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EAN : 9782070703685
264 pages
Gallimard (24/05/1985)
4.18/5   19 notes
Résumé :
"La Leçon d'anatomie" constitue le troisième volet du triptyque Zuckerman, ouvert avec "L'écrivain des ombres" et poursuivi par "Zuckerman délivré". Nous retrouvons l'auteur de Carnovsky terrassé par un mal mystérieux, épouvantable douleur de la nuque et de l'épaule, rebelle à tout traitement, qui le contraint à porter un col orthopédique et à passer la quasi-totalité de son temps allongé sur un tapis de jeu dans son cabinet de travail, la tête sur le Roget's Thesau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
LA LEÇON D'ANATOMIE de PHILIP ROTH
Troisième volet de Zuckerman enchaîné. Ce pauvre Zuckerman n'est que douleur, les ostéopathes lui ont expliqué que tout venait de sa façon de se tenir en écrivant à l'école, tout tordu. Il porte un col orthopédique mais sans grand effet, il est obligé de s'étendre par terre sur un tapis de jeu en regardant le procès du Watergate à la télévision où il compatit avec Nixon qui semble souffrir autant que lui. Privé de sa mère il a désormais quatre femmmes qui veillent sur en remplacement dont sa secrétaire qui, quand il n'arrive plus à lui dicter un texte, le rejoint sur le tapis pour une partie de sexe qui, par contre, ne le fait pas souffrir! Les trois autres femmes le rejoignent aussi, régulièrement pour la même activité et quand elles partent , le laissent abandonné sur le dos à la merci de n'importe qui. Atteint d'une maladie fantôme, Zuckerman perd ses cheveux, consulte à la Clinique Trichologique d'Anton. On lui dit que la perte de cheveux vient sûrement d'une contrariété, c'est la cause la plus fréquente, ce à quoi il répond que oui, c'est la chute de ses cheveux qui le contrarie. Tout va mal et son psy se demande s'il ne reste pas malade pour garder son harem!! Il se sent puni, obsédé par les dégâts causés par le succès de Carnovski qui a fait voler en éclat ses relations avec ses parents et son frère. Éreinté par le critique Milton Appel, il décide de se reconvertir dans la médecine et veut s'inscrire en fac, mais ce n'est pas si simple.
L'épilogue de cette histoire se situe à Prague sous le titre L'Orgie de Prague.
Zuckerman rencontre Eva et Sisovsky, la figure du père chez Roth, et ce dernier lui demande d'aller à Prague récupère des écrits sur son ex femme n'a pas voulu lui rendre. Il lui donne comme conseil de ne pas coucher avec elle avant de les avoir en main, mais Olga est une tornade…
Ainsi se clôt ce Zuckerman Enchaîné, englué dans ses problèmes liés à ses succès littéraires et à ses relations avec les femmes en général. Heureusement l'humour de Roth fait tout passer, et son humour est dans ce final dévastateur, qui s'il ne règle pas ses ennuis permet de les mettre à distance. Bien pratiques ces doubles de papier dont Roth aime se servir, il semble se libérer, se lâcher autrement que dans ses grands romans( très sérieux).
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Philip Milton Roth (1933-2018) écrivain américain, auteur d'un recueil de nouvelles et de 26 romans est l'un des plus grands écrivains de son siècle. La Leçon d'anatomie est le troisième volet du cycle Nathan Zuckerman. Il est inclus dans la trilogie Zuckerman enchaîné (L'Ecrivain fantôme (1981) – Zuckerman délivré (1982) – La Leçon d'anatomie (1985) – augmentée d'une conclusion L'Orgie de Prague (1987)).
Nous sommes désormais en 1973, quelques années se sont écoulées depuis le précédent épisode, Nathan Zuckerman est un écrivain connu à la vie aisée. Tout pourrait être au mieux – mais avec Philip Roth on sait que cela ne peut être – et effectivement, Nathan souffre comme une bête d'un mal inconnu qui lui cause des douleurs insupportables dans la nuque et les épaules, aucun spécialiste (et il les a tous consultés !) ne peut le soulager, seule solution, vivre avec un col orthopédique et passer la majorité de ses journées allongé sur le sol dans son bureau. Bien entendu il ne peut plus écrire ce qui le contrarie au plus haut point.
Si Nathan a mal partout comme dans la chanson d'Ouvrard, sa zigounette, elle, se porte bien ! Et comme quatre femmes l'aident dans ses tâches quotidiennes, grâce à un emploi du temps réglé en conséquence, Diana la secrétaire qui lui tape ses manuscrits, Jenny la rustique jeune étudiante et peintre, Gloria la brune mamelue qui prépare ses repas et Jaga, l'émigrée polonaise ayant fui son pays, son mari et ses enfants, par ennui, il trouve au moins là, une mince consolation.
Les malheurs vont s'accumuler sur la tête de Nathan, outre sa santé, il va se prendre la tête avec Milton Appel, un critique universitaire qui a cassé son dernier roman, le traitant d'antisémite ; ajoutons le décès de sa mère qui va le convaincre d'abandonner la littérature pour se lancer dans des études de médecine alors qu'il a la quarantaine !
Le résumé est copieux, c'est vous dire si le roman est dense car je n'en ai donné que les grandes lignes. Abruti par la douleur, intoxiqué par les médicaments, la vodka et les joints sensés lui apporter un réconfort qui ne viendra pas, Nathan sombre dans la paranoïa et le délire. Ce qui nous vaut de longues diatribes ou discours sur les Juifs, les femmes et donc le sexe, sa famille, la mort… toutes les obsessions au coeur de l'oeuvre de Philip Roth. Mais ce sont aussi des réflexions sur la solitude des écrivains, l'écriture et ceux qui critiquent leur travail, « refusent d'accepter la fiction, de considérer que l'écriture est un acte d'imagination » comme l'analyse Josiane Savigneau.
Et si toutes ces douleurs physiques étaient d'origine psychosomatique, une façon inconsciente d'expier, de faire pénitence, suite à son dernier roman qui lui a attiré les foudres de sa famille et de la communauté juive ? Ecrivain, un métier qui n'est pas de tout repos comme le constate Nathan, écrire l'a fait souffrir, ne plus pouvoir écrire est largement aussi douloureux. Un effrayant dilemme que nul ne peut partager avec lui. Nathan Zuckerman vous paraitra risible, agaçant, révoltant et même pénible selon les séquences mais finalement un homme fait de mille contradictions que Roth se plait à fouiller.
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"Contrarié dans sa vocation, handicapé dans son état physique, désemparé dans sa sexualité, paralysé dans son intelligence, et déprimé dans son esprit, il ne serait pas, par-dessus le marché, chauve du jour au lendemain."

A l'instar du Docteur Tulp de Rembrandt, Roth nous convie à la dissection d'un cadavre encore tout chaud : celui de son cher Zuckerman. Si l'homme et sa verge triomphante ne sont pas définitivement flasques (ou raides, c'est selon), le romancier de Carnovsky, lui, semble zombifié. Un mal de dos chronique le crucifie journellement et bâillonne son inspiration. La quarantaine en berne, Zuckerman avale analgésiques et alcools forts, courent les médicastres et s'enfonce dans la neurasthénie.

Les spécialistes appelés à son chevet psychologisent à outrance la source de ces maux comme s'il portait dorénavant sur ses épaules endolories le poids de sa culpabilité : mauvais fils, mauvais Juif et mauvais amant. Ce qu'il lui reste d'énergie vitale ne gorge plus que son précieux pénis qu'un quatuor de soignantes d'occasion purgent à tout de rôle : allongé sur un tapis (pour soulager son dos), Zuckerman s'est métamorphosé en un joujou ithyphallique que chevauchent ces goules insatiables.

L'alter ego de l'écrivain est désormais orphelin. La mort foudroyante de sa mère l'a essoré. Roth évoque ce chagrin intime avec une tendresse bouleversante. La douce et discrète Selma Zuckerman expire en griffonnant le mot "holocauste", léguant à son fils romancier l'histoire d'un peuple et de ses afflictions.

Alors qu'importe que Zuckerman abuse du Percodan, parte en guerre contre un critique acerbe, emprunte l'identité d'un pornocrate ou veuille reprendre d'illusoires études... Malgré ses excès, sa crise de mitan de vie nous est familière nous, qui, à force de se savoir mortels, finissons par ressentir notre écrasante précarité.

A mi chemin du roman et de l'autofiction, La Leçon d'anatomie -bien que bavarde et parfois outrancière- constitue un savoureux mais cuisant apologue.

"Ce qui pèse, ce n'est pas que tout doive nécessairement devenir un livre. C'est que tout puisse devenir un livre. Et ne compte pas comme de la vie avant d'être devenu un livre."
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Le troisième roman de la trilogie suit Nathan Zuckerman alors qu'il subit une série de problèmes de santé et est confronté à des défis personnels. Il subit une opération du dos et entreprend un voyage intérieur pour explorer ses propres angoisses et obsessions.

Les thèmes majeurs portent sur la maladie, l'introspection, la vieillesse et la manière dont l'art et la littérature peuvent servir de moyens de guérison.

Ce roman diffère des deux précédents en ce sens qu'il se concentre davantage sur les questions personnelles et existentielles de Zuckerman, tout en continuant à explorer la tension entre la fiction et la réalité.
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bonjour ce livre est épuisé partout (même chez l'éditeur)si qqun connait un moyen de se le procurer... merci d'avance
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il était là pour écouter. Écouter était le seul traitement qu’il eût à offrir. Ils viennent, songeait-il, et ils me racontent des choses, et j’écoute et de temps à autre je dis : "Peut-être que je comprends plus que vous ne pensez", mais il n’est aucun traitement que je puisse offrir pour guérir les plaies de tous les patients qui croisent mon chemin, courbés sous leur fardeau et sous leur chagrin distinct. C’est monstrueux, toute la souffrance du monde n’est bonne pour moi que dans la mesure où elle apporte du grain à mon moulin – monstrueux que tout ce que je puisse faire, affronté à l’histoire de quelqu’un, soit de souhaiter la transformer en "matériau", mais si l’on est possédé ainsi, c’est ainsi que l’on est possédé. Il y a quelque chose de démoniaque à tout cela, dont le comité du prix Nobel ne parle pas trop. Ce serait chic, particulièrement en présence des nécessiteux, d’avoir des mobiles purs et désintéressés, comme tout le monde, mais, hélas ! ce n’est pas le boulot. Le seul patient que traite l’écrivain, c’est lui-même.

(in "Zuckerman enchaîné", "La leçon d’anatomie", p. 488, Folio)
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Un médecin pense : « Tout le monde finit mal, je n’y peux rien. Il est mourant tout simplement et je ne guéris pas la vie. » Mais un bon écrivain ne peut abandonner ses personnages à leurs souffrances, ni aux stupéfiants ni à la mort. Il ne peut pas non plus se contenter d’abandonner un personnage à son sort en insinuant que sa douleur est en quelque sorte méritée parce qu’elle est auto-induite. Un écrivain apprend à demeurer dans les parages, il y est contraint, pour donner du sens à la vie incurable, pour lever la carte des tournants de l’inconnu cruel quand bien même on ne saurait en tirer aucune signification. L’expérience qu’il avait faite avec tous les médecins qui, ayant mal diagnostiqué les premiers stades de la tumeur de sa mère, l’avaient ensuite abandonnée, avait convaincu Zuckerman que, même s’il était fini comme écrivain, il ne risquait pas d’être plus mauvais qu’eux dans l’exercice de leur profession.

(in "Zuckerman enchaîné", "La leçon d’anatomie", p. 466-467, Folio)
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« La reconnaissance, j’en ai eu. J’ai eu un public. (…) Écoute, Bobby, aucun désir particulier ne me pousse à me confesser ou à confesser les autres et c’est principalement à ça que le public s’est intéressé. Ce n’était pas une renommée littéraire, c’était une renommée sexuelle, et la renommée sexuelle c’est de la merde. Non, je serai heureux d’y renoncer. Le génie le plus enviable dans l’histoire de la littérature c’est le type qui a inventé les nouilles alphabet pour mettre dans la soupe : personne ne sait qui c’est. Il n’y a rien de plus usant que de devoir se balader en faisant semblant d’être l’auteur d’un de ses propres livres – sauf de faire semblant de ne pas l’être. »

(in "Zuckerman enchaîné", "La leçon d’anatomie", p. 557, Folio)
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« (…) Les juifs dans la Bible vivaient toujours des moments intensément spectaculaires mais ils n’ont jamais appris à écrire de bonnes tragédies. Pas comme les Grecs, si vous me demandez mon avis. Les Grecs, ils entendaient un éternuement, et c’était parti. Celui qui a éternué devient le héros. Celui qui a rapporté cet éternuement devient le messager, ceux qui ont vaguement entendu l’éternuement, ils forment le chœur. Des tas de pitié, des tas de terreur, des tas de promenades au bord du gouffre et de suspense. Vous n’avez pas ça avec les juifs dans la Bible. C’est vingt-quatre heures sur vingt-quatre de négociations avec Dieu. »

(in "Zuckerman enchaîné", "La leçon d’anatomie", p. 472, Folio)
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La reconnaissance, j’en ai eu. J’ai eu un public. En définitive, le public ça ne lui fait rien du tout, mais moi ça m’a fait des tas de trucs. Je me suis condamné aux arrêts de rigueur. Ecoute, Bobby, aucun désir particulier ne me pousse à me confesser ou à confesser les autres et c’est principalement à ça que le public s’est intéressé. Ce n’était pas une renommée littéraire, c’était une renommée sexuelle, et la renommée sexuelle, c’est de la merde. Non, je serai heureux d’y renoncer. Le génie le plus enviable dans l’histoire de la littérature c’est le type qui a inventé les nouilles alphabet pour mettre dans la soupe : personne ne sait qui c’est. Il n’y a rien de plus usant que de devoir se balader en faisant semblant d’être l’auteur d’un d ses propres livres – sauf de faire semblant de ne pas l’être.
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