Fleur et Sens est un one shot qui suit et précède « Seule la fleur le sait » (dont vous pourrez trouver ma chronique dans la section manga). C'est un magnifique opus en deux parties.
Le résumé correspond à la première partie, qui raconte l'histoire émouvante et déchirante de deux jeunes hommes, Motoharu et Akira. Deux amis d'enfance qui s'aiment depuis toujours mais n'ont jamais osé se le dire. Jusqu'au jour où Motoharu se révèle, et avoue ses sentiments à son camarade, qui le rejette en lui affirmant avec tristesse et dépit qu'il ne le considère que comme un ami.
Pour tout dire, tout sépare ces deux jeunes hommes qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Akira enfant est passionné par les magnifiques fleurs du grand jardin de Motoharu et ne peut s'empêcher de se tenir aux grilles pour les contempler. Il provient d'une famille relativement pauvre, alors que Motoharu est le fils du propriétaire d'une grande clinique. Pourtant, quand Motoharu aperçoit Akira devant chez lui, il lui propose d'entrer dans le parc avec lui pour observer les fleurs de plus près. Intimidé, Akira, féru de botanique malgré son jeune âge, finit par accepter. Depuis ce jour, les deux garçons ne se sont plus quittés, trouvant mille manières de se voir en cachette.
Akira est aussi timide et réservé que Motoharu est enthousiaste et extraverti. Quand Motoharu enfant embrasse son ami sur la joue, celui-ci rougit, mais pourtant, des années plus tard, quand il lui révèle son amour pour lui, Akira le rejette tout à fait et les deux amis se séparent pour ne plus se parler ni se voir… jusqu'à ce que Motoharu, bien décidé à ne pas renoncer, s'inscrit en section botanique à l'université. C'est donc là qu'il va retrouver Akira, et tenter de renouer avec lui. Quelle est la raison véritable du rejet de son ami ?
Cette histoire est tragique, mais terriblement touchante. Sincèrement, elle m'a mis les larmes aux yeux. Nos deux amis sont voués à être séparés par la fatalité d'un poids des traditions contre lequel ils ne peuvent pas se battre. Akira, par respect pour sa famille, doit faire face à un mariage arrangé depuis des années. Les deux amis accepteront-ils ce lourd destin, auquel ils aimeraient échapper ? « Enfuyons-nous ensemble. » « Ne t'en va pas. » « Toutes ces phrases surfaites de films ratés, que nous n'avons pas eu le courage de prononcer. Sans doute étions-nous trop adultes pour ne pas les souffler… et pas assez pour les réaliser et en prendre les responsabilités. » Je crois qu'à lire ces mots, mon coeur a bien failli s'arrêter, et qu'à voir se dérouler les pages de ce manga, mes yeux se sont remplis de larmes. L'histoire est très courte, mais tellement intense et belle qu'elle est à vous en couper le souffle. Et à vous laisser une boule dans la gorge.
Pourquoi dis-je que cette histoire précède « Seule la fleur sait » ? Je vous laisse le découvrir par vous-même, mais un indice : les noms des personnages pourraient vous rappeler quelque chose… En tous les cas, cette histoire est à ne pas manquer, une page de poésie magnifique qui ne pourra pas vous laisser indifférents. Et la scène érotique est aussi belle qu'intense, pas très détaillée, mais merveilleuse, simplement.
La seconde partie de ce manga est une petite suite toute douce et toute lumineuse de « Seule la fleur sait ». On y retrouve Misaki et Arikawa vivant ensemble dans la grande maison de Misaki. Ils ont tous les deux une vie active, chacun d'eux travaillant dans sa branche. Leur vie est un long fleuve tranquille, remplie de tendresse et d'amour.
Mais Arikawa a décidé de présenter Misaki à sa famille… Imaginez notre cher Misaki, si timide et discret, face à l'exubérante famille de son amoureux. A devoir révéler la vérité sur son lien avec lui, sachant que, jusqu'à présent, ils n'ont fait qu'affirmer qu'ils étaient colocataires… Non, la situation ne peut que le faire mourir d'embarras, et il fait promettre à Arikawa de ne pas révéler la nature de leur lien.
Cette partie est remplie d'humour et de légèreté. La rencontre entre Misaki et la famille d'Arikawa est riche en rebondissements, et oui, on verra Misaki déguisé en très jolie fille ! ;-) Ça vaut le coup d'oeil ! Mais comme rien n'est jamais téléphoné ou inutile, avec Rihito Takarai, même cette scène cocasse déclenchera chez les deux amis un dialogue émouvant…
Enfin, la chute de cette petite histoire est extrêmement touchante. Je ne vous en révèlerai évidemment rien, je vous invite à filer la découvrir. Mais je peux vous le dire, s'il n'est pas toujours évident de rajouter une petite suite à une histoire merveilleuse aussi bien finie que « Seule la fleur sait », le défi a été ici relevé haut la main.
Un détail m'a amusée, un petit couac de traduction. Je lis souvent les mangas en anglais (même si celui-ci est un vrai bijou en français), et les traducteurs y gardent les titres qui qualifient les personnes. Pour simplifier, nous avons « san » pour les personnes plus âgées, et « kun » pour les plus jeunes. le japonais est très codifié, et je comprends qu'on ne les utilise pas dans les versions françaises, mais ici il y a eu un tout petit passage que les lecteurs français n'ont vraiment pas dû comprendre : il s'agit d'un moment où les deux personnages, qui se nomment, il faut le savoir, par leur nom de famille (le prénom d'Arikawa est en vérité Yôichi, et celui de Misaki, Shôta), tentent de réfléchir à comment ils en viendraient à s'appeler l'un l'autre s'ils étaient mariés. Misaki a du mal à imaginer appeler Arikawa par son prénom, ce à quoi Arikawa lui répond « si tu as du mal à m'appeler par mon prénom, tu peux essayer de me trouver un surnom, tu sais ? Ou bien me vouvoyer ou m'appeler « monsieur » ». Suite à quoi il rajoute : « monsieur Misaki, je vous ai toujours aimé. » Et là, on a une petite mention expliquant qu'Arikawa est né en Février alors que Misaki est né en Avril. Ce qui ne veut rien dire dans ce contexte évidemment… Alors qu'en japonais, il est évidemment fait mention de « Misaki kun », qui serait différencié de « Misaki san » si Arikawa, l'aîné des deux, venait à porter le nom de son ami après un mariage… Bref, ce n'est qu'un détail, mais sur le coup ça m'a marquée. ;-)
Une chose que j'aime énormément dans les mangas de Rihito Takarai, c'est la beauté de ses dessins (dont je ne me lasse pas, ils sont juste magiques !) et sa façon bien à elle de mettre en scène les passages érotiques. C'est souvent très osé, mais à la fois très doux. Ici tout comme dans « Seule la fleur sait », les deux scènes érotiques (une par partie) sont de jolis bijoux remplis de tendresse, très esthétiques. Cependant, ces mangas restent déconseillés pour un public non averti, même si cette série est classée en 14+. A mon avis ce n'est pas gênant et ça peut être tout à fait adapté pour des adolescents, mais il est bon malgré tout d'être au courant que ces passages sont assez… intenses.
Pour finir sur une petite touche de douceur, je dirais que Misaki et Arikawa, pour moi, c'est une grande histoire d'amour, poétique, savoureuse, légère, qui fait du bien au coeur et ne peut pas vous laisser indifférents. Si vous n'avez pas lu « Seule la fleur sait », je vous invite à commencer par là, et si c'est déjà fait, n'hésitez vraiment pas à découvrir cet opus bonus… Je puis vous assurer que vous ne le regretterez pas… au contraire !
Aurélie, pour le blog d'Amabooksaddict
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