéleront dans leur complexité. L'auteur prend le temps de développer la psychologie de ces derniers, de leur donner une tangibilité qui permet de fonder une assise solide pour laisser la possibilité au lecteur de s'identifier à eux.

Il livre ici une histoire sombre, dont l'intérêt se poursuit dans son choix de prendre un ancrage dans le réel. Car à travers ses personnages Antoine Renand met en lumière des questions de société. Poussés à l'extrême par le style, ce sont les réseaux sociaux, leur violence et leurs conséquences qui sont mis en lumière.

J'ai trouvé la partie sur le travail de modérateur des réseaux sociaux intéressante. On y découvre ces hommes et ces femmes confrontés à longueur de journée au visionnage de vidéos, qui dans la grande majorité des cas sont d'une extrême violence. Des conditions de travail, aux conséquences psychologiques en passant par le burn out ou le sentiment d'impuissance, Antoine Renand n'oublie rien.

Un scénario qui pourrait être adapté en film ou série, marqué par des chapitres courts et des rebondissements inattendus. Composé à la fois de noirceur et de positif, le lecteur est tenu en haleine pendant 568 pages !
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Les romans d'Antoine Renand sont de ceux qu'on ne lâche plus une fois ouverts, avec des chapitres courts et des rebondissements.
Deux histoires parallèles finiront par se rencontrer, chacune est captivante.
Beaucoup de violence pourtant, tant physique que psychologique, mais cela fait partie de l'histoire.
Âmes sensibles, amis des animaux, s'abstenir.
Un très bon moment de lecture malgré quelques longueurs.
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Je ne vous cache plus mon enthousiasme à lire Antoine Renand qui s'impose aujourd'hui comme une évidence dans le paysage du thriller français !

Dans s'adapter ou mourir, il explore la face cachée des modérateurs de contenus des réseaux sociaux. Et je peux vous dire que ça fait froid dans le dos. Imaginez vous, 8h d'affilée devant un écran d'ordinateur à regarder des vidéos les unes plus violentes que les autres. le trash n'est que suggéré entre ces pages mais l'imagination fait le reste, rendant la lecture sombre et anxiogène.

Le mal prend bien des formes, mais la Toile reste souvent épargnée et pourtant ! A l'époque des écrans en tout genre, de l'essor de l'image, de la violence visuelle qu'on nous envoie chaque jour et à chaque heure de la journée, ce contenu a une source …
C'est cette violence 2.0 qu'Antoine Renand décide d'aborder ici et je peux vous dire que le sujet a été fouillé, creusé et que le lecteur n'en ressort pas épargné.



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Ambre,17 ans, ne supporte plus sa mère et fugue avec son compagnon. Ils sont invités à faire halte chez Baptiste avec qui Ambre a longuement discute en ligne. Mais Baptiste est en réalité un psychopathe qui a prévu d'emprisonner Ambre pour en faire son esclave.Arthur, 40 ans, sans ressources après deux films ignorés et une récente séparation, accepte un travail de modérateur au sein d'un réseau social. Il doit regarder, effacer et signaler – sans que cela donne lieu à une suite – des vidéos d'une terrible violence. Ce mitraillage d'horreurs éveillera Arthur à sa propre noirceur et c'est en exerçant, avec ses trois amis, la violence envers les violents qu'il reprend goût à la vie
Avec un courage inouï pour son jeune âge, Ambre endure les viols et l'asservissement quotidien sans jamais y consentir, Et c'est dans l'amour qu'elle puise, au fil des ans, la force de tenir bon et l'inaltérable détermination à fuir

Ambre est l'image inversée d'Arthur. Tandis qu'elle veut fuir l'obscurité pour enfin vivre, Arthur ne se sent vivre qu'en elle. Tandis qu' Ambre préserve sa douceur, sa droiture et sa capacité à aimer au coeur même de l'esclavage monstrueux qu'elle subit, Arthur, par sa fonction, découvre sa propre violence qu'il choisit contre l'amour, et pour la jouissance.
Ce livre reformule une question fondamentale: comment lutter contre la violence qui s'affiche partout comme une fierté? Faut-il la combattre en rajoutant la sienne à celle qui déjà règne? La refuser en dressant un mur de non-violence face à elle? Y a–t-il une autre voie?
Un roman qui prête à discussions, bien écrit et bien construit, psychologiquement parfait.
Lien : https://trancheslivres.wordp..
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Une fois de plus un excellent thriller d'Antoine Renand ! Je n'ai cependant pas été "embarquée" comme les deux précédents chefs d'oeuvre de ce nouvel auteur. Il m'a manqué un petit quelque chose que je ne saurais nommer... Peut-être est ce le thème de la séquestration ? Vu et revu plusieurs fois par d'autres auteurs? J'ai trouvé cet opus plus lent, moins addictif que les précédents. Moins original également...
Par contre, les personnages sont toujours aussi attachants.
C'est avec un grand regret que je ne mettrai pas 5 étoiles "coup de coeur" pour celui-ci...
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Je pense qu'il n'y a plus grand monde à voir les réseaux sociaux comme un espace de liberté totale. Mais sait-on vraiment ce qui se cache derrière la modération de leurs contenus ?

Antoine Renand plonge dans l'arrière-boutique, pas du côté des algorithmes qui font le boulot, mais où l'Homme intervient encore. Sujet original pour un thriller à deux temps.

Son récit débute par une énième affaire de séquestration. Je dois dire que j'ai eu un peu peur de me retrouver devant un sujet lu et relu. Y aurait-il tromperie sur la marchandise à lire le résumé ?

Pas du tout ! Au fil des pages, et surtout dans sa deuxième partie, les virages pris par cette histoire s'avèrent inattendus et culottés. Une intrigue profonde, touchante, déstabilisante, amorale et morale. Et bel et bien surprenante.

Premier constat, et un premier bon point me concernant : c'est un pavé de 567 pages. Preuve que l'écrivain a décidé d'approfondir son récit, loin de cette mode des thrillers français qui doivent entrer au chausse-pied dans 300 ou 350 pages. Et à la différence de certains romans qui ne vont pas toujours au bout de leurs idées, contraints par leur format, Renand assume ses idées et les pousse loin. Servitude contre liberté.

Ce qui frappe, tout au long de la seconde de partie, c'est que l'auteur ose ! Ose ne pas prendre un chemin tout tracé, ose malmener ses personnages sans que le lecteur ne puisse imaginer comment, ose l'émotion à la fin d'un thriller en complément de la surprise (liste non exhaustive). Bref, il utilise les codes du genre tout en les brisant quand ça l'arrange.

C'est l'une des immenses qualités de cette lecture, qui sait s'éloigner de l'uniformisation à marche forcée. Et pourtant, cela reste un vrai thriller qui plaira aux amateurs du genre.

La plus-value du roman tient dans ce sujet des modérateurs de réseaux sociaux. Ces femmes et ces hommes qui, tout au long de leurs journées, visionnent des vidéos toutes plus horribles les unes que les autres. Pour décider si elles répondent à la charte du réseau social.

Nous sommes peu à imaginer ce job et ce qu'il se passe en coulisse. Fermez les yeux et faites preuve d'empathie, imprégnez-vous de ce qu'endurent ces personnes payées au lance-pierre pour s'en prendre plein la tête, à coups de ce que notre monde peut engendrer de plus abject.

L'auteur fait preuve d'un sacré talent scénaristique, mis en scène grâce à une écriture efficace et convaincante. le tout en sachant prendre des risques. Jusqu'à une fin qui pourra surprendre, et que je trouve personnellement parfaite.

S'adapter ou mourir est une règle à suivre depuis la nuit des temps. Elle prend encore une autre signification à l'ère de la communication à outrance.

Antoine Renand a une capacité très cinématographique à raconter une intrigue. Ce thriller est une formidable réussite, dérangeante et étonnante, questionnant la morale tout en divertissant. Pour moi, son meilleur livre à ce jour, ce qui n'est pas peu dire.
Lien : https://gruznamur.com/2021/1..
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Il y a des choses que je ne m'explique pas. Lors de leur sortie respective, j'ai eu très envie de lire les deux précédents romans d'Antoine Renand ( L'Empathie, Fermer les yeux ), attirée par les excellents retours, quasi unanimes, sur Babelio ... mais je ne l'ai bizarrement pas fait. Je me rattrape donc avec le troisième.

J'ai adoré toute la première partie. L'auteur prend le temps de poser son récit en l'ancrant au plus près de ses personnages, avec un soin extrême apporté à la véracité psychologique de chacun, avec une empathie qui déteint immédiatement sur le lecteur. Dès les premières pages, une réelle émotion traverse les pages et se diffuse. On est avec Ambre, jeune fille de 17 ans, en conflit avec sa mère, qui fugue avec son petit-ami et fait escale chez un homme qu'elle n'a jamais rencontré mais avec lequel elle discute virtuellement depuis des mois en se confiant à lui. On est avec Arthur, quadragénaire mal en point après un mariage effondré, réalisateur de cinéma sans succès, contraint à prendre un job alimentaire.

Le procédé consistant à alterner les deux arcs narratifs est courant en littérature, mais là, il prend toute son ampleur car on cherche vraiment à comprendre comment le cauchemar vécu par Ambre va se télescoper avec la descente aux enfers d'Arthur devenu modérateur de contenu pour un réseau social ressemblant sacrément à Facebook. C'est suffoquant de découvrir les conséquences terribles de la fugue d'Ambre, désormais cernée par une violence quotidienne vécue dans sa chair, de laquelle elle ne peut s'échapper, alors qu'Arthur, lui, assiste impuissant en tant qu'éboueur du web à la pire violence du monde, de décapitations perpétrées par Daesh à des viols d'enfants, avec forcément des répercussions de type post-traumatiques en train de se mettre en place.

Antoine Renand a sans doute vu le reportage de Cash Investigation «  dans la peau d'un modérateur Facebook », diffusé en 2019. Et c'est une excellente idée que d'en avoir fait le coeur de son roman, le point de collision irréversible. le métier de modérateur de contenu est décrit quasi sociologiquement, avec un humour froid et décapant soulignant le cynisme des géants des réseaux sociaux qui passe par des sous-traitants pour recruter les personnes chargés de faire le ménage sur leur plate-forme, leur hypocrisie aussi dans la gestion des images violentes qui leur parviennent après avoir été signalées.

L'ultra violence de la société 2.0 est au coeur du roman, qu'elle soit cachée, affichée, virtuelle ou réelle. Si on peut supprimer une vidéo violente, on ne peut supprimer la violence des hommes. Au mitan du roman, la mécanique se met en branle pour faire se percuter très habilement l'histoire d'Ambre et celle d'Arthur. Tous les petits indices, informations, personnages secondaires, concourent à nourrir une intrigue millimétrée.

L'impact de l'exposition continue à la violence explose. On ne peut être exposé à une violence dégueulasse sans que des images épouvantables ne s'incrustent dans votre cerveau, ne vous détruisent psychologiquement jusqu'à vous entraîner dans des actions dangereuses que vous n'étiez pas destinés à accomplir. le rythme s'accélère dans l'action pure et dure, tient en haleine, éclairant le titre-précepte ( excellemment choisi ), même si pour ma part, c'est clairement toute la partie initiale d'exposition qui m'a le plus happée, la deuxième est plus classique dans son déroulé bien que s'engouffrant sur des chemins inattendus.

Un thriller parfaitement maitrisé, sombre, très sombre mais profondément incarné par des personnages forts devant prendre des décisions radicales s'ils veulent survivre physiquement ou psychiquement, quitte à basculer dans une vengeance politiquement incorrecte mais légitime.

PS : l'année dernière, dans le cadre d'une affaire judiciaire alléguant que l'entreprise n'avait pas correctement évalué les risques d'une exposition constante à des contenus violents pour la santé mentale, Facebook a annoncé qu'il allait dégager la somme de 52 millions de dollars afin d'indemniser les plus de 10.000 modérateurs oeuvrant sur sa plateforme.
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Le troisième roman d'Antoine Renand « S'adapter ou mourir » met la lumière sur la violence de notre société. Violence affichée ou cachée, elle est présente à chaque instant, sous différentes formes, en différents lieux. « S'adapter » à cette nouvelle société 2.0 et à l'émergence d'un nouveau métier : modérateurs de contenu appelés plus généralement « les éboueurs du web ». Leur mission est d'effacer tout contenu haineux, illicite ou même criminel des réseaux sociaux. Chez Lifebook, « L'une des facettes les plus importantes de votre métier de modérateur sera de cerner l'INTENTION de l'utilisateur ! Que se cache-t-il derrière son message ? Quel est le contexte ? Est-ce du premier degré ou bien est-ce ironique ? Déterminer cela, juger de cela est ce que nous attendons de vous. » Arthur, nouvelle recrue en pleine séparation, professionnellement au plus bas va devoir s'adapter, accepter de voir défiler devant ses yeux, les immondices postées sur les réseaux à longueur de journée. « Mourir » et survivre face à un pervers qui a profité de l'innocence d'une gamine lui ayant accordé toute sa confiance lors de confidences faites sur MSN. Ambre 17 ans, ne s'entend plus avec sa mère. Elle décide de fuir avec son petit ami Adrien. Une halte est prévue dans la Drôme pour enfin rencontrer son confident Baptiste, in real life. Cette escale ne va pas se passer comme prévu et va plonger Ambre dans un cauchemar qu'elle n'aurait pas pu imaginer. Deux êtres en souffrance, que tout oppose. Deux lieux, deux histoires personnelles comportant chacune leur part de nuit.

Comme pour ses deux précédents romans, c'est un vrai plaisir de se plonger dans un roman d'Antoine Renand. Les chapitres s'enchaînent bien grâce à une alternance millimétrée, deux thématiques principales au coeur de nos préoccupations quotidiennes. D'une part, ce questionnement : comment prémunir nos adolescents en pleine rébellion (c'est presque un pléonasme) de sympathiser, puis se confier à des inconnus rencontrés sur internet. « Dans ces échanges virtuels prolongés se mêlent les sensations paradoxales d'une distance géographique qui sécurise et d'une très grande proximité dans la discussion. On est chez soi, protégé, sans le poids d'un regard posé sur soi. de plus, on idéalise l'autre. Et l'on en vient très vite à raconter des choses que l'on n'aurait pas dites en tête à tête à un ami. » D'autre part, qui régit en sous-marin les publications que nous ne voyons pas défiler et comment est décidé le fait de garder ou d'effacer ?

Vous prendrez connaissance du cauchemar dans lequel est plongé Ambre, je vous laisse le découvrir. Je mettrais davantage l'accent sur cette « formation » donnée à Arthur, le narrateur, lorsqu'il débarque chez Lifebook. Comment faire la différence entre une opinion politique qui peut et doit pouvoir être exprimée et une opinion personnelle, un jugement de valeur qui doit être supprimé ? Avouons que la frontière est mince. Les exemples donnés dans le texte vous donneront quelques noeuds au cerveau penchant souvent vers « le réseau social a l'indignation sélective » émise par l'un des protagonistes. « Mais la question à vous poser est justement : s'agit-il d'une opinion politique ? Si oui, l'utilisateur a tout à fait le droit de la formuler, que vous la partagiez ou non. » Antoine Renand explore ici les arcanes d'un sujet passionnant dont les frontières sont souvent invisibles à l'oeil nu. (Peut-être parce qu'elles n'existent pas vraiment ?) On entendra souvent le fameux « vous raisonnez mal » comme s'il y avait une « bonne » ou une « mauvaise » façon de raisonner face à des images choquantes, qu'elles se cachent ou non derrière une pseudo-liberté de penser. Tous les domaines sont dans le collimateur du modérateur : politique, arts, culture sous toutes ses formes. « La nudité est interdite », qu'elle soit issue d'un tableau, d'une photo personnelle ou d'une vidéo mise en ligne par un pédophile : un seul traitement, on supprime. Mais on lira aussi, effaré que « Si la pornographie est interdite sur le réseau social, la simulation d'actes sexuels sans nudité est généralement autorisée. » Il y a de quoi s'interroger sur les consignes données à ces éboueurs auxquels il est demandé de laisser leur libre arbitre et leurs indignations au vestiaire. Intéressant aussi la façon dont l'auteur décortique l'influence de ces images sur l'évolution de son narrateur. « Mon seuil de tolérance avait augmenté mais je n'étais pas moins sensible… J'étais au contraire, à bien des moments et plus que je ne l'avais jamais été dans ma vie, hyper-sensible. », l'opinion générale d'autres collaborateurs « Ce qu'on fait ici ne sert à rien, ça ne change rien à ce monde dégueulasse. », les réactions des formateurs, sortes de Kapo sans émotion et sans réflexion qui se contentent d'appliquer les règles « Vous aimez pas ce boulot ? Vous aviez qu'à mieux travailler à l'école, bande de ratés ! ». Plus intéressant encore, ceux qui ont encore un peu d'esprit critique, finissent pas se demander ce qui se passe dans les coulisses lorsqu'un contenu n'est pas seulement effacé mais signalé. Ce qu'ils découvrent va amener une succession de réactions en chaîne que l'auteur a le plaisir de vous offrir. (c'est cadeau!)

J'ai pris énormément de plaisir à lire la première moitié du roman (je vous passe le récapitulatif des échanges familiaux au dîner) parce qu'Antoine Renand a su me captiver avec des personnages forts, des thématiques stimulantes qui ouvrent les débats. « J'efface. Et tout va bien dans le meilleur des mondes. » Sauf que… évidemment, rien ne va. Effacer ne veut pas dire totalement disparaître, surtout lorsque le modérateur a vu les vidéos et qu'elles sont collées sur sa rétine. Je me suis demandé comment il allait s'y prendre pour terminer son roman. J'ai compris la direction prise et dans quel but elle a été prise. Certaines scènes de cette seconde partie sont jubilatoires et auraient pu déborder dans le glauque sanglant. Sauf que… Antoine Renand a une façon bien particulière d'aborder les descriptions violentes et je lui en sais gré de ne pas en rajouter des couches et des couches jusque'à l'écoeurement. J'avoue avoir été un peu frustrée dans cette seconde partie. J'ai imaginé un peu naïvement peut-être qu'il allait s'en prendre plus directement à ceux qui gèrent ces réseaux. Or, il a choisi un autre angle d'attaque et c'est son droit le plus strict. Après réflexion, il me semble que son intention était plutôt de mettre l'accent sur cette violence omniprésente et immonde et de démontrer que chacun peut entreprendre quelque chose, à son niveau, pour en venir à bout. La violence des contenus engendre la violence des hommes, comme une conséquence logique et perpétuelle, qu'elle soit politiquement correcte ou pas.

« S'adapter ou mourir » est un polar d'excellente facture, véritable page-turner dont on ne se lasse pas un seul instant. le lecteur attend avec grande impatience le moment où les deux histoires s'entremêlent et la façon dont cet événement est raconté donne la chair de poule. J'ai aimé la façon dont l'écrivain a lentement posé ses jalons pour rassembler les deux et le choix narratif qu'il a adopté pour le faire. L'attachement aux deux protagonistes principaux est immédiat, l'émotion face à ce qu'ils vivent instantanée, et l'empathie réelle. Énorme plaisir de lecture vous l'aurez compris. Je ne peux que vous le recommander chaudement.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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