AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 1319 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Juin 1940, la communauté juive de Weequahic à Newark est en effervescence , le candidat républicain Charles Lindberg, célèbre aviateur, pro nazi et anti guerre a gagné les élections présidentielles face à Franklin Delano Roosevelt.
Dans la famille Roth vient d'abord la stupeur puis l'indignation et enfin la peur.
En 1940 " Israël n'existait pas encore; en Europe, six millions de juifs n'avaient pas encore cessé d'exister".
Le petit Philip a sept ans et voit avec ses yeux d'enfants le changement qui est entrain de s'opérer dans son pays. La montée du nationalisme, du racisme bref de " l'American first".
" le complot contre l'Amérique" de Philip Roth est un roman écrit en 2004 mais tellement actuel, une uchronie certes mais quand on lit le post-scriptum en fin de roman on se dit que les antisémites comme Henry Ford ou Charles Lindberg auraient pu faire basculer l'histoire….
Pour celles et ceux qui ont envie de connaitre Philip Roth et son oeuvre je vous conseille " le complot contre l'Amérique " un roman facile d'accès.
Commenter  J’apprécie          1146
« C'est un livre qui représente trois ans de travail » déclarait Philip Roth dans un entretien de 2004, à la sortie de ce roman. Trois ans de travail et quel roman ! Je veux donc prendre quelques petites minutes pour en écrire quelques lignes.

L'originalité de ce roman historique est de mêler intimement la grande et la petite histoire. Alors que d'habitude la fiction vient de la petite histoire, ici elle vient avant tout de la grande Histoire, où les hommes célèbres deviennent personnages. Il s'agit aussi d'autobiographie, celle de Philip Roth, peut-être aussi de sa vraie famille. Lindbergh était vraiment indigné par la perspective de l'entrée en guerre des États-Unis. le romancier a brodé à partir de là.

Roth nous montre la corruption et nous explique l'argent : Monty et les riches étaient prêts à tout pour l'être. le salut vient de l'ironie : les pamphlets de Winchell font mouche, même s'il finit par en mourir.
Commenter  J’apprécie          991
Quelle très heureuse surprise que cette lecture !

Hé non, je n'avais jamais lu Philip Roth. Hé non je ne suis pas férue de littérature "étatsunienne". Hé oui j'en ai quelque peu assez des livres sur les deux guerres mondiales.

Et pourtant, ce livre m'a ravie. C'est une très belle écriture, une très belle histoire, bien menée, bien argumentée et qui, en plus, m'a fait connaître un pan de l'histoire américaine que j'ignorais. Pour moi, Charles Lindbergh, c'est le héros de l'aviation qui a traversé l'Atlantique, sans connaître son soutien au mouvement "First America", isolationniste, Hitlerofile et antisémite forcément. ("First America" à ne pas confondre avec une personnalité de l'actualité qui s'est promue sous le slogan "America first" de son cru, même s'il a essayé d'être président du mouvement "First America" lors de sa renaissance en 2002, Trump pour ne pas le citer.)

Cette uchronie, qui suppose que Roosevelt n'obtient pas son troisième mandat, mais que c'est lui, Charles Lindbergh qui devient président des Etats-Unis en 1940, est tout simplement prenante d'un bout à l'autre et m'a appris beaucoup de choses sur l'histoire américaine de 1940 .... et de nos jours.

A mettre entre toutes les mains donc.



Commenter  J’apprécie          584
America first.

L'aviateur Charles Lindbergh a gagné les élections présidentielles de 1940. Les Juifs américains craignent le pire.

C'est une excellente uchronie. Philip Roth raconte les années de plomb où Lindbergh fût président des États-Unis. L'ensemble est très réaliste, l'auteur a fait un immense travail d'historien, le moindre point de détail, les réactions des personnalités de l'époque semblent authentiques.

Mais un autre point contribue à rendre l'ensemble "réel", c'est l'insertion de la famille Roth. Je n'étais pas convaincue par le procédé au départ, mais le résultat est stupéfiant. J'ai vraiment eu l'impression de lire les souvenirs d'enfance de Philip Roth.

L'intrigue est un véritable plaisir à lire. Les États-Unis n'ont jamais été aussi proches de sombrer dans le fascisme. Les Juifs craignent de plus en plus pour leur sécurité suite aux déclarations antisémites de Lindbergh. La population américaine lui est acquise aux trois quarts, et plus rien ne semble pouvoir stopper la propagation du nazisme.

Bref, un excellent roman. Je lirais d'autres récits de Philip Roth.
Commenter  J’apprécie          392
Voilà une oeuvre qui avait tout du sujet casse figure , mais qui à comme écrivain Philip Roth ...
Un tel sujet entre les mains d'un auteur moins accompli aurait était potentiellement une catastrophe .
La trame est particulièrement osée , avec une prise de risque maximale .
Le choix de la politique fiction s'avère très audacieux , Roth en tirant toutes les possibilités avec une maestria confondante .
Il parvient à un tel niveau de maitrise , que le lecteur se retrouve projetté dans un monde ou la plus grande nation à sombrée dans la folie .
Le délire antisémite est abordé frontalement , le lecteur ne peut par la suite dire qu'il ne sait pas de quoi il retourne par rapport à cela .
La puissance avec laquelle Roth méne son récit laisse le lecteur éreinté par la qualité des phrases , la force des idées , l'audace manifeste présente ici .
Voilà clairement une oeuvre jubilatoire que le lecteur ne peut oublier .
Commenter  J’apprécie          291
Et si l'Amérique était tombée sur la tête ?

S'il y a bien une chose quasi certaine, c'est qu'en Amérique tout est possible. Un sénateur démocrate de Géorgie, grâce à des fonds récoltés par le soutien de groupes de rock, qui ne possède pas une grande fortune personnelle, qui a grandi sans haine pour les Noirs, qui mène une vie simple et qui, chose très rare, fait preuve de beaucoup d'intégrité peut accéder à la Maison Blanche.

De l'autre côté, un milliardaire vulgaire, sans aucune "decency" (comme disent les Américains), qui ne connaît que couic à la politique, qui veut faire construire des murs tandis que l'autre président (après son mandat) s'est attelé à construire lui-même des maisons ; un homme qui n'a permis la signature d'aucun traité de paix au Proche-Orient mais n'a fait qu'attiser les flammes en déclarant la ville des trois monothéismes capitale du pays (à tel point que son fameux mur peut bien mener à diverses lamentations quant au futur) ; eh bien, cet homme, lui aussi, a pris ses quartiers dans le bureau ovale.

Et si Lindbergh, en 1940, antisémite, sympathisant du nazisme, du suprémacisme blanc et fervent isolationniste avait été élu, quel aurait été le sort de cette grande nation ? Et quel lourd tribut ses citoyens juifs auraient-ils eu à payer ? Voilà ce à quoi Philip Roth tente de répondre, avec un talent fou.

Ce qui est très étonnant, c'est que, même en connaissant le fin mot de l'histoire, il peut arriver au lecteur de se dire que cette uchronie a réellement eu lieu, tant l'auteur distille savamment personnages réels et situations inventées.

Et si l'Amérique était tombée sur la tête ? Alors, le recours aux écrivains de talent serait plus que jamais nécessaire. Ainsi en va-t-il de même pour chaque pays. Voici un écrivain américain qui aurait plus d'une fois mérité le Nobel (si le jury de ce prix était un peu moins politiquement correct).

© Thibault Marconnet
le 16 novembre 2020
Commenter  J’apprécie          204
Un cauchemar, c'est ce que vit la famille juive du petit Philip, et leurs voisins du New Jersey, au tout début des années 40, lorsque Charles Lindbergh, le héros américain de la traversée de l'Atlantique en avion, est élu président des États-Unis. Rassemblant autour de lui les Américains hostiles à la guerre, il signe un pacte de non-agression avec Hitler, et ne rate pas une occasion de désigner les Juifs américains comme ceux qui voudraient infliger à leur pays une guerre inutile, et forcément lourde de nombreuses pertes humaines. Concentré de juin 40 à octobre 42, ce roman qui réinvente l'histoire des États-Unis pousse très loin dans l'analyse de ce ressent une famille lambda du New Jersey, et quel impact cet événement politique a sur chacun de ses membres.

La bonne idée, que dis-je, l'excellente idée de ce roman, est de raconter l'histoire à hauteur des souvenirs d'un petit Philip de sept à neuf ans, amateur de timbres, observateur curieux et inquiet à la fois de ce qui se passe dans le monde des adultes. La situation telle qu'elle est imaginée par l'auteur n'a rien d'extrême, elle aurait aisément pu se produire, une post-face reprend d'ailleurs la biographie réelle de tous les personnages historiques évoqués dans le roman. le côté passionnant réside aussi dans les réactions variées de chaque membre de la famille, des parents de Philip, de son frère Sandy, de sa tante et son rabbin de mari, de son cousin parti combattre aux côtés des Canadiens.
Philip Roth excelle dans l'art de faire monter la tension, degré par degré, au sein de la famille comme à l'extérieur, et aussi à raconter des épisodes qui semblent vécus. Je pense notamment à un épique séjour à Washington, que les parents du petit Philip décident de ne pas annuler pour prouver à leurs enfants qu'ils n'ont pas peur, voyage qui va pourtant leur ouvrir les yeux sur le tournant que prend leur pays.
Le style et la traduction coulent avec facilité, et les phrases, même fortes d'un nombre respectable de lignes, ne perdent jamais le lecteur en route. Sans oublier l'humour toujours prêt à pointer son nez…
Ce roman se dévore avec un brin d'angoisse, une peur pas tout à fait rétrospective, car bien qu'écrit avant l'arrivée de Trump, il décrit des faits qui pourraient bien encore se produire, ne dit-on pas que l'histoire se répète toujours ? Ah, mais c'est une histoire totalement inventée, c'est vrai, il faut se pincer pour s'en souvenir !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          200
Des quatre livres rassemblés par Gallimard dans un volume portant le titre "L'Amérique de Philip Roth", le complot contre l'Amérique est probablement le plus aisé à lire.
Philip Roth y mèle autobiographie et dystopie en racontant un pays présidé par Lindbergh aux sympathies nazies et n'engageant pas le pays dans la guerre.
Le jeune Philip a bien des motifs de développer son anxiété entre les membres de sa famille, farouchement anti-nazi et ceux disons plus conciliants et opportunistes.
C'est la fragilité d'un monde qui éclate quand finalement son destin ne tient guère qu'à un homme et à l'entourage qu'il a su se donner.
Philip Roth est un formidable auteur dont les romans sont majeurs dans la littérature américaine.
Commenter  J’apprécie          190
Comment parler d'une telle claque littéraire ? Comment expliquer cette sensation très particulière qui prend d'abord au niveau du plexus, se diffuse ensuite au creux du ventre avant de venir exploser dans les poumons en une sorte de jubilation ? Ce doit être l'effet produit par un chef d'oeuvre. Oui, un chef d'oeuvre, ce mot trop souvent galvaudé et que j'hésite tant à employer mais qui s'impose naturellement pour parler de ce roman. Avec ce sentiment que, si je ne l'avais pas lu, j'aurais vraiment raté quelque chose.

Le complot contre l'Amérique est une uchronie qui fait douloureusement écho au présent dans son auscultation des États-Unis. Publié initialement en 2004, ce roman, en modifiant le passé à un moment clé pour l'ensemble du monde, offre un angle de vue aussi puissant qu'intelligent sur les ressorts psychologiques qui entraînent les individus et peuvent modifier le sens de l'Histoire. Et, effet encore plus étonnant, il semble incroyablement prémonitoire à l'aune des comportements que nous connaissons aujourd'hui.

Philip Roth se souvient ici de l'année 1940, qui vit Charles Lindbergh gagner les élections présidentielles face à Roosevelt candidat à sa propre succession. Célèbre aviateur, douloureusement frappé par le destin (cf. l'enlèvement de son fils) et connu pour ses sympathies affichées pour le régime d'Hitler qu'il est même allé saluer en Allemagne en 1936. Si Lindbergh a gagné ces élections, c'est sur la promesse de ne pas entrainer les États-Unis dans un nouveau conflit mondial. Ne pas s'en mêler. Conclure un pacte avec les forces de l'Axe et les laisser se débrouiller. On imagine bien la panique au sein de l'importante communauté juive américaine. On connaît les objectifs affichés par Hitler et ses amis. Ne pas s'engager contre, c'est quelque part approuver. Et ouvrir la porte à tous les excès, y compris sur un territoire choisi par beaucoup pour ses idéaux de liberté, de sécurité et de démocratie.

A travers l'histoire de la famille Roth au cours de la présidence Lindbergh, l'auteur propose une analyse particulièrement fine et clairvoyante de ce qui motive, inspire, entraîne un individu. A l'intérieur même de la communauté juive, les avis divergent. Certains sont persuadés que le pire est à craindre et que bientôt, le drapeau à croix gammée flottera sur le Capitole. Leur salut consiste à passer au Canada qui lui, est entré en guerre aux côtés du Royaume-Uni. D'autres prêchent pour l'intégration, le profil bas, l'assimilation... On est en Amérique, quand même, rien de grave ne peut arriver pensent-ils. Dans la famille Roth, le père refuse de céder aux injonctions de sa femme : hors de question de fuir, la communauté de Newark est la sienne, il est un américain comme les autres. On assiste peu à peu à la mise en place de mesures concernant les Juifs qui, de façon bien plus insidieuse que ce que l'on connait de l'autre côté de l'Atlantique tissent une toile malsaine et font céder certaines des digues qui présidaient jusque-là à la cohésion de la société.

La pensée, le libre-arbitre, la capacité à se faire une opinion face aux mécanismes de propagande, tout ceci est exploré de façon brillante et quelque peu terrifiante. Car il ne s'agit pas de science-fiction. Les décisions prises ne relèvent en rien de l'exceptionnel ou du spectaculaire. Les réactions des uns et des autres sont terriblement humaines. L'égoïsme, le racisme, l'égocentrisme, la peur de l'autre, le réflexe de protectionnisme... le romancier n'a pas besoin de trop d'imagination, il suffit de puiser dans le terreau des sentiments humains. Et d'observer. La propagande, le populisme, l'aveuglement volontaire. Dans ce que décrit Roth, tout est vrai. A un tout petit détail près. Tout est vrai encore aujourd'hui. Les ressorts sont les mêmes. C'est extrêmement troublant.

Après la lecture de ces Mémoires, on est à la fois soulagé de lire les biographies réelles des personnages cités et frappé par la finesse du fil qui tisse les valeurs de la démocratie et de la liberté. Frappé par la facilité et la vitesse avec lesquelles le monde peut changer. Sur un malentendu par exemple. Décontenancé de constater, une fois encore, la complexité, la faillibilité de la nature humaine. Impressionné par cette brillante démonstration. Et pas très rassuré...

Le complot contre l'Amérique est à ranger définitivement dans la catégorie des lectures indispensables. Celles qui vous éclairent, vous bousculent, vous transforment, peut-être.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          184
Un tout grand Philip Roth. Sans graisse inutile. L'auteur va à l'os. Lire ce livre en 2020 est vertigineux. Imaginer Lindbergh président des États-Unis, non pas en dictateur sanguinaire, mais en sympathisant de l'ordre nouveau, protectionniste, quelque peu populiste est une idée géniale. le constat est amer et d'une incroyable modernité. Une démocratie peut basculer sur un rien, sur quelques images, sur une émotion collective. Et alors, c'est le destin de tout un peuple qui s'en trouve conditionné. En 2004, au moment où le roman est écrit, nul ne peut imaginer que l'America first qui a bien existé à l'époque trouvera son avatar avec l'accession de Trump à la présidence des États-Unis. Et c'est là que Roth est génial car la peinture qu'il fait de la présidence fictionnelle de Lindbergh est bien moins caricaturale que ce qu'a engendré la réalité en 2016. Ce qui est formidable dans le propos de Roth est que, précisément, la présidence Lindbergh paraît prodigieusement crédible. Il n'y a pas de loi antijuives. Il n'y a pas de camps de concentration. Il n'y a pas de solution finale. Il y a simplement un antisémitisme « courtois », « ordinaire », « normalisé ». le propos est clair : les juifs sont solubles dans l'Amérique pour autant qu'ils ne se regroupent pas trop massivement, qu'ils ne perpétuent pas leur culture de manière par trop ostensible. Cet antisémitisme maîtrisé qui est le terreau de toutes les horreurs. A partir de là, Roth façonne une fabuleuse galerie de portraits : son père, homme intègre, juif et américain, américain et juif, qui aperçoit très vite les nuages qui s'accumulent à l'horizon, mais qui est impuissant à y réagir de manière adéquate. Son frère, talentueux et velléitaire, qui cède à toutes les sirènes qui passent, même celles qui menacent les siens. Sa mère, mère courage, qui est le personnage fondateur, le socle familial. le rabbin opportuniste, collaborateur du régime, avide de reconnaissance et de pouvoir. Sa tante perdue qui ne résiste pas aux sunlights de la réussite Et tant d'autres. .. Mais le plus beau est cet autoportrait fictif, d'un enfant de neuf ans qui a déjà artificiellement le regard d'un adulte dans l'analyse politique, mais qui nous fait merveilleusement partager ses peurs, ses espoirs, ses rêves et ses dérapages, qui ne supporte pas de cohabiter avec le moignon d'un amputé, qui vit plus mal une amitié d'enfant qui lui est imposée que l'antisémitisme qui prolifère, qui rêve d'évasion. Un si beau personnage d'enfant qui annonce un tout grand écrivain, un écrivain qui ose tout. Son complot contre l'Amérique en est la plus belle démonstration.
Commenter  J’apprécie          161




Lecteurs (3106) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}