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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Et si la vie que nous vivons, n'était pas notre vie réelle…
C'est la question que nous pose Catherine Rolland à travers le personnage de Benjamin Teillac, ambulancier à Lyon.
Tout allait pour le mieux dans la vie du jeune homme, un métier qu'il aimait, une épouse qui le comblait, un fils, des amis…
Tout s'est enrayé le jour où Sylvie est partie.
Les crises d'épilepsie ont réapparu, de plus en plus fréquentes, de plus en plus violentes.
Durant ses crises, Benjamin fait un saut dans le temps : le voilà plongé dans un épisode dramatique de la Résistance durant l'hiver 44 en Haute-Savoie dans le massif des Glières. Il devient Benjamin Sachetaz.

Catherine Rolland nous permet de vivre ces deux existences, qui n'en font qu'une.
En mêlant le passé au présent, il est malheureusement souvent facile de se perdre si l'auteur manque de précision.
Rien de tel ici et, c'est l'une des forces de ce roman de nous transporter d'une période à l'autre sans jamais nous égarer en chemin.

Le cas singulier de Benjamin T. est un beau roman parfaitement maîtrisé.
Le double personnage de Benjamin est parfaitement décrit, avec ses doutes, ses failles mais aussi sa force immense lorsqu'il devient chef de guerre.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste, figures amicales ou fraternelle.

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Ben mène une double vie

Victime de crises d'épilepsie qui vont s'accompagner de visions, Benjamin se voit combattre l'armée allemande aux côtés de son frère Cyrille sur le plateau des Glières. Commence alors une double vie, en 1944 et en 2016.

Benjamin Teillac n'est pas vraiment gâté par la vie. Tout avait pourtant bien commencé pour lui. Un travail d'ambulancier qu'il avait toujours rêvé de faire, Sylvie, une belle épouse qui va mettre au monde un fils, des amis… Les choses ont commencé à déraper quand il s'est découvert cocu, sa femme couchant avec Haetsler, son patron. du coup les relations professionnelles deviennent très tendues. le divorce est difficile, tout comme ses relations avec son fils: « Lorsqu'il arrivait le vendredi soir, il s'y rendait directement, claquait la porte derrière lui et ne réémergeait brièvement qu'au moment des repas que nous partagions dans un silence presque complet. On dit que lors de la séparation de leurs parents, les gamins se sentent presque toujours obligés de prendre parti. Pierrick avait choisi son camp, et j'aurais probablement dû m'estimer heureux qu'il accepte encore de venir chez moi une semaine sur deux. » Et pour couronner le tout, ses crises d'épilepsie qui ont repris. Des ennuis de santé qui peuvent conduire à un licenciement. Heureusement, son copain David, qui est avec Sylvie le seul dans la confidence, reste à ses côtés.
Et ne va pas tarder à être le témoin de nouvelles crises. Déstabilisé, Benjamin décide d'accepter le nouveau traitement préconisé par sa neurologue, mais ne va pas être soulagé pour autant. Bien au contraire, des hallucinations, des visions commencent par le hanter. Il se voit soudain comme projeté dans un film, se retrouvant aux côtés de résistants retranchés sur le plateau des Glières. Il se voit artificier, chargé de faire sauter un pont au passage de l'armée allemande. L'épisode est d'un réalisme tel qu'il en est tout secoué: « Je n'avais jamais porté d'intérêt à l'histoire, pas plus à la Seconde Guerre mondiale qu'à aucune autre période du passé. Je faisais partie de ces hommes cartésiens pour qui seul le présent comptait (…) mais j'avais pourtant su citer sans hésitation, comme d'un fait connu de toujours, le nom de Tom Morel, héros d'une bataille dont il me semblait n'avoir jamais entendu parler. »
C'est à ce point du roman que Catherine Rolland réussit un premier grand tour de force. On «voit» Benjamin aux côtés de son frère Cyrille, un abbé avec lequel il a rejoint les maquisards. On ressent avec lui l'intensité de ce moment, la peur et l'exaltation. Et si on partage son trouble, on a – tout comme lui – envie d'en savoir davantage, de retrouver ses compagnons et cette femme qui allait s'engager sur le pont à quelques secondes de l'explosion, la belle Mélaine qu'il va sauver et dont il va presque instantanément tomber amoureux. Si, comme le disait le poète Calderon de la Barca, la vie est un songe, alors on a envie de continuer à rêver avec Benjamin: « L'immersion dans le passé, pour le moment, était ma seule façon de supporter assez mon présent pour m'empêcher d'ouvrir le gaz en plein avant de me coller la tête dans le four. Je n'avais plus de travail ni de ressources, ma femme m'avait quitté, mon fils me tournait le dos. (…) Contre toute attente, je me sentais bizarrement serein. Mon seul problème, dont je savais qu'il finirait par se résoudre, était d'éliminer Hitler et de rendre la patrie aux Français. »
Au fur et à mesure des crises, on va passer avec Benjamin d'une époque à l'autre, comprendre que toutes deux sont aussi réalistes l'une que l'autre et, comme les témoins aux côtés de Benjamin, nous dire que tout cela n'est pas possible, que l'on ne saurait se réincarner en héros de guerre – mais comment dans ce cas peut-on se souvenir des noms, des lieux, des personnes – pas plus qu'on ne saurait dans les années quarante connaître l'issue du conflit ou encore parler de produits qui n'ont pas encore été inventés, comme le DVD.
Et c'est là le second tour de force réussi avec brio par Catherine Rolland. Non seulement elle nous emporte par son écriture addictive, mais elle nous entraîne dans les pas de Benjamin à nous poser quelques questions existentielles essentielles: peut-on passer sans encombre d'une vie à l'autre?; Peut-on se perdre en route ou à l'inverse choisir une vie plutôt qu'une autre?; Peut-on ne pas revenir du passé? Et peut-on changer le passé? Car il faut bien que tout cela à quelque chose, à sauver son frère qui vient d'être arrêté et auquel on destine un peloton d'exécution ou à tenir la promesse faite à Mélaine de l'épouser et d'emménager avec elle dans la jolie maison à l'orée du village… Tout le reste est littérature. Un bel hommage à la littérature qui, par la grâce d'une romancière omnisciente, rend vraisemblable l'invraisemblable, rend le temps poreux, brise nos certitudes et nous rend totalement addicts à cette double-histoire, aussi étonnante que vertigineuse.
En refermant le livre, on se dit que notre bonheur de lecture pourrait se doubler du plaisir à découvrir une adaptation cinématographique de cette histoire époustouflante qui offre au cinéaste un formidable registre, de l'histoire d'amour impossible à la tranche de vie sociale, de la fresque historique dans les paysages enneigés du plateau des Glières aux avancées (?) de notre médecine. Sans oublier le tourbillon des émotions qui accompagnent toutes ces séquences.
Catherine Rolland a à la fois profité de son expérience de médecin et de son parcours – originaire de Lyon et vivant aujourd'hui en Suisse – pour construire ce formidable roman qui est, après Éparse de Lisa Balavoine, la seconde belle découverte de cette rentrée 2018. Après plusieurs romans publiés dans des maisons d'édition confidentielles, il me semble qu'elle a trouvé aux Escales l'éditeur qui va lui permettre de percer. C'est tout le mal qu'on lui souhaite!
Lien : https://collectiondelivres.w..
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J'ai choisi de lire ce livre car il était mis en avant dans ma librairie en tant que littérature « régionale ». L'histoire se passe majoritairement en Haute-Savoie où j'habite, plus précisément sur le plateau des Glières tout près de chez moi.
L'action oscille entre deux périodes : 2014 où le Benjamin T du titre est ambulancier et 1944 où Benjamin Sachetaz est lieutement maquisard dans la résistance.
Les deux Benjamin ont beaucoup de points en commun mais sont aussi très différents
Le « contemporain » vit une sale période : sa femme le quitte, il divorce, perd son boulot et est malade (des crises d'épilepsie de plus en plus fortes)
Pour le deuxième Benjamin on ne sait au début presque rien et c'est la force de ce roman de nous faire découvrir ce personnage.
Il s'agit ici d'un roman fantastique, à chacun de se faire une idée sur l'histoire : Benjamin et Benjamin sont-ils une même personne à 70 ans d'intervalle. Benjamin T est-il schizophrène ? le voyage dans le temps est-il possible grâce à des médicaments ?
Les personnages secondaires, tant de nos jours qu'en 1944, sont bien campés (mention particulière à David et Cyrille, ami et frère de Benjamin, selon la période )
La fin m'a un peu attristée mais je reste convaincue que c'est une fin parfaite. Un très bon moment de lecture ...
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Et si ce que nous rêvions était notre vraie vie, à moins que celle-ci ne soit qu'un songe ? Et si nous avions la possibilité, chaque jour, de vivre plus longuement dans nos rêves ?
Le dernier roman de Catherine Rolland gomme les frontières de ces deux états et nous plonge dans un récit fascinant qui m'a complètement embarquée…
Le sujet ?
Benjamin Teillac va mal : sa femme est partie après quinze ans de vie commune, son fils ne veut plus le voir et son boulot d'ambulancier est remis en cause par des crises d'épilepsie de plus en plus rapprochées. Une vraie galère.
Heureusement, son ami de toujours, David est là. Un père pour Ben que ce David : il le surveille, prend soin de lui, l'accueille dans sa maison, lui prépare à manger et le ramasse en miettes dans la rue alors qu'il vient d'être victime d'une nouvelle crise.
Pendant combien de temps Ben va-t-il pouvoir garder le secret ? Si son chef apprend son mal, il est viré. Ce boulot, il l'adore, il aime les contacts qu'il noue avec les malades qu'il transporte. Mais les crises ne préviennent pas : elles sont de plus en plus nombreuses et durent maintenant assez longtemps, suffisamment longtemps pour que Benjamin se mette à vivre... une nouvelle vie.
C'est ainsi qu'il quitte plusieurs fois par semaine les années 2014 pour être propulsé en 1944 en plein maquis ! Là, en Haute-Savoie sur le plateau des Glières, massif des Bornes, il devient alors Benjamin Sachetaz, né en 1909, ayant grandi dans une ferme à Saint-Calixte, et avec son frère Cyrille, un homme d'Église, il s'est engagé dans la Résistance. Étonnant pour un homme qui déclare en 2014 : « Je n'avais jamais porté d'intérêt à L Histoire, pas plus à la Seconde Guerre mondiale qu'à aucune autre période du passé. Je faisais partie de ces hommes cartésiens pour qui seul le présent comptait. » Et pourtant...
Bien sûr, les réveils sont un peu douloureux et lorsqu'il tente d'expliquer à David ce qui lui arrive, ce dernier perd patience. Benjamin devient-il fou ? D'où viennent ces hallucinations récurrentes ? Peut-on parler de « rêves » ? Sont-ce les effets secondaires des différents traitements ? Jusqu'où tout cela va-t-il mener Ben ? Dans la pire des névroses ?
Dans tous les cas, il faut trouver une solution et rapidement. le docteur Aubervilliers, neurologue au CHU, va proposer à Ben de tester une nouvelle thérapie. Avec un peu de chance, ce nouveau traitement marchera et le sortira de cette double vie impossible. A moins que…
Je l'avoue, j'ai été complètement happée par ce roman : non seulement, les personnages sont très attachants, notamment ce pauvre Ben dont la double vie devient très vite un enfer mais surtout, les questions existentielles qui sont posées sont, je trouve, assez troublantes : « Si tu devais choisir, est-ce que tu laisserais ta vie, ta femme et ton fils, le confort d'une existence sans guerre et sans le risque de te faire tuer chaque jour que Dieu fait ? Si tu devais choisir entre là-bas et ici, Ben, pour quelle vie opterais-tu ? » lui demande un personnage du roman. Se pose donc la question du sens de la vie et de l'engagement. Qu'est-ce qui vaut la peine d'être vécu, qu'est-ce qui donne de la valeur à notre existence ?
J'ai aussi beaucoup aimé toutes les réflexions qui ont trait à L Histoire : repartir en arrière avec la connaissance de ce qui va se passer dans l'avenir, c'est évidemment être tenté de vouloir changer le cours des événements. L'on se met soudain à rêver… Et si l'on pouvait modifier le passé, faire en sorte que certains monstres n'arrivent jamais au pouvoir, que certaines guerres n'aient jamais lieu... Moi qui ne suis pas une fana de science-fiction (je n'y comprends généralement pas grand-chose), là, j'ai été captivée par la richesse des problématiques abordées par ce sujet.
Une lecture très plaisante donc et que je recommande vivement !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Franchement, le sujet était casse-gueule... En découvrant la quatrième de couverture, j'ai eu un peu peur. Cette histoire totalement improbable d'un homme qui, suite à des crises d'épilepsie se retrouve à vivre la vie d'un autre, 70 ans plus tôt en pleine seconde guerre mondiale... Eh bien je n'en suis que plus soufflée du résultat car ce livre m'a bien captée et l'auteure mène parfaitement sa barque en parvenant à garder le cap à chaque fois qu'on a l'impression qu'on va se crasher... Hop ! Un petit twist remet tout ça d'équerre.
Les allers-retours entre les identités de Benjamin offrent au lecteur une immersion dans un épisode marquant de la Résistance en Haute-Savoie ainsi qu'un questionnement intéressant autour des deux personnalités de cet homme, ambulancier dans les années 2000 mais dont la vie est en train de s'effondrer de tous les côtés et héros de la Résistance dans les années 40, chef d'un réseau et décideur.
Je n'en dirai pas plus pour ne pas effleurer la mécanique qui a toute son importance dans le déroulé de l'intrigue ; néanmoins, j'ai beaucoup pensé au film de Woody Allen, La rose pourpre du Caire et ce principe de passer outre les réalités admises, de traverser l'écran...
Bref, pour résumer, un bon roman, divertissant et prenant avec un parti-pris d'originalité qui emballe joliment le tout !
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Benjamin, la trentaine, ambulancier de son état et récemment quitté par sa femme, renoue avec les crises d'épilepsie de son enfance.
Elles le plongent dans des rêves extrêmement réalistes, au coeur de l'hiver 1944 en plein maquis en Haute Savoie.
Suivant le rythme des crises qui s'accélèrent, ces visions prennent de plus en plus de place et Benjamin oscille entre deux univers...

Réminiscences ? Vie antérieure ? Peut-on changer le passé ? Ces questions servent de trame à un récit où la loyauté des hommes et l'amitié tiennent une place importante.

Un agréable moment de lecture.
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Un livre très abouti que ce roman de Catherine Rolland, mêlant des thématiques trés actuelles comme l'amitié. la recherche médicale, la précarité affective à une forme de voyage dans le temps et de retour arrière sur la résistance française pendant la 2ème guerre mondiale.
Le personnage principal passe d'une époque à l'autre, d'une vie à l'autre, d'une personnalité à l'autre.
Vraiment très réussi avec une écriture fluide et agréable ainsi que des personnages attachants et bien campés.
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Tout d'abord, je tiens à remercier l'autrice pour l'envoi de ce service-presse ainsi que pour sa confiance.

J'ai immédiatement été intriguée par le résumé de ce roman et j'étais curieuse de le découvrir.

L'autrice nous propose ici un mélange entre du fantastique et de l'historique qui est subtilement réalisé à travers les sauts dans le passé de notre protagoniste avec une plume addictive, simple et bien détaillée.

L'intrigue est prenante et le lecteur s'attache rapidement au personnage de Benjamin (aussi bien dans le présent que dans le passé) tout en ayant envie de découvrir la suite de ses péripéties.

Le lecteur sent rapidement que les thèmes de la maladie (ici de l'épilepsie) et historiques sont bien retranscrits par l'autrice et que des recherches ont été entreprises pour se rapprocher le plus de la réalité.

L'histoire contient de bons rebondissements qui vont crescendo avec les sauts dans le passé de notre protagoniste. A chaque fois, vous aurez envie que Benjamin change d'époque pour découvrir la suite.

Le dénouement final est captivant et rempli de péripéties alors que l'épilogue se clôt sur une note émouvante.

Personnellement, j'ai préféré les moments que Benjamin passe en 1944, j'ai trouvé que cette partie du récit contenait plus d'actions et les personnages rencontrés plus attachants.

Cependant, les sauts d'une époque à l'autre de Benjamin peuvent être imprévisibles et de ce fait, j'ai été brièvement perdue lors de certaines transitions.

Si vous avez envie de vous plonger dans un roman historique au coeur de la 2ème Guerre mondiale avec un brin de fantastique, je ne peux que vous conseiller cette lecture.

J'ai rapidement lu les 324 pages de ce roman. Les chapitres sont de taille moyenne (environ une dizaine de pages) et le style d'écriture est grand et aéré.

Pour le prix, vous pouvez vous procurer ce livre pour 17,90 euros. Voici le site de l'autrice : https://catherine-rolland.com/

J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman, je regrette juste que certaines transitions m'aient légèrement perdues. Je donne donc la note de 8 sur 10 à ce roman.
Lien : http://devoreusedelivres.ekl..
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C'est sur les réseaux sociaux ( merci « In »…) que j'ai fait connaissance avec Catherine Rolland en échangeant à propos de Yasmina Reza et de son dernier livre Serge ( voir la chronique de notre Blog sur Serge ). Française, médecin urgentiste, romancière, elle m'a donné envie de découvrir son univers littéraire.

Aujourd'hui je viens partager avec vous son livre « le cas singulier de Benjamin T » paru en 2018 aux éditions les Escales.

Avec « le cas singulier de Benjamin T », l'auteure nous conduit aux frontières du réel, de la médecine moderne, des croyances, des temporalités différentes. Elle nous fait entrer dans les sombres tréfonds d'un esprit perturbé par la maladie où rêve et réalité se mélangent.

2014… Benjamin Teillac ne va pas très bien. Il pense même qu'il a raté sa vie car il faut le dire, elle part en vrille. Il vient de divorcer de Sylvie, celle dont il pensait qu'elle était la femme de sa vie. Son fils Pierrick ne veut plus le voir, et son patron le licencie car il est épileptique. C'est embêtant quand on est ambulancier… Il lui reste l'alcool… Heureusement il y a David, ami/amoureux d'enfance, collègue d'ambulance, qui est là jour et nuit pour lui quand cela ne va pas. Il le convainc de suivre un traitement médical expérimental avec sa neurologue, traitement devant lui permettre d'atténuer ses crises d'épilepsie. Seulement là aussi, cela ne semble pas partir dans le bon sens. Les crises augmentent et s'intensifient, propulsant Benjamin dans une autre vie…

1944, le lieutenant Benjamin Sachetaz, originaire de Saint Calixte, petit village de montagne, est un résistant actif parmi les FFI de Haute Savoie. Cyrille, le frère ainé qui veille sur lui depuis la mort de leur père pendant la grande guerre, est prêtre et responsable du réseau de résistance. La guerre tire à sa fin mais rien n'est encore gagné. Entre un pont à faire sauter pour tuer un officier allemand, l'exfiltration vers la Suisse d'un Juif en possession d'informations importantes, et l'amour de la jeune Mélaine, la vie de Benjamin est celle d'un héros inconnu de la guerre.

Vous l'avez compris il s'agit dans ce livre d'un dédoublement de personnalité à 70 années de distance. Les crises d'épilepsie à répétition de Benjamin Teillac le conduisent vers Benjamin Sachetaz. Elles le précipitent dans une autre vie, un autre monde, un autre temps. le Benjamin « raté » de 2014 se réfugie dans le Benjamin « Héros » de 1944, comme pour expier cette vie ratée du 21ème siècle.

Et c'est là l'une des réussites du roman de Catherine Rolland, faire passer le lecteur d'un Benjamin à l'autre sans cesse, d'une scène à l'autre et cela sans le perdre. L'auteure entrelace l'histoire de deux personnages qui ne font qu'un à 70 ans d'écart, semant le trouble, le doute parmi les autres acteurs du livre qui ne comprennent pas la situation, le comportement de Benjamin. Et quel que soit le Benjamin, héros ou raté, il y a toujours près de lui un ange-gardien, Cyrille, David… comme pour veiller à l'attacher au réel, éviter le naufrage.

Avec une écriture entrainante, réaliste, juste, efficace (on vit littéralement les scènes de maquis du Plateau des Glières ) Catherine Rolland entretient le suspense jusqu'à la dernière page du livre sur la destinée des deux Benjamins… L'un peut-il l'emporter sur l'autre. ? Peut-on choisir de préférer une vie à une autre ? Peut-on changer le cours de sa vie, de la vie ? de vraies questions auxquelles l'auteure tente de répondre au travers des deux Benjamins.

L'auteure, qui est médecin, aborde également dans ce livre le douloureux problème de ce type de maladie. Comment le cerveau peut-il se couper du réel pour se plonger dans une autre réalité ? Entre rêve et réalité, elle nous entrouvre la porte sur les ruptures potentielles qui peuvent exister en chacun de nous… Basculer reste toujours possible !

« le cas singulier de Benjamin T » a été une belle rencontre livresque, comme on n'en fait pas tous les jours. le talent de conteuse de Catherine Rolland est avéré. Tous les ingrédients d'un bon livre sont réunis : intrigue, actions, romance, psychologie, réflexion philosophique sur le sens de la vie, pour donner au lecteur le plaisir de lire.

« le cas singulier de Benjamin T » a été ma première lecture de Catherine Rolland, ce ne sera pas la dernière. Et si vous aussi, vous commenciez par aller à la rencontre de Benjamin !

Bonne Lecture !

Lien : https://www.au-plaisir-de-li..
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Benjamin Teillac vit à Lyon, sa femme Sylvie qui le considère comme un raté l'a quittée après quinze ans de vie commune, son fils adolescent s'éloigne de lui. Ambulancier, il risque de perdre son travail car, atteint d'épilepsie, il a caché sa maladie à son patron qui se trouve être le nouveau compagnon de son ex femme... le moins qu'on puisse dire c'est qu'il traverse une mauvaise passe. Heureusement David, son collègue et meilleur ami, est là pour le soutenir. Il est le seul avec Sylvie a être au courant de la maladie de Benjamin, incompatible avec le métier d'ambulancier qu'il aime par dessus tout.

Mais des crises d'épilepsie surviennent de plus en plus souvent. Devenues quasi quotidiennes, Benjamin accepte la proposition de sa neurologue de rentrer dans un essai thérapeutique. Les crises perdurent et s'accompagnent alors d'hallucinations, de visions au cours desquelles il se retrouve dans la peau d'un soldat, 70 ans plus tôt en 1944, en pleine seconde guerre mondiale en Haute-Savoie sur le plateau des Glières. Ce soldat s'appelle Benjamin comme lui et lutte dans la résistance avec son frère Cyrille, un abbé. Benjamin passe alors d'une vie à l'autre, celle de 2016 et celle de 1944. Les scènes dans lesquels il est projeté sont terriblement réalistes... aussi réalistes que celles qu'il vit en 2016. Les frontières entre ces deux mondes finissent par devenir poreuses, entre un monde en guerre dans lequel il est un héros et où il entrevoit un amour possible et un monde en paix où il souffre et est si seul.

Benjamin, comme le lecteur, se pose de multiples questions. Est-il devenu fou? Vit-il une réincarnation? Pourquoi passe-t-il ainsi d'une vie à l'autre? Peut-il choisir de rester dans sa vie de 1944? Benjamin connait l'issue de la guerre, peut-il modifier le passé et ainsi sauver son frère qui vient d'être arrêté?

Catherine Rolland est médecin, ce qui donne une réelle crédibilité à cette plongée au coeur de la maladie épileptique qu'elle nous propose ici, j'ai aimé aussi la façon dont elle parle avec beaucoup de tendresse du métier d'ambulancier.
Les allers-retours permanents entre les deux vies de Benjamin sont très bien maîtrisés, ambulancier à la vie ratée à notre époque et héros de la résistance, chef de réseau, pendant la guerre. Catherine Rolland a accompli l'exploit de mêler ces deux histoires sans jamais nous faire perdre le fil dans une construction parfaitement réussie et un rythme bien tenu. Elle a une capacité incroyable à faire accepter au lecteur le plus cartésien cette double vie et cette oscillation entre deux espaces-temps et a engendrer une multitude de questionnements.
L'écriture précise, juste et dynamique rend très agréable la lecture de ce roman très original au sujet bien risqué. Voilà un roman que j'imaginerai parfaitement adapté au cinéma.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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