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3,84

sur 1318 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cette uchronie présentait des ingrédients alléchants, mais malheureusement ces éléments seuls ne peuvent garantir une recette réussie.

Le postulat de départ est que Roosevelt n'est pas réélu en 1940 et que Lindbergh devient président des États-Unis. Là où ça se corse, c'est que Lindbergh est partisan de l'America first et qu'il décide de rester neutre et de ne pas se mêler du conflit qui fait rage en Europe. Pis, il adopte une politique qui présente de sérieuses accointances avec l'idéologie nazie. Et pour cause, Ribbentrop, ministre allemand (et nazi va sans dire) des affaires étrangères est accueilli en grandes pompes et avec les honneurs... Dans ce contexte, la vie des Juifs américains se détériore petit à petit et Philippe Roth prend le parti dans son histoire d'incarner lui-même le narrateur, enfant témoin de ces temps bousculés.

Le titre pourrait faire penser à une histoire palpitante, or le rythme adopte la lenteur de la vie quotidienne d'une famille juive. La narration m'a semblé peu harmonieuse car elle s'écarte du contexte individuel des personnages pour durant un certain nombres de pages nous donner une vision géopolitique et macroscopique, pour revenir à ce quotidien d'enfant de 10 ans qu'est Philippe Roth dans l'histoire. Certains passages et certains personnages sont tout de même attachants, mais pour moi c'est la lenteur et pour finir l'ennui qui prédominent. J'attendais désespérément que l'histoire décolle et je n'ai pas volé bien haut.

Je me suis fait en outre la réflexion que dans le contexte de l'Amérique ségrégationniste, pourquoi l'auteur n'a-t-il fait aucun rapprochement avec la même injustice avec laquelle étaient traités les Afros-Américains ?

Bref, il y avait là matière à créer une bonne histoire et surtout à nous apporter un éclairage qui donne à réfléchir, mais je n'ai pas accroché à ce qui en a été fait.

Peut être cela vient-il de moi et du fait que parallèlement je suis occupée à la lecture d'un livre historique ("Holocauste" de Laurence Rees) dont la réalité cruelle est tellement criante que ce roman m'ait paru bien fade.
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Philip Roth est né le 19 mars 1933 à Newark, dans le New Jersey, son oeuvre couronnée de multiple prix en fait l'un des plus grands écrivains américains contemporains. Aujourd'hui il vit dans le Connecticut et en octobre 2012 il a déclaré à la presse qu'il arrêtait d'écrire. le Complot contre l'Amérique est paru en 2004.
Le roman se déroule aux Etats-Unis, entre 1940 et 1942, le président Franklin Delano Roosevelt n'est pas réélu battu par Charles Lindbergh le célèbre aviateur. Or Lindbergh est un sympathisant du régime nazi et il a basé sa campagne électorale principalement sur le refus de voir l'Amérique s'engager dans le conflit qui fait rage en Europe et aussi sur un antisémitisme rampant. Dès qu'il est élu, son premier geste politique consiste à conclure avec Hitler un pacte de non-agression. le récit nous est narré par un certain Philip Roth, un gamin de neuf ans, âge qu'avait l'écrivain à cette époque, né dans une famille juive de Newark dans le New Jersey.
Roman de fiction historique, ou plus précisément uchronie, c'est-à-dire reconstruction historique d'évènements fictifs, d'après un point de départ historique. Et c'est toute la beauté de la chose car le vrai et le faux se mêlent avec une maestria effrayante. Les acteurs politiques ont réellement existé, leurs propos ont bien été tenus, ce sont les bases historiques avérées mais à partir de ces faits, l'écrivain fait diverger le sens de l'Histoire par des extrapolations qui lui sont propres. On voit comment un pays démocratique peut pencher vers la face noire de l'histoire, lentement mais sûrement, au point que de nombreux juifs ne verront pas venir la menace, même un rabbin aura ses entrées à la Maison Blanche. Au sein de la famille Roth, les avis divergent et seul le père (et la mère) s'opposera farouchement, du début à la fin, aux idées véhiculées par Lindbergh, abandonnant leurs emplois « pour faire échec au plan du gouvernement et nous protéger contre le subterfuge antisémite qu'il voyait (…) dans la loi de peuplement 42.» Rumeurs infondées, théories des complots, émeutes raciales, premiers pogroms et morts violentes, la mécanique infernale est connue mais elle fonctionne toujours. Un bouquin sidérant autant qu'inquiétant, car s'il y a invention de l'auteur, elle est terriblement crédible. Et même la fin, car il fallait bien qu'il y en ait une, en forme d'hommage à la démocratie américaine, tient la route. Mais je vous laisserai la découvrir.
Un excellent roman, complètement atypique dans l'oeuvre de Philip Roth. Ceux qui n'aiment pas l'écrivain peuvent lire ce bouquin, ils n'y trouveront pas ce qui leur déplait ailleurs (j'imagine le sexe, les pleurnicheries hypocondriaques, les tracas de l'âge etc.) quant aux amateurs de Philip Roth, comme moi, ils y verront une autre facette du talent qu'on savait immense, de l'écrivain… même si, avis très personnel, je préfère l'autre Roth.
Dans un long post-scriptum, l'auteur a l'intelligence de nous fournir toutes les clefs historiques réelles, ce qui évite les longues recherches fastidieuses que je prévoyais de faire afin de vérifier certains points.
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L'histoire est originale. Charles Lindbergh qui inspire beaucoup de romancier, même Agatha Christie, devient président des Etats-Unis et sympathise avec Adolf Hitler et ces amis. Lui doucement, rassure son pays que ce dernier n'entrera pas en guerre. Mais la communauté juive commence à sentir les prémisses de l'antisémitisme.

Attention, ce n'est pas présenté comme un livre d'Histoire vraie. L'angle est celui d'une famille juive, celle de l'auteur d'ailleurs. On perçoit l'histoire sous l'angle d'une communauté, dans un quartier, dans une ville. Toutefois, on entend et on connaît tous les points de vue. L'enfant devenu grand racontant son histoire fait véridique. En effet, beaucoup d'évènements, de discours, de groupes politiques et de personnages qui ont vraiment existé à cette période sont cités. Mais, quelque chose manque.

Je n'arrivais pas à m'arrêter de lire, j'étais séduite par l'écriture, la justesse du ton, des mots employés pour en arriver à cette fin. Même maintenant, je reste mitigée sur mon jugement concernant le livre. Cependant, l'écriture m'a beaucoup plu et je pense aller vers un autre roman. Et le complément d'informations en fin de roman qui présente les personnages réels du roman.
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J'ai bien cru ne jamais arriver à la fin de cette lecture. J'ai trouvé le 1er chapitre vraiment abrupte et me suis posée plusieurs fois la question de savoir si j'allais continuer. Mais je n'aime pas abandonner mes lectures.

Je me suis donc forcée et j'en suis plutôt contente. L'histoire est intéressante. Que ce serait-il passé si Lindbergh avait été élu à la place de Roosevelt? On assiste à la montée insidieuse de l'antisémitisme et la répercussion sur la vie d'un petit garçon.

Pour autant, je n'ai pas ressenti beaucoup d'empathie pour les personnages. L'auteur établit une certaine distance qui m'a gênée, m'empêchant de m'attacher véritablement au sort de cette famille.

Enfin, j'ai trouvé que ce livre manquait de fluidité, beaucoup de descriptions auraient pu être évitées. L'auteur a fait un gros travail de recherches mais pour moi ça manque de fluidité. Et je pense qu'il me manquait beaucoup de références sur l'histoire américaine.

Bref, un livre intéressant mais une plume qui ne m'a pas totalement convaincue.
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Pour être tout à fait honnête j'ignore si j'ai aimé ou non ce livre. Découverte de Philippe Roth que je savais être un grand écrivain.
Le style est extrêmement plaisant, élégant et simple à lire mais je n'ai pas compris la structure de ce roman mêlant autobiographie et fiction. N'étant pas une grande spécialiste de l'Amérique du XXe siècle cela ne m'a sans doute pas facilité la lecture. Enormément de références à des personnages publics connus essentiellement des Américains (hormis Roosevelt, Hitler et les figures principales de la Seconde guerre mondiale).
Je ne regrette pas cette découverte mais j'ai vraiment du mal à en retirer une impression quelconque.
Merci aux fans de Philippe Roth de se manifester et de me conseiller un deuxième ouvrage. Envie de poursuivre la découverte de cet écrivain.
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"Le Complot contre l'Amérique" est un roman très particulier, car il joue sur deux tableaux.
Le récit (réaliste) nous montre l'enfance d'un jeune Juif américain, nommé Philip Roth, au milieu du XXème siècle: nous le voyons évoluer dans son milieu, avec ses parents (d'une haute valeur morale), son frère, son cousin, ses copains d'école… Toute sa famille, quoique attachée au judaïsme, aspire à l'intégration dans le melting-pot américain; c'est un sujet intéressant.

Mais, dans ce livre, il y a beaucoup plus: une "uchronie". En effet, l'écrivain refait l'histoire en imaginant que F. D. Roosevelt a été battu aux élections présidentielles de 1940 par Charles Lindbergh, le premier aviateur à avoir traversé l'Atlantique. Celui-ci, isolationniste, sympathisant des régimes autoritaires, hostile à l'influence des Juifs, signe rapidement un pacte de non-agression avec Hitler (qui a donc les mains libres pour continuer sa conquête de l'Europe), puis il laisse se développer un climat de plus en plus clairement antisémite dans tout le pays: le petit Philip est le témoin de la dégradation infernale des conditions de vie familiale; cette seconde partie du roman est assez sinistre.

En fait, je n'ai pas beaucoup aimé ce roman. Pour moi, il y a clairement des longueurs dans le récit de la vie quotidienne dans la famille Roth; l'auteur aurait dû beaucoup "dégraisser" son texte pour le rendre plus percutant. Par ailleurs, l'évolution de l'uchronie m'a semblé assez bizarre. Au début, l'arrivée au pouvoir de Lindbergh, presque anodine, ne semble pas peser sur le destin du pays: je me suis senti d'abord frustré. Mais, plus le livre avance, et plus l'histoire devient étonnante, voire même déjantée [avec en point d'orgue la disparition du président et l'intérim du vice-président]. Tout le parcours politique de Lindbergh est éclairé, a posteriori, par des explications qui m'ont semblé franchement ridicules.
Et globalement, le développement de l'uchronie imaginée par Philipp Roth (qui, a priori, était un concept fascinant) m'a beaucoup déçu.
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« Je m'en fiche comme de l'an quarante » : voici-là une expression qui n'a jamais manqué de me surprendre. Car au fond, 1940 a tout du funeste, et on aurait bien tort de s'en désintéresser complètement. Cela dit, 1940, c'est l'année de naissance de Bugs Bunny, mais aussi l'élection de Franklin Delano Roosevelt pour un troisième mandat en tant que Président des Etats-Unis. Or, dans le livre qui nous intéresse ici, le complot contre l'Amérique, il y a un hic : ce n'est pas Roosevelt qui est élu cette année-là, mais un aviateur.

Du coup, nous avons affaire à une uchronie : la véracité historique du roman de Philip Roth s'arrête en 1939 pour laisser ensuite le récit examiner « ce qui aurait pu être » si Charles Lindbergh, car c'était lui, s'était retrouvé président en 1940. le choix de Lindbergh n'est pas spécialement fantaisiste car, s'il ne s'est jamais présenté contre Roosevelt aux élections, il a bel et bien été le leader du mouvement America First (isolationniste, anti guerre), non sans avoir reçu la médaille de l'ordre de l'Aigle germanique de ce bon vieux Göring.

En fait, même si l'ennui a parfois pointé le bout de son nez, je garde un bon souvenir de la lecture de cette uchronie pas vraiment typique. C'est un peu comme si Philip Roth avait voulu jouer à se faire peur, s'inventant une enfance possible non pas influencée par ses propres choix mais par ceux des citoyens de son pays. le récit est en fait centré sur la famille de l'auteur (qui est aussi le narrateur), la famille Roth, dont l'existence et la vie quotidienne sont bouleversées par la politique de l'administration Lindbergh. Il s'agit donc non seulement d'une uchronie, mais AUSSI d'une espèce d'autobiographie rêvée, ou plutôt cauchemardée. En revenant sur son enfance, l'auteur s'attarde d'ailleurs assez souvent sur des détails qui paraissent anodins, l'évolution globale de la situation restant en toile de fond.

Finalement, il me paraît important de signaler qu'il s'agit d'un roman tout en nuances. Sa couverture affiche crument une croix gammée, mais le récit évite en général tout manichéisme, ce qui lui donne un caractère plausible agréable. Ce n'est pas une Amérique nazie qui nous est dépeinte, mais une Amérique tentée, un peu paumée, voire manipulée, mais aussi divisée en diverses franges de population… le tout vu à travers les yeux d'une famille juive elle-même confrontée à ses propres conflits internes. Ouaip : les nuances, y'a que ça de vrai.
Lien : http://nonivuniconnu.be/?p=906
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Novembre 1940 aux Etats-Unis, Roosevelt n'est pas réélu Président pour un troisième mandat. Charles Lindbergh prend la tête du pays. Cet aviateur à la fois héros grâce à ces exploits aéronautiques et martyr après l'enlèvement et la meurtre de son enfant devient le trente-troisième Président. L'un de ses premiers actes sera de signer un pacte de non-agression avec l'Allemagne nazie d'Hitler. La peur s'empare alors des Juifs américains et la famille Roth se retrouve embarquée dans une page d'histoire terrifiante.

Sur cette trame inventée qui ressemble à un cauchemar, Philip Roth entraîne le lecteur dans une Amérique hantée par l'antisémitisme et dans les pas d'une famille, la sienne, qui se déchire et dont les pires craintes vont se réaliser durant le temps que va durer la présidence de Lindbergh.

J'avoue avoir été déconcertée au début de ma lecture. Ce roman me semble être à part dans l'oeuvre de Philip Roth (du moins pour ce que j'en connais). Plus sombre, sans trace de cet humour qui caractérise les livres que j'ai lus jusqu'ici, ce récit est habité par une véritable inquiétude qui laisse transparaître les préoccupations de l'auteur à travers cette histoire qui se passe en 1940 mais dans laquelle on ne peut s'empêcher de voir une certaine universalité. 

Racontée du point de vu d'un Philip de 7 à 9 ans pour lequel beaucoup de choses restent incompréhensibles, le récit met en scène des personnages qui vont être confrontés à des choix cruciaux. La famille se déchire assez vite entre les parents Roth révoltés par ce qui se passe dans leur pays et le fils aîné Sandy qui soutient les actions de Lindbergh et qui s'oppose à ses parents entraîné par sa tante. Alors que les persécutions se font de plus en plus précises et que les violences envers les juifs sont de plus en plus nombreuses, le pays et la famille Roth avec lui sont entraînés dans une spirale de terreur. La tension monte tout au long du livre faisant vivre au lecteur de véritables moments d'angoisse, l'amenant presque à oublier qu'il ne s'agit pas de la véritable histoire. le récit est d'autant plus crédible qu'il est raconté à hauteur d'un enfant pour qui de multiples moments personnels vont aussi être des drames (la perte de son album de timbres, le départ de son petit voisin et de sa mère pour lequel Philip va se sentir coupable, la bagarre sanglante qui éclate entre son père et le cousin Alvin). 

La fin m'a parue par contre un peu expédiée, avec cette étrange justification de l'arrivée au pouvoir et des actes de Lindbergh qui m'a laissée un peu pantoise  et sceptique. La part qui selon moi serait la moins vraisemblable dans un récit qui semble par ailleurs terriblement possible.

Indispensables à lire en fin d'ouvrage, la véritable chronologie des faits et les biographies des personnages du livre qui permettent de faire la part de l'inventé et du réel et qui remettent en perspective les faits racontés dans le roman. Ainsi du discours antisémite de Lindbergh qu'il a réellement prononcé en 1941.
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Charles Lindbergh est élu en 1940, Président des États-Unis d'Amérique ; voilà le coeur de ce roman uchronique où l'Amérique de Lindbergh campe sur ses positions isolationnistes, pro-nazis et antisémites. On suit ainsi la famille Roth (l'auteur met en scène sa propre famille telle une biographie), famille juive, qui voit les États-Unis glissée lentement dans un régime pro-allemand.
Le style biographique de ce roman est intéressant et original, ancrant encore plus cette uchronie dans une réalité mais je n'est pas complètement adhérer à ce style narratif. Une lecture en tout cas moins passionnante pour moi, je n'arrive pas à dire pourquoi mais cela a été rébarbatif.
Je regrette aussi que les événements hors Amérique n'aient pas pris un peu plus de place et se soit concentré sur l'Allemagne, alors que la menace japonaise était beaucoup plus craint aux USA que celle allemande.
Tout ça ne m'a pas permis de pleinement profiter d'un roman accès sur cette famille juive et sur les turpitudes du gouvernement Lindbergh assez bien exposés de façon authentique.
Une petite biographie des personnes célèbres du roman est réalisée à la fin du livre ; ce qui permet de se remettre en tête le véritable destin de ces personnages dans l'histoire réelle.
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Et si Charles Lindbergh avait été président des États - Unis pendant la deuxième guerre mondiale , quel aurait été le sort des juifs aux États - Unis ?
Vous l'avez compris , il s'agit d'une uchronie , je ne sais pas si c'est moi qui ait un problème avec ce genre de narration mais la magie de l'écriture de Philip Roth n'a pas agi .
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