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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel joli livre ! Je renoue avec Jean Rouaud, après les cinq livres (plus ou moins égaux) de sa saga familiale des années 90, publiés aux Editions de Minuit. Et je ne le regrette pas. Ses souvenirs de kiosquier associent une galerie de personnages fichtrement attachants et un tableau de Paris qui pourrait opportunément faire le pendant contemporain à celui de Louis-Sébastien Mercier. le style sinueux est envoûtant. Et le parcours de notre auteur est pour le moins original. Ses combats acharnés avec l'écriture offrent un témoignage dont pourront se délecter les écrivains en herbe. Un prix Goncourt pour un premier roman, chez un éditeur ayant affiché peu de décoration jusque là (exception faite de Marguerite Duras, qui est passée par là six ans auparavant), n'est certes pas courant. Mais que l'on ne s'y trompe pas: ce n'est pas de l'histoire de son prix qu'il est question ici. Pour ça, voir le récent récit de Yann Queffelec. Non, ses personnages principaux, encore une fois, ce sont sa ville d'adoption et ses métamorphoses, ainsi que le petit monde du19ème arrondissement. A ce titre, "Kiosque" rejoint sans encombre le rayon "Paris" de ma bibliothèque !
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«Le kiosque est la plus belle encyclopédie in vivo» explique Jean Rouaud dans son nouveau roman qui détaille ses sept ans passés rue de Flandre. Une expérience fascinante et… une école de littérature!

P. est un vieil anar syndicaliste qui, après la mort de sa femme, va se noyer dans l'alcool et la dépression. Il tient un kiosque à journaux rue de Flandre, dans le XIXe arrondissement et va proposer à Jean Rouaud de le seconder. L'apprenti écrivain, accepte cette proposition qui lui permet de dégager beaucoup de temps pour sa vocation. Car même si tous ses manuscrits ont été refusés jusque-là, il persévère dans la voie qu'il a choisie.
Nous sommes dans les années quatre-vingt, au moment où la désindustrialisation fait des ravages dans tout le pays et où le chômage devient un fléau qui s'installe durablement dans le paysage économique.
Le kiosque à journaux joue alors un rôle social essentiel d'animation du quartier, de contrepoint à la solitude.
Si Jean Rouaud affirme que ce «théâtre de marionnettes» aura entrainé le naufrage de ses illusions, il va surtout nous démontrer combien ces sept années de sa vie auront été enrichissantes. Car, comme le souligne Bernard Pivot dans sa chronique du JDD, «Kiosque est une magnifique galerie de portraits de marginaux, de vaincus, de rêveurs, de déracinés… L'art et la bonté De Rouaud les rendent presque tous sympathiques.» Dans ce quartier cosmopolite, la revue de presse est en effet faite par ces réfugiés, immigrés, néo-parisiens qui n'oublient pas leurs racines et commentent les soubresauts de «leur» monde, qu'ils viennent d‘Afrique ou des Balkans, du Brésil ou du Proche et Moyen-Orient. Avec cette leçon toujours actuelle: ce n'est pas par gaîté de coeur qu'ils se sont retrouvés un jour à battre le pavé parisien. À leurs côtés, dans ce quartier populaire, les désoeuvrés servent à l'occasion de commissionnaire, les habitués débattent des grands travaux engagés par François Mitterrand, comme par exemple cette pyramide qui doit prendre place dans la Cour du Musée du Louvre qui va être agrandi.
Cette soif de modernité va aussi s'abattre sur le kiosque à journaux. Durant dix années, nous explique Jean Rouaud, les concepteurs du nouveau modèle parisien ont travaillé pour livrer un kiosque qui n'avait «ni place, ni chauffage, ni toilettes et il fallait être contorsionniste pour atteindre certaines revues». On se réjouit de voir si le projet qui arrive cette année résoudra ces inconvénients!
N'oublions pas non plus que cette vitrine sur le monde permet aussi aux gérants de se cultiver à moindre frais. Si ce n'est pour trouver la martingale recherchée avec passion par les turfistes ou pour déchiffrer les modèles de couture proposés par Burda, ce sera dans les cahiers littéraires des quotidiens, les revues politiques ou encore les encyclopédies vendues par épisodes.
Puis soudain, cette révélation. Il n'est pas kiosquier par hasard. N'a-t-il pas mis se spas dans ceux des soeurs Calvèze qui, à Campbon, se levaient aux aurores pour aller distribuer la presse locale ? N'est-il pas lui aussi un passeur. de ceux qui parviennent à arracher une vie partie trop tôt de l'oubli? Les Champs d'honneur doivent beaucoup au kiosque de la rue de Flandre qui a construit Jean Rouaud, a aiguisé ses talents d'observateur, a démultiplié son empathie, a affûté sa plume.
Kiosque est aussi une superbe leçon de littérature.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Incontestablement, Jean Rouaud possède le talent de faire vivre ses personnages.

Ces derniers, il va les cueillir dans la mémoire de l'apprenti écrivant qu'il était du temps où il suppléait P., un anar syndicaliste de la grande époque contestataire, titulaire du kiosque à journaux de la rue de Flandre dans le 19e arrondissement. Jean Rouaud à côtoyé autour de ce ‘centre du monde' qu'était le kiosque, une palette de personnages, tous intéressants, désopilants, idéalistes ou fêlés par la vie . L'auteur nous les offre avec humour, tendresse pour les écorchures de la vie, indulgence pour les excès ou les mesquineries qui ne font pas le poids devant l'entraide, la simplicité et la richesse des rencontres qui animaient alors quotidiennement le quartier.

C'est aussi l'histoire de France qui est mise en perspective au travers de l'histoire de la Presse, de la diffusion des idées, des petits métiers d'autrefois. Jean Rouaud, avec finesse, souligne ce savoir-être qui cimentait le quartier, révélait une recherche de vivre en lien, une attente d'un quotidien qui provoque des rencontres, brasse des idées et fasse, en tout temps, preuve d'un véritable respect de l'autre.

L'idée de faire resurgir l'histoire autour du kiosque est originale et puissante. D'autant qu'il ne s'agit pas du kiosque ‘Montmartrois', modèle que tout un chacun connaît pour l'avoir vu partout dans Paris sans même se rendre compte qu'il n'était qu'un leurre, faux moderne, inspiré du passé et dont les frondaisons et torsades chargées ne pouvaient que retenir prisonnier les idées d'un temps présent. Ignominie même pour un lieu où doit s'exposer et se défendre le quotidien annonciateur d'avenir! Non, le Kiosque de la rue de Flandres, c'est le modèle plexiglas à structure tubulaire, d'inspiration Beaubourg. C'est un théâtre du jour qui se veut anarchiste, crieur d'une vérité qui dérange, miroir d'une époque ouverte qui ne veut s'endormir ou disparaître…

La plume de Jean Rouaud, il l'a prouvé avec éclat, par son ‘Champs d'honneur' Goncourt 1990, est celle d'un portraitiste. Il croque le physique de ses personnages et nous dévoile leurs caractères. C'est propre, net mais parfois un peu trop répétitif. C'est là que réside, selon moi, le point faible du livre. Maintenant, quoi de plus normal, peut-être, que la répétition dans un ouvrage qui vise, toujours au départ du kiosque, à nous rafraîchir la mémoire sur ce qu'était le quotidien, fil des jours de cette époque où la France et l'Homme ne vivaient pas encore à la vitesse du numérique qui caractérise notre aujourd'hui? A chacun de se faire une idée.
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Belle découverte que cet auteur, une jolie plume et un récit teinté de nostalgie. le temps des kiosques ! Il est loin ce temps de ces petites guitounes en fer forgé ou plexiglas, achalandées de mille revues, journaux et autres magasines. J'aimais bien ces petits boutiques sur le pavé ça donnait de la chaleur à la rue. L'auteur nous donne ce plaisir de revivre cette époque mais côté vendeur. Et dieu seul sait ce que l'on peut voir, entendre, vivre ! La vie de quartier avec ses habitués, ses commerces. C'est vivant, chaleureux.
Puis derrière son comptoir, la vie se fait, défait, se joue du passé, du futur, un vrai kaléidoscope ! C'est aussi un récit sur la littérature, ou plutôt le devenir d'un écrivain. Une tranche de vie de présent auteur.
Malgré tout, j'ai ressenti une petite lassitude par moments, moins d'intérêt moins de surprises.
Un auteur à lire.
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En nous racontant son quotidien dans "son kiosque" , Jean Rouaud nous fait une magnifique peinture d'un Paris populaire .
A travers une galerie de personnages touchants ; des discrets, des rêveurs, des utopistes, des écorchés , des nostalgiques , "ses clients" de la rue des Flandres côtoyés durant 7 années , c'est toute l'actualité des années 80 qui y est racontée: Beaubourg et la pyramide du Louvre ; les réfugiés cambodgiens ,les guerres d'Iran et de Yougoslavie ; les lendemains de l'utopie soixante-huitarde ; la fin d'une certaine presse quotidienne.

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Mes dix mots inspirés par cette lecture :
- Humilité
- Poésie
- Tranches (de vie)
- Arts
- Ecriture
- Finesse
- Rêve(s)
- Confinement
- Transformations
- Quête(s)
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Découverte de Jean Rouaud à l'occasion de la parution de Kiosque ! Un style envoûtant, fait de longues phrases superbement ponctuées, un regard empathique sur le monde, la nostalgie d'un monde disparu où l'on achetait le journal en kiosque, un auteur qui attire la sympathie. Je vais lire les champs d'honneur, prix Goncourt des éditions de Minuit en 1990...qui m'avait échappé à l'époque.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Dans ce joli récit tout empreint de nostalgie Jean Rouaud se rappelle ses 7 années de kiosquier parisien pendant lesquelles il a côtoyé tout le petit peuple d'autochtones et d'immigrés qui a forgé l'écrivain qu'il est devenu. Il leur rend un bel hommage plein de tendresse dans cette immersion dans les années 1980. Cet emploi uniquement alimentaire devait lui laisser du temps et l'esprit libre pour devenir l'écrivain qu'il se rêvait d'être, mais cette expérience va faire de lui un écrivain bien différent. Dans un style travaillé avec des phrases souvent très longues, en se répétant parfois, il nous parle de ses doutes, ses idéaux d'écriture de jeune homme, ses réflexions sur les écrivains, les éditeurs, son enfance. Nous assistons au lent processus d'élaboration de son roman de veine autobiographique Les Champs d'honneur qui obtiendra le prix Goncourt en 1990.
Ce livre est plein d'humanité, de sensibilité, de générosité, de bon sens, d'humour. Certains ont parlé de comédie humaine et s'est bien ce que j'ai ressenti.
Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Quelle expérience garde-t-on d'avoir été vendeur de journaux pendant sept ans, de 1983 à 1990, avant d'obtenir le prix Goncourt pour son premier roman publié ? le souvenir du froid l'hiver et de la chaleur étouffante l'été ? Des clients qui râlent lorsqu'ils découvrent l'actualité ? Des débats que celle-ci suscite auprès des habitués ? Des feuilles de chou détaillant les martingales alambiquées du Paris-Turf ? Sans doute tout ça, mais encore bien d'autres choses… En tout cas, Jean Rouaud a aussi retenu une dimension poétique, politique et sociale de cette expérience. Il nous la partage dans un livre à caractère autobiographique qui nous fait revivre cette époque et nous interroge sur notre rapport aux médias et à l'actualité. Un méditation sur l'Histoire qui se fait, sur l'écriture qui se trame pour tous les amoureux de littérature et de journaux !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Très jolie chronique des années 83 à 90 autour du kiosque du marchand de journaux, de ses habitués, des évènements de ses années là doublée de la relation des angoisses du jeune écrivain qui peine sur ses feuilles.
J'ai beaucoup aimé mais je n'ai pas envie d'analyser. C'est un ensemble qui fait ressortir "mes madeleines de Proust" à moi, ma propre galerie de personnages, différents et pourtant si semblables. Jean Rouaud me touche avec sa faculté de s'intéresser aux autres et de les décrire aussi honnêtement.
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