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La porte, peu robuste, céda très vite sous les coups rageurs des policiers. Les agents de la PIDE se retrouvèrent en un instant à l’intérieur de la maison. Les enfants, terrorisés, se recroquevillèrent les uns contre les autres. Leur mère hurlait en tentant de s’interposer entre les policiers et la fenêtre que son mari venait d’ouvrir. Ce fut peine perdue car un des hommes poussa violemment Ana qui ne résista pas et se retrouva à terre
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Très peu espéraient s’enrichir, mais tous aspiraient à une vie plus digne qui leur était refusée dans leur pays. Le Portugal assista alors à une grande vague d’émigration, en très grande partie clandestine et rurale, qui vida des villages entiers dans le plus grand secret et la peur au ventre. En effet, non content d’opprimer le peuple, le régime interdisait à ceux qui désiraient chercher une vie meilleure en dehors des frontières, de les franchir. Malgré cette interdiction, la nation dut faire face à un dépeuplement massif de régions entières.
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Au malheur de se voir séparés de leur famille et de leur pays, s’ajouta le fait que les candidats au départ durent supporter l’exploitation brutale des réseaux clandestins de passeurs chargés de les conduire aux différentes frontières. Le risque était important car la fuite était considérée comme un crime et punie comme tel par le gouvernement qui tenait à maintenir l’isolement politique et culturel de son peuple. Le régime salazariste désirait également conserver cette précieuse main-d’œuvre bon marché, avantageant les riches industriels qui soutenaient le pouvoir en place. Étaient également précieux les jeunes soldats dont le pays avait besoin pour la sauvegarde de son vieil empire colonial. Toutes ces raisons conduisirent le gouvernement à fermer les frontières et les Portugais à tenter de les franchir illégalement (...)