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EAN : 9791090106024
Editions de l’Abat-Jour (01/03/2011)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Schbeb, schebeb ou chbeb, n.m. (de l’arabe chbeb, joli) : Détenu homosexuel, ami d’un chef (terme d’injure).

Une nuit d’émeute dans la cité de la Grande Borgne en banlieue parisienne : pendant que les tirs de cocktails Molotov répondent aux détonations de flash-ball, chacun essaie de sauver sa peau, notamment Dino Dozelin, surnommé Doze, voyou acculé devenu meurtrier par accident, traqué par la brigade du commissaire Licken dont la mort, des mois plus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Chbebs ! », premier polar spagaytti ? C'est en tout cas ainsi que Salima Rhamna (voir interview) présente son étonnant premier roman. Au-delà de la formule bien trouvée qui ravira les amateurs de jeux de mots, on est en droit de s'interroger sur cet étrange objet (le lecteur a tous les droits, y compris celui de ne rien comprendre à ce que l'auteur a voulu dire). Serait-on du côté du western à l'italienne ? du polar à l'américaine ? de la parodie lettrée ? du roman gay ? Tout ça à la fois et bien plus encore, comme vous allez vous en rendre compte.

Dès le titre, « Chbebs ! », Salima Rhamna annonce la couleur même si elle a plus d'une nuance (de rouge) dans sa palette, mêlant allègrement argot et langage soutenu, voire précieux, le tout constituant une prose assez inclassable et inclassée dans le paysage littéraire actuel. La langue de « Chbebs ! » est au moins aussi surprenante que le contenu du roman, qui a la grande d'intelligence de mettre en parallèle (puis de croiser) deux histoires qui permettent à son auteure d'aborder et d'entremêler des thématiques diverses, vie littéraire et vie en banlieue, passé et présent, érémitisme et barres d'immeubles, questions sociales et construction romanesque…

Tout commence par la réponse enfiévrée d'un vieil ermite anarchiste à un lecteur de son fanzine d'extrême gauche, et, bien loin de là, par la fuite d'un petit caïd durant une nuit d'émeute à la Grande Borgne (cité parisienne dont le nom fait bien évidemment référence à la Grande Borne à Clichy) : deux mondes qui n'ont a priori rien de commun, et dont la rencontre fortuite produira au cours du récit de terribles conséquences… Entre-temps, le lecteur aura pu se réjouir de la savoureuse galerie de portraits offerte : des personnages vivants, mesquins ou attachants, désabusés ou cruels, qu'il s'agisse du préfet de Gave, totalement étranger aux us et coutumes de la banlieue, de la jeune Fouzia qui s'imagine une autre vie depuis son H.L.M., du commissaire Licken perdu dans sa nostalgie et ses regrets, du vieil architecte de la Grande Borgne, du louche garagiste Memet, de l'épuisé banlieusard Vit-d'Âne, des déboires de la famille Zbiss ou de tous les seconds rôles indispensables de ce polar pas comme les autres.

Les héros du roman sont deux garçons gays des quartiers, Dino Dozelin et David Tétard, petits truands aux moeurs bizarres fascinés par une légende du milieu disparue : une histoire d'amour entre deux jeunes voyous des cités, on n'en lit pas tous les jours, c'est le moins que l'on puisse dire, surtout écrite de la sorte. Autre rareté dans un paysage littéraire français bien trop consensuel, le personnage de Marcel Treuffais, vieux pédé anar qui n'a pas dit son dernier mot, qui terrorise de l'écrivain nanti dans son fanzine « le Frapar », et se rêve une sortie flamboyante digne des passions de sa jeunesse. La rencontre entre ces deux univers ne pouvait faire que des étincelles : « Chbebs ! » est le récit de ce choc salutaire, un petit îlot atypique de liberté d'expression.

En résumé, « Chbebs ! » est une expérience littéraire peu commune, un voyage initiatique et désespéré où l'imagination et la créativité sont placées au-dessus de tout : un polar singulier, donc, bien plus écrit et profond que la moyenne, une brève épopée sanglante à l'écriture ciselée, des feux de voitures en cité qui ouvrent le roman au feu d'artifice final.
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Ce roman court au ton nerveux m'a fait l'effet d'un OVNI bien loin du genre de livres auxquels je suis habituée...De prime abord, le style est plus que surprenant. Un vocabulaire très recherché (garder un dictionnaire à portée de main!) s'allie à l'argot un peu désuet de ce qu'on appelait "le Milieu". Au final, j'ai parfois perdu le fil et surtout j'ai cherché en vain le parler actuel des banlieues. Je conçois aisément que l'auteure veuille se démarquer des clichés en ne ponctuant pas son texte de "nique ta mère" et autres joyeusetés mais tout de même! Mettre "icelui" dans la bouche d'un jeune délinquant de la cité! (ou alors c'est moi qui suis sectaire...). Donc non, personnellement, je n'ai pas aimé cette écriture.
L'histoire quant à elle est des plus farfelues. On part dans tous les sens, on croise une foule de personnages mais surtout on survole et c'est bien dommage. Je passe sur les "héros" Doze et David que j'ai trouvés bien fades et inutilement gays. Pourquoi Salima RHAMNA a-t-elle choisi d'en faire un couple d'homosexuels adeptes d'urologie? Aucune idée, cela n'apporte rien à l'histoire et est à peine crédible. Et je ne parle même pas de Marcel Treuffais, vieil anarchiste, homosexuel (aussi!) et misanthrope...Par contre, j'ai beaucoup aimé le préfet nostalgique de l'Egypte qui tombe amoureux de la belle et très mariée Samira et le commissaire Licken attachant bien que pathétique. Cela m'aurait plû d'en savoir plus sur eux. Mais les mêmes pas 200 pages du roman conduisent à trop de superficialité.
En bref, je n'ai pas accroché à ce roman. L'histoire a glissé sur moi sans que je me sente concernée. Mais j'ai bien conscience que le problème vient peut-être de moi...Je manque probablement de références et je n'ai pas toutes les clés pour en décrypter les nuances.

Pour finir, un petit mot sur le livre numérique.Quand le blog les agents littéraires m'a proposé de lire un un tel livre, j'ai accepté un peu à reculons tant je suis une fervente partisane du livre papier. Mais comme il faut toujours garder l'esprit ouvert, je me suis laissée séduire par cette idée. Je n'ai ni liseuse ni portable, j'ai donc dû passer de longues heures devant mon PC et mes habitudes et petits tics de lectrices ont été bien contrariés. Pas de canapé moelleux, pas de longs bains, pas de lit douillet, juste une chaise de bureau inconfortable! Cela a franchement gâché mon plaisir de lire. Mais comme je n'aime pas être totalement négative, je dois bien avouer que c'est plutôt sympathique de pouvoir régler la taille des lettres. Je vieillis, la presbytie me guette et c'est bien agréable de lire sans froncer les yeux.

Merci les agents littéraireset les Editions de l'Abat-jour pour cette découverte qui trouvera son public j'en suis sûre.
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CHBEBS est en lice pour le PRIX DU ROMAN GAY 2013 (Une initiative des Éditions du Frigo).
Lien : http://www.editionsdufrigo.com
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Critique (audio) de "Chebs!" sur le blog Paludes :

http://blog.paludes.fr/post/2011/04/15/Paludes-593-du-vendredi-15-avril-2011
Lien : http://blog.paludes.fr/post/..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Licken est un homme de haute taille, très arc-bouté mais par spasmes, raide comme étincelle. Il avait fini par endosser la manie des pardessus gris, dans lesquels nageait l’escogriffe. Sa tête est exactement en forme de poire renversée. Son menton, fuyant, et sa lèvre supérieure ornée d’une moustache très finement taillée. Au sommet du nez, deux gros traits noirs réunis en un circonflexe inversé : sourcils fort fournis faisant V. Ses yeux face à tout interlocuteur courent généralement tous sens en orbites
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Et puis aucun bruit, que le souffle du vent, la campagne déserte. Feuilles qui s’agitent ou aluminium des épouvantails. Un bout de nuit mis tout au fond d’un coffre-fort, dans une banque désaffectée. Le cri d’un oiseau de nuit. La proximité d’une forêt qui domine la vallée grise. Je ne sais pas. Le vent qui se tait. Goût de pièce métallique portée à la bouche. Des étoiles qui percent. C’est bien le cri lamentable de l’orfraie. Et plus bas dans la cour, l’amoncellement d’ordures qui dorent sous l’astre. Des ronces comme des ailerons de requin. La tentation d’offrir sa gorge à la lame rouillée. Gratter la pierre poreuse. S’évader. Leurs calibres qui scintillent soudain dans la nuit compacte. Des lambeaux de voix.
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Chaleur torride, la ville écrasée sous elle. Terminus Marseille. Un brin de vent, d’abord, qui ne soulageait pas, qui ne faisait que touiller les odeurs d’ordures en suspension. Que ce zéphyr-là fût trop tiède pour offrir un répit à l’aoûtien ensuqué, qu’il achève de l’étouffer, de l’anéantir… Tels étaient les doux vœux formulés en leur for intérieur par les aruspices édentés du Vieux-Port. Haleines de vipères et têtes fermées comme de vieux poings ridés. Parti des Baléares, poussif, il s’était revigoré au-dessus de Phocée et balayait maintenant l’arrière-pays, ce Mistral geignant ; jusque dans les ruelles de reculées sous-préfectures, il s’infiltrait, semant au passage la zizanie dans les étendages à linge, mais restait sans effet sur ce cul-de-plomb de Licken, cloué sur sa chaise, impassible face aux liasses s’envolant de son bureau.
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De quelle manière et à quel moment deux « jeunes » de la banlieue sud avaient débarqué chez Treuffais ? Pourquoi avaient-ils ensemble décidé d’enlever, puis de supprimer l’écrivain Daniel Blèche ? Quelles avaient été leurs motivations ? Que pouvaient-elles avoir de commun ? Aucune explication rationnelle sur la constitution de ce commando d’un genre nouveau. Peut-être, aussi, oublié de tous, perclus de solitude, Treuffais avait-il rêvé cette rencontre, cette brusque, sauvage et vraiment imprévue intrusion dans sa vie étriquée, la porte du galetas qui s’ouvre sur deux gars de lointaine banlieue venus le bousculer dans sa mélancolie. Aucun d’eux n’avait pu prévoir cette rencontre. Ni la fin sanglante de leur mauvaise farce ? Si tant est que c’était bien de farce dont il était question.
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Cher lecteur du Frapar. Tu désespères ? Sur la mauvaise pente ? Et à moi, tu y as pensé un peu ? Oui, à moi, ressassant mes amours de jeunesse Margate Plage du versant de la falaise debout au soleil nu comme une espèce de Dieu. J’aime assez ce « comme une espèce de Dieu ». Permets-moi la projection. Que je m’identifie. Que je me fende un peu l’armure, et toi la poire, ce voyant. Marre-toi, oui. Tu peux. Mais admette que je me réchauffe aux souvenirs. Consens. La Creuse est fraîche. Un autre divertissement pas dispendieux du tout, c’est le courrier que vous m’adressez, chers et tendres, poste restante. Adorables missives. Là, je dois dire que vous m’avez gâté. Il en est une surtout, qui se distingue du lot. Dans le creux de ma pogne, ce pauvre trophée froissé, que je déplie à votre attention fébrile. Courrier de lecteur du Frapar donc, votre favorite revue, courrier adressé à son unique rédacteur, mézigue en chef. Une gazelle pleurnicheuse et suicidaire qui me raconte le calvaire de sa vie de folle dans une barre du 9-4.
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