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3,19

sur 526 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il ne vous a pas échappé qu'une des stars de cette rentrée littéraire de janvier est Yasmina Reza. Les premiers articles élogieux fleurissent dans la presse qui pense et lit bien (avec l'aide des attachés de presse des éditeurs), avec en tête de pont la une du "Monde " de vendredi et deux pages à l'intérieur.
Fine plume du théâtre, c'est certain qu'elle a le ticket auprès des journalistes. Mais "Heureux les heureux" son nouveau roman, est-il vraiment le chef d'oeuvre annoncé ? Est-il comme le dit "Le monde" le rire de la rentrée ? Son plus beau texte ? (Là, on ne s'engage pas trop. La formule est forte mais à quel niveau sont ses livres précédents ? )
Je ne vais pas tergiverser longtemps : j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, mais de là à ce qu'il soit inoubliable, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Il est indéniable que Yasmina Reza a une jolie plume, qu'elle sait manier le verbe, les mots avec dextérité, qu'elle excelle dans l'observation du quotidien. Elle n'a pas son pareil pour disséquer ces petits moments de tous les jours, en faire surgir toutes les sous-couches, les non-dits. Que ce soit une après-midi de courses dans un hyper-marché, les conversations dans une salle d'attente pour une radiothérapie, un tournoi de bridge ou la descente dans la folie d'un ado qui se prend pour Céline Dion, tout lui est bon pour disséquer ses personnages, leurs travers, leurs angoisses, leur humanité mais surtout mettre en évidence leur extrême solitude.
Ce qui jaillit de ce roman, c'est l'Homme, en plein XXIème siècle, même pourvu de smartphones, même et surtout en famille, même avec des amants, des maîtresses, est inexorablement seul, face à une vie finalement pas si belle et mesquine, qu'il devra supporter jusqu'à la mort. Ce n'est pas bien gai, malgré la pointe d'humour permanente qui se faufile dans ces petits sketches.
Je parle de sketches, j'aurai pu dire nouvelles aussi, car ce livre met en scène une bonne dizaine de personnages, qui ne sont reliés entre eux que par des liens infimes. Chacun parle à tour de rôle, parfois deux fois, et raconte un événement particulier où d'autres protagonistes peuvent s'y trouver ou pas. D'où une grande multiplicité de lieux, de micro-événements mais aussi de personnages, éclairés différemment, révélant quelquefois des facettes divergentes. C'est un jeu littéraire plaisant et bien maîtrisé mais dont le procédé l'emporte un peu trop sur le fond. Oui, il y a beaucoup de subtilités dans la pertinence de ce regard. Oui, Yasmina Reza a une imagination débordante pour rendre passionnante chaque situation des plus banales aux plus originales. Mais
La fin sur le blog
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Quand j'ai vu les 67 critiques alignées sur le livre de Yasmina Reza, j'ai failli renoncer, puis finalement en les lisant je me suis dit pourquoi ne pas en ajouter une 68ème ?
Comme dirait mon ami l'Ecclésiaste, s'il était encore parmi nous, «vanitas vanitatum omnia vanitas», j'ai donc cédé à ce mouvement naturel et humain.
Un peu comme les héros de Heureux les heureux. Yasmina Reza nous entraîne dans un microcosme qui ressemble à celui dans lequel nous évoluons chaque jour. Nous y retrouvons nos parents, nos amis, nos enfants, les enfants de nos amis, le travail, les loisirs, notre appartement ou notre maison, celle des autres, ce que nous croyons, et ce à quoi nous ne croyons pas ou plus, la religion, les courses au supermarché le soir ou le week-end, les médecins, la mort, la vie, enfin tout quoi !
Odile et Robert Toscano, Lionel et Pauline Hutner, Vincent Zawada et sa mère, Marguerite Blot la prof d'espagnol et son prof de maths d'amant Jean-Gabriel Vigarello, fan des Beatles qui a poussé en graine (en mauvaise graine), Rémi Grobe le consultant qui a réussi,
L'avertissement de Jorge Luis Borges, en exergue du roman, nous tient lieu de viatique pour ce voyage, «Heureux les aimés et les aimants et ceux qui peuvent se passer de l'amour. Heureux les heureux
Gare à ce qui est vendu comme de l'amour au départ et qui, peu à peu, se transforme en «vie domestique accomplie » : engueulades au supermarché pour avoir acheté un morceau de morbier et oublié que les enfants préfèrent le gruyère insipide ; conflits pour obtenir l'extinction de la lampe de chevet de son épouse chérie qui veut continuer à lire alors que l'on tombe de sommeil ; exaspérations des Hutner devant les réactions téléphonées des Toscano qui se « moquent de notre côté fusionnel » et se gaussent de notre «image de couple confit dans un bien-être asphyxiant ».
Tout ce petit monde est relié, par la supposée amitié « Les Toscano sont nos amis de toujours bien qu'il ne soit pas si facile de maintenir une amitié de couple à couple » dit Pascaline Hutner, «Il aurait fallu que nous puissions nous voir séparément ....ou peut-être même de façon croisée.» l'adultère pointe son nez....
Les états d'âme du couple ne sont rien comparée à leur angoisse face à la lubie de leur fils Jacob. Fan de Céline Dion, il a commencé par l'imiter et avec le temps a finit parse prendre pour elle...
L'avocate Odile Toscano se rend à Wandermines, elle défend une association de défense des victimes de l'amiante, elle a demandé à Rémi Grobe de l'accompagner, elle le présente comme un collaborateur, une couverture idéale pour cacher leur escapade à Douai « Je me suis couché sur elle, je l'ai embrassée, déshabillée, on a fait l'amour avec la gueule de bois et c'était juste la bonne dose de douleur.»
Que dire de Chantal Audouin la «décoratrice d'événements» à la morale défaillante, « quand on rencontre quelqu'un, on ne s'intéresse pas à son état-civil.», elle s'éprend d'un secrétaire d'état, Jacques Ecoupaud, à l'occasion d'un salon à Bercy « la performance française des auto-entrepreneurs. »
Il se présente comme un libertin et un soir lui impose la présence de Corinne, mais Chantal est déçue, «J'attendais le marquis de Sade et j'avais un type vautré qui disait Eh ben, rapprochez-vous les filles !»
Finalement après avoir appris par Thérèse, la femme légitime de Jacques, qu'elle n'est pas sa seule maîtresse, elle commet une tentative de suicide. En sortant du cabinet du docteur Igor Lorrain, elle rencontre « un long jeune homme brun qui a de beaux yeux clair, toujours souriant; Un québécois.» Il prétend s'appeler Céline....
Jeannette Blot, la mère d'Odile, est mariée à Ernest, une figure de la banque française sorti de l'ENA en 1965.
le jour de ses soixante-dix ans, sa fille Odile lui déclare « tu ne t'habille pas Maman, tu te couvres de textiles », et la convainc de refaire sa garde-robe. La séance d'essayage tourne au drame « On ravale toutes ses larmes pendant des années et voilà qu'on pleure sans raison dans un salon d'essayage de Franck et fils ».
De même la leçon de conduite avec sa belle-soeur Marguerite se termine par « La voiture se cabre, percute et racle la barrière blanche. Puis s'immobilise. »
Yasmina Reza nous propose une analyse sociologique d'un clan, d'une tribu, d'une caste où les gens se connaissent et sont reliés par des liens visibles ou officieux.
Ces relations tressent un canevas social dans lequel l'auteur nous promène, nous faisant jouer le rôle d'observateur et de moraliste, n'hésitant pas à jouer avec nos peurs, notre voyeurisme, nos envies, nos dégouts.
Dans l'histoire il y a trois médecins, un cancérologue, Philippe Chemla, un psychanalyste Igor Lorrain et un Cardiologue le Docteur Yaoun, ce n'est pas un hasard s'ils représentent les trois pathologies les plus dévastatrices en France.
Au fil de la lecture, le lecteur effectue des retour arrières, se remémorant les personnages qu'ils a vu décrits dans des postures diverses, chacun est tour à tour, père, mari ou amant, mère, femme ou maîtresse, prof d'Espagnol ou amante, secrétaire médicale ou amante,
partenaire de poker et ami, ami de l'amant, ami de la maîtresse...
A la fin, les pièces d'un puzzle dont la logique a été éparpillée dans les 21 portraits de ce livre qu'on lit avec gourmandise et sans retenue, permettent de dresser une carte complète des parcours, des liens et des entrelacs de ces personnages à la fois sympathiques, pathétiques et détestables.
On peut aussi lire ce livre comme un manuel de savoir vivre, dans la mesure où il agit comme un miroir, déformant certes, mais sans concession, de nos errements de pauvres humains à la recherche du bonheur.
Loula Moreno, l'actrice adulée, cite Pavese :
"les fous, les maudits ont été enfants, ils ont joué comme toi, ils ont cru que quelque chose de beau les attendait"

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Un petit délice ce livre , découpé en 21 tableaux, et qui nous incite, comme dans un jeu de société , à nous souvenir : qui est la mère, qui est la fille, qui est cet ami, ah bon, en fait c'est l amant mais le mari l'ignore. Charmant, le rebondissement et le point de vue des uns et des autres.
Il n'y a pas de divorce, mais tous ces couples , parfois de toute une vie se déchirent , ils n'arrivent pas à se supporter et ils imputent la faute à la nature des femmes ( crédules, jouant aux martyrs, rêvant à l'A tout en faisant tout pour enfoncer l'homme), et à la nature des hommes (volages, cruels, peu fiables et à la fois sans inventivité).
L'interêt du livre de Yasmina Reza c'est de nous faire découvrir au fur et à mesure les connexions entre chaque tableau, entre chaque personnage.
Pas tendres, les scènes de ménage, et parfois caricaturales, mais toujours crédibles, comme la première scène, la sortie en force d'un super marché d' une femme disons pas facile facile.
Eh oui, les femmes adorent vous rappeler que vous êtes décevant , dit le mari.
Et un autre déplore : « les femmes se construisent à l'intérieur d'elles mêmes, des palais enchantés. Vous y êtes momifié quelque part mais vous n'en savez rien ».
Du côté des femmes, celles qui connaissent des hommes mariés ou des coureurs, pas mieux : «  les hommes sont d'une fixité totale. C'est nous qui créons le mouvement. On s'épuise à animer l'amour. « 
Plus drôle encore, un homme parle du grand silence punitif des femmes et une femme reproche «  cette façon silencieuse qu'ont les hommes de vous renvoyer dans le cours du temps, comme s'il fallait nous rappeler à toutes fins utiles que l existence est discontinue ».
Jeu de société, où les protagonistes sont chacun agrippés à leur ego.
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C'est un roman choral qui fait vivre des acteurs de la société bourgeoise parisienne.
C'est très amusant d'établir les liens entre les différents personnages et parfois surprenant.
On peut passer d'un ton léger à un constat beaucoup plus amer.
Jeannette Blot est le personnage qui m'a le plus touchée : une vieille dame qui a passé sa vie au service de son mari au nom des convenances et de la réussite sociale que celui-ci lui offrait. Elle est complètement éteinte.
Il ne faut peut-être pas aller trop loin dans l'analyse des personnages et se laisser porter par le livre qui était très agréable à lire.








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Lire "Heureux les heureux" m'a donné autant de plaisir que de regarder un tableau de Brueghel le Jeune, où l'oeil se promène de personnage en personnage, un peu au hasard. On s'amuse à découvrir les détails, à trouver des liens entre les saynètes...
Même plaisir dans le livre: chaque court chapitre est un regard sur un personnage, certains personnages revenant plusieurs fois. La peinture est belle, elle se laisse agréablement regarder. Certaines scènes sont drôles, d'autres plus émouvantes; ce sont des scènes de la vie quotidienne. Mais en refermant le livre, j'ai oublié les tristesses et j'ai souri, pris par le plaisir d'avoir tissé les liens entre les personnages, persuadé que, finalement, la vie est belle...
Peut-être pas le livre que j'emmènerais sur une île déserte mais, assurément, il m'a donné l'envie de goûter d'autres textes de Yasmina Reza.
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Ce livre aurait pu s'appeler Scènes de la vie conjugale car Yasmina Reza fait un kaléidoscope de personnages dans "Heureux les heureux", un roman à facettes sur les couples écornés.
Observatrice du quotidien elle sait être drôle et grinçante.
Ce que j'aime particulièrement c'est son sens du théâtre et de sa mise en scène des couples. Cela commence fort avec Robert au supermarché qui se dispute avec sa femme à propos de l'achat d'un morbier. Un grand nombre de personnes ont dû connaître ce genre de drame mais elle a une façon de le raconter qui est très drôle. J'ai moins aimé le jeune Jacob qui se prend pour Céline Dion et certaines scènes d'adultère qui sentent un peu le réchauffé.
D'ailleurs, on retrouve parfois l'ambiance de sa pièce tragi-comico-domestique sur le couple "Le dieu du carnage".
Les scènes se passent souvent à l'intérieur, dans la salle d'attente du médecin, à l'hôpital, autour d'une table de bridge, dans une voiture ou à la maison. Il faut dire aussi que Yasmina Reza a le sens du détail. Elle montre les travers des relations sentimentales avec humour et tendresse sans toutefois me bouleverser vraiment. Pour autant, ce roman reste un moment de lecture très agréable.

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J'ai cru à des nouvelles sans lien les unes avec les autres et ai donc interrompu ma lecture à de multiples reprises. Je termine donc ce livre avec des regrets d'avoir compris trop tard que l'histoire était une et une incompréhension sur le sens du bonheur dans ce roman.

Je suis passée à côté du roman qui est bien plus riche et puissant que ce que j'en ai saisi.
Dommage !
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Roman choral où les personnages se croisent parfois; les vertiges de la vie se déplient au gré des situations individuelles. L'auteure n'a pas son pareil pour camper rapidement, avec netteté, précision, les âmes de ces héros de roman. Des chapitres cours, une histoire par chapitre; c'est vite lu mais quel plaisir!
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Par chapitres courts et toniques, Yasmina Reza nous parle de l'amour et de ses impostures. Ses personnages sont liés entre eux par le fil invisible du quotidien. Des joies, des peines, des fêlures qui nous éclatent au visage comme des petites bulles de savon. Souvent drôles, pétillantes ou franchement tristes, leurs histoires nous renvoient à nous-mêmes, à nos solitudes ou nos désillusions.
«Le couple, c'est la chose la plus impénétrable... même quand on en fait partie».
Heureux les Heureux, une autre façon de dire, tout en finesse et subtilité, il n'y a pas d'amour heureux !
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Réflexions désabusées et acerbes sur tous les travers de l'être humain dans ses relations aux autres et sans illusion sur le bonheur en couple ou en famille; c'est à la fois cynique, mordant, et dérangeant parce que l'auteur fait mouche et touche forcément un de nos défauts ou ceux de nos connaissances : vanité, jalousie, mensonges, honte, petites lâchetés mal dissimulées sous un vernis qui craquelle.
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