Féru d'Inde où je séjourne régulièrement depuis bientôt quatre décennies, j'aime fiévreusement ce pays, ses habitants, ses paradoxes, ses arts et donc sa littérature, Tagore, Das,
Naipaul,
Rushdie,
Mistry, Tejpal,
Adiga, Dawesar, ils sont nombreux et nombreuses à m'avoir convaincu, cajôlé, heurté, séduit, énervé, fait rêver avec leurs mots.
Étonnamment, je gardais
le Dieu des Petits Riens
d'
Arundhati Roy bien en évidence dans ma bibliothèque sans jamais l'avoir ouvert. Je l'ai même emporté lors d'un séjour au Kerala mais il resta dans mon sac !!! Encensé, primé, ce livre m'intriguait mais je lui résistait.
À cause ou grâce à la guerre du pangolin chinois, me voilà puni, pas d'escapade hivernale en Inde aux frontières calfeutrées. le moment était enfin venu pour extraire le mystère du rayonnage et d'y retourner sans quitter mon fauteuil et mon plumard.
J'ai donc découvert le style de Miss Roy, incroyablement fouillé, détaillé, poétique, surchargé au point d'en être parfois long, pesant ; aimé rencontrer et rire avec deux faux jumeaux diablotins attachiants ; détesté une famille qui n'en est pas une ; transpiré dans la moiteur des rizières et des backwaters entourant Kottayam ; attendu le train qui n'en finit pas d'arriver appuyé sur une barrière rouillée ; assisté à la violence des rapports inter-castes qui n'a rien à envier à celle de la police ; fermé les yeux pour mieux visualiser de splendides allégories telle : " Les coudes posés sur l'eau, la nuit les regardait. "
Et l'histoire dans tout ça ?
Sincèrement ; ce n'est pas l'aspect le plus important de ce roman.
J'ai retrouvé l'Inde que j'aime car rien n'y laisse indifférent, les 5 sens en éveil, anarchie démocratique, foutoir organisé incompréhensible peint avec talent par de biens belles phrases, folie incluse.
Bon voyage.