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4,19

sur 1567 notes
J'ai été très sensible aux conseils prodigués par cet ouvrage.

Puisque pour Rilke, la création est inhérente à la vie, ces suggestions peuvent être appliquées à des champs dépassant la pratique artistique en tant que telle.

En dehors de l'importance accordée à Dieu et à la procréation comme moyen de réalisation obligé pour l'être humain, les propos tenus m'ont semblé aussi intemporels que pertinents.

En s'adressant à Franz Kappus, Rilke nous partage quelque fois des vérités tellement évidente qu'on a justement besoin de quelqu'un pour nous rappeler leur existence et le réconfort qu'elles procurent.

Avec une humilité désarmante, l'auteur réalise un éloge de la solitude. Dans ce qu'elle a de dévastateur mais surtout d'authentique. Rilke n'a de cesse de le rappeler : ce qui est grave est difficile et ce qui est difficile est important.
Il appelle à l'intransigeance sur deux points : nous devons être sûrs que notre passion existe là où nous voulons aller; et nous ne devons pas négliger notre origine : la Nature.

Ce sont pour Rilke les deux impératifs pour accéder à la réalisation de soi. A cela s'ajoutent des maximes douces et apaisantes : chérir ses questions et ses doutes, plutôt que d'être dévasté par l'incertitude; comprendre que l'amour est un processus complexe et que sa maîtrise passe par une suite d'essais et erreurs; enfin réaliser que la souffrance permet à de nouvelles ressources de trouver le jour en nous.
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Alors que le discret Rainer Maria Rilke n'aurait certainement jamais pensé que ses lettres adressées au jeune poète Franz Xaver Kappus seraient un jour publiées, voilà que celles-ci sont devenues un tel classique de littérature qu'elles ont même effacées les oeuvres littéraires publiées par Rilke. Nul doute que les raisons tiennent à l'universalité de ses réflexions et à la vision d'une poésie comme véhicule de la recherche de vérités intimes. Au coeur des pages, on retrouve ce qui fait le sens, non pas simplement de l'écriture, mais de la création artistique de façon plus large : créer pour entrevoir le monde tel qu'il est vraiment. Créer pour expérimenter et pour saisir l'authentique dans la vie que l'on traverse jour après jour.

Au-delà d'être une conversation entre un élève et son maître, "Lettres à un jeune poète" nous permet d'entrevoir un Rilke plein d'humilité, aux analyses psychologiques d'une grande finesse, voire même novatrices pour l'époque.

Un classique de la littérature à découvrir et à garder sur sa table de chevet. Un livre à rouvrir les soirs de doutes, lorsque les questions nous assaillent. Parce que, comme le dit Rilke : "Pour l'instant, vivez les questions. Peut-être, un jour lointain, entrerez-vous ainsi, sans l'avoir remarqué, à l'intérieur de la réponse."
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C'est dans une nouvelle traduction de Sacha Zilberfarb que les éditions du Seuil proposent cette oeuvre célébrissime (reçue grâce à la masse critique que je remercie), avec la particularité que pour la première fois les lettres de Franz Xaver Kappus, l'aspirant poète évoqué dans le titre, sont publiées avec celles de Rainer Maria Rilke. Ce dernier était alors un poète déjà un peu reconnu même s'il n'avait que 27 ans au début de cette correspondance commencée en 1903.

Plus qu'un traité de poésie, cet échange épistolaire est un traité de vie : Selon Rilke, on devient poète parce qu'on n'a pas le choix, en dehors de toute considération commerciale ou sociale. Il faut plonger au plus profond de soi pour se connaître, se débarrasser des conventions pour trouver sa voie. Pour cela, il ne faut pas craindre la solitude même s'il peut être plus commode parfois de l'habiller d'un vernis social.

Ces propos trouveront sans doute au premier chef un écho auprès d'artistes ou des créateurs, et nombre d'entre eux se réclament déjà de cet ouvrage. Cependant, l'universalité des conseils prodigués par Rilke a fait et continue de faire le succès de ce livre auprès d'un lectorat plus large.

Les lettres de Kappus révèlent un jeune homme rebuté par sa carrière militaire, sensible et vulnérable, un peu obséquieux, mais peut-être était-ce simple politesse à l'époque, qui a grand besoin de se confier. Rilke s'avère être un mentor bienveillant et attentif, même s'il ne semble pas particulièrement sensible aux quelques vers que le jeune homme se risque à lui soumettre. Quelques poèmes de ce dernier sont reproduits à la fin du livre.

J'aurais bien voulu connaître les motivations de Rilke : en entretenant cette correspondance, poursuivait-il un but altruiste, était-il sensible lui-même à cet échange, quelle place a-t-il occupé dans sa vie ? L'intéressante postface, rédigée par le président de la Fondation Rilke, évoque brièvement la question.


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Certainement l'un des premiers livres sur la créativité (artistique), sur l'écriture en particulier...voire de développement personnel en général.
En tout cas, le mieux écrit!

La première lettre est si riche qu'elle mériterait d'être citée ici dans son intégralité. Je ne le ferai pas : lisez-là, lisez-les!
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Pour changer des romans, rien ne vaut un petit essai de temps en temps.

Rainer Maria Rilke est un de mes poètes allemands préférés et c'est avec délectation que je me plonge dans ce recueil de lettres qu'il a envoyées à certains de ses proches et surtout à un jeune homme qui lui demandait des conseils sur l'écriture poétique.

Cependant, dans ces quelques lettres, Rilke expose également sa conception de l'écriture en général, de la création, de la beauté, de l'amour.
C'est évidemment sublime, pertinent et (j'en ai été surprise) très moderne dans certaines des idées avancées.

En bref, un ouvrage qui non seulement élève l'âme comme la poésie de Rilke mais fait également réfléchir. Une pause bienvenue dans notre monde de bruit et de fureur. Merci Rilke.
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J'ai découvert Rainer Maria Rilke un soir en sortant du travail.
Un ami, membre comme moi d'une association littéraire, m'attendait et m'a lu les quelques phrases de ce livre :
"Cherchez en vous-mêmes. Explorez la raison qui vous commande d'écrire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre coeur; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire. Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit; me faut-il écrire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d'une réponse profonde."
A l'époque nous écrivions tous quelques textes.
Un très beau souvenir que ce soir là et bien sûr j'ai lu après le livre.
Franz Kappus écrit à Rilke et sollicite son avis. Ce dernier lui répond et l'encourage à écrire. Une belle correspondance.
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Il y a chez Rilke une introspection déjà très émouvante dans ses premiers écrits et qui se déploie dans ses échanges avec Franz Kappus. Rilke doit être lu lorsqu'on se sent perdu : il console de tous les doutes, il nous pousse à croire en notre intuition et à abandonner les apparences. Ses réflexions sont d'une modernité éclatante, je la recommande pour tous ceux qui cheminent, ceux qui se sont trompés, ceux qui aiment s'abandonner à la rêverie.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Il y a les poèmes, et ces lettres. Ils sont le meilleur moyen pour les non-germanophones de mettre la main sur Rilke – la poésie est notoirement difficile à traduire. Et en lisant les lettres, nous sentons que nous touchons à l'essence non seulement de la poésie de Rilke, mais de la poésie elle-même, ou d'une sorte de poésie. Cela expliquerait leur énorme popularité (et tous ceux qui ne sont pas critiques seront ragaillardis par ce vers, qui apparaît au début de la première lettre : « Il n'y a rien de moins propre à toucher une oeuvre d'art que des mots critiques : tout ce que nous aboutir à des malentendus plus ou moins heureux »).
L'histoire derrière eux est simple. Un jeune élève-officier du nom de Franz Xaver Kappus écrit à Rilke, en y joignant quelques vers et en lui demandant conseil. (Rilke, à ce stade, n'avait que 28 ans et n'avait que peu de réputation, sauf parmi les connaisseurs.) Et ce qui s'est passé dans sa réponse était presque magique. L'intention sous-jacente était peut-être « s'il vous plaît, ne m'écrivez plus jamais », mais comme le disent les lettres énervées, c'est exquis : réfléchi, franc et utile, et un modèle pour chaque communication encourageante ultérieure que les plus expérimentés sont obligé de livrer à ceux qui demandent leur avis. (combien de poètes qui, en recevant une lettre demandant conseil à quelqu'un qui n'est manifestement pas cinglé ou complètement dépourvu de talent, soupirent et souhaitent que ces lettres n'aient jamais été publiées.) "Personne ne peut vous conseiller et vous aider, " écrivait Rilke, " personne. Il n'y a qu'un seul chemin. Entrez en vous-même.
« Examinez la raison qui vous pousse à écrire... demandez-vous à l'heure la plus calme de votre nuit : dois-je écrire ? Oui, les élisabéthains l'avaient déjà dit (Philip Sidney) quelques centaines d'années auparavant – "Espèce de fou m'a dit ma muse, 'regarde dans ton coeur et écris' (Astrophil et Stella)” - mais c'était quand les gens croyaient encore en quelque sorte aux muses, ou pouvaient au moins leur poser des questions sans avoir l'air trop ridicule.
Les lettres sporadiques de Kappus ont suivi Rilke à travers l'Europe alors qu'il se rendait de Paris à Viareggio à Brême à Rome en Suède; 10 lettres sur six ans, donc Rilke, lui-même un épistolier prodigieux, pouvait à peine se sentir harcelé. Et lorsque ces lettres ont été publiées après la mort de Rilke, Kappus a effacé (et sagement) sa propre partie de la correspondance, à l'exception d'un de ses sonnets que Rilke a copié de sa propre main - un tendre et généreux geste : "Lisez les lignes comme si elles vous étaient inconnues, et vous sentirez au plus profond de vous-même combien elles sont à vous."
de toute évidence, Rilke trie ses propres pensées autant qu'il livre des apophtegmes ex cathedra. Une lecture attentive est gratifiante et révèle plus de bon sens que vous ne le pensiez au premier abord. Et comment ne pas être content d'avoir vécu assez longtemps pour lire des lignes comme celles-ci : « Aimer c'est bien aussi, car aimer c'est dur. faites, le plus possible, l'ultime épreuve et le test, le travail pour lequel tout autre travail n'est qu'une préparation."
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Un superbe texte, très court, porteur d'énormément de réflexions sur la solitude, l'amour, la création, l'acception de ses émotions et de son destin. Ce n'est pas un texte qui se parcourt, la lecture peut parfois être ardue, mais chacun devrait le découvrir pour y puiser ce dont il a besoin. Une fois n'est pas coutume, ce sont quelques citations qui en parleront le mieux.
« Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas ; accusez-vous vous-même de n'être pas assez poète pour en appeler à vous les richesses. »
« Eprouvez les profondeurs d'où jaillit votre vie. »
« Je voudrais, aussi bien que je le puis, vous prier d'être patient envers tout ce qu'il y a d'irrésolu dans votre coeur et d'essayer d'aimer les questions elles-mêmes. »
« Vos proches, dites-vous, sont lointains ; c'est qu'autour de vous, du vaste se forme. »
« L'avenir est fixe, et c'est nous qui nous mouvons dans l'espace infini. »
« Purs sont tous les sentiments qui vous rassemblent et vous soulèvent ; impur le sentiment qui ne saisit qu'un côté de votre être et qui, par là, vous distord. »
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Il y a de nombreuses années, j'ai visionné un film qui m'a tant séduite que je le regarde encore aujourd'hui avec plaisir: "Sister Act, acte 2", de Bill Duke. Au cours de l'histoire, une soeur recommande à une jeune fille quelque peu perdue de lire les "Lettres à un Jeune Poète" que voilà. Depuis, je n'avais jamais eu l'occasion de lire ce livre qui m'attirait tant. Je ne regrette pas de le découvrir aujourd'hui.

En 1902, Franz Kappus, jeune homme s'essayant à la poésie, contacte Rainer Maria Rilke et lui envoie quelques vers, espérant un avis du poète confirmé. Lorsque Rilke lui répond, c'est une correspondance de plusieurs qui débute. En 1929, Franz Kappus décide de publier les dix lettres que lui a envoyé Rilke car "elles valent pour la connaissance de cet univers, dans lequel Rainer Maria Rilke a vécu et créé; elles valent pour ceux qui grandissent et se forment maintenant, pour ceux qui se formeront demain."

Cette compilation nous présente seulement les lettres de Rainer Maria Rilke, mais celles-ci sont assez précises pour que l'on puisse deviner les sujets évoqués par Franz Kappus dans sa correspondance. Aucune sensation de voyeurisme au cours de cette lecture, les mots du poète Rilke donnent l'impression qu'il ne s'adresse pas uniquement au jeune homme qui l'a contacté, mais à l'humanité même. Il livre dans ces belles pages une vision de l'existence clairvoyante; l'on apprend de ses mots, l'on s'interroge, et peut-être avons-nous aussi envie de devenir une meilleur personne après l'avoir lu, d'être en paix avec ce qui nous entoure. La psychologie, la religion, les bases de la vie et de la recherche de soi-même au cours de l'existence sont autant de sujets abordés; Rilke s'exprime avec une passion manifeste qui est fascinante à lire.

C'est une jolie lecture qui nous est proposée grâce à ces lettres enflammées sur la vie.
Lien : https://letoucherdespages.bl..
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