La quatrième de couverture incite ainsi à la lecture:
« Nous sommes loin du Dublin de Joyce, plutôt dans une capitale post-crise économique où la jeunesse débat sur les ravages du capitalisme entre deux flirts et intrigues amoureuses. »
Intéressant, d'autant que je me suis laissé séduire par quelques bonnes critiques de Télérama et autres journaux.
Alors, je me suis jeté…dans le vide.
Vacuité (déf.): Vide moral, intellectuel.
La vacuité des
conversations entre amis.
Peut-on parler d'un roman? de « conversations »? Rien de tout cela. Ici on touche de près le vide. La vacuité.
L'histoire est la suivante: Frances tombe amoureuse de Nick. Sauf que Nick est marié à Melissa. Melissa elle, elle aime bien Bobbi. Bobbi c'est une fille, c'est la copine de Frances. Elles ont fricoté au lycée. Et Bobbi ne voit pas d'un très bon oeil la relation de Frances avec Nick, même si elle n'est pas indifférente à Melissa, qui ne voit pas forcément de problème à ce que Nick et Frances se fréquentent, mais seulement si elle garde le statut de l'épouse de Nick...
Vous n'y comprenez rien? Normal, eux non plus. On dirait les Feux de l'amour, sans la mise à distance kitsch, sans l'ajout d'un peu de bisexualité pour être dans l'air du temps.
Je m'interroge encore sur ce que l'auteure a voulu faire ou dire. Je m'interroge dès lors sur les critiques vantant la juste peinture des moeurs et préoccupations de notre jeunesse d'aujourd'hui.
Tout est insipide dans ce roman, les personnages n'ont aucune substance. Ils sont des caricatures d'eux mêmes: des bobos qui se voudraient avant-gardistes mais se vautrent dans un moralisme social des plus pathétiques.
Tous se présentent ainsi comme progressistes, libres dans leur sexualité et leurs relations, mais en réalité chacun se révèle dans un strict conformisme: Frances veut l'exclusivité dans son couple, Melissa veut garder son statut marital, Nick aussi veut respecter les obligations du mariage...
Que reste-t-il dès lors? La critique du capitalisme? Est-ce écrire des choses comme « Philip souffrait d'avoir l'air riche lui aussi » ou de se définir comme "communiste" parce qu'on voudrait pas avoir "l'air riche" même si on fait des études en vivant aux crochets de papa et maman, dans un appartement mis à disposition par son tonton, tout en passant ses vacances chez des amis qui ont une villa en Bretagne...
Que reste-t-il, encore? Rien. Ah non, j'oubliais. Les accents woke:« J'ai dit que je ressentais parfois l'envie de rejeter mon appartenance ethnique, comme si, alors que j'étais de toute évidence blanche, je n'étais pas "vraiment" blanche, en tout cas pas comme les autres Blancs ».
Le style est à l'image du fond, des dialogues sous forme de textos tous aussi vains et nombrilistes les uns que les autres.
Il n'y a rien de poétique, rien de naïf dans tout cela. Il n'y a définitivement rien.
A fuir absolument.