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sur 1576 notes
De 1903 à 1908 Rainer-Maria Rilke établit une relation épistolaire avec un jeune homme, Franz Xaver Kappus, élève officier, et poète en herbe qui ose s'adresser à cet aîné admiré, afin de lui demander des conseils d'écriture. Nous ne savons rien de la teneur des lettres du jeune homme. Seules les dix lettres, en réponse, que Rainer-Maria Rilke lui a adressées nous sont parvenues grâce à ce recueil.
Que contiennent-elles donc ces dix missives ? Aucun conseil d'écriture en tous cas, car écrire constitue un acte beaucoup trop personnel pour que l'on puisse s'appuyer sur les avis d'autrui et s'en satisfaire.
En fait Rilke va bien transmettre des consignes à ce jeune homme, mais il s'agit plutôt de préceptes de vie qu'il va plus ou moins développer, voire ressasser tout au long de ces dix lettres : entrer en soi-même, se demander quelle importance écrire représente pour soi, ne surtout pas se laisser influencer par les ouvrages critiques, car « les oeuvres d'art sont d'une infinie solitude ; rien n'est pire que la critique pour les aborder. Seul l'amour peut les saisir, les garder, être juste envers elles. Donnez toujours raison à votre sentiment à vous contre ces analyses, ces comptes rendus, ces introductions ». Par ailleurs, Rilke exalte la solitude, la dure et ingrate solitude, « la grande solitude intérieure. Aller en soi-même et ne rencontrer durant des heures personne, c'est à cela qu'il faut parvenir. ». Infiniment formatrice cette solitude, qui, seule, permet de parvenir aux objectifs que l'on s'est fixé.
Sans oublier de délivrer à son jeune admirateur nombre d'aphorismes exprimés de la plus poétique façon, par exemple : « En une seule pensée créatrice revivent mille nuits d'amour oubliées qui en font la grandeur et le sublime » ...
Voilà en gros le message de Rilke, sans omettre l'injonction de lire et de se repaître de l'oeuvre du poète danois Jens Peter Jacobsen.

La forme épistolaire ne nuit pas à la verve poétique de Rilke, et c'est ce qui fait la valeur de ces lettres, car, pour mon compte, leur contenu n'a rien de révolutionnaire, tant il est évident que la création est un pur acte de vie, essentiel, et non une action à ranger parmi d'autres !
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Ces dix lettres forment un court texte fort agréable à lire et qui, en-dehors des formules de politesse et de certaines tournures de pure forme, n'a pas pris une ride sur le fond.
Aux considérations sur le fait d'être artiste (écrivain) ou non, j'ai préféré les quelques beaux passages sur la vie en général : l'amour, la solitude, la condition de la femme, aussi, avec beaucoup de justesse dans le propos, pourtant daté.
Et bien entendu, la langue est belle, délicieusement surannée et intello, mais que c'est bon !
Un classique qui manquait à mes bases, c'est réparé !
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L'art subtil et élégant de dire à un jeune auteur que ses vers sont convenus, peu sincères et qu'écrire est foncièrement un besoin intérieur et solitaire, avant d'être un moyen de partage et de reconnaissance.
Remarque également précieuse, car mal reconnue en général, sur l'importance de faire confiance à ses goûts et désirs propres en matière de littérature au lieu de succomber aux directives et avis péremptoires des autres.
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On m'a souvent conseillé de lire Rilke
Très sensible aux enjeux et aux difficultés de la traduction, surtout dans le registre poétique, n'ayant aucune connaissance de la langue allemande, je me suis toujours abstenue…

Par contre, j'ai lu et relu Lettres à un jeune poète, un recueil de correspondances entre Rainer Maria Rilke et Franz Xaver Kappus, un jeune lieutenant autrichien, devenu à son tour poète, romancier, scénariste et journaliste. J'ai d'abord lu les réponses de Rilke, comme tout un chacun, et finalement découvert les missives de Kappus dans une édition plus récente qui contextualise les attentes de l'aspirant écrivain…
Je ne connais pas, cependant, les oeuvres de Kappus, qui, si je ne me trompe pas, n'ont pas été traduites en français…

Que dire qui n'ait pas déjà été dit ?
Je me bornerai à un ressenti très personnel. Voilà un recueil à mettre entre toutes les mains et, surtout, sous les yeux de toutes celles et ceux qui ont des velléités d'écriture !
Rilke n'est jamais pédant ni imbu de sa personne, même s'il n'apprécie pas particulièrement les poèmes de Kappuss qu'il évite de critiquer ou de commenter en détail… Ses conseils relèvent à la fois du bon sens et de l'honnêteté la plus sincère, et véhiculent une certaine forme d'humilité. Il ne faut jamais perdre de vue que les lettres ont été écrites entre 1902 et 1909, à un moment où Rilke ne jouissait pas encore d'une grande renommée… Ce n'est d'ailleurs pas lui, mais Kappus, qui est à l'origine de la publication des lettres.
La tonalité dominante est celle des rapports courtois et respectueux entre un maître et son disciple, un mélange de bienveillance supérieure et de profonde déférence, de confidences intimes et de conseils privés.
C'est abordable sans avoir fait des études de lettres… Chacun(e) est en mesure, à son niveau, de se reconnaître dans ces échanges et de se les approprier.

Leçons de vie, connaissance de soi, introspection…
On m'a souvent demandé, à la lecture de mes chroniques, pourquoi je ne me lançais pas, moi aussi, dans l'écriture… Si j'ai pu avoir des ambitions littéraires, je les qualifie aujourd'hui d'erreurs de jeunesse… Pourquoi ? Peut-être parce que, justement, j'ai un peu lu Rilke
À bon entendeur…

Pour celles et ceux qui voudraient se faire une idée de cette correspondance, je donne un lien vers l'adaptation de "Lettres à un jeune poète" de Rainer Maria Rilke sur France Culture :
https://www.franceculture.fr/emissions/avignon-fictions/lettres-a-un-jeune-poete-de-rainer-maria-rilke?xtor=EPR-3

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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J'avais peur, en prenant ce livre, que sa lecture soit perturbante, connaissant sa "réputation". J'avais peur de rouvrir les angoisses adolescentes, que je pensais (sans en être certaine) définitivement tues.En fin de compte, plus de peur que de mal. C'est avec plaisir que j'ai retrouvé ses sensations, ses impressions , douloureuses à l'époque: cette envie tenace d'écrire dès le premier mot lu, cette colère devant le peu d'intérêt des autres au moindre frémissement de l'âme (oh lala ) , cette frustration de devoir abandonner petit à petit le terrain de la rêverie et de l'introspection, à celui du quotidien si sec, et surtout cette impression de trahison envers soi, quand on rejoint le rang et rentre (un peu) dans le moule. Car c'est de ça qu'il s'agit dans ce livre. Kappus ressent tout ça, il veut écrire, il ne connait pas l'étendue de son talent ou si il a du talent, il demande un avis, une écoute, un écho qui lui indique qu'il n'est pas seul. Il expose à Rilke ses angoisses et la bassesse qu'il ressent à devoir exercer un métier qui le détourne de ses aspirations.La magie? Rilke , sans doute plus âgé, qui a du connaitre lui aussi ses affres, qui les a bien digéré, est un guide absolument parfait. Parfait dans le sens honnête, en lui expliquant qu'il doit trouver un équilibre, qu'il ne peut pas rejeter entièrement une part de son existence pour vivre pleinement l'autre, que ce n'est pas réaliste....mais que ce n'est pas grave, car avoir un "quotidien", une "routine", une vie de monsieur tout le monde, n'empêche pas de vivre sa vie "intérieureé, créatrice, quel que soit la qualité de cette création, elle est à soi, et rien qu'en celà elle est art. La lecture de ce livre a eu pour moi le même effet que celle de L'attrape- coeur: elle a subi le polissage des années, de la maturité. C'est bien, mais j'aurais aimé connaitre leurs effets sur l'adolescente que j'étais.
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Tel un guide spirituel, Rilke offre une sorte de manuel de la vie créatrice de portée universelle. Il explore la raison intime qui détermine les choix d'existence que tout un chacun peut découvrir en soi. Sous sa plume, la création artistique apparaît comme l'acceptation de ce que l'on est véritablement.
Ces "Lettres à un jeune poète" sont avant tout un essai sur la création littéraire.
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Les dix lettres qui sont reproduites ici sont celles de Rainer Maria Rilke, poète allemand de renpm qui a été sollicité par l'un de ses tout jeune confrère, âgé de 20 ans, afin que celui-ci le conseille et lui apporte sa science. Les réponses que Rilke apporte à ce jeune poète, Franz Xaver Kappus ,ne sont pas purement techniques et n'apportent pas de méthode précise pour écrire un bon poème meis concernent plutôt l'étzt d'esprit dans lequel le poète doit se retrouver pour écrire. Il s'agit en réalité d'une recherche d'une vérité intime qui est différente pour chacun d'entre nous. Ces lettres sont donc empreintes de philosophie puisque pour que le poète puisse écrire, il faut avant tout qu'il accomplisse un gros travail sur lui-même.
Ces lettres sont suivies de quelques poèmes de Rilke.
Magnifique ouvrage où même les lettres que Rilke adresse à ce jeune poète sont empreintes de poésie et le lecteur se laisse facilement evoûter par elles puisqu'elles lui permettent également de réfléchir sur sa propre condition et sur cette envie, qui est souvent intrinsèque à la plupart d'entre nous : celle d'écrire...
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Par l'entremise d'une connaissance commune, un jeune élève officier, Franz Xaver Kappus, va écrire à Rilke pour lui demander son avis sur les poèmes qu'il a écrit.
Cette lettre va être le début d'une correspondance riche de 10 lettres entre lui et l'auteur pendant 6 ans.
Ces lettres ont été publiées par le jeune homme après la mort de leur auteur et sont devenues le texte le plus apprécié de Rilke (et aussi les plus lus sur Babelio).
Comment pourrait-il en être autrement ?
En les lisant, j'ai été impressionné par la teneur de ces écrits, surtout face à nos sms minimalistes de notre temps.
Quelle qualité, quel rigueur pour répondre à ce jeune homme et quelle bienveillance du poète vis à vis de cet apprenti poète !
Rilke lui partage son amour pour la solitude (le destin de l'artiste est d'être seul), lui conseille l'introspection , de rester le plus proche de ce qui le touche vraiment.
A lire et relire !
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Je n'ai que la version audio, écoutée en boucle mais les lettres du jeune poète n'y figurent pas. Seuls les réponses de R.M Rilke sont là, lues par Barbara.
Un chef d'oeuvre pour moi qui découvre la réponse que je ferai désormais à ceux qui me poussent à écrire; et bien des écrivains qui se prennent pour des génies méconnus devraient méditer ce texte!
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Quand on lit les Lettres à un jeune poète, l'impression qui domine dès les premières pages est que l'auteur de ces 10 lettres est un homme âgé qui, ayant parcouru l'essentiel de son chemin personnel, donne à un jeune homme des leçons de vie. C'est ce que j'ai cru au début, avant de me renseigner et de constater avec une grande surprise que Rainer Maria Rilke n'avait que 28 ans quand il écrivait à Franz Xavier Kappus (lequel il est vrai n'avait que 20 ans). Mais, tout de même, on ne peut échapper au sentiment que Rilke fut vieux avant l'âge, tenant sur l'amour ou la solitude des propos qu'on n'attendrait pas d'un jeune homme. Et, quelque part, c'est un peu triste. Car l'enthousiasme et la fraicheur, la naïveté aussi parfois, qui caractérisent la jeunesse, soit l'ont déjà quittés (et c'est inquiétant à cet âge…) soit ne l'ont même jamais saisis.

Du reste, Rainer Maria Rilke est mort jeune (51 ans), ce qui est souvent le cas des hommes ou des femmes qui parcourent la vie trop vite, brûlant les étapes, et manquant quelque peu de carburant passé un certain âge.
Je me suis interrogé aussi sur la volonté de Rilke de répondre à ce jeune Kappus qu'il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam et qu'il ne verra jamais. C'est un trait de caractère intéressant, comme une obligation qu'il se donne, d'autant plus qu'il répond avec retard et en donne souvent des excuses peu crédibles. Cependant, on sent dans certaines lettres (pas toutes) qu'il se prend au jeu et profite de ces moments d'écriture pour définir et distiller au fil de la plume un peu de sa vision de la vie et du monde. C'est un peu l'Evangile selon Rilke, ces lettres.

Ce qu'il dit par ailleurs ne manque pas d'intérêt. Il commence par une violente charge contre la critique (il faut comprendre la Critique Officielle, pas celle que nous faisons ici à Babelio qui n'est que divertissement pour passer le temps…). « Rien n'est pire que les mots de la critique », dit-il, elle n'aboutit qu'à des malentendus et les choses ne sont pas à prendre comme on aimerait nous le faire croire. Les oeuvres d'art sont inexprimables et s'accomplissent dans une région que jamais parole n'a foulée ». Sur ce point, je suis bien d'accord avec lui et (s'il vous plaît) ne me demandez pas pourquoi je suis en train d'écrire ce qui ressemble fort à une critique (chacun ses contradictions…). Bref, il faut écrire pour soi, en soi, et se contrefoutre de ce qu'en pensent les autres. Il faut même s'en détacher pour exprimer ce qu'il y a de plus profond en soi et être capable d'y puiser un art original.

C'est quand il parle de l'amour qu'il nous bluffe ou nous inquiète, vu son âge. Et le plus surprenant est qu'il critique la jeunesse tel un vieillard prêt à passer la main. « Là est l'erreur si grave et si fréquente des jeunes » écrit-il par exemple. Il leur reproche ce manque de maturité qui mène leur amour, si disgracieux et imparfait, à l'échec. « Que peut faire la vie de cet enchevêtrement de matériaux gâchés qu'ils appellent leur union » écrit-il encore. Qu'a donc vécu Rilke pour dire des choses pareilles à 28 ans ? Rien, peut être… A-t-il été acteur de ce dont il parle ou n'est-il qu'un observateur désabusé, plus lucide que les autres, qui s'agace et s'attriste de l'agitation vaine et désordonnée de ses contemporains ? La seconde option paraît plus sûr (je me trompe peut-être).

C'est quand il parle de la solitude qu'il est le plus juste et le plus intense. Il ne parle pas de la solitude du génie créateur obligé de fuir le vulgaire pour toucher à la quintessence de son art. Non, il parle des hommes en général, insistant sur leur solitude indépassable. Il s'adresse à nous tous dans ce cri qu'il jette soudain sur sa feuille papier « Nous sommes solitude ». Et il faut l'accepter car, hélas, c'est plus que vrai et c'est bien un des drames de l'être humain, même si, comme il le martèle : certains se leurrent en donnant le change et faire comme si cela n'était pas.

Ces lettres ne sont pas d'une folle gaité. Mais elles sont à lire et éclairent certaines vérités que nous avons trop souvent tendance à oublier.
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