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sur 1627 notes
Lisa Charvet, jeune fille de vingt ans, contacte l'avocate Alice Keridreux pour le procès en appel dans lequel l'ouvrier plâtrier Marco Lange va être rejugé pour son viol alors qu'elle avait quinze ans. En première instance, il a été condamné à dix ans de prison. Lisa souhaite en effet changer d'avocat et quitter Laurentin, qui avait été choisi par ses parents, pour être défendue par une femme. Alice accepte, Lisa lui communique son dossier et lui raconte son histoire, ses années collège, ses rapports avec les garçons à l'époque… ● L'efficacité narrative de ce roman est remarquable. Il tient le lecteur en haleine, sans aucun temps mort. ● Chroniqueuse judiciaire au Monde depuis vingt ans, Pascale Robert-Diart connaît le fonctionnement de la justice sur le bout des doigts et en fait profiter ses lecteurs dans ce récit passionnant, sans que le rythme du récit ne soit en rien affecté par ce qu'elle nous expose du système judiciaire. ● J'ai juste un petit regret sur le titre de l'oeuvre qui déflore maladroitement l'intrigue. ● Certaines critiques babeliotes semblent avoir peur que ce roman remette en cause la dynamique du mouvement « #metoo ». Je trouve cela ridicule. D'une part, ce n'est pas un roman qui peut arrêter une telle lame de fond ; d'autre part #metoo ne signifie pas que les paroles des femmes soient toujours sincères. Elles aussi peuvent mentir : le découvre-t-on ?
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Enfin ! Enfin une quatrième de couverture qui , si elle fait feu de tout bois pour présenter favorablement cet ouvrage , n'en délivre pas une miette .Je ne connais pas l'impact de ce procédé sur le lecteur mais , personnellement , loin de me rebuter , cela a plutôt eu le don d'exciter ma curiosité et , au final , de me laisser littéralement dévorer ce petit roman efficace et bien écrit .
Bon , aprés avoir dit cela , me voici bien ennuyé pour vous en parler ....Alors , quelques pistes : on y plonge dans le domaine de la justice , du procés , de la valeur des témoignages , du travail des avocats , des jurés .Vous l'avez compris , on est au tribunal où l'on assiste à un procés aprés appel .Mais pas que...
Dans le même temps , on va pénétrer dans le monde des ados, dans leur collège, dans leurs découvertes du monde , des mondes . .Les ados , on en a eu , on en a , on en aura et c'est pas " de la tarte " . Finalement , seules et seuls qui n'en ont plus en sont heureux ( oui , y'aura les petits enfants , mais là , rien à voir !!! ) .Pour les autres , pas de bol si vous les avez , encore moins de bol si vous les aurez , si ,pour l'instant , ils sont encore tout mignons ( cqfd) , dans quelques temps . Allez , courage , profitez .
Et bien dans ce livre , y'a des ados , y'a des juges , des avocats , des parents , des profs bref , pas mal de monde , un univers trés bien analysé ,à mon avis .
J'ai bien aimé les profs , tiens , ceux qui disent tout savoir et ceux dont on dit que ,peinards , ils n'attendent plus que la retraite et ne veulent plus s'investir , pas d'emmerdes , quoi . Avant de me tirer dessus , consultez ma " fiche " vous comprendrez mieux ...
Et oui , y'a tout ça dans ce petit bouquin , un beau voyage chez les ados avec cette " petite menteuse " que certains se sont même permis de traiter de " petite salope ".Tout un programme , tout un aspect de notre société .J'avais , il y a longtemps lu un livre qui s'intitulait " un crime de notre temps ". On n'est pas loin .
En attendant , je me permets de vous recommander cette lecture qui pourrait sans doute nous amener , en certaines circonstances , à plus de discernement et d'humilité .
Bonne soirée , les amis et amies , et à trés bientôt .

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La petite menteuse, ouais tu parles, la petite salope tu veux dire !
Ben oui, tu sais, Lisa Charvet, celle en troisième avec les gros seins…
Tu veux voir la vidéo ? Elle fait des trucs à tous ceux qui lui demandent.
Conversation ordinaire des garçons du collège dans lequel Lisa va mal.
D'ailleurs, elle va tellement mal Lisa, que sa prof préférée, Mme Valette, a remarqué depuis plusieurs semaines que quelque chose clochait. Alors, le jour où sa meilleure copine Marion vient la voir en salle des profs pour lui répéter les confidences de Lisa, Mme Valette convoque Lisa pour comprendre la raison de ce mal-être.
Lisa se confie, on lui a fait du mal, on l'a blessée, elle est victime… Enfin Lisa est écoutée, plainte par les autres, elle se sent exister, considérée. Sa meilleure amie, ses parents, ses profs, tous vont s'inquiéter pour elle, prendre soin d'elle. Alors quand sa mère lâche le nom de Marco Lange comme suspect potentiel, Lisa n'a pas la force de dire non. le piège se referme pour Marco Lange, ce looser entre deux âges, au regard torve, libidineux, qui n'a que l'alcool pour ami. Dans le procès, sa parole et celle de Lisa s'affrontent. Bien que victime d'une erreur judiciaire, personne ne va lui tendre la main à Marco Lange. Puisque Lisa semble une victime idéale, Marco Lange sera le coupable idéal également.
Mais le temps passe, et le poids de la culpabilité pèse de plus en plus sur les épaules de la jeune femme, car Marco Lange croupit depuis plusieurs années en prison pour un crime qu'il n'a pas commis.
Avec courage, Lisa décide de s'en remettre à une avocate, Alice Keridreux pour qu'elle l'accompagne dans le rétablissement de la vérité face à la justice.
Le livre est court, percutant, lu très rapidement. le lecteur s'attache à Lisa comme le fait son avocate, incrédule face à cette jeune femme parfois si sûre d'elle et en même temps si fragile. Elle revisite la dureté des années collège, le nouveau regard des autres sur les corps des jeunes filles qui se transforment.
Un questionnement intéressant, qui dérange aussi dans le temps post me-too. Qu'est-ce qu'elle vient tout remettre en cause celle-là, à avouer qu'elle a menti ? On préférerait presque qu'elle se taise pour ne pas douter de la parole de toutes les autres quand elles arrivent à dénoncer les harcèlements, les agressions qu'elles subissent en silence depuis tant d'années…
Un livre qui reflète bien les ambiguïtés de la société et la sacro-sainte présomption d'innocence, qui nous dérange et nous confronte à nos idées reçues. Oui une personne peut mentir pour plein de bonnes et mauvaises raisons et envoyer un innocent en prison. Quand bien même cet homme au regard bizarre est un sale type, à l'alcool mauvais, vulgaire, repoussant, antipathique, rien ne peut justifier une incarcération pour des faits qu'il n'a pas commis.
Et nous, qu'aurions-nous pensé à la place des jurés ? aurions-nous condamné également Marco Lange avec la satisfaction d'être allés dans le sens de l'Histoire, d'avoir libéré les femmes de l'emprise masculine ? Probablement. de vraies questions sont posées ici par l'autrice, sur quoi fonder une conviction de culpabilité quand il n'y a pas de preuves ? quand c'est la parole de l'un contre celle de l'autre ? quand les apparences sont trompeuses ? Faut-il accorder le bénéfice du doute ? Prendre le risque d'envoyer un innocent ou prison ou celui de laisser un pervers en liberté faire d'autres victimes ? Un livre qui interroge, dérange, bouscule nos idées reçues et petites certitudes. Avec beaucoup de subtilité l'autrice nous place dans la peau de ces jurés qui se sont trompés, car comme eux, on a envie de protéger la jeune fille fragile en face de nous et envoyer en taule le type bas de plafond et aigri vis-à-vis des femmes, alors même que l'on connaît la troublante vérité. Accusée, levez-vous.
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Un jour que j'étais dans ma cuisine (à faire ce que l'on fait dans une cuisine...), j'ai entendu à la radio, une histoire de justice injuste ... Un homme allait bientôt être libéré, car la personne qui l'avait accusé de viol, mineure à l'époque des faits, s'était rétractée, il était innocent... Elle l'avait désigné lui, pour ne pas désigner le vrai coupable, son frère... et ainsi pulvériser sa famille. Ce roman étant sorti, sensiblement en même temps , et présentant des similitudes étonnantes, avec cette vraie affaire, j'ai laissé passer du temps, pour oublier la vraie histoire. Mais les raisons du roman n'ont rien à voir ... Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde, a créé SON histoire, certainement avec des bouts de celles entendues dans les prétoires, les salles d'audience ; en effet, c'est tellement bien fait, tellement réaliste...

Dés le début , on apprend que la fille a menti, que l'homme est innocent. Et c'est toute l'histoire de ce mensonge, que va nous raconter l'autrice. Comment il naît d'un malaise, d'un mal-être, comment "il passe crème", comment la justice croit d'abord les enfants, avant les adultes. Comment la machine s'emballe, d'une petite confession au gros cirque d'un procés et d'une condamnation et d'un procés en appel.

C'est fascinant à lire.
Cela pourrait être vrai.
Cela s'est déjà produit... (On l'a vu avec l'affaire dont je vous parle plus haut, et aussi avec l'affaire d'Outreau...)
Les enfants peuvent mentir. Les filles aussi.
Et cela pose des tas de questions, retourne complétement notre cerveau. Si l'on ne peut plus croire les faibles, d'abord, avant les adultes, les jeunes filles avant les hommes si fort physiquement, qui croirons-nous ? Et cela fait du tort à un mouvement comme MeToo, si nécessaire, et qui a eu tant de mal , qui a mis si longtemps avant d'éclore...
Cela questionne sur la cellule familiale, sur les parents qui à force de vouloir être heureux, ( "parce qu'on a qu'une vie, hein."..), foutent en l'air celle de leur enfant lorsque tout explose, s'ils ne font pas gaffe ...
Et cela interroge sur le féminisme, sur ce que nos mères nous ont légué, sur ce qu'on en a fait, sur ce que nos filles pensent maintenant de cet héritage, ce qu'elles gardent, ce qu'elles jettent...
Cela questionne sur le métier d' enseignant, à qui on demande parfois de jouer les alerteurs, les confesseurs, les assistantes sociales, les psychologues... Sauf qu'ils n'ont pas LA formation. Sauf qu'ils sont si jeunes quand ils débutent (21/22ans ,si leur cursus étudiant se passe "normalemement")...
Que dire du réquisitoire de l'avocate ? : génial , implacable, magistral . Une pure démonstration de ce que l'on fait dire aux mots, du sens que l'on leur donne, de leur puissance. C'est un livre pour les littéraires.
C'est un roman qui montre et démontre que la justice ne passe pas de la même façon sur les puissants ou sur les misérables. Comme dans le cas évoqué plus haut, le coupable-innocent était pauvre, sans relation, seul... Un coupable idéal, donc...

Un roman très contemporain, très intelligent, très facile d'accés qui interroge sur le monde dans lequel nous vivons.
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Une avocate reçoit une jeune femme à l'approche d'un procès en appel pour viol mais peine à cerner ce que cette cliente attend exactement : où leur face-à-face les mènera-t-il ?

Chroniqueuse judiciaire pour le Monde, Pascale Robert-Diard nous entraîne au coeur d'un procès d'assises. Elle en dévoile non seulement les rouages dramatiques – sélection des jurés, plaidoiries et petites ficelles des avocats, demande de huis-clos – mais aussi et surtout les dessous, puisque l'on suit le cheminement de l'avocate qui s'empare d'un dossier. C'est bien raconté et ça se lit tout seul.

Mais il n'y a pas que ça. Les défis contemporains du féminisme sont au coeur de ce roman qui interroge la mécanique implacable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres convictions. Les différents personnages incarnent bien les camps en présence : il y a les boomers réacs qui trouvent que ça commence à bien faire avec me too, l'avocate cinquantenaire pour qui le féminisme, c'est de s'être battue pour se faire une place dans un milieu professionnel dominé par les hommes, prise en étau entre une mère qui ne voit pas l'intérêt de parler autant de viols ou de « partir en guerre contre les hommes » et une nouvelle génération de féministes qui sacralise le « ressenti » et la parole des femmes.

On voit bien aussi la délicatesse de la posture de l'avocate humaniste attachée aux causes féministes, mais aussi à la présomption d'innocence et aux droits de personnes qui n'ont souvent guère à offrir pour leur défense. Dans la veine des Choses humaines de Karine Tuil, le roman pointe les engrenages judiciaires qui se referment sur l'accusé sur la base d'un dossier bâclé, d'un mode de vie déviant ou même d'un témoignage de « regard bizarre ». Ce qui est particulièrement intéressant, c'est qu'il montre aussi que cet emballement peut aussi enfermer la victime tant certains entourages sont empressés de plaquer des convictions bien-pensantes ou condescendantes au lieu d'écouter ce qu'elle a vraiment à dire. J'ai été interpellée par l'attrait que peut avoir le statut de « victime » dans un cadre hyper jugeant.

Pascale Robert-Diard a donc le courage d'avancer un propos nuancé qui interroge nos convictions, recherche la vérité et souligne la mission immense qui incombe aux tribunaux. Il s'agit de prendre au sérieux les risques d'erreur judiciaire, mais aussi la parole des victimes, sans toutefois les enfermer dans ce statut ni parler à leur place. Or, cette parole ne pourra guère se libérer tant que les femmes (et particulièrement les adolescentes) resteront prisonnières d'autant de prescriptions, de « réputations » et de jugements.

Un roman prenant et intelligent qui parle avec finesse des défis de notre ère post-me too.
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Le roman de l'apaisement ?
Lisa a 20 ans. Il y a cinq ans, elle a accusé un homme de l'avoir violée, et il a été condamné à dix ans de prison. Il a fait appel, et pour ce nouveau procès, Lisa souhaite être défendue par Alice Keridreux, parce qu'elle a des choses à raconter, qu'elle pense pouvoir exprimer plus facilement auprès d'une femme qu'auprès de l'avocat parisien initialement choisi par ses parents. Et Lisa a beaucoup de choses à raconter…

Voici un roman court mais très dense, très intense, et très intelligent. Pascale Robert-Diard est chroniqueuse judiciaire, elle maîtrise son sujet et son récit est extrêmement bien écrit, concis et précis, avec une froideur toute juridique. Ses personnages ne sont pas particulièrement sympathiques, mais chacun peut se reconnaître dans leurs doutes, hésitations et interrogations, et c'est captivant.
L'auteur aborde le sujet des violences faites aux femmes sans en faire une diatribe anti-patriarcale, mais en pointant les défaillances sociétales. Elle s'attarde notamment sur les excès parfois portés à la parole des victimes, au motif (justifié) qu'elle n'a été que trop minimisée par le passé. Ce point vaut d'ailleurs un échange perturbant entre Keridreux et la compagne de son fils. Pascale Robert-Diard dissèque avec acuité le basculement actuel des relations hommes-femmes, mais n'est jamais à charge : tous les points de vue sont convoqués. Ce faisant, elle rappelle qu'une remise en question des schémas de pensées jusqu'alors tolérés est réellement en cours, qu'un retour en arrière est peu probable, mais qu'il faudra du temps pour que les réflexes s'adaptent.
Récit qui prête à réflexion, donc, mais où se mêle une intrigue étrangement haletante et magistralement maîtrisée.

C'est donc un roman passionnant, tout en nuances, qui tire un bilan post-MeToo à un instant T sans sombrer dans la furie misandre –et un tel recul fait du bien, enfin.
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Alice est avocate, elle vient de ne pas avoir bien défendu son client, quand une jeune femme la veut, elle, parce qu'elle est une femme. Cette dernière a accusé un plâtrier venu faire des travaux dans la maison de ses parents; elle avait 15 ans.
Certificats médicaux. de quoi ? Pas de viol, pas de sodomie, mais l'état déplorable de Lisa, la volonté de tous de trouver une explication à son mal être, pire, l'air du temps qui fait qu'on prend très au sérieux un « viol », même si ce serait en réalité une fellation obligée, la seule pratique que Lisa est obligée de faire encore et encore au collège, dont il serait question.
Par qui a t elle été violee ? Par ses copains du collège, qui ont même fait une sex- tape. Par son père qui est parti avec une plus jeune. Par ses profs qui sautent à pieds joints sur l'occasion de leur vie, défendre une victime, sans vouloir vraiment comprendre pourquoi elle est victime.
Elle va mal, c'est évident, et pourtant cela choque quand elle avoue avoir menti sous la pression.
Pendant ce temps, l'accusé a fait 5 ans de prison dans le secteur des « piqueurs » , et donc mis a l'épreuve. D'où sa demande en appel.
Alice accepte de la défendre, lis son dossier, mais, retournement( sauf pour nous, qui avons lu le titre ) elle doit maintenant défendre une menteuse, et mettre en cause tous les témoins «  il l'avait mal regardée « , «  je ne lui faisais pas confiance »
Ces témoins sont mis à l' épreuve de leur “croyance du temps” qui fait que jamais on ne croyait les victimes de viol il y a 50 ans, et que, maintenant, plus aucune preuve n est demandée pour prouver le viol.
Défendre une menteuse, la comprendre, entrer dans son mal être réel, alors qu' elle a envoyé un innocent en prison, qu' elle a manipulé ses parents “ pour qu' ils l' aiment”
Ce livre n' est pas un chef d oeuvre, mais il est intéressant en ce qu' il égratigne les bien pensants, les profs au dessus de tout soupçon, qui vivent une expérience exceptionnelle en dénonçant un “ viol”
Et les parents ! Désireux de bien faire, avec des phrases convenues, on comprend que passer de mère de victime à mère d' une menteuse, ce n' est pas facile.
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J'ai choisi ce roman de 200 pages pour un peu vider ma PAL, et justement, il se lit très vite et a donc parfaitement rempli sa mission.
Mon premier livre de cette auteure. Il est évident qu'elle connaît les assises sur le bout des ongles, donc quand elle narre l'histoire de cette avocate, tout sonne juste.
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Lisa, qui avait 15 ans au moment des faits et du premier procès, à la suite duquel un homme a été déclaré coupable et emprisonné, était alors représentée par un avocat ami de sa famille. Mais maintenant qu'elle est majeure, elle veut qu'une femme reprenne son dossier.
En effet, l'accusé qui n'a jamais cessé de clamer son innocence fait appel, donc nouveau procès.
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Nous allons donc suivre Alice, avocate qui a son propre cabinet, qui jongle avec un emploi du temps chargé, et c'est à travers elle que nous découvrons l'histoire de Lisa.
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Elle n'est pas toute rose, la vie de Lisa, loin s'en faut. Elle grandit dans l'ombre d'une soeur aînée devant laquelle ses parents sont en admiration, au collège, ce n'est pas non plus la panacée puisque ce n'est pas pour son intelligence que les garçons s'intéressent à elle mais parce qu'elle a plus de formes que ses petites camarades du même âge.
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Et elle a tant besoin d'être aimée, cette gamine, qu'à force d'accepter pas mal de choses, elle se retrouve dans une situation inextricable, le dos au mur, coincée, pressée de questions auxquelles elle ne peut ou veut pas répondre...alors elle ment pour passer d'accusée à victime.
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Notre avocate monte son dossier. Tout devrait rouler comme sur des roulettes puisqu'ils tiennent le coupable qui croupit déjà en prison depuis un bon moment.
Sauf que ce n'est pas un scoop vu que c'est le titre du livre, Lisa a menti, comme je l'ai également mentionné plus haut.
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De plus, je me suis interrogée sur le fait que cet homme ait été condamné sur la seule parole de la gamine. Ni témoins, ni preuves, juste les déclarations de la "victime". On est aux assises, c'est elle que les jurés ont crue, en plus d'autres personnes mais je ne vais pas tout vous révéler non plus.
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J'ai trouvé que l'enquête n'avait pas été poussée, que tous les intervenants n'avaient pas été interrogés avant le premier procès, et je me suis demandé si c'est bien ainsi que les choses se passent en réalité.
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Mais on a souvent pu constater que quand des accusations d'abus sexuels surgissent, avant même qu'il y ait procès, rien que sur les réseaux sociaux, tout le monde a déjà son opinion bien forgée. Tout comme on voit la méfiance qui persiste même quand le "suspect" ressort libre et dégagé de tout soupçon.
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Mais ça c'est l'opinion publique et dans l'affaire qui nous occupe, on est aux assises et un type s'est retrouvé en prison avec une lourde peine juste sur les dires d'une ado qui a menti.
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La justice est quand même bizarre, franchement. Quand on voit le mal qu'on doit se donner pour déposer une plainte et pour se faire entendre quand on est victime de quoi que ce soit, les interrogatoires, les preuves à apporter. Je vous passe les détails, tout le monde les connaît.
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Donc là, dans ce roman, j'ai quand même été un peu étonnée. Enfin c'était parole contre parole, le plus crédible gagne. Ça fiche un peu les jetons quand même, non ?
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Pour résumer, ce roman est agréable à lire bien que je l'aie trouvé un peu court et que j'aurais aimé qu'il soit un peu plus étoffé, mais la plume est fluide et une fois qu'on a commencé on ne peut pas s'arrêter avant d'avoir fini.
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Je peux donc dire que j'ai relativement apprécié ce livre et ai passé un bon moment, mais ne le considère pas comme incontournable.
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Par contre, comme vous pouvez le constater, je me pose pas mal de questions et j'attends vos avis à vous.
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Un roman court, dense, concis, qui interpelle. D'autant plus que son propos est décalé, à contrario de l'air du temps, tout comme les révélations de la petite menteuse qui dérangent tout le monde sauf l'accusé. Beaucoup pensent tout bas qu'elle aurait mieux fait de se taire, et, ce n'est pas dit de façon directe dans le roman, il est quasi certain que si elle avait parlé avant sa majorité on l'aurait obligée à se taire. C'est juste un peu dommage que le titre annonce à ce point la couleur alors que Lisa ne dévoile son mensonge que relativement tard dans le livre. le roman pose beaucoup de questions : sur la justice, sur la façon dont arrive une erreur judiciaire, sur le féminisme, sur le poids des apparences, sur ce qu'est un mensonge, sur la parole des enfants, … Car au départ elle ne ment qu'à sa meilleure amie et les adultes n'entendent que ce qu'ils imaginent, oubliant tous, y compris les experts, qu'il n'y a pas mensonge plus crédible qu'un mensonge partiel. L'engrenage est alors lancé, plus Lisa ment, plus elle va mal, et plus elle va mal, plus on la croit, au point d'aller au procès sans jamais avoir organisé de confrontation entre Lisa et Marco, au prétexte qu'elle va trop mal pour le supporter. L'auteur a choisi un ton assez neutre, souvent très proche d'une chronique judiciaire assez sèche, mais tempérée juste ce qu'il faut par le personnage de l'avocate de Lisa, Alice, dont nous suivons la vie professionnelle, la famille, et un peu les loisirs. Tout ce que lecteur sait des autres protagonnistes, y compris Lisa, c'est ce que perçoit l'avocate, tant à travers le dossier judiciaire, que dans sa relation à sa cliente et dans le procès. Excellent moyen de ne pas tomber dans un récit trop dans l'émotionnel. du coup, difficile d'éprouver de l'empathie pour Lisa, mais ce n'est pas le propos non plus, l'essentiel est de comprendre ce qui s'est passé, comment ça s'est passé, et ne pas retomber dans les travers du premier procès où, parole contre parole, c'est celui qui attire le plus la sympathie que l'on croit. Un roman très efficace qui pousse à se poser bien des questions.
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La Marie-Hélène Lafon du prétoire.
Quelles correspondances entre ce roman passionnant furieusement urbain et l'univers résolument rural de l'auvergnate écrivaine m'ont conduit à cette comparaison loufoque ?
Le format d'abord… Court mais dense.
Le style ensuite : des descriptions précises, un sentiment d'intimité qui s'instaure immédiatement avec chacun des personnages sans pour autant que l'auteure n'abuse d'effets faciles ou de coupables emphases. La chroniqueuse judiciaire du Monde, connait les arcanes de l'institution mais ne tombe pas dans le piège de l'experte.
Enfin et c'est sans doute ce point qui est le plus important, sous l'apparente banalité d'une affaire de justice qui n'a rien d'un procès du siècle, une réflexion approfondie sur des problématiques complexes. Grâce à Pascale Robert-Diard et à ce « cas » qu'elle expose avec une remarquable neutralité, les lecteurs s'interrogent sur l'influence des débats publics souvent très médiatisés sur les différents acteurs de la justice mais aussi sur les répercussions de ces mêmes débats sur les parents et les adolescents. Tour à tour ou de façon chorale, les différents points de vue, juge, avocat, procureur, parent, victime, accusé, conduisent à nous défaire de nos idées reçues, de nos légitimes indignations en nous gardant de toute explication simpliste. Comme dans « Article 353 du code pénal » de Tanguy Viel, il apparaît qu'une décision de justice, fragile mais indispensable recherche d'une vérité, n'a pas seulement vocation à sanctionner, elle doit aussi réparer et surtout servir d'exemple.
« La petite menteuse » nous rappelle la difficulté de ce verbe aussi simple à prononcer que délicat à expliquer : juger. Un verbe que Pascale Robert-Diard conjugue au plus beau des temps, celui du présent de l'humanisme.
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