Après
le sein, c'est le second de ses trois
romans du « cycle David Kepesh », dont j'ai déjà commenté le dernier,
La bête qui meurt.
Dans ce roman, Roth nous montre cette facette de sa création romanesque où les relations sentimentales ainsi que le sexe jouent beaucoup d'importance; ainsi en est il aussi, dans ce que j'ai lu, de
la bête qui meurt ou de la complainte de Portnoy.
J'y retrouve un David Kepesh différent de celui que que j'avais suivi dans
La bête qui meurt, qui était un universitaire new-yorkais, sexagénaire et célibataire endurci après un mariage raté, adepte des liaisons éphémères avec des jeunes filles, le plus souvent ses élèves, jusqu'à ce qu'il rencontre la voluptueuse Consuela qui le fera chavirer.
Ici, ce David Kepesh est aussi un universitaire, professeur de littérature comparée, mais plus jeune, environ trente-cinq ans, qui nous raconte, après son enfance avec des parents juifs tenant avec énergie (surtout sa mère) les rênes d'un hôtel de montagne, le Hungarian Royale, le fil de ses aventures sentimentales et sexuelles.
On va le trouver d'abord en étudiant en stage d'une année à Londres, où il mène une vie de recherche effrénée de toutes les options du « plaisir charnel » avec deux ravissantes étudiantes suédoises, Elisabeth la blonde et surtout la plus que délurée brune Brigitta qui le plaque quand il lui annonce qu'il retourne aux États-Unis après son année d'études.
Puis c'est la liaison avec Helen, une femme très belle mais étrange et insaisissable, obsédée par le souvenir de son aventure passée à Hong-Kong avec
un homme marié, avec laquelle la relation est faite de conflits et qui le fera souffrir, avec laquelle il fera la bêtise de se marier, pour divorcer trois ans après.
Après une traversée du désert, marquée par la perte du désir et l'impuissance, et malgré une thérapie psychanalytique avec l'inénarrable Docteur Klinger, David renaît enfin avec Claire, une jeune femme de vingt-cinq ans, belle, intelligente, sensuelle et surtout pas compliquée du tout.
Mais David est il fait pour un bonheur tranquille, …et avec cette fois l'assentiment de son vieux père? Rien n'est moins sûr, car le
roman se termine sur un David qui ne croit pas en lui, qui s'imagine incapable de vivre plus d'un an avec Claire, qui est tiraillé entre la perpective d'un bonheur conjugal tout simple et celle de nouvelles aventures, et qui nous abandonne avec cette question ouverte.
Cette histoire de ce
Professeur de désir inassouvi, pourrait paraître bien banale, mais elle est formidablement racontée et agrémentée de toute une série d'épisodes, parfois profonds et émouvants tels la visite à Prague dans les pas de
Franz Kafka, ou encore le récit de la vie concentrationnaire fait par l'ami de son père, et parfois loufoques comme son intention de consacrer son premier trimestre d'enseignement à l'analyse du récit de sa vie sentimentale et sexuelle, ou plus encore le rêve de la rencontre avec la putain de Kafka, ou la thérapie avec le psychanalyste perpétuellement interrompue par des coups de fils, ou enfin les dons d'imitation de l'animateur de l'Hôtel de ses parents, capable d'imiter tous les bruits que produit la clientèle dans les WC!
Et puis le désarroi, les hésitations, l'intranquillité de ce David Kepesh, brillant professeur mais affectivement immature, sont plutôt touchants et je me suis demandé quelle part autobiographique l'auteur y avait mis.
En conclusion, un roman de
Philip Roth qui n'est pas, bien entendu au niveau de ses chefs-d'oeuvre, comme le sont par exemple
La tâche,
le complot contre l'Amérique,
La contrevie ou encore
Némésis, son dernier roman, mais que j'ai trouvé néanmoins surprenant et original