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3,85

sur 873 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel foisonnement de petits riens, de grandes questions et de souffrance dans ce roman ! Système des castes, innocence des enfants, condition des femmes, portraits de doux dingues, traditions indiennes, complicité des jumeaux, amour filial et familial, jeux de mots, lâcheté et médiocrité devant l'adversité, histoire politique, cinéma, perversité, petites anecdotes de l'entreprise… tout se mêle et s'emmêle ici.

J'avoue que j'ai souffert pendant ma lecture, tant j'ai eu de mal à dérouler la pelote de ce récit touffu, dense, sans chronologie, sans fil conducteur. Heureusement j'ai pu m'accrocher aux sons, aux goûts, aux odeurs et aux couleurs de l'Inde. Car ce roman est incroyablement pittoresque et incroyablement sensuel. M'accrocher également aux émotions de Rahel, petite fille rêveuse et joueuse, pleine d'imagination et d'amour pour sa mère, son jumeau Estha ou l'Intouchable Velutha, qui a peur qu'on l'aime moins quand elle fait une bêtise ou quand une autre petite fille arrive dans la famille.

On comprend vite qu'il y a eu un drame dans cette famille, car les jumeaux devenus adultes sont séparés, muets, écorchés, déchirés. Un drame autour de cette fameuse petite fille qui arrive, Sophie Mol. Un drame qui n'épargne personne, sauf peut-être la vénéneuse et ridicule grande-tante Baby Kochamma. Mais le drame pourrait se résumer en quelques lignes, alors que le livre s'enroule et se déroule sur des centaines de pages, évoquant tous les personnages secondaires, les thèmes secondaires et les émotions un-finies.

J'ai entendu dire que l'Inde était magnifique et grouillante, de vie, d'activité, de gens. Si c'est le cas, alors le livre est simplement à son image. Peut-être difficile à appréhender pour les voyageurs occidentaux comme moi, mais néanmoins magnifiquement beau.

Challenge PAL et challenge Atout Prix 2/xx
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Un drame, comme une déflagration, va détruire à tout jamais des vies.
Rahel revient sur les lieux de son passé. Et les souvenirs émergent, précis, vivants, teintés de l'innocence de l'enfance. La douleur aussi. 15 quinze jours vont marquer à tout jamais la destinée de Rahel, Estha son frère jumeau et Ammu leur mère.
On ne transige pas avec l'Histoire. Chacun sa place : l'Intouchable marche à reculons et efface les traces de ses pas d'un coup de balai. Et au grand jamais il ne se fourvoie avec une Touchable, car le prix à payer pourrait aller jusqu'à…
Arundhati Roy nous livre un texte percutant, violent, poétique, onirique. Dès les premières pages nous apprenons la nature du drame. le récit n'est pas linéaire comme les souvenirs lorsqu'ils remontent par bribes, sans logique apparente. Regards d'enfants emprunts de spontanéité, de créativité puis meurtris par la réalité des adultes. Pendant presque 400 pages, l'auteur nous plonge dans les profondeurs d'âme de ses personnages. Un très beau roman.
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C'est un roman assez court mais qui foisonne, c'est vrai. de personnages mais surtout d'impressions, de couleurs, de mille images sur l'Inde. le premier roman que j'ai lu sur ce pays était "La Mousson" de l'Américain Louis Bromfield et j'en étais sortie (j'étais pourtant très jeune à l'époque) avec la certitude qu'on ne pouvait faire pays plus coloré, plus chaud que l'Inde. Bromfield, qui n'y était jamais allé, dépeignait cette contrée avec un amour que je n'ai pas trouvé par exemple dans E.M. Forster. Avec Arundhati Roy, qui est Indienne, cette passion, qui se combine souvent à une exaspération latente envers le système de castes par exemple, est bien au rendez-vous.
Mais c'est un drame qui se vit ici, dans cette atmosphère lourde et paresseuse, où le passé et le présent entremêlent leurs lents tissages d'araignées. Dès le départ, on sait que ce drame tourne autour de la mort de Sophie, la fille de Chacko et de son épouse anglaise, Margaret. La petite fille, "Sophie Mol" comme on l'appelle lorsqu'elle arrive en Inde pour y retrouver son père biologique, est morte noyée une quinzaine d'années plus tôt, dans un accident qui fut maquillé en kidnapping et en meurtre par la grand-tante des héros, Baby Kochama.
Avec leur mère, Ammu, elle aussi disparue et morte dans la déchéance, les jumeaux Rahel (la fille) et Estha (le fils) sont les personnages-clefs du livre. Deux enfants nés de l'union d'un père fonctionnaire qui s'adonnait trop à la bouteille pour que son épouse, un jour, ne finisse pas demander le divorce.
En ces années 60 qui s'achèvent (le drame se place en 1969), Ammu a en effet osé divorcer pour revenir chez elle, auprès de sa mère, Mammachi et de sa tante, Baby. Pour ces femmes qui ont connu l'époque où les Intouchables se devaient de s'éloigner à reculons en balayant jusqu'à leurs propres traces sur le sol, Ammu n'a pas de "statut légal" - ce que les jumeaux, voletant entre l'Hindi et l'Anglais, déforment en "Statue L'Egale." Certes, elles la tolèrent mais elles n'en pensent pas moins : Ammu a en elle quelque chose d'incontrôlable et de masculin.
Aussi la grand-mère et la grand-tante ne ressentent-elles pas un amour extraordinaire pour les jumeaux. Baby surtout semble vraiment les détester. Il est vrai que Baby est une aigrie ...
Quand Margaret, qui a jadis divorcé elle aussi de Chacko pour se remarier avec un Anglais, devient veuve de celui-ci, son premier mari lui propose de venir passer la Noël dans sa famille, à Ayanemen. Il espère ainsi revoir la seule femme qu'il ait jamais aimée et, bien entendu, la fille qu'elle lui avait donnée, la petite Sophie.
Et, en dépit des espoirs de Baby Kochama, Sophie sympathise très vite avec ses jumeaux de cousins.
A partir de là, tout est en place et la pièce peut se jouer avec, en toile de fond, l'amour que Velutha, l'Intouchable, ressent pour Ammu. Amour partagé mais amour voué à la Mort, on s'en doute.
Le drame final entraînera la désagrégation de la famille Kochama. Chacko s'exilera au Canada. Margaret ne se pardonnera jamais d'avoir amené sa petite fille avec elle pour ce fameux Noël. Ammu sera chassée de la maison de ses ancêtres. Velutha ... Velutha, vous verrez bien, hélas ! Quant à Rahel et à Estha, ils seront séparés. La première restera auprès de sa grand-mère, le second sera, selon l'expression de Baby Kochama, "renvoyé à l'expéditeur", c'est-à-dire à son père divorcé.
A 31 ans, Estha reviendra à la demeure familiale. Mais il sera devenu muet, comme si la mort de Sophie, la liaison d'Ammu et surtout la disparition de celle-ci l'avaient figé quelque part, entre le Passé et le Présent. Il faudra tout l'amour de Rahel, revenant elle des USA où elle avait émigré à sa majorité, pour le ramener - un peu, un tout petit peu et d'une façon très particulière - à la réalité, une réalité où Baby Kochama, maintenant âgée de 83 ans, fait plus que jamais figure de parasite borné et haineux, dans la droite ligne de ces fondamentalistes de tout poil qui, au nom de Dieu, ne savent qu'infliger malheur et torture à leurs semblables.
Un beau livre dont il ne faut guère s'étonner qu'il ait connu un tel succès. Oui, il y a des méandres mais l'Inde, dans toute ses beautés et dans toutes ses hideurs, n'est-elle pas, justement, que méandres - nos méandres originels peut-être ? ;o)
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Rahel Kochamma revient chez elle, en Inde, alors qu'elle vit désormais depuis plusieurs années aux Etats-Unis : son frère jumeau, Estha, est rentré à la maison, et elle veut s'occuper de lui, alors qu'il est mutique et coupé du monde qui l'entoure depuis très longtemps.

De retours en arrière en arrière en retours en arrière, qui alternent avec le présent et les actions et sentiments de Rahel, nous découvrons le passé des jumeaux, ce qui les a séparés alors qu'ils avaient huit ans, et nous découvrons aussi, par leur entremise, le passé de toute la famille : père, mère, tante, oncle…, dans un tourbillon de souvenirs à la narration parfois déroutante, qui oscille entre des moments de gravité intense, des scènes terribles à imaginer, et des moments racontés avec une drôlerie décalée, au côté enfantin bien représentatif des jumeaux, personnages principaux de ce roman semi-autobiographique.

Derrière l'histoire de la famille Kochamma, des drames qui la ponctuent et qui causeront sa déchéance, notamment sociale, à partir de « petits riens » s'accumulant, est aussi racontée avec beaucoup de réussite l'Inde des castes, des Intouchables non considérés comme des humains par le reste de la population, jusqu'aux familles les plus fortunées, qui ont seulement en estime leur propre existence, et qui peuvent tout se permettre sans daigner penser un seul instant aux conséquences de leurs actes.

Malgré un temps d'adaptation nécessaire à la fragmentation du récit, le Dieu des Petits Riens m'a finalement happée, perturbée, bouleversée : c'est un grand roman, une histoire riche, narrée d'une main de maître, dont je comprends mieux la place au sein de la littérature indienne contemporaine.
Lien : http://lartetletreblog.com/2..
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J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, perdue dans la chronologie, qui n'arrête pas de promener le lecteur à tous les âges de ses protagonistes, et le style, parfois un peu déboussolant, mais une fois que j'étais dedans, impossible de reposer le Dieu des Petits Riens, jusqu'à la dernière goutte de la tragédie. Les jumeaux Rahel et Estha et leur mère Ammu sont revenues chez la mère de celle-ci après le divorce, fuyant un mari et père alcoolique. le tableau pourrait sembler parfait, l'oncle, la grand-mère, la grande tante, dans la maison avec ces deux vérandas, tout près du fleuve; mais c'est la petitesse des âmes qui va précipiter, non pas le drame, mais aggraver les conséquences de celui-ci.
Car oui, dès le début le lecteur sait qu'il n'y aura pas ici d'histoire heureuse. Dès le début, on sait que la petite cousine d'Angleterre est morte, que ce drame a éclaté la famille et que nul ne s'en est remis. Ceci posé, reste à voir la mécanique, la bêtise humaine, l'inexorable emmêlement des vies, la violence de la société indienne envers les plus faibles, qu'ils soient femmes ou de caste inférieure....
Un grand roman !
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Il faut être concentré pour pouvoir suivre cette histoire. On change d'époque, de lieu, de personnage, souvent, très souvent. Ce sont des histoires de petits riens qui font une famille, une famille de petits riens qui vit au bord d'un fleuve. le mois de Mai n'est pas très beau dans cette région. Rahel revient dans la maison familiale retrouver son jumeau Estha qu'elle n'a pas revu depuis des années, depuis que leur oncle a décidé de les séparer suite à la mort de Sophie sa fille. Estha est resté dans son mutisme toutes ces années. Les jumeaux, à cette époque, étaient sans surveillance et accumulaient les bêtises. Leur mère, divorcée était revenue vivre chez ses parents avec ses enfants sous les bras. Ce n'était peut être pas la bonne solution, mais une femme, dans ce pays, sans travail, sans mari, et sans réelle instruction n'a pas vraiment le choix. l'auteure nous livre une belle description de la société indienne, avec les castes, la violence conjugale, familiale, la place des femmes, celle des enfants et le pouvoir des hommes. C'est une histoire surprenante, parfois dérangeante, semée d'humour, de drames, de cris, de joie, qui va vers le meilleur et le pire.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Ammu est amoureuse d'un Intouchable. Impossible en Inde. Et ses jumeaux, Rahel et Estha, 8 ans, aiment aussi cet homme. Les enfants ont bien du mal à comprendre les adultes. La mort de Sophie Mol, leur cousine, et la faute de leur mère Ammu vont ébranler leur existence et les séparer...

L'entrée dans cette histoire est très (trop) longue. Mais les personnages sont attachants, surtout les jumeaux.

Un pays et des traditions très éloignées des nôtres, parfois déstabilisantes.
Mais une fois le roman terminé, le charme opère enfin et l'on savoure à rebours cette lecture.
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Prenez un roman. Secouez-le en tous sens pour en mélanger les chapitres. Secouez encore, encore et encore. Vous obtenez "Le Dieu des Petits Rien".
Cela donne un style original et très particulier qui déroute le lecteur et crée du mystère. Cela ressemble à une intrigue policière dont on essaie de reconstituer la trame ... C'est à la fois agaçant et attirant. On a très envie d'en savoir plus malgré les nombreux flash back qui déroutent totalement le lecteur et le laissent perpétuellement sur sa faim.
Cette fois, j'ai persévéré dans ma lecture et j'y ai trouvé beaucoup d'intérêt malgré quelques longueurs. L'histoire est attachante, le style riche et complet.
On apprend beaucoup de choses tant sur la culture indienne que sur l'histoire; la psychologie des personnages et la description de paysage ou de scènes de la vie.
C'est un livre qui vous poursuit, finalement, et j'aurais presque envie de le relire dans l'ordre chronologique, juste pour voir ce que ça fait ...
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Curieux roman que celui-ci. On suit en Inde des faux jumeaux, la famille décomposée, leur caste, leur mère divorcée (et sans statut réel), une cousine morte à 8 ans, un intouchable amoureux de leur mère…
Ce roman est une plongée dans l'Inde, l'Inde cultivée, britannique, mais une Inde aux multiples facettes, codifiée comme jamais où les us et coutumes peuvent détruire une vie, une réputation à jamais.
Rahel et Estha vont être les victimes de ce système féodal, et témoins de l'innocence perdue, de la condition des femmes, les traditions, la complicité, l'amour filial et l'amour tout court, la lâcheté, la politique, etc.
Tout se mêle, s'emmêle et se démêle à la fin…
C'est un roman émouvant qui dévoile la culture indienne, ses coutumes, son système de castes dont la cruauté envers les Intouchables, cette corruption généralisée à un certain niveau… le tout avec une écriture entre poésie et sensualité !
Petit bijou poétique, dur mais léger, drôle mais cynique, coloré mais sombre…
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Rahel et Estha Kochamma, deux jumeaux de huit ans, vivent en Inde, entourés de leur grand-mère, Mammachi, qui fabrique des confitures trop sucrées, de l'oncle Chacko, un coureur de jupons invétéré, esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de son portefeuille, de la grand-tante Baby Kochamma, qui nourrit un amour mystique pour un prêtre irlandais, et de leur mère Ammu, désertée par son mari, qui aime secrètement Velutha, un Intouchable. Un drame va ébranler leur existence et les séparer. Comment réagir quand, à huit ans, on vous somme de savoir " qui aimer, comment et jusqu'où " ? Comment survivre quand, après un événement affreux dont on a été témoin, on vous demande de trahir la vérité pour l'amour d'une mère ? Un récit envoûtant, plein d'humour et d'émotion, servi par une écriture neuve et poétique, qui recrée le monde de l'enfance - celui de l'imaginaire et de la liberté." (4e de couverture)

voilà un roman qui m'a bien plu malgré quelques longueurs par moments. Il parle franchement de la vie au quotidien en Inde pour une famille hors norme et à travers les yeux de deux enfants. Des personnages haut en couleurs et qui vous laisseront un souvenir marquant. Mais ce roman c'est surtout une histoire douloureuse et tragique, où le monde de l'enfance cotoie la dure loi de la vie d'adulte et du mensonge.

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