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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
David Kepesh, qu'on connaît dès son enfance au début du livre, nous raconte ses amours et désirs, de ses années d'étudiant à celles où il devient professeur de littérature comparée. Lecteur de Tchékhov, de Kafka, de Colette, il mène ses recherches universitaires et littéraires sans les dissocier de sa vie amoureuse : parti pour vivre une histoire avec Elisabeth Elverskog, une Suédoise, il rencontre une de ses amies, Birgitta, la délurée, la perverse, jeune femme très portée sur le sexe là où Elisabeth est plutôt chaste. Il les abandonne toutes deux, l'une ayant tenté de se suicider et l'autre étant prête à le suivre aux USA où il doit retourner. L'aventure sexuelle n'est pas l'amour...

Après ces aventures, il va rencontrer sa première femme, Helen, et il sait dès le départ que leur caractère les oppose, mais ils se marient quand même et, dès cet instant, c'est la descente aux enfers, les disputes incessantes, les désaccords pour des toasts, des lettres non postée, le quotidien usant et terne : Helen met en avant le fait qu'elle aurait pu vivre une autre vie avec un homme riche, Jimmy, qu'elle a quitté quand il proposait de se débarrasser de son épouse. Culpabilité, reproches... Ils se séparent enfin, David est en miettes, privé de son désir, dans une dépression qu'il tente de soigner sur le divan.

Beaucoup plus lucide sur l'amour et le désir, il rencontre finalement Claire, de dix ans sa cadette. Son recul lui fait voir dès le début que cette passion mourra un jour, très vite, bientôt, et chaque instant vécu porte le poids de cette fatalité contre laquelle il lutte pourtant. David sait, il l'a appris, que son désir est volatile, qu'une fois posé, il cherche ailleurs... Pourtant, Claire est la femme parfaite : toutes ses qualités ne vont-elles pas devenir des fardeaux pour lui?

L'angoisse, l'anticipation gâchent déjà le présent,elles bannissent aussi les instants de bonheur.

Et puis, il y a cette famille juive dont il est issu, la peur de la mort des parents, la perte inévitable qu'il éprouve déjà à la mort de sa mère. Les dernières lignes sont très belles, parce qu'on comprend que ce désir auquel il s'attache comme un fou est une manière de repousser l'angoisse de la disparition de ceux qu'il aime.


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« Professeur de désir » (paru en 1977) est, comme à l'accoutumée avec Philip Roth, un tour de force littéraire. le couple, l'amour, la libido sont quelques uns des thèmes qu'il aborde avec son ironie habituelle mais aussi avec une vraie sincérité, sans pudibonderie aucune. L'ombre de Tchekhov plane sur ce roman et c'est une belle surprise pour le lecteur…
Lien : http://inthemoodfor.home.blog
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A Professeur de désir/Philip Roth
David Kepesh est un jeune professeur de littérature comparée. Il a une seconde passion : l'érotisme comparé. Comme disait Byron : « Studieux le jour et licencieux la nuit. »
Birgitta et Elizabeth sont deux jeunes suédoises un tantinet perverses. À trois ils passent du bon temps mais finalement Elizabeth, amoureuse qui ne veut plus partager, va laisser la place à Birgitta, une fille de médecin amicale, lascive, vicieuse, respectueuse et courtoise. Une fille audacieuse dont David peut profiter à toute heure. Pour elle la chair est avant tout une mine de plaisirs à exploiter jusqu'au dernier.
Et puis il y a bientôt Hellen, une fille dotée d'un physique absolument attractif. Séduisante, intrépide, romantique, elle est capable de tout. D'une sereine beauté féminine elle attache beaucoup de prix à ses yeux, son nez, sa gorge, ses seins, ses hanches, ses jambes… Une belle mais terrible femme.
« D'où sort-elle cette démarche royale, cette aristocratique opinion d'elle-même qui, semble-t-il, dérive essentiellement de la douceur de sa peau, de la longueur de ses membres, de la largeur de sa bouche, de l'écartement de ses yeux … »
Mais la belle qu'il épouse a quelque penchant pour l'alcool. le désir s'évanouit…
Et le bilan n'est pas fameux :
« Me voilà donc avec un peu plus d'une décennie de ma vie d'adulte derrière moi et, déjà, j'ai le sentiment d'avoir épuisé toutes mes chances ; tandis que je ressasse mon passé au-dessus de cette pathétique petite casserole émaillée, l'impression s'impose à moi que j'ai connu l'échec non seulement dans le mariage mais dans toutes mes relations féminines et qu'en vérité je ne peux vivre en harmonie avec aucune femme. »
Mais viendra la douce Claire, belle et sensuelle et une certaine sérénité pour réveiller le désir chez David:
« Comme l'esprit se réjouit simplement d'un réveil matinal ! de l'atmosphère d'une pièce blanchie à la chaux illuminée de soleil où mes bras enlacent les formes amples et substantielles de Claire. Oh, comme j'aime sentir son corps épanoui dans le lit ! Cette tangibilité qui émane d'elle ! Et le poids de ses seins dans mes mains ! »
Dans ce livre assez touffu mais ô combien surprenant, se succèdent les moments de vie amoureuse et les moments de réflexion, d'analyse, les moments très littéraires dans lesquels l'auteur par le biais de David, s'explique sur sa passion pour Tchekhov, Twain ou Kafka, sans oublier Colette et Tolstoï.
Il n'est pas douteux que David Kepesh le libertin érudit de littérature est un double de l'auteur qui s'interroge sur le désir, ce qui l'induit et en découle.
Un certain humour teinté d'ironie baigne l'ensemble de ce récit provocateur. Mais le sentiment dominant est tout de même l'angoisse et la nostalgie qui habitent David toujours à la recherche d'un équilibre qu'il croit avoir trouvé mais qui en vérité le fuit.
Un beau livre au style remarquable et aux anecdotes délirantes comme celle concernant la pute de Kafka. le séjour à Prague sur les traces de Franz Kafka est épique et pour moi un des hauts moments du roman.
À noter aussi la qualité des dialogues.
Chez Roth, il faut bien voir que la liberté sexuelle n'est qu'une situation donnée banale, ni dramatique, ni tragique ni lyrique. Tout est permis.
Roth est le poète de l'étrange solitude de l'homme abandonné face à son corps, face au sexe.

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