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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a des choses que je ne m'explique pas. Lors de leur sortie respective, j'ai eu très envie de lire les deux précédents romans d'Antoine Renand ( L'Empathie, Fermer les yeux ), attirée par les excellents retours, quasi unanimes, sur Babelio ... mais je ne l'ai bizarrement pas fait. Je me rattrape donc avec le troisième.

J'ai adoré toute la première partie. L'auteur prend le temps de poser son récit en l'ancrant au plus près de ses personnages, avec un soin extrême apporté à la véracité psychologique de chacun, avec une empathie qui déteint immédiatement sur le lecteur. Dès les premières pages, une réelle émotion traverse les pages et se diffuse. On est avec Ambre, jeune fille de 17 ans, en conflit avec sa mère, qui fugue avec son petit-ami et fait escale chez un homme qu'elle n'a jamais rencontré mais avec lequel elle discute virtuellement depuis des mois en se confiant à lui. On est avec Arthur, quadragénaire mal en point après un mariage effondré, réalisateur de cinéma sans succès, contraint à prendre un job alimentaire.

Le procédé consistant à alterner les deux arcs narratifs est courant en littérature, mais là, il prend toute son ampleur car on cherche vraiment à comprendre comment le cauchemar vécu par Ambre va se télescoper avec la descente aux enfers d'Arthur devenu modérateur de contenu pour un réseau social ressemblant sacrément à Facebook. C'est suffoquant de découvrir les conséquences terribles de la fugue d'Ambre, désormais cernée par une violence quotidienne vécue dans sa chair, de laquelle elle ne peut s'échapper, alors qu'Arthur, lui, assiste impuissant en tant qu'éboueur du web à la pire violence du monde, de décapitations perpétrées par Daesh à des viols d'enfants, avec forcément des répercussions de type post-traumatiques en train de se mettre en place.

Antoine Renand a sans doute vu le reportage de Cash Investigation «  dans la peau d'un modérateur Facebook », diffusé en 2019. Et c'est une excellente idée que d'en avoir fait le coeur de son roman, le point de collision irréversible. le métier de modérateur de contenu est décrit quasi sociologiquement, avec un humour froid et décapant soulignant le cynisme des géants des réseaux sociaux qui passe par des sous-traitants pour recruter les personnes chargés de faire le ménage sur leur plate-forme, leur hypocrisie aussi dans la gestion des images violentes qui leur parviennent après avoir été signalées.

L'ultra violence de la société 2.0 est au coeur du roman, qu'elle soit cachée, affichée, virtuelle ou réelle. Si on peut supprimer une vidéo violente, on ne peut supprimer la violence des hommes. Au mitan du roman, la mécanique se met en branle pour faire se percuter très habilement l'histoire d'Ambre et celle d'Arthur. Tous les petits indices, informations, personnages secondaires, concourent à nourrir une intrigue millimétrée.

L'impact de l'exposition continue à la violence explose. On ne peut être exposé à une violence dégueulasse sans que des images épouvantables ne s'incrustent dans votre cerveau, ne vous détruisent psychologiquement jusqu'à vous entraîner dans des actions dangereuses que vous n'étiez pas destinés à accomplir. le rythme s'accélère dans l'action pure et dure, tient en haleine, éclairant le titre-précepte ( excellemment choisi ), même si pour ma part, c'est clairement toute la partie initiale d'exposition qui m'a le plus happée, la deuxième est plus classique dans son déroulé bien que s'engouffrant sur des chemins inattendus.

Un thriller parfaitement maitrisé, sombre, très sombre mais profondément incarné par des personnages forts devant prendre des décisions radicales s'ils veulent survivre physiquement ou psychiquement, quitte à basculer dans une vengeance politiquement incorrecte mais légitime.

PS : l'année dernière, dans le cadre d'une affaire judiciaire alléguant que l'entreprise n'avait pas correctement évalué les risques d'une exposition constante à des contenus violents pour la santé mentale, Facebook a annoncé qu'il allait dégager la somme de 52 millions de dollars afin d'indemniser les plus de 10.000 modérateurs oeuvrant sur sa plateforme.
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A nouveau, comme avec "L'empathie" du même auteur, j'ai du mal à pondre un retour parce que j'éprouve des sentiments assez ambivalents après ma lecture. d'ailleurs je l'ai terminé il y a déjà un certain temps, et j'ai enchaîné plusieurs lectures très différentes depuis, histoire de me défaire de cette ambiance malaisante qui suinte dans le roman.

Deux histoires, l'une qui s'étire sur de longues années de captivité pour la jeune Ambre, et l'autre qui commence plus tard avec Arthur qui traverse une mauvaise passe et se voit forcé d'accepter un boulot alimentaire, modérateur de contenus internet pour un sous-traitant de Lifebook (jumeau littéraire de facebook).

Ambre était une adepte des échanges sur le réseau, elle y passait des heures à discuter avec Baptiste, lui confiant tous ses secrets. Et le jour où elle se prend trop la tête avec sa mère, elle persuade son petit ami Adrien de fuguer avec elle et d'aller se réfugier dans le midi chez Baptiste. Très mal leur en a pris. Parce que si Baptiste sait tout d'elle, en revanche elle ne sait rien de lui.

De son côté, Arthur a réalisé deux films qui n'ont pas trop marché, mauvais timing, pas de chance. En plus, sa femme le trompe, mais c'est elle qui le fout à la porte après 20 ans de vie commune sans nuages, du moins c'est ce qu'il,pensait. le voilà obligé d'accepter ce travail de "modo", qu'un ami de son frère lui a dégotté. J'ai vu un reportage sur la réalité de ce boulot, croyez-moi je ne voudrais pas le faire pour tout l'or du monde. Et ce n'est certainement ce roman qui me fera changer d'avis, parce qu'Antoine Renand n'épargne rien au lecteur, on a droit à la description de toutes les turpitudes que des tordus se plaisent à filmer et diffuser sur le net.

Du côté d'Ambre, séquestrée par Baptiste, ce n'est guère mieux, car lui aussi coche toutes les cases du parfait psychopathe. Cependant, curieusement j'ai éprouvé moins d'empathie pour Ambre, même si son sort est objectivement bien plus terrible. Peut-être ai-je trouvé qu'elle avait une attitude parfois trop ambivalente vis-à-vis de son ravisseur (alors qu'elle se défend à plusieurs reprises d'éprouver le fameux syndrôme de Stockholm)

Bref, cette lecture a finalement été moins malaisante pour moi que "L'empathie", mais elle m'a confortée dans mon aversion pour les dérives induites par certains réseaux sociaux, qui ne font hélas qu'empirer au fil des années. Et ceci a des conséquences de plus en plus néfastes sur les cerveaux malléables de nos ados, dont certains sont totalement sous emprise et reproduisent par exemple ces challenges idiots et dangereux fleurissants sur le web. Et que dire de ces individus qui filment ou se filment torturant des êtres humains ou des animaux ? Et ceux qui regardent avidement, par quoi sont-ils motivés ? leur envie de faire pareil sans en avoir "le courage" ? Que peuvent faire ces malheureux modérateurs obligés d'ingurgiter chaque jour des heures de visionnage d'horreurs, à part cliquer sur "supprimer" ? Acte qui ne supprimera que les images, provisoirement la plupart du temps, mais pas les actes qui sont derrière.

C'est justement la question qui taraude Arthur et quelques-uns de ses compagnons de galère, et qui sans doute vous travaillera aussi, si vous lisez ce livre. Comment enrayer cette terrible exhibition de violence, et ne pas juste mettre la tête dans le sable. Comment sensibiliser les jeunes et les inciter à ne pas cautionner les contenus violents ou potentiellements dangereux ? C'est l'une des tâches que nous nous efforçons de mener, dans les collèges et les lycées. Mais hélas, c'est comme une hydre dont les têtes repoussent sans cesse, et il suffit d'écouter les infos pour constater que nous vivons dans un monde de plus en plus terrifiant. Nous en avons eu un nouvel exemple hier soir, avec l'assassinat de Dominique Bernard, ce prof qui voulait juste protéger ses élèves d'un jeune fanatisé. Et comment se fait la propagation des idéologies radicales auprès des jeunes, et leur recrutement : bien souvent par les réseaux sociaux. Pas toujours, certes, et je ne cherche pas à les diaboliser, mais il faudrait que les états agissent de façon plus efficace pour bloquer la propagation des contenus néfastes, et rechercher leurs auteurs pour les sanctionner. Ce ne sont pas les "modos" comme ceux du roman qui peuvent faire quoi que ce soit, parce que justement, on ne vit pas dans un roman...

Voilà, c'était l'heure de la petite diatribe, désolée je me suis un peu éloignée de la stricte critique du roman, mais j'avais envie (besoin même) d'exprimer mon ressenti au-delà de l'histoire. Merci de m'avoir lu, si vous êtes allés jusqu'ici !
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En ouvrant le petit dernier d'Antoine Renand (hé oui, nous ne sommes pas encore le 12 octobre date de sortie de l'Empathie 2 😉), je devinais que cette histoire allait être prometteuse mais j'étais loin de me douter à quel point celle-ci serait marquante !

Dans ce thriller psychologique que j'ai découvert en version audio, Antoine Renand a rapidement réussi à m'enchaîner à son l'histoire. D'un côté, on découvre une jeune femme séquestrée chez un homme qui l'a accueillie après une fugue et de l'autre, un réalisateur à la dérive qui trouve un boulot de modérateur sur un réseau social.

En lisant le résumé, je m'attendais à beaucoup de choses, mais pas à ce qu'il allait effectivement se passer. Pensant réussir à garder une certaine distance sur les thèmes abordés (notamment celui des contenus visionnés puis supprimés des modérateurs internets que j'avais découvert dans "Les choses que nous avons vues" d'Hanna Bervoets) je me suis lourdement trompée. La version audio s'est révélée être extrêmement immersive de par les descriptions assez précises faites par l'auteur et finalement, j'ai revécu certains passages de l'histoire dans mes cauchemars. J'ai été très surprise car je n'avais pas eu cette impression avec l'empathie alors que pourtant, le sujet avait lui aussi de quoi donner des sueurs froides !

Alors que la première partie du récit était d'une extrême tension qui a eu raison de moi, j'ai moins apprécié la deuxième partie alors qu'il était important que retombe un peu le niveau de pression. J'ai eu une réelle sensation de manque comme s'il s'agissait d'un sevrage forcé... comme quoi la plume de l'auteur peut nous faire devenir maso 😂 Plus sérieusement, même si cette lecture m'a énormément chamboulée et que je suis bonne pour quelques séances de psychothérapie je tiens à féliciter Antoine Renand pour avoir réussi à écrire un récit où notre empathie émotionnelle est à son comble sans que l'on soit capable pour autant de se ressaisir car il est difficile de lâcher l'ouvrage pour reprendre son souffle...
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On a d'un coté Ambre qui correspondait par messagerie sur Internet avec Baptiste. Ils ne se sont jamais vus dans la vie réelle mais il est devenu son confident. Avec son copain Adrien il décide de fuguer et de faire une halte chez Baptiste mais à son contact elle ne rend compte qu'elle ne le connait pas vraiment, c'était surtout elle qui s'était confiée. Finalement faire un arrêt chez lui pour aller ensuite dans le sud n'était pas une bonne idée
D'un autre coté on a Arthur donc la vie personnelle et privée ne sont pas aux beaux fixes. Sa femme le quitte, ses films réalisés ne fonctionnent pas et il lui faut retrouver un logement. On peut dire qu'il passe une sale période. Grace à une connaissance de son frère, il lui trouve un travail : modérateur de contenu. Un métier loin d'être facile avec ce qu'ils peuvent voir
Deux histoires qui vont venir s'entremêler au final.
Ce livre est vraiment terrifiant, on se demande où l'horreur va s'arrêter. Ce qui est encore plus terrifiant c'est que ca se passe comme ça dans la vie réelle actuellement. On film des agressions au lieu d'intervenir…on dirait qu'il n'y a plus de limites.
J'ai lu ces 3 livres et je n'ai jamais été déçue
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Je pense qu'il n'y a plus grand monde à voir les réseaux sociaux comme un espace de liberté totale. Mais sait-on vraiment ce qui se cache derrière la modération de leurs contenus ?

Antoine Renand plonge dans l'arrière-boutique, pas du côté des algorithmes qui font le boulot, mais où l'Homme intervient encore. Sujet original pour un thriller à deux temps.

Son récit débute par une énième affaire de séquestration. Je dois dire que j'ai eu un peu peur de me retrouver devant un sujet lu et relu. Y aurait-il tromperie sur la marchandise à lire le résumé ?

Pas du tout ! Au fil des pages, et surtout dans sa deuxième partie, les virages pris par cette histoire s'avèrent inattendus et culottés. Une intrigue profonde, touchante, déstabilisante, amorale et morale. Et bel et bien surprenante.

Premier constat, et un premier bon point me concernant : c'est un pavé de 567 pages. Preuve que l'écrivain a décidé d'approfondir son récit, loin de cette mode des thrillers français qui doivent entrer au chausse-pied dans 300 ou 350 pages. Et à la différence de certains romans qui ne vont pas toujours au bout de leurs idées, contraints par leur format, Renand assume ses idées et les pousse loin. Servitude contre liberté.

Ce qui frappe, tout au long de la seconde de partie, c'est que l'auteur ose ! Ose ne pas prendre un chemin tout tracé, ose malmener ses personnages sans que le lecteur ne puisse imaginer comment, ose l'émotion à la fin d'un thriller en complément de la surprise (liste non exhaustive). Bref, il utilise les codes du genre tout en les brisant quand ça l'arrange.

C'est l'une des immenses qualités de cette lecture, qui sait s'éloigner de l'uniformisation à marche forcée. Et pourtant, cela reste un vrai thriller qui plaira aux amateurs du genre.

La plus-value du roman tient dans ce sujet des modérateurs de réseaux sociaux. Ces femmes et ces hommes qui, tout au long de leurs journées, visionnent des vidéos toutes plus horribles les unes que les autres. Pour décider si elles répondent à la charte du réseau social.

Nous sommes peu à imaginer ce job et ce qu'il se passe en coulisse. Fermez les yeux et faites preuve d'empathie, imprégnez-vous de ce qu'endurent ces personnes payées au lance-pierre pour s'en prendre plein la tête, à coups de ce que notre monde peut engendrer de plus abject.

L'auteur fait preuve d'un sacré talent scénaristique, mis en scène grâce à une écriture efficace et convaincante. le tout en sachant prendre des risques. Jusqu'à une fin qui pourra surprendre, et que je trouve personnellement parfaite.

S'adapter ou mourir est une règle à suivre depuis la nuit des temps. Elle prend encore une autre signification à l'ère de la communication à outrance.

Antoine Renand a une capacité très cinématographique à raconter une intrigue. Ce thriller est une formidable réussite, dérangeante et étonnante, questionnant la morale tout en divertissant. Pour moi, son meilleur livre à ce jour, ce qui n'est pas peu dire.
Lien : https://gruznamur.com/2021/1..
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Une belle découverte, grâce aux babeliotes.
Un roman éfficace, bien rythmé, difficile à lâcher.
Des personnages attachants qui resteront en mémoire.
Deux descentes aux enfers qui vont se croiser.

Ambre, ado révoltée qui fugue avec son amoureux.
Arthur, quadra, en creux de vague conjugal et professionnel.
Le kidnapping, la réclusion, la maltraitance pour Ambre
Le tri des poubelles audiovisuelles, leur modération pour Arthur.

L'enfermement de ces deux là dans un cauchemar sans limite.
L'univers des horreurs postées sur le net est plus que figeant.
L'écriture n'a pas de relief particulier, elle est efficace, au service de
ces histoires particulièrement bien découpées.
Certaines scènes filent les chocottes...

Un vrai plaisir mêlé de frissons.

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Antoine Renand m'a donné l'impression d'un coureur de fond dans ce roman : il démarre lentement , garde le rythme puis accélère la cadence jusqu'au sprint final.

Les réseaux sociaux occupent sans conteste le centre de ce récit à deux têtes.
La première est Ambre, cette jeune fille de 17 ans , mal dans sa peau , en quête d'aventures , à la fois sentimentales mais aussi celles qui riment avec liberté. Celle qui lui promet de se sortir de ses problèmes relationnels insolubles avec sa mère . Alors quand un ami virtuel avec qui elle tchatte des journées entières , qui la réconforte , qui l'écoute, lui propose de venir avec son amoureux se réfugier dans sa grande maison située dans un coin perdu de la Drôme,
elle saute sur l'occasion et quitte la région parisienne pour cette échappée belle vers le Sud et cette étape bienvenue proposée si gentiment par son ami Baptiste. Elle vient sans le savoir de commettre la pire erreur de sa vie et de se jeter dans la gueule du loup amateur de proies jeunes et naïves …
La deuxième est Arthur, ce quadragénaire qui a réalisé deux films ayant obtenu un succès confidentiel . Cet intermittent du spectacle vit donc grâce aux revenus de sa femme, pédiatre. On ne peut pas dire que leur vie de couple soit au beau fixe , elle devient même explosive quand Arthur s'aperçoit que sa femme le trompe. Arthur déménage et doit trouver un job pour payer son loyer. Il est ainsi embauché par une société sous-traitante de Lifebook, le réseau social star, pour devenir modérateur. C'est-à-dire visionner des journées entières des scènes les plus atroces , les plus violentes les unes que les autres et décider celles qu'il devra supprimer ou non . Un métier très dur psychologiquement voire traumatisant d'où l'énorme turnover . Un boulot dans lequel « Boomer» va tenter de survivre à ses agressions visuelles qui se succèdent à un rythme effréné , au milieu de ses jeunes collègues à qui il réserve bien des surprises . Avant qu'un événement tragique ne bascule définitivement son existence vers le pire et possiblement le meilleur…


On le pressent, ces deux histoires vont entrer en collision. Mais dans quelles circonstances et pour quelles conséquences ?


Antoine Renand est un homme d'images et il nous embarque, à propos, dans les coulisses des réseaux sociaux. La matière n'est pas ici cet algorithme diabolique qui guide nos choix ou les publicités qui nous sont exposées, mais ceux qui filtrent ce que nous pouvons voir ou pas sur les différentes pages. Ces modérateurs qu'on imagine dans l'ombre et qui apparaissent ici en pleine lumière. Leur rôle : censurer les images ou les vidéos empreintes de violence ou de cruauté diverses et avariées.
Et de la matière première à visionner il y en a à foison quand tout acte de notre vie 2.0 est un prétexte à sortir notre smartphone de la poche . Témoin passif d'un fait divers dramatique ou acteur volontaire de violences gratuites, les ” posts” transforment chaque membre du réseau social en voyeur conscient ou non.
C'est encore plus vrai pour les nouvelles générations gavées dès le plus jeune âge d'images à travers les différents écrans qui les entourent. Des écrans parcourus souvent sans filtre - car les parents ont oublié qu'ils devaient jouer ce rôle - qui abreuvent des esprits souvent malléables, qui ont du mal à différencier la réalité du virtuel. Avec les conséquences que l'on peut imaginer.
L'auteur, à travers ces deux histoires, nous montre que le pont qui sépare ces deux mondes peut être étroit quand il sert de support à la violence . Qu'ils regardent sans émotion particulière une image d'une cruauté extrême sur un animal ou sur un être vivant ou qu'il commette ces actes ignobles. le réseau a ses responsabilités mais chaque individu en capacité de raisonner doit aussi être conscient du danger potentiel que recèlent ces sites.

Comme précisé en introduction, l'intensité dramatique et rythmique monte crescendo dans la deuxième moitié du roman, laissant le lecteur incapable de quitter un seul instant le récit.
Comme à son habitude, les personnages sont dépeints avec une grande qualité. Des personnages complexes qui nous ressemblent, parfois faibles quand les sentiments s'en mêlent ou d'une force inouïe quand une motivation soudaine les tire en avant. Et comme dans tout bon thriller vous aurez droit à quelques beaux spécimens de psychopathes pur porc !
Un troisième roman réussi qui servirait parfaitement de scénario à un bon thriller.
Qu'on se le dise !






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Les larmes qui perlent à mes yeux sont des océans de sang.
"Il s'en serre comme bouquet mystère", lis-je sur une critique Babelio. Quinze fautes en quatre lignes de chronique. Je m'empresse d'effacer celle-ci afin qu'aucun littéraire qui passerait par là ne soit victime d'un choc anaphylactique.
C'est mon nouveau métier désormais : Modérateur d'avis sur le site francophone regroupant le plus de lecteurs. du moins suis-je en formation sous les directives de Peter Krausse : Je dois en effet faire mes preuves avant de me lancer dans le grand bain.
Ici, un internaute qui juge un livre après en avoir lu trente pages. N'est-on pas censés avoir lu le roman ou la bande dessinée dans son intégralité avant d'émettre un avis ? Ou s'abstenir de toute notation en expliquant simplement les raisons pour lesquelles le livre a fini par nous tomber des mains ? Il y a des dizaines d'oeuvres que je n'ai jamais terminées et très peu sur lesquelles je reviendrai un jour. Mais jamais ça ne me viendrait à l'esprit d'émettre un avis sur un roman inachevé.
Je clique.
"J'efface. Et tout va bien dans le meilleur des mondes."
On aura tout vu ! Je tombe sur une internaute qui veut créer sa secte où chaque membre disposera de son propre crâne humain orné d'un bougeoir. Alerte maximale, les policiers sont prévenus qu'ils doivent redoubler de vigilance auprès des catacombes.
Une autre qui part dans l'espace non pas revêtue d'une combinaison de cosmonaute mais d'une robe de princesse qui se mue peu à peu en pyjama. Même schéma, j'alerte les autorités avant de cliquer sur supprimer.
Toute ressemblance avec des chroniques réellement existantes serait bien sûr purement fortuite.
Peter Krausse m'appelle ce moment-là. Il n'a pas l'air ravi.
- Bon, être modérateur ne consiste pas à enlever toutes les chroniques qui te chatouillent. Tu as signé une charte. Ton attention doit avant tout se porter sur ce qui choque réellement l'opinion publique. Les propos racistes, homophobes, intolérants, provocants, sexuels. Grâce à toi et à tous les modérateurs le site doit rester un refuge serein pour tous.
- Compris chef, répliquais-je en me mettant au garde à vous.
- J'aimerais notamment que tu t'intéresses aux chroniques d'un dénommé Antyryia, qui a pas l'air tout seul dans sa tête. Réflexions anti-cléricales, propos gores où il se mutile, se fait torturer ou se suicide d'atroce façon, et pire encore il laisse sous-entendre qu'il aurait séquestré dans sa cave d'innocentes jeunes femmes, et même tué l'une de celle-ci à coup de pelle.
Aussitôt, jouant le jeu, je m'intéresse à la dernière chronique en date de cet énergumène, qui évoque le troisième roman d'Antoine Renand, S'adapter ou mourir.

* * *

Les histoires de jeunes femmes enfermées dans une cave - ici un container - à la merci de leur tortionnaire physique et psychologique, du violeur qui les terrorise, sont devenues tellement monnaie courante dans les romans noirs qu'il m'en faut beaucoup désormais pour être ému par la tragédie de leur sort. L'affreux La cave aux poupées de Magali Collet avait rebattu les cartes du genre mais cette fois, Baptiste Rivoire - grand méchant de l'histoire - peine à convaincre dans ce rôle. Sociopathe notoire, il simulera une amitié sur internet avec Ambre Deloy qui confiera tous ses secrets à cette oreille aussi attentive et attentionnée, qui l'encouragera à fuguer. Il est même prêt à l'aider en l'hébergeant une nuit.
Ce chasseur cruel dépourvu d'affect l'hébergera bien plus qu'une nuit, l'enchaînera, fera d'elle sa femme et sa servante.
"Il avait toujours rêvé d'avoir une esclave."
Toute tentative de rébellion sera sévèrement punie.
Elle devra s'adapter si elle ne veut pas mourir, aussi démesurée que soit sa haine. En attendant l'opportunité ou jamais.
Antoine Renand, sans révolutionner l'histoire immuable de la proie et du prédateur, saura cependant donner assez de souffle et de tension à cette histoire pour ne jamais ennuyer le lecteur, et même lui préparer quelques bifurcations inattendues.

En parallèle, quelques années plus tard, se déroule une autre histoire, plus originale, plus surprenante, et au moins aussi bouleversante même si elle en n'a moins l'air. le narrateur et personnage principal est à mon sens un double de l'auteur. de Arthur Renel à Antoine Renand il n'y a qu'un pas minuscule à effectuer, facilité non seulement par leurs initiales communes mais aussi par leurs métiers. L'écrivain est également cinéaste et scénariste, ce qui est le cas de son alter-égo. Mais Arthur Renel n'a pas eu le succès escompté avec ses deux premières productions, il est mis à la porte par sa femme et il doit trouver un métier alimentaire provisoire. C'est l'entreprise Menidas qui lui donnera sa chance, sous-traitante d'un des plus gros réseaux sociaux ( Facebook, ici rebaptisée Lifebook ).
Et son nouveau job va donc consister à visionner en très grand nombre les images et vidéos signalées chaque jour afin de les retirer au plus vite du circuit si nécessaire.
Notons également des références ne serait-ce qu'aux titres de ses deux premiers livres.
- "Les paroles exactes de sa maîtresse avaient été "sérieuse absence d'empathie".
- "Ne pas me dire que j'avais fermé les yeux."

Décapitation d'une victime de Daesh, chat jouant avec une pelote de laine, mère allaitant son nouveau-né, dragon de Komodo dévorant une biche ( un de ces lézards du fond des âges qui a su s'adapter plutôt que de mourir avec les dinosaures ), scène familiale de barbecue, porno amateur, lapidation d'une femme au Moyen-Orient, collision mortelle sur l'autoroute, partie de ping-pong entre amis pendant une fête arrosé, château de sable à côté de l'enfant qui l'a construit, scatophilie, tortures, exécutions, enfants enfermés dans une voiture en plein soleil, animaux noyés, chiens battus, jeunes mariés descendant le parvis de l'église, bébé hurlant à la crèche qu'une jeune puéricultrice finit par faire taire en lui faisant boire de l'acide, la victime d'une tournante dans une cave insalubre au son des rires des violeurs.
Un kaléidoscope d'images parfois sans conséquence et parfois insoutenables.
Un métier alimentaire où il faut être le plus efficace possible et traiter le plus grand nombre de données par jour.
"Une sensation presque hypnotique devant le mal, devant l'extrême, devant cette fenêtre ouverte sur le pire de ce que l'Homme et la nature pouvaient produire."

"C'est tout ce qu'on peut faire, cliquer sur la touche pour effacer de la plateforme, rien d'autre. On n'intervient pas, on est seulement spectateurs."
Alors si, pour les scènes graves s'étant déroulé en France, des signalements seront effectués aux forces de l'ordre, qui pourront au mieux tenter de gérer 20 % d'entre elles avec les moyens du bord.
A nouveau, il faut s'adapter ou mourir. Jouer les indifférents blasés ou ne plus supporter cette fange et donner sa démission... ou se suicider.
Jamais je n'aurais imaginé ce métier comme étant psychologiquement l'un des plus difficiles et éprouvants qui puissent exister.
Ces lourds moments m'ont beaucoup plus pesé que l'histoire dramatique du kidnapping d'Ambre.

Relativement long, ce livre se lit cependant quasiment d'une traite, son seul défaut étant de partir un peu dans tous les sens et de s'éloigner de son principal sujet dans ses cent dernières pages, comme un feu d'artifice pas totalement maîtrisé.
L'émotion, la vraie, a fini par surgir et me prendre par surprise en me serrant la gorge.

Je ne donne pas tout crédit au déroulé totalement fou des évènements successifs du roman, mais j'ai aimé suivre l'énorme évolution tant physique que psychologique d'Arthur, ancien petit réalisateur ayant tout perdu qui trouvera avec des amis bien plus jeunes que lui une autre façon que l'alcool et la drogue douce pour lutter contre les images démoniaques de leur quotidien.
A l'échelle animale ou humaine, il y a toujours eu les prédateurs et leurs proies. Même si l'évolution a permis au caméléon ou au phasme de se fondre dans le décor, peu sont ceux qui ont su s'adapter au point d'échapper à leur place dans la chaîne alimentaire.
Et tout en haut de cette chaîne, armés et dangereux, nous avons évidemment les hommes. Chasseurs d'ivoire, chefs de cartel, sociopathes, lobbyistes, et bien d'autres carnivores définissant leurs propres règles.
Et si, chacun à son échelle, on réagissait plutôt que toujours subir ? Si devenir le prédateur permettait de rétablir ne serait-ce qu'un peu de justice, d'équilibre, et de pouvoir se regarder dans une glace ? Mais à quel prix ?

Pour la petite info, une vidéo d'allaitement sur facebook ne peut être diffusable à la seule condition qu'on ne puisse pas distinguer l'ombre d'un mamelon, sinon ce serait de la pornographie. Il y a une charte très précise de ce qui est diffusable ou pas, que les modérateurs ne peuvent évidemment pas discuter.
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Ambre communique sur les réseaux sociaux avec Baptiste qui veut bien l'accueillir elle et son petit ami si elle veut s'enfuir de chez elle. Sans le savoir Ambre va tomber dans un piège.
Arthur réalisateur en mal d'inspiration vit avec sa conjointe et leur fils. Il découvre que sa femme le trompe et doit quitter le domicile conjugal.
Arthur se retrouve embauché dans une société de surveillance des contenus d'internet comme modérateur. Jusqu'où pourra t'il supporter les images qu'il voit ?
Les deux histoires vont finir par se réunir pour ne faire plus qu'un seul sujet.
Travers de notre société mit en exergue à travers cette histoire. Cela parait tellement vrai que cela peut faire peur.
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Ambre, jeune adolescente de 17 ans, décide de fuguer. Elle en a marre de sa vie avec sa mère, et rêve de liberté. Elle se pousse, donc, avec son petit ami. Leur premier arrêt : Baptiste. Un copinaute qui accepte de les héberger pour quelques nuits. Mais elle qui pensait connaître l'homme, elle se rend bien compte que ce dernier a un côté très noir. Il drogue le couple, les attache, et séquestre Ambre. En parallèle, nous suivons l'histoire d'Arthur qui vient se faire plaquer par sa conjointe de toujours. Entre deux projets cinématographiques, il se rend vite compte qu'il a besoin d'un job alimentaire. Il deviendra modérateur pour le Réseau social de l'heure. Lente descente aux Enfers pour lui, qui visionnera des atrocités. Les deux histoires vont bien évidemment se rejoindre quelque part. J'ai bien aimé ma lecture, même si je lui ai trouvé quelques longueurs, gâchant un peu le plaisir du rythme. La plume est juste et nous fait vraiment réfléchir sur la place qu'occupent les médias sociaux.
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