Rahel et Estha sont des faux jumeaux qui se retrouve vingt ans après leur séparation. Estha ne parle plus depuis longtemps enfermé dans un mutisme traumatique et Rahel revient des Etats-Unis divorcée. le roman revient sur chacun des membres de cette famille brisée par les événements et par
L Histoire : sur Mammachi et sa fabrique de conserves qui coulent, sur Chacko, l'oncle coureur de jupon ancien étudiant d'Oxford, sur Baby Kochamma, petite grande tante amoureuse d'un prêtre irlandais toute sa vie, sur Ammu et son amour maudit pour les hommes et sur Sophie Mol, la cousine morte.
J'ai lu ce livre dans le cadre de mon cours sur le postcolonialisme et honnêtement je pense que c'est l'une des meilleures lectures obligatoires qu'on m'a fait lire !
A travers l'histoire de cette famille se dessine le climat politique de l'Inde et son système de caste avec Touchables et Intouchables. Bien que tout le système ne soit pas expliqué clairement, le fonctionnement se dessine en arrière-fond. Ça m'a fait pensé à La Maison aux esprit d'
Isabel Allende par cet aspect vie de famille et vie politique, mais la fresque est moins poussée et plus concentrée en un événement crutial.
L'écriture d'
Arundhati Roy est toute particulière, en maniant le vocabulaire enfantin des deux protagonistes par l'invention langagière elle confère une puissance supplémentaire à la narration. On devine les événements flous, les émotions parfois contradictoires et irraisonnables, ce que les enfants n'ont pas l'âge de comprendre. Malgré tout, on passe de personnage en personnage et de pensées et pensées pour avoir tous les points de vue, y compris des adultes.
Le roman se construit tout en digression et en sauts temporels, il faut donc s'accrocher un peu (aussi histoire de retenir tous les noms des personnages). Pourtant les changements de sujets se font avec une subtilité telle qu'on ne se demande jamais pourquoi est-ce que ce qu'on lit est abordé et que l'on dirait qu'on lit une continuité unique d'évènement.
Les personnages sont gris, ni profondément bons ni profondément méchants, ils sont simplement réels et on comprend au fond leur manière d'agir et l'état de conditionnement dans lequel certains sont plongés.
Par sa structure, ce roman très émouvant ne manque pas non plus de suspense. Il est constamment en équilibre entre digressions et tensions qui dissémine des indices que le lecteur doit attraper au vol. Même si on arrive à faire des théories, la suite d'événements clé et leur ordre nous échappe jusqu'à la révélation finale
Truffé de références culturelles à creuser, le roman aborde de nombreux sujets tels que l'amour, la politique, le féminisme, la tradition, les séquelles de la colonisation. Je n'avais jamais lu de livre dont l'intrigue se déroulait en inde ou d'auteur.e indien.ne, avec
le Dieu des petits riens j'ai vraiment envie de prolonger l'expérience !