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sur 879 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rahel et Estha sont des faux jumeaux qui se retrouve vingt ans après leur séparation. Estha ne parle plus depuis longtemps enfermé dans un mutisme traumatique et Rahel revient des Etats-Unis divorcée. le roman revient sur chacun des membres de cette famille brisée par les événements et par L Histoire : sur Mammachi et sa fabrique de conserves qui coulent, sur Chacko, l'oncle coureur de jupon ancien étudiant d'Oxford, sur Baby Kochamma, petite grande tante amoureuse d'un prêtre irlandais toute sa vie, sur Ammu et son amour maudit pour les hommes et sur Sophie Mol, la cousine morte.

J'ai lu ce livre dans le cadre de mon cours sur le postcolonialisme et honnêtement je pense que c'est l'une des meilleures lectures obligatoires qu'on m'a fait lire !
A travers l'histoire de cette famille se dessine le climat politique de l'Inde et son système de caste avec Touchables et Intouchables. Bien que tout le système ne soit pas expliqué clairement, le fonctionnement se dessine en arrière-fond. Ça m'a fait pensé à La Maison aux esprit d'Isabel Allende par cet aspect vie de famille et vie politique, mais la fresque est moins poussée et plus concentrée en un événement crutial.
L'écriture d'Arundhati Roy est toute particulière, en maniant le vocabulaire enfantin des deux protagonistes par l'invention langagière elle confère une puissance supplémentaire à la narration. On devine les événements flous, les émotions parfois contradictoires et irraisonnables, ce que les enfants n'ont pas l'âge de comprendre. Malgré tout, on passe de personnage en personnage et de pensées et pensées pour avoir tous les points de vue, y compris des adultes.
Le roman se construit tout en digression et en sauts temporels, il faut donc s'accrocher un peu (aussi histoire de retenir tous les noms des personnages). Pourtant les changements de sujets se font avec une subtilité telle qu'on ne se demande jamais pourquoi est-ce que ce qu'on lit est abordé et que l'on dirait qu'on lit une continuité unique d'évènement.
Les personnages sont gris, ni profondément bons ni profondément méchants, ils sont simplement réels et on comprend au fond leur manière d'agir et l'état de conditionnement dans lequel certains sont plongés.
Par sa structure, ce roman très émouvant ne manque pas non plus de suspense. Il est constamment en équilibre entre digressions et tensions qui dissémine des indices que le lecteur doit attraper au vol. Même si on arrive à faire des théories, la suite d'événements clé et leur ordre nous échappe jusqu'à la révélation finale
Truffé de références culturelles à creuser, le roman aborde de nombreux sujets tels que l'amour, la politique, le féminisme, la tradition, les séquelles de la colonisation. Je n'avais jamais lu de livre dont l'intrigue se déroulait en inde ou d'auteur.e indien.ne, avec le Dieu des petits riens j'ai vraiment envie de prolonger l'expérience !
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Le Dieu des Petits Riens /Arundhati Roy/Prix Booker 1997
Publié en 1997, ce roman semi-autobiographique est globalement une attaque contre le système des castes en Inde, mais pas seulement. Il raconte aussi la vie de deux jumeaux, le garçon Estha et la fille Rahel dont l'enfance fut frappée par un événement familial traumatisant qui changea le cours de leur vie. Est décrite parallèlement la façon dont les petits riens de la vie prennent de l'importance au fil du temps et affectent profondément le comportement des gens ainsi que leur existence.
L'histoire commence dans la localité de Ayemenem en Inde dans l'état de Kérala alors que Rahel revient au sein de la famille et notamment auprès de sa grand-tante Baby Kochamma, soeur de son grand-père, et surtout auprès de son frère jumeau Estha. Aujourd'hui ils ont trente et un ans, l'âge qu'avait leur mère Ammu lorsqu'elle est morte après avoir divorcé.
Un premier retour dans le passé nous décrit la vie des deux jumeaux en Inde entourés de Mammachi leur grand-mère qui fabrique des confitures et des conserves d'épices, de leur oncle Chacko, aux moeurs dissolues et à l'esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de la cause, de leur grand-tante Baby Kochamma qui voue un amour mystique à un prêtre irlandais, et de leur mère Ammu, divorcée, qui aime secrètement Velutha un intouchable.
Et puis un drame survient avec des conséquences collatérales où l'amour d'une mère conduit à bafouer la vérité. Et puis la séparation des jumeaux qui attendront des années avant de se retrouver.
Après plusieurs allées et venues assez laborieuses entre passé et présent mais aussi de très belles pages littéraires et poétiques, on finit par dénouer difficilement le fil de l'intrigue.
Un récit plein d'humour et d'émotion abordant maints thèmes, notamment le terrible système des castes en Inde, les traditions indiennes, l'amour filial et familial, et bien d'autres encore. Écrit dans un style très personnel, ce roman touffu à la chronologie totalement déstructurée et désordonnée, au fil conducteur incertain, a été pour moi d'une lecture malaisée par instant. Puis on s'habitue à ce kaléidoscope et on apprécie de se laisser porter par des personnages attachants.
Extrait : « La biologie régla la chorégraphie. La terreur la synchronisa. Dicta le rythme auquel leurs corps allaient se répondre. Comme s'ils savaient déjà qu'il leur faudrait payer chaque frisson de plaisir par une mesure égale de souffrance. Comme s‘ils pressentaient que plus loin ils iraient, plus cher ils devraient payer. Alors, ils se retinrent. Se torturant. Ne s'abandonnant que lentement… » Tels furent les amours interdites et clandestines, maudites et fatales de Velutha et Ammu.

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La narration débute à l'aube des années quatre-vingt-dix au Kerala, dans le sud de l'Inde. Rahel et Estha, frère et soeur jumeaux trentenaires, séparés depuis des années, se retrouvent dans la demeure familiale du village d'Ayemenem où ne subsistent plus que leur grand-tante, l'acariâtre Baby Kochamma, et les souvenirs de leur enfance commune, brisée net l'année de leur huit ans. C'était en 1969, les jumeaux habitaient la grande maison avec leur mère Ammu, divorcée de fraîche date partie revivre auprès des siens, notables de leur bourgade et propriétaires d'une fabrique de conserves. le drame s'est noué sur une quinzaine de jours, leur oncle Chacko, séducteur invétéré et militant communiste par opportunisme, recevait alors son ex-épouse anglaise et leur petite fille, Sophie, nouvelle coqueluche du clan. En parallèle, Ammu succombait à une passion interdite pour Velutha, un jeune intouchable, employé occasionnel de la conserverie. Liaison libre s'affranchissant de la barrière des castes qui leur coûta cher. Il a suffit de quelques instants, un jeu d'enfants sur les flots capricieux du fleuve pour emporter une vie et changer celle des autres à jamais, de la manière la plus cruelle qui soit. le récit oscille sans cesse comme les méandres d'un cours d'eau entre passé et présent, scènes vécues ou oniriques nées de l'imagination fertile des jumeaux dont le regard faussement naïf porte le texte. L'écriture poétique et crue crée une atmosphère aussi étouffante qu'envoûtante qui fait de ce livre une oeuvre marquante à conseiller à tous les publics dès le lycée.
Lien : https://leventdanslessteppes..
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Oui, j'avoue, j'ai eu un peu de mal à entrer dans le roman "Le Dieu des Petits Riens " de l'écrivaine indienne Arundhati Roy. Il a fallu m'accrocher pendant la première centaine de pages.
Et, après, la magie a opéré et je n'ai plus pu lâcher les aventures et surtout les malheurs des jumeaux Estha et Rahel, les ambassadeurs Elvis Pelvis et Mouche Amiel, une Banane et une Cascade dans un Va-Va. de leur mère, Ammu et de Vellutha, le Paravan intouchable.

Une fois bien plantés les personnages, Arundhati Roy déroule l'histoire (tragique), les évènements qui se sont produits quand ils avaient sept ans, en alternant le présent et le passé et en abordant le système des castes.
Evénements qui allaient influencer le cours de leur vie.

Une fois refermé, ce livre m'est longtemps resté en tête!
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Féru d'Inde où je séjourne régulièrement depuis bientôt quatre décennies, j'aime fiévreusement ce pays, ses habitants, ses paradoxes, ses arts et donc sa littérature, Tagore, Das, Naipaul, Rushdie, Mistry, Tejpal, Adiga, Dawesar, ils sont nombreux et nombreuses à m'avoir convaincu, cajôlé, heurté, séduit, énervé, fait rêver avec leurs mots.
Étonnamment, je gardais le Dieu des Petits Riens
d'Arundhati Roy bien en évidence dans ma bibliothèque sans jamais l'avoir ouvert. Je l'ai même emporté lors d'un séjour au Kerala mais il resta dans mon sac !!! Encensé, primé, ce livre m'intriguait mais je lui résistait.
À cause ou grâce à la guerre du pangolin chinois, me voilà puni, pas d'escapade hivernale en Inde aux frontières calfeutrées. le moment était enfin venu pour extraire le mystère du rayonnage et d'y retourner sans quitter mon fauteuil et mon plumard.
J'ai donc découvert le style de Miss Roy, incroyablement fouillé, détaillé, poétique, surchargé au point d'en être parfois long, pesant ; aimé rencontrer et rire avec deux faux jumeaux diablotins attachiants ; détesté une famille qui n'en est pas une ; transpiré dans la moiteur des rizières et des backwaters entourant Kottayam ; attendu le train qui n'en finit pas d'arriver appuyé sur une barrière rouillée ; assisté à la violence des rapports inter-castes qui n'a rien à envier à celle de la police ; fermé les yeux pour mieux visualiser de splendides allégories telle : " Les coudes posés sur l'eau, la nuit les regardait. "
Et l'histoire dans tout ça ?
Sincèrement ; ce n'est pas l'aspect le plus important de ce roman.
J'ai retrouvé l'Inde que j'aime car rien n'y laisse indifférent, les 5 sens en éveil, anarchie démocratique, foutoir organisé incompréhensible peint avec talent par de biens belles phrases, folie incluse.
Bon voyage.
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J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, perdue dans la chronologie, qui n'arrête pas de promener le lecteur à tous les âges de ses protagonistes, et le style, parfois un peu déboussolant, mais une fois que j'étais dedans, impossible de reposer le Dieu des Petits Riens, jusqu'à la dernière goutte de la tragédie. Les jumeaux Rahel et Estha et leur mère Ammu sont revenues chez la mère de celle-ci après le divorce, fuyant un mari et père alcoolique. le tableau pourrait sembler parfait, l'oncle, la grand-mère, la grande tante, dans la maison avec ces deux vérandas, tout près du fleuve; mais c'est la petitesse des âmes qui va précipiter, non pas le drame, mais aggraver les conséquences de celui-ci.
Car oui, dès le début le lecteur sait qu'il n'y aura pas ici d'histoire heureuse. Dès le début, on sait que la petite cousine d'Angleterre est morte, que ce drame a éclaté la famille et que nul ne s'en est remis. Ceci posé, reste à voir la mécanique, la bêtise humaine, l'inexorable emmêlement des vies, la violence de la société indienne envers les plus faibles, qu'ils soient femmes ou de caste inférieure....
Un grand roman !
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Curieux roman que celui-ci. On suit en Inde des faux jumeaux, la famille décomposée, leur caste, leur mère divorcée (et sans statut réel), une cousine morte à 8 ans, un intouchable amoureux de leur mère…
Ce roman est une plongée dans l'Inde, l'Inde cultivée, britannique, mais une Inde aux multiples facettes, codifiée comme jamais où les us et coutumes peuvent détruire une vie, une réputation à jamais.
Rahel et Estha vont être les victimes de ce système féodal, et témoins de l'innocence perdue, de la condition des femmes, les traditions, la complicité, l'amour filial et l'amour tout court, la lâcheté, la politique, etc.
Tout se mêle, s'emmêle et se démêle à la fin…
C'est un roman émouvant qui dévoile la culture indienne, ses coutumes, son système de castes dont la cruauté envers les Intouchables, cette corruption généralisée à un certain niveau… le tout avec une écriture entre poésie et sensualité !
Petit bijou poétique, dur mais léger, drôle mais cynique, coloré mais sombre…
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"Ceci est une oeuvre de fiction. Tous les personnages sont imaginaires. La situation des fleuves, des passages à niveau, des églises et des crématoriums n'est pas exacte."

A Ayemenem, village près de Cochin dans le Kérala, vit une famille élargie de propriétaires terriens et notables du lieu. L'histoire est vue à travers les yeux des jumeaux Rahel (la fille) et Estha (le garçon), âgés de huit ans. Leur mère, Ammu, a quitté son mari alcoolique pour revenir chez ses parents après un mariage qu'ils n'avaient pas approuvé et qui avait été pour elle un moyen de fuir sa famille. Autant dire qu'elle n'a pas été accueillie à bras ouverts et qu'on lui fait sentir à l'occasion qu'on la tolère par obligation. Quand on découvre qu'Ammu a une liaison avec Velutha, un Intouchable, un drame éclate qui va bouleverser la vie des jumeaux.

Le présent de la narration se situe en fait 23 ans plus tard et l'histoire fait des aller-retour entre cet aujourd'hui et le passé. Très vite des éléments du drame à venir sont annoncés au lecteur et on comprend que cela ne va pas bien se terminer. C'est comme dans un spectacle de kathakali, un théâtre dansé originaire du Kérala et dont il est plusieurs fois question dans le roman :

"Le kathakali sait depuis longtemps que le secret des Grandes Histoires c'est précisément de n'en point avoir. Les Grandes Histoires sont celles que l'on a déjà entendues et que l'on n'aspire qu'à réentendre. Celles dans lesquelles on peut entrer à tout moment et s'installer à son aise. Elles ne cherchent ni la mystification par le biais du suspense et de dénouements inattendus, ni la surprise de l'incongru. Elles sont aussi familière que la maison qui vous abrite. Que l'odeur d'un amant. On les écoute jusqu'au bout, alors qu'on en connaît la fin. de même que l'on vit comme si l'on ne devait jamais mourir, tout en sachant pertinemment qu'on mourra un jour. Dans les Grandes Histoires, on sait d'avance qui vit, qui meurt, qui trouve l'amour et qui ne le trouve pas. Mais on ne se lasse jamais de le réentendre."

Alors, est-ce que le Dieu des Petits Riens est une Grande Histoire ?

Je trouve ça fort bien écrit. Il y a des images bien trouvées : "Le ventilateur paresseux épluchait l'air lourd et peureux en une interminable spirale qui retombait au sol comme une pelure de pomme de terre interminable." et de belles descriptions des paysages.

"Au-delà du marais qui sent l'eau stagnante, ils passent devant des arbres vénérables recouverts de vigne vierge. Des maniocs gigantesques. Des poivriers sauvages. Des cascades violettes d'acuminus.

Devant un scarabée bleu foncé en équilibre sur un brin d'herbe qui ne plie pas sous le poids.

Devant des toiles d'araignées géantes qui ont résisté à la pluie et courent comme des rumeurs colportées d'un arbre un autre.

Une fleur de bananier dans son fourreau de bractées bordeaux s'accroche à un arbre rugueux aux feuilles arrachées. Joyau offert par un écolier dépenaillé. Bijou de la jungle veloutée."
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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