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sur 934 notes
Avez-vous goûté la toute récente séquence de passe-passe gouvernementale avec l'art de ne rien changer en faisant croire que tout change, mais surtout en mettant aux manettes des gens que la population n'a jamais désignés ? C'est fantastique, non ? Et la réforme des retraites, adoptée magistralement, fourrée de force dans la bouche vociférante d'une majorité de la population, qui lui était hostile ? Et les gilets jaunes, arrêtés à coups de matraque, de gaz lacrymogènes et de LBD en pleine gueule ? Démocratie, cela s'appelle, mes chers enfants, n'en doutez point et n'en doutez jamais... à moins qu'il ne vous vienne malencontreusement à l'esprit de lire ce petit livre !

Waouh ! Fantastique Jean-Jacques Rousseau ! Écrire un tel livre en 1762, avant même tous les grands épisodes révolutionnaires, toutes les authentiques tentatives ultérieures d'instaurations démocratiques, franchement, chapeau, chapeau bas, très, très bas, mon cher Jean-Jacques. J'en reste estomaquée.

De quoi disposait-il pour faire son analyse philosophico-politique ? de quelques trucs antiques, de Sparte à Rome, des républiques de Venise ou de Genève, une fraîche tentative corse sous la houlette de Pascale Paoli, deux ou trois choses ici ou là en Europe et c'est à peu près tout. Et pourtant, et pourtant, il signe un texte lumineux, flamboyant, édifiant, revigorant et incroyablement inspirant pour quiconque s'intéresse aux questions politiques et aux aspirations démocratiques.

Il pose les questions essentielles : qu'est-ce qu'une société ? qu'est-ce que faire société ? quel type de relations doit unir chacun de ses membres ? etc. Ça paraît évident, or on y réfléchit peu, du moins trop peu, sans doute, de sorte que la paresse à nous emparer réellement de cette question nous rend passifs, tous collectivement, comme si, finalement, tout bien considéré, c'était comme ça, et qu'on n'y pouvait rien changer, jamais, que si l'on se hasardait à vouloir y changer quelque chose, ça serait pire.

On nous rebat les oreilles depuis l'enfance que notre république est vraiment ce qu'il y a de mieux sur Terre, que nous avons des tas et des tas de libertés, que tout ce qui se fait ailleurs est pire de chez pire, et que donc, nous devons nous satisfaire de ce que nous avons et de ne surtout pas le questionner ni chercher à l'amender, car déjà, il faut s'estimer heureux.

Et démocratie, cela s'appelle, un tel machin, un truc où l'on ne vous consulte jamais pour faire passer des lois, que même quand vous votez " non " à un référendum (octroyé par grandeur d'âme), on vous bidouille aussitôt après un " oui ", car vous êtes un peu cons, vous vous êtes trompés de case au moment de voter.

On vous dit que la cheffe de ce grand truc hyper méga démocratique et européen, c'est Madame van der Machin, une dame que vous n'avez jamais élue, mais qui est en poste quand même, et puis après on vous dit que ce n'est pas possible de faire des réformes à l'échelon national élu car les non-élus européens ont dit que ça n'était pas possible. Mais que les lobbys à Bruxelles, ça c'est autorisé, et c'est même souhaitable, car ils savent bien mieux que les citoyens administrés ce qui est bon pour lesdits citoyens. Vous voyez, ce genre de chose, ça vous dit quelque chose ?

Tous les 5 ans, on nous annonce joyeusement qu'on va avoir un très grand droit, un droit magique et rarissime, un droit dont il faut faire grand cas, le droit de choisir entre bonnet blanc et blanc bonnet, entre ENA n°1 et ENA n°2, tous issus de milieux hautement représentatifs de toutes les couches sociales, des gens qui vont décider à notre place, parce que nous on est tous trop cons alors que eux, non, vous pensez bien, ce sont des cracs en tous domaines, des éoliennes au commerce international en passant par les télécommunications, la fiscalité, les techniques de construction ou les biotechnologies, la santé, tout, tout, tout, absolument tout je vous dis, experts en tout ils sont nos députés et nos chers présidents.

Et nous, bien sagement, bien docilement, on demeure mineurs toute notre vie, car les majeurs, ceux qui décident, ce sont eux, et pas nous. Mais rassurons-nous, EUX, les majeurs, ils décident tout dans NOTRE intérêt, nous, les mineurs, soyons-en persuadés et à n'en pas douter. Et c'est comme ça, tous les 5 ans dans le meilleur des mondes possibles. Démocratie ça s'appelle. Dormez bien mes petits.

Bon, depuis vingt ans, c'est tellement démocratique qu'on n'a pas même jugé bon de proposer un référendum, car les gens, cette engeance bêlante et collante, les gens, donc, ont tendance à cocher les mauvaises cases quand on s'avise de les consulter. Et les jurys populaires ? Ah, ça non plus c'est pas bon, c'est bien trop coûteux, bien trop démocratique même, pas assez efficace en tout cas, selon les cabinets de conseil, il vaut mieux des magistrats professionnels, dont on est sûr de pouvoir mettre au-dessus d'eux un bon vieux ministre non élu très démocratique.

Face à tant et tellement de démocratie, je me demande même s'il était bien utile et nécessaire de revenir à Rousseau. C'est vrai quoi ? Est-il besoin de repréciser que la souveraineté doit appartenir aux citoyens ? Que ce sont eux et seulement eux qui doivent édicter les lois qui les concernent ? Que le parlement doit être AU-DESSUS de l'exécutif, lequel n'est là que pour faire exécuter les lois adoptées souverainement par proposition populaire et non à lui de proposer des lois ?

Est-il bon de rappeler que le pouvoir exécutif doit pouvoir être révoqué à tout moment par le peuple s'il est jugé défaillant à sa mission ? Est-il bon de préciser qu'à l'heure d'internet et de la connexion de tous avec tous il n'est nullement besoin d'élire 577 peigne-culs béni-oui-oui à l'Assemblée nationale ni de s'en référer à des sénateurs qu'on n'a même pas élus nous-mêmes, car nous sommes mineurs, je vous le rappelle, pour décider si nous, société, voulons ou non d'une loi qui nous concerne ? L'abstention ? L'absence de représentativité ? En quoi est-ce un problème démocratique ?

Rousseau a des phrases percutantes qui invitent à la réflexion sur tout ce qui relève de notre expérience politique. Je vous en livre quelques-unes ci-dessous : « le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit, et l'obéissance en devoir. de là le droit du plus fort ; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est une puissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c'est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ? »

« L'administration devient plus pénible dans les grandes distances, comme un poids devient plus lourd au bout d'un plus grand levier. Elle devient aussi plus onéreuse à mesure que les degrés se multiplient : car chaque ville a d'abord la sienne, que le peuple paye ; chaque district la sienne, encore payée par le peuple ; ensuite chaque province, puis les grands gouvernements, les satrapies, les vice-royautés, qu'il faut toujours payer plus cher à mesure qu'on monte, et toujours aux dépens du malheureux peuple ; enfin vient l'administration suprême, qui écrase tout. Tant de surcharges épuisent continuellement les sujets : loin d'être mieux gouvernés par tous ces différents ordres, ils le sont bien moins que s'il n'y en avait qu'un seul au-dessus d'eux. Cependant à peine reste-t-il des ressources pour les cas extraordinaires ; et quand il y faut recourir, l'État est toujours à la veille de sa ruine. »

« à l'égard de l'égalité, il ne faut pas entendre par ce mot que les degrés de puissance et de richesse soient absolument les mêmes ; mais que, quant à la puissance, elle soit au-dessus de toute violence, et ne s'exerce jamais qu'en vertu du rang et des lois ; et, quant à la richesse, que nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter un autre, et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre : ce qui suppose, du côté des grands, modération de biens et de crédit, et, du côté des petits, modération d'avarice et de convoitise. Cette égalité, disent-ils, est une chimère de spéculation qui ne peut exister dans la pratique. Mais si l'abus est inévitable, s'ensuit-il qu'il ne faille pas au moins le régler ? C'est précisément parce que la force des choses tend toujours à détruire l'égalité, que la force de la législation doit toujours tendre à la maintenir. »

« La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n'y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle ; ce n'est point une loi. le peuple Anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement : sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde. »

J'aurais pu recopier comme ça des dizaines et des dizaines d'autres passages, que je trouve édifiants. Mais, à ce stade, soit vous êtes déjà convaincus, soit vous ne le serez jamais. Aussi, j'aime autant m'arrêter là, ne sachant que trop vous conseiller cette lecture, si les questions de la représentation politique, de démocratie, d'équité, de faire société ensemble vous intéressent et vous interpellent, ou même seulement au simple titre de la culture générale. Pour le reste, gardez pleinement à l'esprit que cette appréciation n'est que mienne, une et idiosyncratique, et que, donc, en soi, d'un point de vue démocratique, elle ne signifie vraiment pas grand-chose.
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Rousseau pense la société non pas par rapport à la force du dominant mais par l'association des forces individuelles, qui vont concourir au maintien de la cohésion sociale. La force ne fait pas le droit...Les lois et principes doivent être acceptés par tous pour le bien de tous. Pour lui le corps politique est composé d'individus libres autonomes et égaux en droit, qui participent directement aux affaires de l'état et qui forment le peuple souverain. Il garde une certaine méfiance face à l'exécutif, il est plus tourné vers le fédéralisme, pour lui le bicamérisme ne doit pas être interdépendant. C'est la grande différence entre Montesquieu et lui l'un est pour la souveraineté nationale et l'autre populaire...
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Du contrat social est une oeuvre de philosophie politique qui établit la nécessité d'un pacte entre les citoyens pour que l'organisation sociale d'un état soit juste. Ainsi, chacun renonce à sa liberté naturelle pour obtenir une liberté civile. C'est la base de la souveraineté populaire. Ce contrat apparait comme le signe d'un état social, contre l'état de nature.

Qu'est ce que l'état de nature? On le retrouve parfois développé avec le mythe du bon sauvage. Nature et sauvage vont bien ensemble. L'état de nature est donc ce qu'est l'homme, auquel on soustrait ce que lui a apporté la société.

Pour Rousseau, le contrat social est à la base de la démocratie. Il n'y a plus d'intérêt particulier. Si quelqu'un veut prendre le dessus, il fait ressortir un intérêt particulier, c'en est alors fini du pacte.

Ce pacte est à l'origine de la naissance du corps politique, avec le peuple qui légifie. Comme l'intérêt général est pris en compte, c'est donc l'intérêt public qui gouverne.

Une fois posés ces principes, Jean-Jacques Rousseau s'intéresse aux différents types de gouvernements (démocratie, monarchie, aristocratie). Il pose leur origine, les caractéristiques, les points positifs ou négatifs, afin de voir si le pacte social peut s'appliquer à ces régimes.

Cette lecture m'a permis de replonger dans une lecture de lycée, que j'ai abordée avec plus de maturité qu'il y a 17 ans. Mais cette fois, la compréhension en était plus facile.
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Oeuvre majeure !
Il s'agit d'un traité philosophico-politique que Jean-Jacques Rousseau a publié en 1762, juste après "L'Emile".
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Après Platon et Thomas More, il jette les bases d'une sage gouvernance d'un Etat, par " la République", c'est-à-dire sous des conditions de liberté et d'égalité, valeurs essentielles qui seront reprises lors de la Révolution Française.
Par "liberté", il exclut l'esclavage, sous toutes ses formes.
Par "égalité", il entend qu'un pays ne doit comporter " ni riches, ni gueux", qui créent un déséquilibre.
L'Etat doit être souverain, c'est-à-dire légiféré par le peuple ou ses représentants. Les "lois", ce qu'on appelle actuellement "constitution", doivent être rédigées par un "législateur" qui soit au fait des us et coutumes du pays pour ne pas braquer la population, et votées par elle, ou ses représentants. L'objectif est la paix dans le pays et avec ses voisins : différents équilibres doivent être trouvés.
Ensuite, tout "malfaiteur" dérogeant aux lois sera considéré comme traître à l'Etat.
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JJR a observé le gouvernement de Genève dans sa jeunesse, et la "République de Venise".
Il s'est inspiré des Grecs antiques, des propos sur Lycurgue, des Romains, de Calvin, de Grotius, de Montesquieu, entre autres. La gestation de ce petit traité a duré 10 ans. Son édition a valu à son auteur un bannissement et des jets de pierres.
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Il m'a été difficile de "rentrer" dans l'ouvrage, le temps de me familiariser avec les termes employés, mais ensuite, je l'ai trouvé formidable, nettement meilleur ( à mon goût, car tout est subjectif ! ) que ses oeuvres ultérieures : "Les confessions" et "Les rêveries".
Un Grand Bonhomme !
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Stylistiquement assez pénible à lire...mais indéniablement indispensable à qui cherche à comprendre les fondements philosophiques de la république, telle qu'elle est pensée en France.

Liberté, Egalité, Fraternité...Des deux premiers termes il est beaucoup question dans le Contrat Social. Tout y est ou presque : la séparation des pouvoirs, l'importance du pouvoir législatif, la laïcité (plutôt pêchu). Rousseau anticipe même des maux très actuels comme le "populisme" (affirmant que le peuple a toujours raison MAIS qu'il peut être amené à voter de mauvaises lois s'il est mal informé) ou l'influence possiblement négative des lobbys.

La base de la réflexion de Rousseau est l'homme à l'état de nature, qu'il ne faut pas envisager en termes historiques, ni rapprocher du mythe du bon sauvage...C'est avant tout un modèle théorique : c'est l'homme tel qu'il serait s'il n'était pas un être social. Un être pas encore déformé par la société mais également dont le potentiel n'est pas développé.

Rousseau énonce ainsi sa question : "Trouver une forme d'association par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant". Il y répond par le contrat social qui, pour fonctionner, suppose l'aliénation de chacun, à la communauté, de ses "droits naturels" (le droit de subvenir à ses besoins par ses propres moyens) en échange de droits civils, garantis par les lois, que l'individu promulguera en tant que citoyen. Ainsi si l'homme y perd sa liberté naturelle, il y gagne la liberté social ET l'égalité (puisque l'égalité en droit doit permettre d'effacer les différences innées).

Un texte vraiment cohérent, toujours moderne ( si ce n'est quelques passages comme par exemple la corrélation entre le type de territoire et le type de gouvernement). Néanmoins, un texte qui évoque un modèle implicitement basé sur la participation active des citoyens (pas encore des citoyennes, faut pas déconner) au vote et la qualité des débats politiques (donc du personnel politique).

Mr Rousseau aurait-il laissé des notes quelque part abordant ce qu'il faut faire quand on a (de moins en moins) l'un et l'autre, ou faudra-t-il se résoudre à compter sur notre imagination ?

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Jean Jacques Rousseau est un penseur des lumières quelque peu atypique. En effet, il est de basse extraction et autodidacte de surcroit. Mais surtout, il est un habitant de Genève qui va avec audace s'en prendre à l'absolutisme de son temps, mais contrairement à Voltaire ou Montesquieu, il veut y substituer non pas un régime parlementaire modéré mais bien une démocratie, absolue elle aussi.

Rousseau propose les conditions d'une société libre et égalitaire, il emprunte à Hobbes le pacte social auquel il donne un nouveau visage. Pour lui, la convention des hommes engendre une volonté générale inaliénable.
Rousseau commence par un constat resté célèbre par cette formule « l'homme est né libre, et partout il est dans les fers ».

Les fers peuvent être rattachés au droit d'esclavage, de servitude que Rousseau fustige, pour lui l'objet d'une telle convention n'est que la continuation d'un Etat de guerre en temps de paix, ce contrat conclu sans contrepartie et contre la liberté inaliénable de l'individu est nul. Mais ce n'est pas pour autant que l'homme qui n'est pas esclave est libre, ainsi Rousseau rapproche l'esclavage et le gouvernement représentatif.
Il s'oppose à la Constitution anglaise, il constate que les citoyens ne sont libres qu'au moment de l'élection et que les députés n'ont de représentant que le nom.

S'il fustige Grotius et les théoriciens de l'absolutisme, il s'accorde en revanche sur la l'imagerie contractualiste qui se révèle être un terreau fertile à sa réflexion politique.
Il présente son contrat social, un contrat égalitaire, contrairement à la convention d'esclavage. Chacun va s'aliéner dans le contrat social à tous les autres, ainsi l'Homme est plus fort et peut vaincre les inconvénients de l'état de nature auxquels sa seule résistance ne suffit plus. le citoyen est engagé avec lui-même sous ce que Rousseau appelle un « double rapport »; il s'engage en tant que souverain avec le particulier et en tant que particulier avec le souverain.
Le contrat social garanti également l'équation problématique de la liberté naturelle, en effet, Rousseau part du postulat qu'à l'état de nature l'homme est déjà libre, alors pourquoi contracter sinon pour risquer de perdre sa liberté. Il n'en est rien, et l'auteur s'empresse de vanter les avantages d'un tel contrat.
L'homme gagne la liberté de jouir de son bien sans qu'il puisse lui être retiré, c'est le droit de propriété qui est garanti, les sentiments de l'homme s'ennoblissent, l'homme dans la société civile est perfectible.

Le contrat social fait de l'homme un corps politique parlant d'une seule voix, c'est la volonté générale et souveraine. Pour l'auteur, le peuple ainsi constitué en communauté nationale est propriétaire de la chose publique, pour lui le gouvernement doit être res publica. C'est tout naturellement que le peuple doit légiférer, il est le seul à même de faire des lois, et puisqu'il fait des lois pour lui-même, elles ne peuvent être que bonnes.

Rousseau met les hommes en garde contre le désengagement politique, en effet, si l'homme se détourne par paresse de la chose publique, ses droits s'étioleront et il aura tôt fait de perdre sa qualité de souverain et le contrat social sera rompu.

Car qui dit contrat, dit droit, et qui dit droit, dit devoirs. le peuple souverain a le devoir d'administrer la société dans l'intérêt général. Et si par mégarde un citoyen décide d'emprunter une autre voie que la volonté générale, et majoritaire, il va à l'encontre de cette dernière et sera dûment ramené sur le droit chemin, on forcera se dernier à être libre, malgré lui.
(#2014)
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" du Contat Social " de J.Jacques Rousseau ,analyse les principes fondateurs du droit politique Pour Rousseau ,seule une convention fondamentale peut légitimer l ' autorité politique et permettre à la volonté générale du peuple d ' exercer sa souveraineté .IL va plus loin que Montesquieu et Voltaire dans la défense de la liberté et de l ' égalité entre les hommes ,en proposant un ordre naturel qui concilie
la liberté individuelle et les exigences de la vie en société .Le "Contrat Social " a inspiré La Déclaration des Droits de l'' Homme " et toute la philosophie de " La Révolution " de 1789 .
Son influence a été également importante sur la philosophie allemande ( Kant ,Fichte ) .Je veux terminer en citant un extrait du "Contrat Social :
" ....L ' homme est né libre ,et partout il est dans les fers .Tel se croit le maître des autres ,qui ne laisse pas d ' être plus esclave qu 'eux .Comment ce changement s ' est-il fait ? Je l 'ignore .Qu est-ce qui peut le rendre légitime ? Je crois pouvoir résoudre cette question .Si je ne considérais que la force et l 'effet qui en dérive ,je dirais : "Tant qu ' un peuple est containt d 'obéir et qu 'il obéit ,il fait bien ;sitôt
qu 'il secouer le joug ,et qu 'il le secoue , il fait encore mieux : car ,recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui a ravie ,ou il est fondé à la reprendre ,ou on ne l ' était point à la lui oter " .Mais l 'ordre social est un droit sacré qui sert de base à tous les autres .Cependant ,ce droit ne vient point de la nature ;il est donc fondé sur des conventions IL s 'agit de savoir quelles sont ces conventions .Avant d 'en venir là , je dois établir ce que je viens d 'avancer ..."
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Du contrat social est une réflexion philosophique abstraite sur la politique. Rousseau développe méthodiquement un certain nombre de principes pour aboutir à un projet fondamental : « unifier dans l'individu le particulier et l'universel ». le contrat social a été écrit avant la révolution française de 1789, dans un contexte difficile où règne la monarchie absolue (Louis XV). L'oeuvre est interdite dès la parution et n'aura pas le temps de se populariser. Ce n'est qu'après la révolution, une fois que le corps visible de la nation devient le peuple et non plus un Roi que l'on prendra conscience de la portée de l'oeuvre et de la justesse de la réflexion. En effet, la théorie rousseauiste qui considère l'individu comme « membre du souverain envers les particuliers, et comme membre de l'Etat envers le souverain » donne pour la première fois à l'individu la place qu'il mérite. L'auteur dresse au fil des quatre livres, certes courts mais très abstraits et de ce fait nécessitant une grande concentration et l'éclairante aide de notes explicatives, le rôle du peuple, du souverain, des différentes formes de gouvernements et des représentants. Si les bases de nos républiques doivent beaucoup à ce texte on se dit qu'irrémédiablement le contrat social de Rousseau où « chacun fait à soi-même la volonté d'obéir à la volonté générale » est à bien des égards le rêve d'une société et d'un système politique qui n'est malheureusement pas près de voir le jour. Oeuvre évidente, importante, intemporelle.
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"Du contrat social", est vraiment une lecture marquante, à laquelle il est difficile de demeurer indifférent. Et, pour cause, les questionnements de Rousseau, sont propres à susciter l'intérêt : pourquoi sommes-nous en société ? Un bon Etat est-il centralisé ? Quel est le mode de gouvernance idéale ?
Ces questionnements sont passionnants et les réponses qu'y apportent Rousseau, sont fascinantes ; ce sont des réponses toujours intelligentes, subtiles, fruit d'une longue réflexion, rarement binaires. En lisant ce texte, ce que dit Rousseau m'est apparu vrai avec évidence ; cela devenait incontestable, tellement le philosophe suisse argumente, avec talent. En lisant "Du contrat social", je sais que ce que je lis est vrai ; je le sens, à chaque instant, à chaque ligne, à chaque paragraphe. Tout, jusqu'au plus profond de mon être, me dit : "Jean-Jacques Rousseau, avait raison".
Je considère "Du contrat social", comme un grand texte de philosophie. Comme tous les grands textes de philosophie, ce n'est pas un tas de pensées jetées dans le vide ; c'est tout un système, qui est exposé, dans le texte ; ce n'est pas une succession de pensées sans queue ni tête ; tout est lié, et tout est cohérent.
Et, bien évidemment, cette pensée est non seulement logique et cohérente, mais aussi profondément originale et totalement aboutie. J'ai eu le sentiment que "Du contrat social", était l'aboutissement et le résumé d'une longue, très longue réflexion...
Voilà donc, en somme, un petit livre remarquable, que je ne peux que recommander, car les questionnements qu'il pose, les réponses qu'il donne, le système de pensée et la conception du politique qu'il expose, valent le détour, ne fut-ce que pour se confronter à une pensée originale, forte, novatrice, importante.
Pour ma part, cet ouvrage reste l'un des plus grands textes de philosophie qu'il m'ait été donné de lire. Puissant !
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le Contrat Social est un véritable carrefour de la réflexion politique. L'un des chemins mènera à la révolution française, d'autres chemins sont peut-être encore à explorer. Les commentaires fournis avec cette édition soulignent une réflexion sous tension, loin de l'autosatisfaction.
L'inclinaison naturelle du genre humain n'est pas de se soumettre à des obligations réciproques. Pourtant le pouvoir religieux semble avoir réalisé l'exploit politique de faire naitre un sentiment d'obligation au-delà des frontières. La société du genre humain est un concept attractif mais peut être trompeur. Ce chemin rejoint à mon sens la perspective du matérialisme historique et de l'internationalisme de Marx.
Le Contrat Social butte sur l'idée de « Religion civile » comme d'ailleurs la République de Platon qui laisse aux Dieux le dernier mot : Rousseau est bien obligé de tenir compte de l'impermanence du genre humain… Alors la tâche s'annonce rude lorsqu'il s'agit de soustraire les peuples aux pouvoirs qui les tyrannisent. C'est le sujet urgent du contrat social : fonder la souveraineté du peuple pour que s'exprime et s'applique continuellement la volonté générale.
La réflexion est alimentée par de nombreuses références depuis la Rome antique jusqu'à Montesquieu et Machiavel, et aussi alimentée par de nombreuses polémiques avec Voltaire, Diderot et Hobbes, expliquées dans les commentaires. L'Etat qui se dessine prend les traits des Etats modernes que l'on connait aujourd'hui. L'articulation des pouvoirs législatifs et exécutifs, les modes de représentation, tout est discuté, c'est même assez technique.

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