27 décembre 1965 : le départ du commandant de Saint-Marc laisse un vide difficile à combler. Non point qu'il occupât ici une place bruyante. C'est le calme personnifié. Par là même il agissait sur nous tous et sans que nous le sachions. Réservé mais non isolé, toujours prêt à communiquer, de bon conseil, sage, lucide en face de l'avenir et sans résignation. Un homme parfait, mais sans la teinte d'ennui dont s’enveloppe parfois la perfection.
Déporté à 21 ans, en 1943, officier en 1945 et combattant sans arrêt en Indochine et en Algérie jusqu'en 1961, Saint-Marc s'est donné entièrement à son pays et à son prochain. Car il n'a pas combattu pour combattre et il a partout recherché la paix. Vingt ans de dévouement l'ont conduit à cinq ans de prison. N'est-ce point caractériser cette époque absurde et aussi la rancune insensée de De Gaulle ? Au-dessus des manœuvres tortueuses, des platitudes courtisanes, voici enfin une très grande figure, celle d'un honnête homme, pleinement conscient de ses actes, d'une intelligence épanouie. Ici même, en prison, sa présence était un facteur de paix, de gaieté, d'union. Lorsque se seront déposés la tourbe, le limon de cette période trouble, quelques rares figures apparaîtront, dignes d'estime. Celle d'Hélie de Saint-Marc dominera. L'histoire le classera comme un grand Français, bien au-dessus de tous ceux qui cherchèrent de leur vivant à édifier un personnage (pages 494-495).