Radieuse vermine

Deuxième pièce de Philip Ridley que j'enchaîne en peu de temps. Cette fois, j'emprunte la grande porte du théâtre adulte avec une comédie acide, cruelle et dévastatrice sur l'horreur que peut provoquer le jusqu'auboutisme consumériste. le principe est simple. Un couple attendant un enfant a gagné le droit de participer à un jeu. Il gagne une maison "à rénover", mais des sans abris s'y introduisent. Lorsque c'est le cas et que la mort arrive par accident, surprise : la pièce dans laquelle le meurtre s'est déroulé est rénovée ! Entre Stéphane Plazza et petits meurtres entre amis, que choisir... le pire, bien sûr, car la farce grotesque pousse le bouchon, jusqu'au centre commercial du toujours plus ! Mais c'est pour bébé, assurément. L'escalade progresse jusqu'à une pause - une rencontre avec une SDF assez touchante scène, je trouve - mais c'est reparti pour un tour jusqu'au dénouement que je ne divulgâcherai point. le propos et le ton sont très entraînants. L'écriture est intéressante, mais pose pour moi deux petits soucis. le premier, un rythme effréné de répliques courtes qui parfois ne permettent même pas à une idée d'émerger. le flow s'alimente de lui-même, certes, mais pour raconter quoi, parfois ça tourne un peu à vide. Par ailleurs, le choix de restreindre la distribution à 4 rôles, créée une théâtralité mettant en scène le récit et le jeu dans le jeu, qui est intéressant à jouer, j'imagine (quoique vu la rapidité du texte, ça doit être éprouvant) mais surtout assez complexe à lire. Cela n'a pas gâché pour autant mon plaisir, cette pièce est de très bonne facture et je relierai volontiers du Ridley, même s'il est un peu longuet, je trouve, mais on aime, on ne compte pas, n'est-ce-pas ?