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Philip Roth brosse, d'oeuvre en oeuvre, le portrait d'un juif new-yorkais, grand amateur de femmes, jusqu'à les user, et déchiré entre ses pulsions et sa dignité. Chacun de ces hommes est différent, même s'ils vieillissent avec l'auteur et partagent avec lui beaucoup de ses défauts et, fort heureusement, de ses qualités. Parmi celles-ci, l'humour, ou plutôt l'autodérision, et une certaine complicité avec le lecteur. On prend donc du plaisir à lire "Zuckerman délivré", comme avec ses autres romans, et ce plaisir ne se boude pas. L'histoire de cet homme, qui se plaint de sa soudaine célébrité et des soucis qu'elle génère dans sa vie privée, n'est guère intéressante. Mais ce qui retient l'attention est le regard qu'il porte sur les autres. Un regard acéré, sans concessions même s'il est parfois un peu amusé, sur les jalousies et autres travers de cette humanité qu'il observe à travers les grilles du zoo new-yorkais. Mais qui est le singe et qui est l'homme ? Zuckerman délivré ? Allons donc...
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En regardant la longue bibliographie de Philip Roth, je me rends compte que je suis un vrai fan de Roth précoce et moyen.
Mais j'ai toujours aimé les romans de Zuckerman, dans lesquels Nathan Zuckerman mène une existence parallèle à celle de son créateur. ,Zuckerman délivré (1981) est le deuxième de la séquence, après T'écrivain des ombres, et fournit une analyse terrifiante de ce que cela a dû être pour Roth de faire face à la renommée écrasante et au mépris hystérique provoqués par la plainte contre Portnoy. le roman obscène de Zuckerman s'appelle Carnovsky, mais le déguisement est fragile. Zuckerman est Roth sous n'importe quel autre nom, malgré les dénégations et les prévarications régulières de l'auteur.
Peut-être que, finalement, les romans de Zuckerman sont des romans pour écrivains, ou pour des lecteurs qui rêvent d'être écrivains. Ils sont très drôles et très vrais et rejoignent un riche genre de romans alter ego d'écrivains. Bernardo Soares de Fernando Pessoa, Nick Adams d'Ernest Hemingway, et ainsi de suite - la liste est étonnamment longue. L'une des joies secrètes de l'écriture de fiction est d'écrire sur vous-même à travers le prisme de la fiction. Tous les écrivains ne le font pas, mais je parie que tous les écrivains y aspirent. Et Roth l'a fait, peut-être plus minutieusement que quiconque - d'où l'attrait durable des romans de Zuckerman. Est-ce vraiment ce que Roth a ressenti et fait – ou est-ce une fiction ? Zuckerman reste infiniment alléchant.
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"Vous êtes notre Marcel Proust, Mr Zuckerman."

Réjouissante sotie, Zuckerman délivré confronte l'alter ego préféré de Roth à une notoriété soudain toxique. Carnovsky, son roman, est devenu un best-seller : les aventures masturbatoires de son héros éponyme se retrouvent au centre de toutes les attentions en ces sixties finissantes.

La célébrité, la publicité
Photographié(e) ou interviewé(e)
Mais quel effet cela vous fait? chantait Moreau.

Le pauvre Nathan Zuckerman est tiré à hue et à dia : ses parents, sa famille, ses lecteurs courent à ses trousses en une farandole paranoïaque le sommant de se justifier voire de battre sa coulpe*. Alvin Pepler, archétype de l'admirateur sinoque et inquiétant, devient l'ennemi privé numéro un d'un Zuckerman horrifié qu'il traque et menace du pire (allant jusqu'à souiller le mouchoir du romancier : l'arroseur arrosé !). Impossible pour ses adorateurs comme pour ses contempteurs de dissocier le personnage du créateur. L'aigle de la renommée lui boulotte le foie.

Même si la célébrité ouvre bien des portes et des lèvres, elle transforme la vie somme toute insipide de l'écrivain en enfer. Son image se diffracte, sa personnalité implose et se dissocie : salaud antisémite, monstre lubrique, mari déloyal, fouteur compulsif, fils indigne... Il balle de droite à gauche, à la merci de chaque lecteur (autant de lecteurs, autant de lectures), de chaque écho journalistique, de chaque impression laissée et... de ses propres humeurs.

Le ton se fait plus grave quand Roth aborde la mort d'un père. Finalement les entraves morales les plus accablantes sont celles de la culpabilité paternelle : "Tu seras un homme selon ma loi mon fils !". Notre rire se fait jaunet : ne regimbe-t-on pas tous sous l'autorité patriarcale ?

"Ah me ! alas, pain, pain ever, for ever !" Zuckerman/Prométhée même combat.
Roth souffle le chaud et le froid dans le deuxième volet de sa trilogie. Sous couvert d'un récit drôlatique et bouffon, il nous assène quelques douloureux coups de bâton. Masochistes, nous en redemandons.

*""Pour avoir montré les Juifs dans une ambiance de peep-show d'une perversion totale, pour avoir décrit les Juifs pratiquant l'adultère, l'exhibitionnisme, la masturbation, la sodomie, le fétichisme, la fornication", quelqu'un avait même suggéré, sur un papier à l'en-tête aussi impressionnant que celui du Président, que pour cela il "méritait une balle". Et au printemps de 1969, ce n'était pas une simple façon de parler."
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Dans le premier roman de la trilogie, Nathan Zuckerman, un jeune écrivain, est invité à rencontrer son idole, E.I. Lonoff, un célèbre écrivain vivant en reclus. L'histoire se déroule dans la maison de Lonoff, où Zuckerman est témoin de conflits et de secrets familiaux. le thème central tourne autour de la notion d'héritage littéraire et de mentorat, ainsi que des tensions entre la réalité et la fiction. Ce roman explore comment la vie de l'écrivain peut être influencée par ses modèles et ses aspirations.

Dans le deuxième roman de la trilogie, Nathan Zuckerman connaît la célébrité après la publication de son roman controversé. Il est confronté à des critiques et à des attaques de la part de divers acteurs de la société, ce qui entraîne des conflits personnels et professionnels.
Les thèmes clés incluent la célébrité, la censure, la créativité artistique et les conflits entre la vie personnelle et la vie publique. Ce livre met en lumière comment la notoriété littéraire peut avoir un impact sur la vie d'un écrivain.
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ZUCKERMAN DÉLIVRÉ de PHILIP ROTH
Deuxième apparition en 1982 du double de Roth qu'on retrouvera régulièrement au fil des livres. Il vient de publier un roman à grand succès, Carnonsky un peu dans le genre de Portnoy, scandaleux et provocateur. Il se met à dos une partie de sa famille qui se reconnaît dans certains personnages peu honorables, il doit gérer un maître chanteur qui semble tout connaître de lui et, pour couronner l'ensemble il doit traiter son divorce avec sa quatrième épouse. Son père est mourant, ne lui parle pas et il comprend que sa famille le tient pour responsable de cet état de fait et lui fait grief de tout ce qui disfonctionne.
Heureusement Roth possède une grande dose d'humour pour égayer ce sinistre tableau et la lecture de ce roman est un vrai plaisir. Heures et malheurs de la célébrité version Philip Roth. Superbe.
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Dans ce deuxième volume du cycle que Philip Roth consacre à Nathan Zuckerman, alter ego romanesque, nous retrouvons Nathan Zuckerman à un tournant de sa vie son livre Carnowsky sorti il y a quelques mois est un franc succès sans toutefois faire l' unanimité au près de ses lecteurs et de ses proches.
On y retrouve le style et la patte inimitable de Philip Roth, un cheminement de pensée assez lent, de longues phrases, de longues descriptions et pourtant j'ai eu l' impression qu' il aura manqué quelque chose à ma lecture. le propos est très linéaire et l' histoire agréable mais qui retient peu l' intérêt.
Une lecture en demi-teinte.
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Philip Milton Roth (1933-2018) écrivain américain, auteur d'un recueil de nouvelles et de 26 romans est l'un des plus grands écrivains de son siècle. Zuckerman délivré est le second volet du cycle Nathan Zuckerman. Il est inclus dans la trilogie Zuckerman enchaîné (L'Ecrivain fantôme (1981) – Zuckerman délivré (1982) – La Leçon d'anatomie (1985) – augmentée d'une conclusion L'Orgie de Prague (1987))
New York 1969. Nous retrouvons Nathan Zuckerman quinze ans après le premier épisode où il n'était encore qu'un écrivain en devenir. Il vient de publier un nouveau roman qui fait beaucoup parler de lui car jugé scandaleux (ici le lecteur averti, imagine facilement la référence au Portnoy de Roth) et la polémique engendrant la célébrité, sa position n'offre pas que des avantages…
Nathan va devoir gérer maints problèmes. Tout d'abord il est en plein divorce avec Laura sa quatrième épouse ; puis il va avoir un hurluberlu pendu à ses basques, Alvin Pepler, ex-vedette d'un jeu télévisé truqué selon ses dires (« Il s'est trouvé qu'ils ne pouvaient se permettre de laisser un juif gagner trop longtemps (…) ils avaient peur pour leur taux d'écoute ») qui souhaiterait bénéficier d'un coup de main de Nathan, tous deux juifs de Newark. La célébrité offre aussi des avantages, il va passer une soirée (et une nuit…) avec Caesara O'Shea, une très belle actrice qui le laissera en plan au matin pour filer retrouver Fidel Castro à Cuba, son homme du moment ! Et pour que la coupe soit pleine, son père est mourant en Floride.
Philip Roth traite différents sujets. Les aléas de la célébrité avec son lot de cinglés qui vous écrivent ou vous téléphonent, voire qui vous harcèlent physiquement comme Pepler ou pire encore, menacent d'enlever votre mère, sans compter le rôle des médias toujours prêts à en mettre une couche, bref la paranoïa est proche. Ce problème sera aussi développé dans une très belle séquence, lors du dîner dans un restaurant huppé de New York avec Caesara O'Shea, elle aussi vedette mais de cinéma. Un superbe passage de ce roman.
Il est aussi question de l'incompréhension des lecteurs face à vos écrits (et là ça sent vraiment le vécu) : les gens pensent que le héros du roman de Nathan est Zuckerman lui-même, confondant fiction et réalité (« Mais ce n'est pas ce que raconte ton livre. Je veux dire, ce n'est pas ce que croient ceux qui le lisent. Ils le pensent même s'ils ne le lisent pas. ») Incompréhension qui s'étend à sa famille, son père en particulier, qui souffre de voir l'impact de ce livre sur la communauté juive au point que devenu inconscient sur son lit de mort, on ne sait pas très bien s'il part avec cette contrariété toujours en tête ?
Le roman s'achève, Nathan visite une dernière fois le quartier de son enfance, ce vieux Newark qu'il ne reconnait plus, tout a changé. Laura l'a quitté, son père est décédé, sa vie d'avant est du passé depuis qu'il est riche et célèbre, rompant avec hier Zuckerman est délivré. Peut-être ?
C'est amusant (Alvin Pepler), touchant (Caesara O'Shea), triste (son père), comme la vie, comme la mort.
Comme le dit un des personnages, « Il y a de pires cloches que moi qui font des comptes rendus de livres, Nathan », mais j'espère que mon billet vous donnera envie d'ouvrir ce bouquin ou tout autre de Philip Roth.
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