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EAN : 978B0000E80MN
446 pages
France Empire (30/11/-1)
5/5   1 notes
Résumé :
"Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Algérie. (...) Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite..."
La voix résonne encore dans les mémoires. C'était le 23 avril 1961. Une fraction de l'Armée française vidait son abcès avant de remplir les prisons.
Les années ont passé. Les passions se sont tues. Le Putsch d'Alger est entré dans l'Histoire.
Et cependant, que sait-on au juste de cette révolte militaire, de la "malaven... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je publie cette critique soixante-trois ans, jour pour jour, après la fin de ce que L Histoire a retenu sous le nom de "putsch d'Alger". Cet ouvrage est passionnant, tant est fine son analyse de la genèse de cette révolte, de son déroulement, de son issue et de ses conséquences.

Pourquoi un putsch ? Pour en arriver là, Jacques Rouvière explique pourquoi et comment ses meneurs y ont été acculés. Un premier chapitre, qui s'intitule "Vers la désespérance", relate en effet comment, au début du printemps 1961, on a pu en arriver là. L'auteur rappelle ainsi un premier coup d'État, celui du 13 mai 1958 à Alger, qui ramène au pouvoir le général De Gaulle, que les émeutiers jugent le seul capable, par son prestige et son autorité, de mettre fin aux "évènements" et de maintenir l'Algérie dans la France. "La Vème République est pratiquement portée sur les fonts baptismaux par les tenants de l'Algérie française. Les gaullistes ne voudront jamais le reconnaître. Première équivoque d'une série qui sera longue" (chapitre I - Vers la désespérance - page 21). De Gaulle va d'abord donner des gages aux partisans de l'Algérie française, ordonnant à l'armée d'éradiquer la rébellion, au prix de beaucoup de vies humaines sacrifiées. Il louvoiera ensuite, maniant l'ambiguïté à la perfection, et poussera de plus en plus loin ses pions sur le terrain de l'indépendance, alors qu'entretemps les militaires se sont engagés auprès des populations civiles, notamment musulmanes, sur le maintien de la présence française... Parce que le grand écart n'est pas possible, quatre généraux décident alors de se rebeller contre le pouvoir légal, illustrant le mot du Cardinal de Retz, selon lequel on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment. Maurice Challe, à qui le général De Gaulle avait confié en décembre 1958 le poste de commandant en chef en Algérie, avant de le lui reprendre en avril 1960, est profondément républicain et veut un putsch propre, limité au territoire algérien (contrairement au général Jouhaud), et excluant (contrairement au général Salan) les civils pieds-noirs, dont il craint les excès.

L'auteur décompose ensuite le déroulement de ce qui ne sera finalement qu'un baroud d'honneur, les facteurs qui ont joué en faveur de Challe (l'effet de surprise, la quasi-absence de résistance, le ralliement des musulmans qui se souviennent du plan Challe de 1959 et de l'oeuvre de promotion qu'il leur destinait), et surtout ceux qui ont joué contre lui (le manque de préparation, le manque de sécurisation des appuis, l'absence de plan B, le défaut de surveillance de Jean Morin, Délégué Général du Gouvernement en Algérie, qui conserve l'accès à sa ligne téléphonique et alerte donc Paris, l'opinion publique en métropole qui compte nombre de ses fils en Algérie, sous les drapeaux, susceptibles de retourner leurs fusils en direction de leurs parents). D'une façon générale, beaucoup d'attentistes, tant chez les militaires, même chez les sympathisants du putsch, qui craignent que l'affaire ne débouche sur rien, que chez les musulmans, dont beaucoup attendent de voir quel camp sera le plus fort, avant de se rallier à lui.

L'issue du putsch est connue, avant d'avoir ouvert ce récit. Affres, atermoiements, dilemmes, hésitations, voltes-faces, voire double jeu, l'ouvrage décline et illustre avec talent le choix cornélien qui s'est présenté à ces officiers : la discipline ou l'honneur ? Ou, comme le formule Jacques Rouvière, que choisir "entre la rébellion et le parjure" ? Ceux qui ne se rendront pas rejoindront la clandestinité, au sein de l'OAS.

Même s'il est publié aux éditions France-Empire, l'ouvrage rappelle, par sa structure, les anecdotes qu'il relate et l'analyse qu'il développe, ceux de la célèbre collection Ce jour-là des éditions Robert Laffont. L'auteur conclut en citant la déclaration, en 1962, du général de Pouilly, resté dans la légalité : "L'Histoire dira peut-être que leur crime fut moins grave que le nôtre".
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Au programme toujours le même sujet : le commentaire du texte suivant, véritable parole d'évangile :
"Que les Algériens sachent surtout que l'abandon de la souveraineté en Algérie est un acte illégitime, c'est-à-dire qu'il met ceux qui le commettent et qui s'en rendent complices hors la loi, et ceux qui s'y opposent, quel que soit le moyen employé, en état de légitime défense."
C'est une analyse qui leur plaît beaucoup, d'autant plus qu'elle est signée... Michel Debré ! (chapitre II - Les veillées d'armes - page 81).
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C'est bien fini, il faut avoir le courage d'en tirer les conclusions.
Challe ne le sait que trop. Le bilan est facile à faire. Dans l'Algérois, aucun progrès notable. En Oranie, l'échec est consommé. Dans le Constantinois, c'est le vide. Du côté de l'armée de l'Air, plus grand-chose à espérer. Quant à la Marine, il n'y a rien à en tirer. Au total, c'est la faillite, sans concordat possible. Il faut se rendre ; à l'évidence d'abord ; au pouvoir ensuite (chapitre VII - La renonciation - page 364).
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Cette insurrection a-t-elle quelque chance de réussite ? C'est peu probable compte tenu de la tournure prise par les premiers évènements. Il est déjà clair en effet que l'affaire n'est pas dirigée par des "durs". Dans ces conditions De Gaulle s'en sortira si l'on en croit le vieux proverbe arabe qui dit : "Qui tue le lion en mange. Qui ne le tue pas est mangé." Oui, De Gaulle s'en sortira (chapitre IV - La relance - page 214).
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