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sur 1728 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Deux camions fatigués, quatre hommes, une femme.
Un modeste convoi humanitaire traverse la Bosnie en état de conflit. Un périple qui fait resurgir des images télévisuelles de guerre urbaine et de paysages campagnards vides, gris et inquiétants, où le danger semble tapi, insidieusement prêt à bondir.

Je me réjouissais de lire cette fiction "humanitaire" sur fond de géopolitique. J'en espérais à tort une nouvelle vision éclairante sur la guerre de l'ex Yougoslavie. Ce fut une erreur dont je suis seule responsable.
Car il s'agit d'un thriller, tout bonnement. Efficace mais au réalisme boiteux.
L'action ne prend jamais vraiment de hauteur par rapport au conflit et se résume à une course-poursuite dans des conditions géographiques et climatiques extrêmes, adoucie par une histoire d'amour plutôt improbable et très prévisible.

Bien sur, le roman montre bien un pays en guerre, avec des embuscades, des ruines, des charniers, des tractations inquiétantes aux check-points des différentes enclaves.
Mais il reste surtout centré sur les personnages en une sorte de huit clos, à l'atmosphère délétère. C'est un combat larvé de domination, de séduction, de machisme et de compétition masculine entre individus aux motivations différentes. Chaque protagoniste a été "travaillé", chacun dans son rôle et dans sa psychologie, mais j'ai parfois froncé le nez face à des situations peu crédibles dans les rapports humains et dans l'engagement de chacun.

En revanche, la tension et l'angoisse sont menées tambour battant et Jean-Christophe Rufin fait, comme toujours, un sans-faute par son talent à savoir raconter une histoire.

J'avoue pourtant une certaine déception pour un livre que je trouve assez moyen concernant la facette "aventure". J'en ai donc survolé les dernières pages jusqu'à la postface qui est, à elle seule, beaucoup plus intéressante, plus éclairante concernant la lourde machine mondiale de l'action humanitaire, sa neutralité angélique et son inévitable évolution vers l'engagement au "combat".
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A mon sens, le dernier roman de Jean-Christophe Rufin est plus intéressant pour comprendre la diversité et l'ambivalence des motivations des gens qui s'engagent dans les ONG et le rôle ambigu de ces mêmes ONG dans les conflits que pour l'histoire elle-même, un peu légère au regard de la guerre en Bosnie qui lui sert de toile de fond.

Le « French doctor » sait de quoi il parle pour l'avoir vécu. Son rôle de pionnier de MSF et son expérience de terrain dans les pays en guerre, les Balkans, le Nicaragua, l'Afghanistan, les Philippines ou le Rwanda donnent à son récit (hormis l'histoire d'amour un peu godiche) toute sa valeur et sa crédibilité.

PS : je pense que Gallimard devrait se séparer du stagiaire qui commence la quatrième de couverture par : Maud, vingt et un ans, cache sa beauté et ses idéaux derrière de vilaines lunettes. :-)
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Check-point, un mot anglais qui claque aux oreilles comme une menace, compréhensible dans le monde entier…
Durant l'hiver 1995, quatre hommes et une femme transportent quinze tonnes de matériel vers la Bosnie en guerre pour une association caritative, cinq personnes aux motivations et parcours multiples (barbouze, anciens casques bleus) qui s'affrontent très vite. Maud est le personnage pivot de ce roman, archétype de la jeune femme mal dans sa peau qui cache sa féminité et s'engage bien innocemment dans un conflit qui la dépasse.
Check-point est un huis clos en mouvement, à l'atmosphère tendue. Dans le froid glacial, les montagnes de Bosnie enneigées offrent un décor inquiétant tandis que les masques tombent au fur et à mesure, le suspense est soutenu jusqu'à la fin et voit naître de belles histoires d'amour, parfois un peu tristes.
Ce n'est pas un roman historique sur la guerre en Bosnie mais plutôt un thriller psychologique bien mené qui porte un regard lucide et plein d'interrogations sur l'aide humanitaire dans les pays en guerre. Jean-Christophe Rufin ouvre le débat, est-il préférable d'apporter une aide humanitaire matérielle (vivres, vêtements, médicaments) ou de fournir des armes pour aider un pays à sortir d'un conflit ? Désormais, la guerre se déroule à nos portes, Check-point est un roman efficace et agréable à lire qui porte à réfléchir


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Hiver 1995.
Un convoi humanitaire part de Lyon en direction de l'ex-Yougoslavie.
Cinq convoyeurs, deux camions, et une ambiance en chape de plomb.
Comme s'ils étaient peu à peu contaminés par les villes dévastées et par ces contrées morcelées qu'ils traversent, les cinq personnages de Check-point perdent peu à peu leur vernis social pour laisser filtrer leurs secrets et leurs blessures.
Curieuse sensation de lire un huis-clos, oppressant, souvent pénible, alors qu'il s'agit d'un récit de voyage.


Sur les dessous de la grande machine humanitaire, Jean-Christophe Ruffin livre une vision désenchantée qui laisse peu de place à la lumière.

Challenge Multi-défis 2017
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Une pluie glaciale suinte sur le pare-brise, coule le long des joues, comme des larmes acides. le convoi roule à petite allure, je ferme les yeux, pour ne pas voir le décor, ce paysage qui s'ouvre sur un désert de crevasses et d'éboulements, de villages abandonnés et de tristesse embrumée. Au delà du brouillard, j'imagine des corps laissés là, des charniers de la honte. Sarajevo, 120 km ; un panneau criblé de balles, il tient encore debout mais survit dans une étrange souffrance comme tout un pays. Je repense à quelques années auparavant, les Jeux Olympiques et son équipe de foot, un certain beau jeu, un style, des idées de vacances... C'était avant. L'Étoile Rouge de Belgrade m'a fait pleurer en 91, là les larmes restent présentent mais pour une guerre que l'on ne peut pas comprendre, qu'on ne peut imaginer. Mais revenons au convoi qui entrent en terre hostile - ou morte, Maud et ses compagnons d'une association caritative, deux ou trois mercenaires dont on a du mal à percer leur motivation et leur engagement. Ils pénètrent l'intérieur, grimpent à travers les montagnes, essuient le blizzard et les chutes de neige... et s'arrêtent au check-point, nom masculin d'origine indéfinie, d'une langue universelle, qui en pointillé exprime un lieu où tu ne te sens pas en sécurité, un lieu trouble sans frontière où les esprits sont à cran, le doigt sur la kalachnikov.

Jean-Christophe Rufin, ambassadeur de la littérature et de l'humanité m'embarque lors d'un de ses voyages, pas si loin de chez moi, au final, mais très loin de l'esprit de Compostelle, l'immortelle randonnée que j'avais accueilli avec un immense plaisir et une joie de vivre non retenue. Et c'est presque ça le plus triste. de sentir cette guerre juste de l'autre côté d'une frontière. D'imaginer une guerre où au final, je ne comprends pas grand-chose, la diversité ethnique semblant être à l'origine de tant de massacres dans ce bas-monde. Il y est question de souffrance et de mort, de tristesse et d'amour ; d'ailleurs, un amour peut-il naître au milieu des décombres et des charniers. L'auteur me fait ainsi partager un instant avec ces humanitaires, des êtres de chair et de coeur, mais aux motivations diverses et parfois troubles. Et dans un tel conflit, je laisse le mot de la fin à l'intéressante postface de l'auteur qui éclaire ainsi parfaitement son récit : "de quoi les victimes ont-elles besoin ? de survivre ou de vaincre ?". Qui se souvient encore de cette guerre, de l'impuissance des casques bleus, de Bernard Kouchner à la tête d'une mission de l'O.N.U. Que reste-t-il de la Yougoslavie, d'un pays qui s'est décliné - déchiré - en une demi-douzaine d'équipes nationales de foot, oui on revient toujours au foot dans ce bas-monde, la liesse du peuple.
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Donner pour une cause humanitaire, en restant bien au chaud chez soi, et prendre le volant d'un camion pour apporter vivres et vêtements dans une Bosnie en guerre, sont deux choses bien différentes. Avant de lire check-point, j'aurai eu tendance à penser qu'elles avaient néanmoins en commun ce désir d'aide et d'assistance à apporter à des populations civiles, premières victimes des conflits armés. Depuis que je l'ai lu, je m'aperçois que tout cela n'est pas aussi simple que ça et que de nombreux facteurs (politiques, sociaux, humains) interfèrent bien souvent dans les meilleures volontés du monde…

« L'idéal qui l'avait d'abord amenée là révélait son caractère dérisoire, presque ridicule. Ces caisses défoncées semées sur une route étaient l'image tragique de l'impuissance humanitaire. Face à l'horreur et à la complexité de la guerre, ces ballots de vêtements, ces colis de nourriture et ces boîtes de médicaments étaient tout simplement grotesques ».

Sur ces cinq personnes embarquées dans ce convoi, deux ont vraiment une vision idéaliste de l'aide, chacun à leur manière ; pour les 3 autres, cela reste bien différent…

« Il se moquait pas mal de savoir comment vivaient les gens qu'ils allaient secourir. La seule chose qui lui importait, comme aux autres, ceux qui travaillaient au siège devant leur ordinateur, c'était d'avoir trouvé des "bénéficiaires". Grâce à eux, l'association allait pouvoir recevoir l'argent de l'Union européenne et la machine caritative continuerait de tourner ».

Il ne faut pas oublier que ce livre de Jean-Christophe Rufin est avant tout un thriller et que si votre motivation à sa lecture, est d'en savoir un peu plus sur cette guerre, vous risqueriez d'être déçu…

J'ai aimé que l'auteur nous fasse partager sa connaissance de l'action humanitaire, des ONG et des scènes de guerre à travers son récit. Malgré tout, Check-point est beaucoup plus centré sur la psychologie, les motivations des personnages et cette tension entre eux qui monte crescendo jusqu'au dénouement final. Ce qui en fait pour moi, une lecture plaisante mais qui aurait gagné en profondeur si l'auteur avait pris le parti de développer les motivations données en postface.
Lien : https://page39web.wordpress...
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Quel périple !
Cinq humanitaires dans deux camions traversent la Bosnie en guerre. Mais le voyage ne se passe pas comme prévu. Mésentente, méfiance, mauvaises surprises….
Deux anciens militaires aux intentions pas trop humanitaires, un flic, ou un barbouze, au comportement étrange, le pseudo chef du groupe, et puis Maud.
Maud la solitaire, Maud qui ne s'est jamais senti appartenir à rien, pas même à sa famille, pas même à sa féminité. Maud à qui se confient les quatre hommes. Maud qui fait un choix déterminant.
Ce n'est pas de tout repos, il y a des rebondissements.
Ce serait un peu long s'il n'y avait Maud.
Un roman très bien écrit qui soulève le problème des missions humanitaires. Peut-on rester neutre ? Est-il impossible de ne pas prendre parti ? Qui est bon, qu est mauvais ? Comment rester en dehors des conflits ?
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C'est un petit roman sur la guerre qui a le mérite de poser le concept d'ingérence humanitaire.
Un convoi d'humanitaires, justement, quatre homme et une femme que tout oppose, et aux motivations complètement différentes, s'engage sur les routes de l'ex-Yougoslavie au moment du conflit qui l'a déchirée.
Ils n'en sortiront pas indemnes.
Je reproche à ce roman son côté manichéen et surtout les passages un peu trop "à l'eau de rose".
Il est cependant, à mon humble avis, intéressant à lire.
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Pas d'enthousiasme excessif pour ce roman de Jean-Christophe Rufin chez qui j'ai connu davantage de souffle romanesque. le thème du roman est pourtant très intéressant et pas si souvent traité. L'auteur nous entraîne dans un voyage à travers l'ex-Yougoslavie, en 1995, durant le conflit qui a opposé serbes, croates et bosniaques. Un petit groupe d'humanitaires, formé de deux anciens militaires et de trois bénévoles aux motivations très diverses, forme un convoi de deux camions censés transportés vivres, médicaments et vêtements destinés à des réfugiés croates.
Pour Maud, jeune femme d'une vingtaine d'années, c'est une première expérience dont elle attend beaucoup. Réservée, peu à l'aise dans la relation, elle supporte difficilement le huis-clos du camion. Elle va progressivement découvrir ses compagnons de route, s'attacher à certains et se méfier d'autres.
Leur route est jalonnée de check-point et c'est toute l'absurdité de cette guerre qui pointe lors des différents arrêts qui leur sont imposés : soldats de fortune, paysans qui défendent leurs terres, véritables militaires ou bouchers sans compassion, les hommes qui tiennent les postes de contrôle sont soit très bienveillants soit très dangereux. Ils témoignent du chaos dans lequel leur pays, à présent défait, se trouve. Au rythme des alliances qui se font et se défont, sur de minuscules enclaves, celui qui était autrefois un voisin prévenant peut incarner aujourd'hui la folie meurtrière.
Maud va s'apercevoir bien vite que les cartons embarqués ne contiennent pas seulement des secours et que l'engagement de certains de ses compagnons n'est pas de même nature que le sien. C'est là le seul intérêt du roman, selon moi – et la postface est à ce titre très intéressante. Rufin pose des questions très pertinentes sur l'évolution de l'action humanitaire, sur l'acte même de bénévolat et sur les bénéfices secondaires qu'en attendent certains. Face à la détresse, aux crimes, aux génocides, peut-on se contenter de juste panser à l'aide de denrées et de médicaments ? L'engagement ne doit-il pas être plus complet, plus radical ? la neutralité est-elle toujours souhaitable quand un conflit s'éternise et conduit à autant de victimes dans une forme d'indifférence générale ?
C'est donc passionnant comme réflexion. Pour autant, les personnages dégagent peu d'émotions et je suis restée un peu spectatrice, pas vraiment engagée moi-même.
Challenge ABC – 2019/2020
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On connaît l'engagement de Rufin dans l'humanitaire. C'est par la voie de la fiction qu'il a choisi de revenir sur cette dimension de son existence et de mener une réflexion sur ce type très particulier d'action, qui suppose un investissement total de ceux qui décident de se rendre dans les endroits où règne le danger pour soulager et aider leurs semblables.
Les motivations peuvent être bien diverses, semble nous dire ce roman, et quelle que soit la noblesse des intentions qui animent un individu, la réalité du terrain oblige parfois à composer avec ses idéaux, ou du moins à les repenser dans une perspective différente.

Parmi les cinq héros de Rufin qui forment un convoi traversant la Bosnie en guerre, les profils sont bien différents et les motivations plus ou moins avouables. Tandis que les deux camions s'enfoncent dans le pays en guerre se nouent des tensions puis des conflits qui vont transformer ce qui était au départ une classique mission de transports de vivres, de vêtements et de médicaments en une rocambolesque course-poursuite à travers les montagnes enneigées.

La facture de Rufin est, comme j'avais déjà eu l'occasion de le souligner, très classique, mais non dénuée d'efficacité. Avec ce récit qui se lit d'une traite, il nous permet de toucher du doigt ce à quoi peut ressembler l'action humanitaire.

J'avoue avoir été particulièrement sensible à sa postface, qui jette un éclairage à la fois intéressant et touchant sur le texte, et qu'il faut bien se garder de lire en préambule, ce que l'on peut parfois être tenté de faire... à tort !

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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